L'essentiel n'est pas la culture. Il y a parmi nous des créatures du diable, des hérétiques sodomites et mahométans, assassins qui plus est, mais je laisse les crimes des hommes à la justice des hommes. Après tout, un mahométan qui abjure pour embrasser la vraie Foi mérite de vivre tout de même un peu. De même que mon arrière-arrière-grand-oncle Tomas Torquemada avait il y a un siecle balayé les derniers mahométans qui se cachaient dans les villes d'Espagne reconquises, de même il est indisdispensable ici de débusquer ces vils adorateurs d'idoles.
Je ne connais rien de pire qu'un mahométan, sauf peut-être un calviniste.
Le Saint-Office est prêt à confier au bras séculier ceux qui ne voudraient pas reconnaître que notre religion est la seule véritable. Mais je n'ai pas encore reçu l'anneau papal qui ferait de moi un inquisiteur avec pleins pouvoirs. Il me faudra donc choisir parmi les prétendants celui qui semblera avoir le plus de force d'âme et de détermination, faute, de par mon inexpérience et ma jeunesse, de pouvoir me présenter moi-même.
Je vais me retirer jusqu'à ce soir dans cet oratoire qui jouxte notre salle du conseil pour invoquer l'Esprit saint, qu'Il me guide dans mon choix. S'il y a d'autres candidats d'ici là, qu'ils n'hésitent pas, car les deux premiers me semblent un peu mous du genou, quoique j'apprécie assez l'énergique promesse du Tiberi de renvoyer nos ennemis dans des latrines puantes...
