
L’histoire du Brandebourg moderne peut commencer aux alentours de 1453, lorsque Friedrich II de Hohenzollern décida qu’il avait une histoire à forger, celle des maîtres de l’Allemagne ! Certes, à cette époque, le Brandebourg n’était rien d’autre qu’un grand électeur sans réelle couronne sur sa tête, mais déjà, on sentait que cette nation pouvait aller jusqu’au bout, jusqu’à l’unification allemande.
Mais il est évident que personne ne pouvait alors prévoir la grande destinée du Brandebourg qui allait, au fil des siècles, se forger une réputation militaire, coloniale, navale et impériale ! Nous connaissons tous les grandes guerres qui ont secoué le Saint-Empire. Les guerres brandebourg-Bohême, Brandebourg-Hongrie restent des incroyables exploits militaires. Mais il n’y a pas que ça : la guerre coloniale contre les Portugais ou la guerre de 14 ans ont forgé l’identité nationale Brandebourgeoise puis allemande.
A jamais, l’histoire du monde sera marquée par l’histoire brandebourgeoise ; l’un des 3 grands puis l’un des 2 grands. Mais commençons ici le récit de cette histoire qui va débuter le 29 mai 1453, après la chute de Constantinople…

(En rouge j’ai délimité la grande Allemagne, mon objectif de fin du jeu).
Chapitre 1 : Friedrich II der Eroberer (le conquérant). 1440-1480
I. De Pologne en Poméranie ou les débuts de l’art militaire brandebourgeois. (1453-1463)
En 1453, Friedrich II est déjà électeur depuis 13 ans. Mais c’est à cette date qu’il décide de construire et de forger le brandebourg, comme en témoigne l’acquisition de Neumark aux chevaliers teutoniques pour 40.000 florins. On dit qu’après une visite à Neumark, il se laissa influencer par un vieux chevalier qui parlait de la gloire de son ordre et qui plaida pour une conquête de la Silésie. C’est par ailleurs son fils, Dietrich von Hohenlohe qui entra au gouvernement comme conseiller militaire. Dès son arrivée au pouvoir, il instaura « der Akt um die Wehrdienst Wehrpflichtige » (comprenez l’acte des appelées du service national), la première forme de conscription pour le Brandebourg. On pense aussi que c’est sous son influence qu’est signée l’alliance militaire avec le vieil ordre teutonique. Un peu plus tard, une alliance sera conclue avec l’Autriche. Celle-ci entrainera d’ailleurs le Brandebourg dans une guerre lointaine contre Venise, sans que Friedrich II puisse intervenir de quelque façon que ce soit. Après une première vague d’enrôlement en 1454, Dietrich von Hohenlohe instaura la loi relative à l’éducation militaire (das Gesetz über die Military Education) qui devait permettre de former et d’entrainer les soldats dès leur plus jeune âge.


Mais le premier grand bouleversement pour le brandebourg eu lieu en janvier 1457. En effet, après 4 ans à consolider les liens dynastiques et à renforcer les liens avec la ligue hanséatique, l’électeur du Brandebourg fut entrainé dans une guerre avec la Pologne et la Lituanie par le biais de son alliance avec les chevaliers teutoniques. Les 9.000 hommes du brandebourg semblaient bien faibles, mais peu importe, il fallait honorer ses engagements. L’armée commandée par Friedrich II se mit immédiatement en marche et arriva devant Poznan le 5 mars. Dans le même temps, de nouveaux régiments furent levés dans le Brandebourg car la balance numérique penchait fortement en faveur des Slaves. Poznan tomba finalement le 22 juillet, peu de temps après Torun conquis par les Teutons. L’électeur alla alors rallier une armée teutonne devant Plock pour tenter de vaincre les polonais devant Varmia. Malheureusement, faute d’entente préalable, les troupes de l’électeur accrochèrent seules l’armée polonaise. Le 11 septembre, malgré une résistance héroïque et le sacrifice des cavaliers, l’armée du Brandebourg fut vaincue. Rattrapée le 4 octobre devant Torun, l’armée fut anéantit par les Polonais. Il ne restait désormais plus que 3.000 soldats au Brandebourg.



