Une année s'est écoulée depuis l'érection de Cosne sur Loire (louée soit-elle) et le bon Seigneur de Marlouf décide de tirer un premier bilan afin de definir un plan quinquenal soumis à l'acceptation (facultative) du Conseil des Sages.
De retour de ses pérégrinations en France et en Bourgogne, le bailli Stratcom se met aussitôt à la tâche et rend un bilan comptable assez complet...
Les yeux ronds, le Seigneur de Marlouf, qui commençait à se masser les tempes, demande, hésitant "et donc ça signifie que tout va bien ?"
A quoi Stratcom lui répondit en lui remettant un fascicule de 45 pages montrant points forts et points faibles des différentes coopératives...
En dépenses, le Donjon de la Maison du Peuple est le premier poste de dépenses, suivi par Notre Dame des Landes puis, plus loin, les camps de reboisement.
"On claque 100 balles par semaine pour replanter des arbres alors qu'on vit dans une forêt ????" s'etonne le Seigneur de Marlouf. A quoi on lui répond que le bien être des générations futures n'avait pas de prix (enfin si, 15% des dépenses de fonctionnement quand même)
Dans les entrées d'argent, le fonctionnement en quasi parfaite autonomie permet des ventes importantes en interne, la population privilégiant les achats de pain et et de baies. Les vegans n'ont cependant de cesse de s'en prendre à la bergerie en l'aspergeant de lait et en agressant les fromagers, les accusant de production de masse sur ce qu'on appelle déjà "la colline aux 10 vaches" Doctement, Stratcom explique qu'on espère une progression significative du Reblochon AOP par la suite, surtout sur le segment CSP+ (Classe des Serfs du Peuple) à moins d'un retournement du marché, anticipé par l'arrivée du Livarot normand.
Le commerce avec nos voisins, enfin, sur lequel c'est Jag qui a la main, et qui a permis de donner ses lettres de noblesse au textile local. "Les sarouels s'exportent très bien, mais les jupes pour hommes n'ont pas encore trouvé leur public. Je propose un nouveau feedback lors de la confcall dans 2 semaines"
Jag insiste même, il faut vendre, et vendre encore plus, voir même définir un indice pour calculer la rentabilité et s'affirmer face aux autres marchés. Les oreilles du Seigneur de Marlouf s'affolent : qu'est-ce que c'est que ce "Caca Rente" que lui propose l'impudent ?! On fait sortir le factueux et on le renvoie à ses urinoirs.
Jag évacué et Stratcom ayant terminé son exposé (pour lequel il obtient un 16 : bonne compréhension de l'ensemble. Quelques notions de syntaxe à revoir, a tendance à trop se relire) c'est Coelio, abbé défroqué venu de Paris qui vient assaillir le Seigneur de Marlouf avec ses demandes..
Un lieu pour la retraite spirituelle, dans l'introspection et la découverte de son soi profond, dans la tolérance et le respect de la différence des convictions de l'autre.
"Mais on n'a pas déjà Notre Dame des Landes, et l'autre machin oecuménique, là, la paroisse Yves Duteil ou je sais plus quoi, où ils chantent Over the Rainbow du matin au soir" ? s'étonne encore le Seigneur de Marlouf
Mais les arguments de l'Abbé Coelio sont simples, et parce qu'ils sont simples, ils sont imparables... Partout, le bonheur s'effondre.
Au sud des deux paroisses, un désert spirituel
Le nouveau quartier des habitations communautaires échappe à toute influence de Notre Dame et de Saint-Sauveur, et les hommes et femmes s'y adonnent jour et nuit au capitalisme le plus sauvage, alors qu'adoucir les moeurs avec un peu de ukullélé et de djembé aurait tôt fait de leur rappeler que la vie, c'est aussi saisir l'essentiel, à savoir l'indicible ...
L'horreur se lit sur le visage du Seigneur de Marlouf, qui n'écoute plus l'abbé depuis un moment et regarde les diagrammes et autres camemberts AOP sur le bonheur, passé d'un indice de 95 à 78...
Aussitôt on donne l'ordre du retour en autarcie, jusque ce que le bonheur revienne : a quoi bon accueillir d'autres punks et montreurs d'ours si on ne sait déjà pas gérer la comunauté actuelle ?
Et on demande à l'architecte local, Vincent Labaume, encore lui, de concevoir une nouvelle Maison Oecuménique, plus grande, plus majestueuse, afin de ramener la paix dans les coeurs. Vicnent Labaume s'enhardit, quel magnifique projet ! Au bout de 3 mois, il présente une maquette définitive au Seigneur de Marlouf
Mais ces bouts de bois au sol ... ou sont les murs ?? s'exclame le Seigneur de marlouf
"il faut casser les codes comme il faut casser les murs, on aura donc là une polygraphie parlée et dansée, tentant d'allier la chanson de geste médiévale à l'ordre d'une veillée médiatique. "
On renvoit Vincent dans sa maison polygraphique et on garde le plan original avant d'y rajouter plancher, murs et toits pendant des travaux qui s'annoncent sans fin...
Saint-Yves-Duteil en construction