Histoire de la Suède, par Thor Danton. Chapitre IX. Les deux guerres du Mexique
Acte 1. La première guerre ou la grande désillusion
Un océan de sérénité envahit le Peuple Libre : le Mal, pour la première fois depuis des décennies, avait abandonné le langage de la guerre et son désir de paix semblait sincère. L’alliance protestante, pieuse et pacifique, n’eut malheureusement pas le temps de se réjouir de cette soudaine conversion : la France, après des siècles de léthargie, bondit soudainement sur la gazelle autrichienne

et un sinistre jeu d’alliance fit basculer le reste du monde : l’Empire Ottoman ralliait Paris, la Hollande son allié autrichien. Fidèles à leur séculaire volonté de paix, les protestants entendaient rester neutre, mais demandaient que l’Espagne fît de même.
Son Roi, même s’il avait donné sa parole de ne pas intervenir, ne put résister aux premières défaites de ses alliés : rongé par le remord et le doute, rompre la parole donnée aux protestants ou abandonner ses alliés, l’Espagne se décida finalement pour la guerre. Nous ne pouvons pas lui en tenir rigueur, mais cette intervention rendait inévitable une riposte protestante : des engagements avaient été pris, il fallait les respecter.
Le Peuple Libre, même pris au dépourvu, réagit au quart de tour et ses troupes déferlent aussitôt : toujours en pointe, on retrouve notre bon Roi, Karl XI

. Il bouscule l’ennemi au Mexique et, malgré un léger fléchissement du à l’usure et notre grande infériorité numérique, finit par conquérir les riches provinces espagnoles. N’écoutant que leur courage, nos preux repartent à l’assaut des Ibériques, qui se terrent lâchement dans les marais de Bayou

. Malgré un terrain défavorable, c’est la victoire et l’Espagne sort aussitôt de la guerre : des émissaires français et ottomans affluent à Stockolm pour rendre grâce au Grand Roi, juste parmi les justes

.
Malheureusement, notre allié anglais, qui n’a pas combattu, avait pris des engagements en notre nom auprès de Madrid et le Peuple Libre, pourtant grand vainqueur, est obligé de se contenter d’une paix symbolique (600 ducats) pour que soit honorée la parole britannique

. L’issue de cette guerre non souhaitée laissera un goût amer dans les campagnes suédoises : 50.000 braves sont tombés pour emporter tout le Mexique espagnol et rien ne vient fleurir cette terre que nos preux ont arrosé de leur sang si pur. Tout juste avons-nous montré au monde notre indéfectible loyauté et l’importance que nous attachons au respect de la parole donnée.
Acte 2. La deuxième guerre ou Karl XII bénit par Dieu
La paix revient, quelle merveille ! Mais pour peu de temps, l’Autriche se jette sur l’empire ottoman, pour lui faire payer son soutien à la France… qui abandonne son allié ! Une grande conférence a aussitôt lieu à Londres :
Marlborough/Lemarseillais « Bon, il faut intervenir pour rétablir l’équilibre »
Karl XII/Danton « Oui, l’Ottoman nous a bien aidé jadis, pas question de l’abandonner : l’honneur n’est pas un vain mot chez les protestants »
Marlborough/Lemarseillais « Oui, mais nous deux, ce serait trop et déloyal »
Karl XII/Danton « Tout à fait d’accord. Bon, j’y vais alors »
Marlborough/Lemarseillais « Ah mais pas du tout, c’est moi qui y vais. Marlborough piaffe d’impatience, je n’arrive plus à le retenir

»
Karl XII/Danton « Rhooo, et Karl XII, tu crois qu’il va rester sagement au coin du feu ? »
Marlborough/Lemarseillais « M’en moque, je n’ai rien fait la guerre précédente, donc c’est mon tour de batailler ».
Pouf, l’Angleterre entre en guerre et n’appelle pas, comme prévu, le Peuple Libre à l’aide. Courageusement, la France se décide alors à entrer dans la danse à son tour et se jette férocement contre les Austro-Hollandais. L’Europe s’embrase, Marlborough se couvre de gloire, Karl XII se ronge les ongles auprès d’un feu et s’impatience de plus en plus : intolérable ! Ce bouillant monarque, guerrier jusqu’à la dernière goutte de son sang, ne peut accepter de rester les bras croisés alors que toute l’europe ou presque bataille

. Il réunit son conseil…
« Holà, de qui se moque t-on ici ? On me considère comme le plus grand homme de guerre de mon époque et je resterais ici, bêtement, à regarder les autres combattre ? » »C’est que, Majesté, l’Europe est déjà à feu et à sang, nous ne pouvons plus intervenir » »L’honneur nous l’interdit, en effet, et c’est là notre bien le plus précieux, avec notre liberté, mais il reste bien, quelque part, un roitelet ennemi à qui botter le cul, non ? » »La russie ? » »Ah ah ah, allons du sérieux, je parle d’une guerre. Pas besoin de sortir mon sabre pour les russes : il suffit de crier bien fort pour qu’ils détalent tous. Non, non, il me faut quelque chose de plus gros, de plus vicieux » »Notre vieux copain espagnol, dit ‘Le Mal’

? » »Ah, voilà qui est mieux : il a trois fois plus de troupes que nous, le combat sera donc en notre défaveur mais, avec l’aide de Dieu, nous vaincrons ! Tout plutôt que de rester ici, où il fait si froid en plus… »
« Holà, Roi d’Espagne ? ». Extirpe sa tête de son bain d’or : « Moui ? » »Nous avons décidé, pour égayez un peu nos sombres soirées hivernales de vous faire la guerre. Motif : la Reine d’Espagne porte des robes jaunes, ce qui est insultant pour notre glorieuse nation, qui préfère le bleu

