Ferdinand II, en 1836, règne sur un royaume contrasté.
Les Deux-Siciles sont alors ce qu'il est convenu d'appeller aujourd'hui dans une situation d'"Ancien Régime", sous tout les sens du terme.
Economiquement, malgré la part écrasante du secteur primaire (ce qui commence à devenir handicapant en cette ère de la manufacture), les revenus sont confortables. Les mines de souffre de Siciles y jouent une bonne part à cette relative aisance financière. La situation économico-financière est, de fait, hautement favorable à une industrialisation : le large exédant budgétaire de l'Etat va permettre à Naples d'encourager, voire de financer lui-même, les investissements.
Le changement de gouvernement décidé par Ferdinand II en février 1836 se comprend dans cette optique. Les "ultras" sont remplacés par les conservateurs modérés, plus ouverts au libéralisme économique et plus en phase avec la masse conservatrice des paysans du Royaume. Moins méfiants vis à vis d'une maigre bourgeoisie économique qu'ils espèrent d'ailleurs rallier de façon solide à la Couronne, les conservateurs sont aussi accueillis favorablement par ces "élites économiques".
Les investisseurs potentiels: assez peu nombreux, il faut l'admettre.
Cette politique plus libérale du cabinet conservateur porta ses premiers fruits en quelques années.
L'agriculture, coeur de l'économie des Deux-Siciles entra dans un cercle vertueux, grâce à de bonnes récoltes et à un contrôle amoindri des autorités étatiques.
Bien plus significatif encore, la bourse de Naples ouvre pour la première fois le 30 avril 1839.
La clairvoyance économique du gouvernement Royal ayant rassuré les investisseurs et facilité leurs placements, les capitalistes commencèrent à participer à l'oeuvre de transformation économique du Royaume.
Certes perçu comme un parvenu par l'aristocratie Deux-Sicilienne, le tycoon Luigi Vittorio-Immanuelo-Umberto Uriali se targua, selon la légende, d'un "va f'e...." une fois confronté à un de ces critiques au sang noble. En créant un complexe industriel de nourriture en conserve, produit si demandé -à en juger par son prix d'alors si élevé sur le marché-, tant par les armées du monde civilisé que par les populations , Uriali est symptomatique de ces bourgeois acquis à la couronne par Ferdinand II et de ces pionner de l'industrialisation Napolitaine. En quatre ans, le visage du Royaume avait commencé à changer... Ferdinand II allait-il réussir son pari?