Je prends juste le temps de m'arrêter sur les suspensions Christie. Je vois pas en quoi c'est censé apporter des points à l'argumentation en faveur des USA. Si les américains ont été assez cons pour les refuser alors que les Russes s'en sont emparés, ça montre surtout que Washington a été plutôt aveugle en la matière, Moscou non. Londres s'en est servi aussi d'ailleurs.
Mon exemple est purement anecdotique pour démontrer le sous-investisssement militaire des USA pendant l'entre-deux-guerres qui font fuir ses meilleurs ingénieurs.
En 1939, l'armée de terre US, c'est 6 divisions d'actives, des chars obsolètes (Renault FT17) et en très petits nombres (50 exemplaires de chars M1 construit entre 1935 et 1940). Comparer l'armée US en 1945 avec celle de 1939 donne à mon sens une plus exacte mesure de l'effort de guerre accompli que le taux effectif des pertes.
Dans le cadre de la NEP, l'Union Soviétique s'est activée pour chasser les brevets et les investissements étrangers. Il existe d'autres exemples comme les camions GAZ construits sous licence Ford. Elle avait aussi de bons ingénieurs, c'est pas le problème.
Ensuite, Christie a effectivement dessiné un bon système de suspension, car plutôt fiable, économique et donnant une bonne mobilité aux chars en tout-terrain. Les Allemands, en face, ont connu durant toute la guerre des problèmes avec leurs barres de torsion, système plus cher à produire, et s'accroissant avec le poids démesuré de leurs engins.
Mais un char, c'est la combinaison de 3 éléments : mobilité, protection, puissance de feu. Tu sembles écrire que c'est Christie, donc un américain, même si le raisonnement est tordu, qui aurait donné de bons chars à l'URSS. C'est faire l'impasse sur les 2 autres composants, avec le blindage incliné, imaginé par les soviétiques, et l'utilisation du 76mm 41 calibres, pour le T34, qui est une très bonne pièce de char en juin 41. A la même époque, le PzIII est équipé d'un 50/L60.
Bref, c'est pas Walter Christie à lui seul qui a donné sa puissance de frappe blindée à l'URSS. Il a imaginé une très bonne suspension, récupérée avec brio par le Kremlin, point barre (mais pas de torsion).
Pour moi, c'est la bonne doctrine d'emploi qui détermine de la qualité du char. Pendant la second guerre mondiale, les doctrines les plus efficientes font du char le fer de lance d'une guerre de mouvement. C'est donc le nombre et la mobilité/autonomie qui est déterminant sur toutes autres considérations.
Aujourd'hui, nos âmes sensibles ayant imposé la doctrine du "Zéro mort" et de la "Mort invisible", les considérations se portent sur le blindage/protection et la portée des armements.
"Nous avons les idées arrêtées dès que nous cessons de réfléchir" E. Renan