Chapitre XII: 1510-1520
La Suède voulut s'accrocher à ses possessions et refusait catégoriquement de céder la Poméranie Occidentale à titre de compensation pour le Saint-Empire. La richesse des cités de la Hanse qui s'y trouvaient étaient bien sur fort profitables à qui contrôlait ces côtes de la Baltique, mais Charles XII aurait du se rendre compte de sa situation désespérée. Au cours de l'année 1511, deux armées d'environ 6 000 hommes chacune furent battues à platte couture par les troupes impériales, et tout le Danemark continental fut occupé.
En mai 1511, Siegfried-Friedrich von Stubenrauch réussit même à leurrer la flotte danoise et à débarquer en Fionie, menaçant directement le monopole suédois sur les lucratives taxes du Sund dans le Petit Belt.
L'Empereur Franz II envisageait déjà d'envahir les territoires de la Suède historique, lorsqu'il se vit prier de protéger le comté du Luxembourg. La France s'agitait à nouveau! Cet insatiable royaume comptait s'en tirer à bon compte avec cette petite rapine, à l'image du Pape qui avait profité de la guerre austro-suédoise pour s'emparer de Mantoue.
Le Pape est un ami de l'Autriche, la France ne l'est pas. Néanmoins, une guerre irréfléchie aurait pu coûter cher à l'Empire. De plus, le comté du Luxembourg avait basculé dans l'hérésie protestante et avait perdu toute sa considération dans le Saint-Empire. Franz refusa donc son soutien. Trois semaines plus tard, Charles XII capitula avec 9 000 hommes en Fionie après un débarquement raté. Les pourparlers s'en virent accélérés, et Franz fut assez bon pour ne réclamer que le Brandebourg. L'accord fut scellé à Flensburg le 10 août 1511.
Une dangereuse guerre sur deux fronts avait ainsi pu être évitée de justesse. Le refus de mener une guerre contre la France et les Etats du Pape avait gravement affaibli la position des Habsbourgs au sein de l'Empire, aussi beaucoup d'argent fut-il employé à rassurer les princes-électeurs.
De nombreuses révoltes protestantes furent écrasées à travers toutes les provinces autrichiennes. La conversion de Görz fut couronnée de succès, tandis que le Breisgau et la Styrie reniaient tous les Saints! Beaucoup d'opportunistes se détournèrent en ces temps de l'Autriche, tel l'archevêché de Cologne qui brisa notre alliance militaire, alors même qu'ils n'existaient que par les grâces de l'archiduc!
Heureusement, les efforts constants des souverains habsbourgeois dans le domaine de l'administration finirent par porter leurs fruits. Une fois la résistance acharnée des potentats vaincue, la récolte des impôts fut améliorée et les abus limités. Le pouvoir était de plus en plus concentré à Vienne. Le commerce fut également l'objet de réformes telles que l'édit royal sur les importations.
L'an de grâce 1513 vit l'instauration d'un système de recrutement moderne au sein du Royaume d'Autriche. Chaque province aurait à fournir un nombre défini de recrues pour les régiments royaux tous les deux ans. La grogne populaire ne fut pas grande, car il y a dans chaque village des indésirables qui peuvent n'être utiles qu'au métier des armes, là où leurs vices serviront une juste cause. En août, le brave général von Stubenrauch s'éteignit au soir d'une bataille contre les Protestants dans le Trentin.
L'Empereur ne retrouva une majorité d'électeurs favorables à l'Autriche qu'en 1515, après forces efforts diplomatiques et la promesse de faire payer cher à la France son outrecuidance. L'allié éternel de l'Autriche, la Castille, prépara le terrain en conséquence. Les conseillers à la solde des Castillans poussèrent le Pape à proclamer l'excommunication des souverains de France. Franz II Stefan était prêt à porter un nouveau coup au colosse franc.
Ce fut au printemps 1517 que le roi Louis XII apprit l'invasion austro-castillane. La Frise aussi s'était jointe à la guerre contre ses oppresseurs. Durant la première semaine de combats, la forteresse de Calais tomba en mains autrichiennes et l'armée du Duc Claude Ier de Lorraine fut écrasée à Metz. Peu de temps après, toute la Lorraine fut sous contrôle impérial. La Frise fit peu de cas des quelques maigres garnisons de la province d'Oldenbourg et y assit sa domination.