(bataille de Varmia, huile sur toile . On reconnait au fond à gauche la cavalerie du Brandebourg en fuite. Au centre, les cavaliers polonais écrasent les derniers fantassins.)

Lorsque Friedrich II rentra à Berlin, il ordonna immédiatement la levée d’une nouvelle armée. Il était furieux contre les chevaliers teutoniques qui n’avaient pas levées le petit doigt pour sauver son armée alors que lui s’était jeté corps et âme dans la bataille ! En janvier, alors qu’il était devant Lodz assiégée, l’électeur du Brandebourg fut défait par une force polonaise plus nombreuse. Les Teutons ne bougeant toujours pas, il se jura de signer une paix blanche dès que possible. C’est ainsi qu’en janvier 1458, l’alliance était officiellement rompue avec l’ordre monastique ; « cette chose antique sans honneur » ! Ainsi, à l’aube de 1458, il ne reste que 3.000 hommes aux Brandebourgeois dans la province de Neumark. A force d’efforts et de compensations pour la noblesse qui voit sa pétition accordé, une nouvelle armée, la 3e ; de 8.000 hommes est formée en juin. En face, il y a 15.000 Polonais devant Poznan ! Alors au bord de la ruine, l’Ordre monastique demande une dernière bataille. Les troupes des anciens alliés se réunissent à Torun et y écrasent un assaut Polonais le 30 décembre ! Victoire ! L’appui des soldats coalisés aura été décisif, mais l’ordre teutonique se grise et repart faire la guerre seule. Par dépit, Friedrich II rapatrie son armée à Neumark le 25 mai 1459. C’est là qu’il négocie une paix blanche avec la Pologne. Lorsque le représentant polonais le questionne sur le sort de l’ordre teutonique, Friedrich répond : « Faites en ce que vous voulez : pour moi, l’ordre a disparu… »


(bataille de Torun. Au premier plan on voit la cavalerie polonaise embourbée, puis au second les chevaliers teutoniques qui les poursuivent et enfin les troupes du Brandebourg sont au 3e plan, alors qu’ils viennent d’écraser l’infanterie polonaise)
Le 22 juillet 1460, l’électeur signe une alliance avec Mecklembourg, un petit état stratégique qui restera un fidèle allié du Brandebourg jusqu’à son incorporation dans l’Allemagne. Cela permet, entre autre, à Friedrich II d’attaquer la Poméranie en faisant valoir son alliance avec Mecklembourg, déjà en guerre contre cette dernière. Mazovie et Riga suivent la Poméranie dans la guerre, mais ils sont loin et le Brandebourg ne s’en inquiète que peu. D’autant que la nouvelle armée est plus forte que jamais : 10.000 hommes ayant, pour la plupart, combattus à Torun en 1458. De plus, la Poméranie ne possède plus d’armée ! Ainsi, il suffit juste d’attendre et de faire le siège des grandes villes de Poméranie. Après avoir écrasé une révolte de 8.000 paysans de Postdam, Friedrich II vint achever la conquête de la Poméranie. Cela conduira, le 21 septembre 1462, à la vassalisation de la Poméranie: la guerre est finie ! Dans le même temps, l’électeur entame la politique de l’Est (der Ost politische). Des cadeaux somptueux sont envoyés au roi de Pologne et un mariage royal est concrétisé avec le tout nouveau roi de Lituanie indépendant de la Pologne. Par le pacte de l’Est, l’électeur du Brandebourg jure de ne jamais annexer de provinces dont la population soit polonaise ou lituanienne. En contrepartie, les rois de Pologne et de Lituanie s’engagent à ne jamais intervenir dans les affaires du brandebourg en Allemagne. Globalement, ce pacte sera respecté. Il permettra même d’envisager un rapprochement sur le long terme avec la Lituanie, bien que cela soit plus difficile de prime abord pour la Pologne…

(Europe en 1463)