Juillet 1870
Bien qu'ayant obtenu le retrait du candidat Hohenzollern au trône d'Espagne, Napoléon III, par l'intermédiaire de son ambassadeur à Berlin, souhaite humilier publiquement le Roi de Prusse Wilhelm I en lui faisant signer une renonciation totale à cette ambition. Le machiavélique et astucieux Président-Chancelier de Wilhelm, Otto von Bismarck, y voit là une opportunité de souder par la guerre les royaumes germaniques en une seule entité dominée par la Prusse. Falsifiant la lettre-réponse de son Roi à l'ambasadeur de France signifiant le refus de s'abaisser devant les exigences françaises (entrée dans l'Histoire sous le nom de Dépêche d'Ems), celle-ci est prise comme une insulte par l'Empereur qui déclare ainsi officiellement la guerre à la Prusse le 19 juillet. Cependant, inconnus des Français, les traités d'alliances défensives patiemment négociés par Bismarck entrent en vigueur : tous les Etats d'Allemagne se solidarisent avec la Prusse, y compris ceux du sud, récents adversaires des Prussiens lors du conflit de 1866 avec l'Autriche.
De son côté, la diplomatie française, pour des raisons diverses, a largement échoué à établir une coalition pouvant menacer son adversaire sur d'autres fronts, notamment avec la Russie, l'Italie, l'Autriche ou encore le Royaume-Uni. Le Second Empire se battra donc seul, face à une armée redoutable réformée les années précédentes par v.Moltke et v.Roon.
Disposant d'une armée de métier globalement plus efficace que son ennemi en début de conflit, la France a tardé à appliquer les réformes nécessaires à son outil militaire. Bien qu'ayant mobilisé avant leurs adversaires, les stratèges français ont confondu mobilisation et concentration, ce qui entraîne une grande confusion parmi les unités à leur arrivée sur le front. Enfin, son commandement est notoirement incompétent et sa pensée stratégique déficiente, remplaçant au dernier moment le solide plan de défense de la frontière du Gal Frossard, jugé peu glorieux, par un vaste projet chimérique : l'armée française se jettera en Allemagne par la vallée du Main pour séparer la Prusse des Etats du sud, forcer ces derniers à la neutralité et tendre la main aux armées autrichiennes qui ne manqueront pas de l'appuyer ...
Du côté prussien, on est plus prosaïque et v.Moltke et son état-major ont étudié soigneusement le futur théâtre des opérations, choisi les itinéraires de progression, établi des tableaux de marche, etc ...bref, effectué tous les travaux préparatoires méprisés par l'état-major impérial. Ses forces sont réparties en trois armées : à droite, la 1ère, commandée par l'impétueux v. Steinmetz, ne comporte que 72.000 hommes. Elle se concentrera sur Trier, puis marchera le long de la frontière luxembourgeoise avant de bifurquer sur sa droite, au nord de Metz. La seconde, la force principale au centre, est conduite par le prince Fredrich-Karl et compte 252.000 h. Concentrée initialement dans le triangle Mainz-Mannheim-Kaiserslautern, elle devra affronter et détruire le gros de l'armée impériale située en Lorraine et commandée par le Maréchal Bazaine. Enfin, la troisième armée à gauche est forte de 182.000 soldats et inclue les contingents alliés du sud. Commandée par le compétent Kronprinz Friedrich-Wilhelm, son objectif est de détruire l'Armée d'Alsace du Maréchal Mac-Mahon et de conquérir les importantes villes d'Alsace que sont Strasbourg et Belfort.
Théâtre des opérations et plan prussien. Villes-objectifs cerclées de rouge.
Le Ier Corps français au contact de notre 1ère Brigade., entre Strasbourg et Kehl.
