Les opérations de 1844 en Algérie et au Maroc.
Abd el Kader n'est pas fidèle à sa parole. Reprise des raids et de la petite guerre. Retour du Maréchal Guillaumat en Afrique, la France déclare la guerre à Abd el Kader. Le sultan du Maroc déclare la guerre à la France. Abd el Kader écrasé, prise de la smala. L'armée de secours marocaine anéantie. L'Oranais est soumis. Le Maréchal Guillaumat entre au Maroc. Prise de Fez. Le sultan contraint à la paix. Acquisitions de 1844.
Le traité signé avec Abd el Kader lui laissait la domination sur la majeure partie de l'ouest algérien, y compris sa place forte de Tlemcen, contre reconnaissance de notre souveraineté sur l'Algérois et le Constantinois et bien sûr l'engagement à des relations de voisinage honnêtes et pacifiques. L'émir, après avoir reconstitué ses forces, simula quelques temps le respect du traité. Fidèle aux principes de sa religion, il ne pouvait cependant concevoir avec nous qu'une trêve et non pas une paix perpétuelle. Abd el Kader était aussi soumis à la pression de ses féaux des tribus qui le suivaient et qui, si la paix avec l'infidèle demeurait trop longue, remettaient en question l'honneur, la piété et la valeur du chef. Ainsi, dès le printemps 1843, la petite guerre reprit aux marges de nos possessions et les postes avancées firent le coup de feu contre des razzias de plus en plus souvent.
Après avoir commandé l'expédition des Légations, le Maréchal Guillaumat fut renvoyé en Algérie par le Ministère. Le signal donné à l'armée d'Afrique et à l'opinion était limpide : une nouvelle expédition était à l'ordre du jour. Cette fois, deux corps devraient anéantir les forces de l'émir et assurer la domination française sur tout l'Oranais et l'ouest algérien.
Au printemps 1844, des émissaires signifièrent à Abd el Kader que suite à ses nombreuses violations du traité de paix, celui-ci était considéré comme caduc et que la force des armes réglerait la dispute entre la France et l'émir.
Abd el Kader ne combattrai pas seul cette fois, cependant. L'émir avait pris langue avec le sultan du Maroc et ce dernier, espérant étendre son influence sur l'ouest algérien où régnait l'anarchie, s'était engagé par une alliance avec son coreligionnaire.
Le Maréchal Guillaumat avait prévu ce cas de figure et planifié sa campagne en conséquence. Par un mouvement véloce, le corps de l'Oranais devait frapper Abd el Kader qui campait avec sa smala près de Tlemcen tandis qu'un deuxième corps devait partir d'Alger pour s'emparer de Medea et Mascara. Une fois l'émir vaincu, on pourrait se retourner contre le Maroc.
Il est rare qu'une campagne militaire se déroule parfaitement selon les plans établis. La campagne de 1844 est une de ces exceptions confirmant les règles. Par un mouvement extrêmement rapide, Guillaumat fit route vers Tlemcen et surprit l'émir en son campement. C'est le duc d'Aumale, fils cadet dur Roi, qui mène l'assaut contre la Smala d'Abd el Kader.

Le duc d'Aumale en campagne.
La victoire est sans appel, l'armée d'Abd el Kader est anéantie et sa smala est prise. L'émir prend la fuite vers le sud algérien, sa reddition n'étant plus qu'une question de temps à présent.

Prise de la Smala, Horace Vernet.
Les Marocains avaient envoyé une armée de secours qui ne prit pas le risque de venir au secours de Tlemcen. Au contraire, passant par Mascara et les montagnes, elle chercha à frapper Alger afin d'obliger nos forces à réagir et à lever le siège de la place forte. Elle fut interceptée par le Corps d'Alger commandé par le Général Henri, dont tout le monde connaissait le père naturel.

A Mascara, nos forces écrasent les Marocains et anéantissent l'armée de secours du Sultan.
Abd el Kader et les Marocains écrasés, l'armée d'Afrique put assurer notre domination sur l'Oranais en prenant Médéa et Mascara. Une fois Tlemcen prise, le Maréchal Guillaumat ouvrit sa campagne du Maroc.

Soldats en campagne.
En décembre, après un court siège, Fez, capitale du sultan du Maroc, fut prise.

Reddition des Marocains.
Humilié et vaincu, à la merci des Français, le sultan accepta nos conditions. Certains esprits à la Chambre et dans la presse demandait que l'on forçât le Maroc à accepter un protectorat français, accroissant d'autant notre puissance en Afrique. Le ministère repoussa dans ses instructions au commandement d'Afrique ces solutions. Il n'était gère opportun de fâcher les Britanniques ou les Espagnols en développant démesurément notre présence en Afrique du Nord. Des réparations punitives suffiraient ainsi que la reconnaissance de notre domination sur l'Oranais et l'ouest algérien.
En quelques semaines de campagne, les troupes de l’émir avaient été anéanties tout comme celles du sultan du Maroc. La France s'assurait le contrôle de tout l'ouest Algérien tandis qu'Abd el Kader était repoussé sur les marches du Sahara. La victoire était complète. On pavoisa à Paris et on fit, du moins dans les milieux dynastiques, du Duc d'Aumale un nouveau héros.

Boîte de jouet d'époque, permettant aux enfants de revivre la bataille d'Isly avec des soldats en carton.