En juin 1517, le comté du Luxembourg rentra à nouveau dans la sphère protectrice du Saint-Empire. Les défaites françaises s'accumulèrent jusqu'a ce que Louis XII finisse de réunir 22 000 hommes sous son commandement. Il parvint à repousser l'armée du Rhin, qui s'approchait de Paris. Dans le Sud, la Castille avait beaucoup de mal à exploiter ses quelques victoires initiales, la situation y était indécise.
Le Royaume de France se redressa quelque peu suite aux victoires de Louis XII, mais l'équilibre était fragile. Les territoires contestés étaient exclusivement en France, pas une ville autrichienne n'était menacée. De nombreux hérétiques se plièrent à la foi de leur souverain en apprenant ses victoires: la Souabe, le Breisgau et Lienz étaient revenus au catholicisme.
Les combats en Picardie étaient si violents qu'en l'espace de deux semaines, les places fortes de la région changèrent de mains par trois fois. Louis XII garda le dessus et chassa l'armée du Rhin, nouvellement commandée par le général Charles-Hugues von Stichsenstein. Les Francs ne purent être empêchés de réoccuper le Luxembourg que grâce à l'intervention providentielle du protecteur des Flandres von Karaiska, qui avait levé à ses frais une armée de 20 000 hommes. La bataille de Luxembourg fut avec 59 000 soldats l'une des plus grandes de cette époque.

Malgré les terribles charges des gendarmes francs, la victoire put être obtenue à grands frais. Louis XII fuyait à toute vitesse, tentant de limiter les engagements d'arrière-garde, comme celui qui lui coûta mille hommes à Valenciennes. La gigantesque armée autrichienne n'avait qu'un but: Paris. Après y avoir bousculé quelques milliers de mercenaires hollandais, von Stichsenstein bombarda les murs du Louvre avec ses canons en fer forgé. Après 27 jours de combats, la capitale ennemie tomba. La ville fut livrée pour deux jours au pillage. Le jour suivant, la Castille se retira du conflit en arrachant aux Français la reconaissance sans conditions de ses frontières. Un maigre gain!
Peut-être la reine de Castille craignait-elle trop le génie de Louis. Celui-ci infligea une terrible défaite aux Autrichiens à Caen le 17 mai 1519. Franz s'était obstiné à lancer ses
Reiters à l'assaut des immenses carrés de piques françaises. De toute évidence, l'Empereur n'était pas en pleine possession de ses moyens ce jour-là. Presque toute la cavalerie autrichienne gisait sur le champ de bataille ...
L'armée du Rhin, qui avait depuis longtemps fusionné avec l'armée du protecteur des Flandres, échappa de peu à la destruction totale lors de la retraire chaotique qui s'ensuivit. Louis XII rentra triomphalement à Paris le 17 juin 1519. Il céda l'Oldenbourg à la Frise dans un élan de raison, il ne restait donc plus que l'Autriche et la France dans cet affrontement gargantuesque.
Les alliés de la France étaient à terre, toute l'ancienne Confédération Helvétique était en mains impériales, et le Nord de la France étaient solidement défendu par des garnisons autrichiennes.
Les réserves humains de l'Autriche étaient inépuisables grâce au système de conscription. Il ne fallait qu'un peu de temps pour combler les rangs pourtant brutalement décimés lors des innombrables batailles de ces quelques années. Louis XII pensait renverser le cours de la guerre avec son armée royale, mais lui aussi se rendit compte de sa vulnérabilité lorsque l'armée du Rhin de Charles-Hugues von Stichsenstein le forca à quitter une nouvelle fois Paris. Il n'y avait plus de gloire à obtenir pour ses armées.
La paix fut officialisée le 28 août 1520, la France y cédait les territoires suisses, la Franche-Comté et le Luxembourg à l'Autriche, arrondissant le Saint-Empire et défigurant une France déjà morcelée par les prétentions anglaises. En outre, 100 000 Gulden en or furent acheminées vers le margraviat de Bade, où le Margrave et trésorier royal Fink von Greiffenau en prit bonne garde.