Des nouvelles de nos voisins Alamans nous parvinrent. Les vainqueurs des Marcomans avaient sous-estimé la volonté de ce peuple à régner librement sur leurs terres. Ils avaient tellement maltraités ceux qu'ils avaient soumis qu'ils firent face à une rébellion gigantesque. Partout les Marcomans prenaient les armes rassemblées en secret et coupèrent le jaret de ceux qui se voulaient seigneurs. La mort du roi alaman marqua la fin de son peuple.

Etelgis d'Urial marchait en direction d'Eboracum a la tête de ses vétérans. C'était un homme brutal et robuste, qui ne craignait rien ni personne. Si quelqu'un l'avait défié, il lui aurait fendu le crâne sur-le-champ. Si quelqu'un s'était opposé à son armée, il l'aurait anéanti en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Fier, il refusait toute protection autre que celle de son bras et de sa lame. Insouciant, il dormait avec n'importe quelle esclave, tant que ses formes lui convenaient. Il ne se doutait pas un instant qu'il puisse être trahi par quelqu'un qui aurait eu connaissance de sa force et son endurance monumentale. Ce fut pourtant le cas.
Dryantilla était une courtisane romaine qui avait réussi à charmer le chef de guerre saxon. Elle était un peu folle mais pas plus qu'Etelgis. Pas étonnant donc que son poignard lui transperca la poitrine et l'émascula durant son lourd sommeil.
Son colis sanglant dans les bagages, elle se mit en chemin vers le port le plus proche pour percevoir la récompense que lui avait promis Sixtus Griffonast. Des sentinelles qui cherchaient à l'amadouer découvrirent pourtant son chargement pour le moins singulier. J'oserais ajouter que l'objet en question était plutôt massif ... bref ... l'espionne et assassine fut châtiée comme il convient aux gens de son espèce, à savoir décapitée et brûlée.
Sixtus eut bien sur vent de l'histoire. Il était content que son grand ennemi fut mort et déshonoré, mais ne souhaitait pas renoncer à l'ornement de son portail en Campanie. Il s'exclama:
"Voilà ce qui arrive à ceux qui ne se soumettent
pas à l'autorité de l'empereur! Il m'importe pourtant
d'aller réclamer en personne la marque de virilité
de cet être détestable! Même s'il me faudra
reconquérir toute la Britannie, j'en prendrai possession!
Mes esclaves doivent comprendre que toute
résistance est inutile, et mon portail le leur rappellera
chaque jour!"
Il continua donc d'organiser l'armée que lui avait confié l'empereur en Gaule Cisalpine en vue de ses projets.
Constantin Mac Erp (il avait choisi ce prénom parce qu'il pensait faire meilleure impression sur les Romains ...) n'avait bien sur rien de plus pressant à faire que balayer l'armée sans chef qui lui barrait le passage d'Eboracum.
La bataille fut longue ...
et menée avec tous les moyens possibles ...
Combattant jusqu'au soir, les Saxons ne cédèrent chaque pouce de terrain qu'après la mort de nombreux Celtes. Sans seigneur, ils étaient pourtant condamnés. Le peuple des Saxons venait de subir sa plus grande défaite.
Eboracum était tombée aux mains des traitres! Londinium était menacée! Il fallait absolument réagir
Un homme se leva en Frise et hurla: "je mènerai mon armée en Brittanie pour punir l'affront que les Celtes ont infligé à nos frères, que notre glorieux amiral Bertgarda Thrawnatox m'y amène avec ses navires, car je lui fais confiance. Il me faudra aussi de l'or pour rallier les guerriers qui voudront faire jaillir le sang celte. Ainsi, la défaite de nos ennemis sera inévitable!"
Lorsque Fréovin lui fit parvenir de l'or et des hacheurs de sa garde personnelle, l'expédition commença. Otto n'etait pas un grand connaisseur des armes, mais il savait parler aux hommes. En peu de mots, il redonna confiance aux rescapés du siège d'Eboracum, et leur rendit la flamme ardente qui animait leurs coeurs jadis. Ensemble, ils marchèrent à la rencontre des Celtes.
À l'Est, Gundahar l'étrangleur de sangliers se chargeait de mater des bande de pillards en maraude dans les forêts burgondes. C'était un homme doué.
Il ne pouvait avancer plus au Sud, car les Lombards y retraitaient depuis notre victoire. Ils étaient tellement désespérés qu'ils voulaient s'installer en territoire romain. L'empereur était peu enchanté ... et à la rage de Sixtus Griffonast, il dépêcha à la frontière alpine de nombreux détachements pour éviter le pire.
En Brittanie, les Celtes n'avaient pu percevoir de renforts. Peu d'hommes de guerre restaient pour défendre les campements du Nord, comme nous le rapportent nos espions.
La bataille décisive pouvait commencer, la plus grande armée jamais commandée par un Saxon s'apprêtait à laver l'affront enduré au même endroit une année plus tôt.
Les Saxons avaient de bonnes chances de vaincre l'ennemi.
Que dis-je, de
très bonnes chances!
Aucun celte ne put retenir longtemps la poussée de nos hommes, animés par la soif de vengeance et de gloire. Tous ceux qui s'étaient opposé à Wernicke furent massacrés.