» »Rhooo, mais c’est pas bientôt fini, non ? » »Vous avez deux mois pour convaincre la Reine de changer sa tenue vestimentaire, après ce sera la guerre si vous échouez » »Méchant ! La Reine n’en fait qu’à sa tête » »Si l’Espagne ne thésaurisait pas tout l’or du monde, nous pourrions nous chauffer l’hiver et ferions dès lors moins intentions aux vêtements de la Reine (si, si, n’essayez pas de comprendre

) » »Je garde mon or ! C’est mon or ! A moi ! » »Guerre ! »
Et le Peuple Libre, contraint et forcé par l’inique attitude de l’Espagne, aggravée par le mépris de la Reine, repart en guerre, contre son gré

. Les Antilles et le Brésil espagnol sont envahis mais, une fois encore, le gros des combats se déroulera au Mexique : le Peuple Libre balaye l’ennemi en une vague irrésistible et assiège les forteresses ennemies. Bref, tout va bien. Jusqu’à ce que des hordes impies surgissent de partout, comme si elles n’attendaient que cela depuis longtemps et nous sommes submergé : le rapport de force est de Un contre trois en notre défaveur

.
Seul notre fougueux Roi, Karl XII, peut encore sauver la Suède : attaqué par 70.000 espagnols dans la province de Saltillo ; il combat farouchement, mord et griffe ses ennemis qui, épouvantés, finissent par prendre la fuite : Karl reste maître du terrain avec ses… 12 canons

(véridique). Il s’en est fallu d’un cheveux et Madrid a frôlé la victoire totale, mais Dieu était ave nous, il n’a pas permis que cette infâmie ait lieu. Des renforts parviennent d’Europe, ainsi que les forces des Antilles (qui ont pris une province), qui permettent de stabiliser le front et même de reprendre l’offensive : les mines d’or espagnoles tombent. Mais, pour un Ibérique fauché, trois viennent prendre sa place.
« Holà, c’est quoi cette histoire ? Le potentiel de recrutement de ces terres ingrates n’est quand même pas si élevé ? » »Le Mal possède d’immenses réserves en Europe » »Quoaaaaaaaaaaaa ? Et notre flotte alors ? Sus aux Ibériques ! »
La rencontre navale a lieu au large des côtes cubaines et c’est une grande victoire suédoise, mais les pertes infligées restent très minces, l’Ibère s’est vite réfugié dans le port de la Havane.
« Puisque c’est ainsi, comme ces gueux se moquent de nous, on va les forcer à sortir et à se battre comme des hommes ! » »Ils ne veulent pas et nous tirent la langue » »Les sournois ! Bon, allez, on débarque l’infanterie et on prend cette forteresse d’assaut, pas de temps à perdre : go, go, go ! ». La chute de la Havane oblige la flotte espagnole à retourner en mer, où l’attendent les fiers drakkars du Peuple Libre. Cette fois, le combat est violent et sans appel : c’est la déroute pour les Espagnols, qui sont traqué impitoyablement. Lorsqu’ils peuvent enfin rallier Carthagène, 220 navires ont été coulé

(contre une quarantaine pour la Suède).
Au Mexique, cependant, la Suède est toujours sur le fil du rasoir : Karl XII, décidémment béni par Dieu, échappe une fois de plus aux tueurs madrilènes : il ne lui restait plus que 3500 cavaliers (contre 45.000 espagnols !) quand, enfin , les renforts ont surgis et ont fait basculer la bataille. On raconte que le Roi d’Espagne s’est presque étouffé de dépit

. Les troupes victorieuses du brésil et des Antilles viennent renforcer notre bon roi, qui relance l’offensive : l’ultime bataille a lieu à Saltillo, une fois encore. L’Espagnol engouffre toutes ses forces pour contrer notre irrésistible élan, la rage de vaincre est totale des deux côtés : vaincre ou mourir, il n’y a pas d’autre alternative.
Mais Dieu, comme toujours, soutient la juste cause du Peuple Libre et les Ibériques sont littéralement décimés, pulvérisés par les charges héroïques de notre valeureux Roi Karl XII, gloire à lui. Victoire !
L’Espagne reconnaît alors sa défaite et nous cède la mine d’or de Jalisco : enfin ! Le Peuple Libre possède enfin une partie infime de cet or dont il est privé depuis si longtemps. Justice est faite. Il nous a fallu deux siècles pour y arriver, mais notre objectif est enfin atteint : un repartage plus équitable des richesses du monde au profit de tous ceux qui, comme nous, n’ont rien ou presque rien. Que de sang aurait pu être évité si le Roi d’Espagne nous avait cédé cette mine d’or jadis… Nous ne demandions rien d’autre, il ne nous en faut pas beaucoup pour vivre bien, nous sommes un peuple très modeste et ceci n’est, pour votre richissime royaume, qu’une goutte d’eau dans l’océan, qui ne diminue en rien le niveau de votre bain d’or

.
Entendez notre parole, Roi d’Espagne : vivons désormais en paix car la guerre ne mène à rien. Telle est la leçon apprise par notre bouillant Roi Karl XII, qui a déposé son sabre au coin du feu et passe désormais ses soirées à chanter, danser et jouer de la harpe, dans une pièce enfin chauffée grâce à l’or du Mexique. Quel bonheur que la paix ! Que nul ne vienne troubler notre félicité ou il lui en cuira

!
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, heureuse la nation qu'il s'est choisie pour domaine ! Le salut d'un roi n'est pas dans son armée, ni la victoire d'un guerrier, dans sa force. Illusion que des chevaux pour la victoire : une armée ne donne pas le salut. Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. La joie de notre coeur vient de lui, notre confiance est dans son nom très saint. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi !