Emp_Palpatine a écrit :
Celà dit: oui, l'antiquité tardive et le début du "Moyen Age" est une période plus sombre, mais tout commence sous l'Empire dès la fin du IIème siècle et surtout au courant du IIIème: Recul de la civilisation urbaine, réapparation des fortifications des villes, crises économiques dues aux ponctions fiscales écrasante de l'Empire... Un certain "art de vivre", la "pax romana" a déjà disparu dans les deux derniers siècles de l'Empire en Occident.
Je suis assez d'accord, mais cela m'amène à m'interroger : même avant la fin des Antonins, la guerre est tout de même omniprésente dans l'Empire, tout comme elle l'était sous la République. Pour moi, la pax romana est un idéal intellectuel de propagande, et pas vraiment une réalité : quand l'Empire est-il vraiment en paix ? Guerre civile sous Auguste, guerres orientales sous Tibère, conquête de la Bretagne sous Claude, guerre civile à la fin de Néron, puis quelques décennies après à la fin de Domitien, etc...
Bref, la réalité de la pax est à mon sens bien théorique...
Ensuite, à une époque où il y a Grégoire de Tours, Zozyme, Saint Augustin et j'en passe, on ne peut pas dire qu'il y ait un recul intellectuel. Les derniers siècles de l'Empire sont très riches à ce niveau.
Disons qu'il y a une mutation de la vie intellectuelle, et des genres de prédilection : moins d'historiens, moins de poètes, plus de penseurs théologiques, plus de jurisconsultes.... O tempora, o mores !
Il est vrai que la disparition de l'Empire dans les faits en Occident (il existe toujours théoriquement, il faut attendre le Roi Franc Théodebert pour que la monnaie ne soit plus frappée du profil de l'Empereur -d'Orient- mais du Roi des Francs) entraîne par l'adjonction massive de barbares un peu frustres une reléguation des choses de l'Esprit à l'Église qui fut, qu'on le veuille ou non, un dépositaire de l'héritage classique, qu'il soit intellectuel ou politique, puisque l'idée Impériale y survit.
Cela ne change, somme toute, pas grand chose : l'Eglise devient l'héritière naturelle de l'Empire, ce qui n'est pas un mal, vu qu'elle est plus acceptée par les populations...
La période Mérovingienne est plus remarquable par ses chefs d'œuvre d'orfèvrerie et la vie monastique que par la production philosophique.
Certes, certes, cependant, outre l'immense Grégoire, d'autres comme Sidoine Apollinaire (au tout début), ou dans les peuples voisins (wisigoths, burgondes), méritent franchement le détour. Par ailleurs, Palpat le souligne bien, la vie monastique est très intéressante (enluminure mérovingienne...)
Quant aux Rois, disons que Mérovée, Childéric et Clovis sauvent la Dynastie, tout comme Dagobert.
Il y en a des moins connus qui ne sont pas forcément uniquement les barbares tortionnaires ou les rois fainéants que la légende veut nous faire accroire : Clotaire Ier, Childebert, Clotaire II, Clovis II, Dagobert II...
Mais cette conception archaïque de l'Etat comme domaine foncier -en fait, cette absence de conception de l'Etat, ce qui est curieux pour une dynastie et un peuple ayant servi l'Empire plusieurs siècles- mine le Royaume des Francs. Il suffit de saupoudrer un mode de vie fait de beuverie, d'union matriomoniales précoces pour obtenir une race qui dégénère en deux générations.
Rhaaa non Palpat, pas toi ! Le syndrome "fin de race dégénérée" pour parler des successeurs de Clovis autres que le bon roi Dagobert est un des raccourcis les plus atterants ! On a affaire à une dynastie qui se maintient quasi sans discontinuer sur 3 siècles, ce qui, à l'époque, est quasiment unique. Le fait qu'à la fin de la période le pouvoir n'est plus entre les mains du Roi mais des maires du palais et des nobles ne veut pas dire que le Roi est forcément un incapable trisomique ! Il y a eu beaucoup d'accidents dynastiques (Rois qui meurent jeunes et sans descendance), face auxquels le clan mérovingien a relativement bien réussi à maintenir son pouvoir (lorsque le même cas s'est présenté pour les carolingiens, ils ont sombré illico...).
En revanche, je te suis pour leur absence de conception de l'Etat : c'est ce qui explique le mieux qu'ils considèrent le royaume comme des terres privées, et donc soumises au partage entre les différents fils. Ca, ca n'a pas fait du bien.