Pour parer à toute éventualité, l’ossature d’une nouvelle légion, la Legio V Fidelis, est formée à Ariminum. Il est prévu de lui assigner quelques auxiliaires celtes ou germaniques.
La progression en Pannonie est passable. Quelques détachements souabes pillent la région, rendant difficile toute pacification durable.
Il faudra y aller à coudées franches. Pas question de laisser isoler la Legio IV à cause d’un unique et mince couloir de communication, soumis à des raids adverses. Une tribu celte mineure, les Breuci, en subira les conséquences.
À nous l’Illyrie ! Elle a bien besoin d’ordre, nous le lui donnerons.
Les Celtes sont plus coriaces que prévu. Coup sur coup, les batailles pleuvent et les villes changent de main. Apollonia tombe, entre autres, mais la Legio I Italica vient déjà la rescousse. Pergame a ravalé ses ambitions de crapaud et a signé une paix, rendant la défense étendue de Pella obsolète.
Les corbeaux de pierre ne résistent pas à l’assaut romain.
Heureusement, ils n’ont pas eu le temps de transporter le fruit de leurs pillages. Mis à part quelques exécutions sommaires et une semaine de peur, les habitants d’Apollonia s’en sont bien tirés. Les Breuci peuvent maintenant être attaqués par le Nord et par le Sud de l’Illyrie.
La Legio I se met en marche vers l’Illyrie dès les blessures les plus vives pansées. Epidamnos tombe sans grand combat, mais les Dalmates profitent également des défaites celtes et s’emparent de Delminium, la ville centrale de l’Illyrie.
Pour gâter le tout, le sénat venait de lier un accord commercial avec la tribu dalmate, pensant ainsi pacifier à long terme un voisin immédiat en Dacie. Impossible de briser aussitôt cet accord sans mettre en danger d’autres accords, comme celui avec Massilia, vital pour la défense de l’Italie. Faustus Lupus décide donc de consolider les conquêtes récentes et d’attendre si une révolte ou une incursion ennemie ne permettrait pas de prendre à moyen terme Delminium, sans pour autant attaquer les Dalmates.
D’ailleurs les troupes romaines auront bientôt fort à faire ailleurs. Nos espions indiquent que les Souabes ont levé une nouvelle armée, qui se dirige vers la Pannonie …
Nos ennemis mortels sont donc toujours en état de menacer nos provinces frontalières. Rome décide de prendre les devants. La Legio II Antiqua ira en territoire ennemi, abattre ces perfides bêtes.
Les Germaniques préfèrent se cacher dans leurs forêts plutôt que d’affronter nos légionnaires. Nous voici donc en plein milieu d’un désert de civilisation. Les terres sont fertiles et arables, mais les colons rares. Un chef local qui pourrait former une nouvelle tribu, loyale à Rome, sera cherché en vain. Il ne reste que deux alternatives : se retirer et abandonner le territoire aux Souabes, ou fortifier la position et continuer les conquêtes dans cette direction, malgré les risques économiques et militaires importants. Faustus Lupus œuvrera en vue de pousser le sénat à s’entendre sur la deuxième option.
La Legio III soutiendra ces opérations. Nous sommes bien loin des plans visant à laisser le Nord de l’Europe à son sort …
Les Souabes nous obligent à nous aventurer dans des régions qui ne nous intéressent pas. Les sénateurs ambitieux essayent plutôt d’obtenir un poste de questeur en Illyrie. Les travaux publics y sont nombreux, les possibilités de s’y enrichir y sont donc tout aussi nombreuses. Le port d’Epidamnos est aménagé, Iader profitera de docks améliorés, les carrières de marbres sont étendues, les mines de fer et d’argent creuseront plus profondément, l’agriculture est réorganisée, et un temple érigé en l’honneur de Jupiter. La romanisation de l’Illyrie bat son plein.
Tout cela est nettement plus passionnant que les combats hivernaux contre des barbares puants, qui forcent une légion à retraiter en catastrophe …
Les Ardiaei se montrent enfin raisonnables. Une timide neutralité bienveillante nous lie désormais à ce peuple oscillant entre sauvagerie thrace et raffinement grec. Les marchands d’Ostie font de bons marchés, ce qui fait couler les sesterces à flot. De grandes constructions sont entreprises en Italie et en Sardaigne avec cet argent.
D’ailleurs cette manne financière permettra enfin de s’affranchir du système militaire actuel, qui a l’inconvénient de réduire en pauvreté les légionnaires absents plus d’une saison de leurs fermes. La grogne est grande, mieux vaut s’occuper de ce problème avant qu’il ne dégénère en rébellion ouverte.
Et des soldats, il en faudra de bons à l’avenir. Le problème souabe est loin d’être résolu.