Arpàd Taksony dit "le noir" ou "le Boiteux" 945-997
Le 1er règne: 945-977
Monté sur le trône à 14 ans il se retrouve rapidement dans une situation catastrophique.
Il doit céder aux prétentions des rebelles pour sauver son trône.
Les terres autour de Vienne deviennent indépendantes et une large autonomie, notamment religieuse est accordée à l'est du pays autour d'une Transylvanie qui ne cessera d'embarrasser le souverain.
Le Roi n'oubliera jamais l'humiliation de Budapest, ou les grands nobles l'obligèrent à signer un texte pour limiter ses pouvoirs.
Le Roi recevant l'hommage du Duc de Transylvanie, manuscrit largement postérieur
Il épousa à 16 ans, la fille du Roi de Bohème, selon la volonté de son défunt père, afin de sécuriser la frontière nord. Lors de la chasse suivant la fête, son cheval se retrouva chargée par un sanglier, le Roi fut désarçonné, sa jambe brisé en milles morceaux. Les plaies suintantes firent craindre le pire. Le sort du royaume fut suspendu pendant quelques jours. Mais Taksony était robuste, il finit par guérir non sans garder une lourde boiterie pour le restant de sa vie.
Patiemment, Taksony reconstitua le trésor royal, entrepris de grandes constructions. Dans les 3 premières années de son règne, il fit montre de son caractère impitoyable en faisant assassiner ses deux frères cadets âgés de seulement 11 et 7 ans et qui, en vertu des règles d'héritages, avaient récupéré de nombreuses terres. Le domaine royal fut ainsi reconstitué. Dans un royaume encore largement acquis aux vieilles traditions païennes, cela ne choquera guère. Le plus fort imposait sa loi.
"Le diable rappelant ses crimes à Taksony", extrait d'un manuscrit écrit au XIIème siècle et violemment hostile au Roi
Taksony passe ensuite une bonne quinzaine d'année à guerroyer contre les bavarois autour de Vienne qu'il reprend. Contre les bohémiens et les polonais qu'il écrase et au sud, contre les débris d'un empire Petchénègue mourant. C'est homme brutal et colérique (d'où sont surnom «
Le noir ») mais un redoutable stratège.
En 970, le Roi est au sommet de sa gloire. Il a écrasé ses ennemis, a eu plusieurs fils dont les 2 premiers sont majeurs. L'ainé, Sandor, fait l'objet d'un brillant projet matrimonial. Il a épousé la Reine de Bulgarie, principauté issue de la chute de l'empire Petchénègue. Taksony imagine déjà son petit fils régner sur les deux royaumes réunis. Le cadet, Gabriel a été doté de larges terres autour de Vienne pour calmer ses ardeurs. Quant aux vassaux ils semblent calmes.
En apparence bien sur...car la tempête approche
En 971 éclate « le temps du grand malheur » comme l'écrira le Chroniqueur moine Jean. Les nobles supportent de plus en plus mal la tyrannie du monarque. Les grandioses stratégies matrimoniales de Taksony les inquiètent.
L'est du pays autour du prince de Transylvanie, neveu de celui qui avait déjà troublé le début du règne de Taksony soulève alors la moitié de la Hongrie. Le Roi repart en guerre mais il est obligé de vider les coffres pour employer moultes mercenaires bulgares et polonais. Les campagnes sont ravagés, des épidémies font leur apparition.
Le Roi remporte de nombreuses victoires mais alors qu'il avait la chance d'en finir avec la rebellions, la trahison frappe de l'intérieur, de sa propre famille !
Son propre fils cadet, Gabriel, qu'il avait doté de larges terres autour de Vienne se soulève pour réclamer une couronne qui lui aurait échappé vu son statut de cadet.
Pire, la propre demi-soeur du Roi, la fille préférée d'Arpàd et adorée par les nobles du pays, qui avait épousé le fils du Roi d'Italie, pénètre en Hongrie à la tête d'une armée italienne financée par son beau-père pour réclamer la couronne...C'est la fin pour le Roi Taksony le Boiteux.
La chute de Taksony, cerné de toute part par les rebelles
Une dernière nouvelle vient porter le coup fatal. Sandor, le fils aîné de Taksoy, prince-consort de Bulgarie vient de mourir. Atteint par la syphilis, devenu à moitié fou, les nobles bulgares, lassés de ses frasques, le font étouffer dans son sommeil. Incapable de donner un héritier à sa reine, c'est toute la stratégie de Taksony qui s'effondre.
Rendu dépressif par les défaites, la mort de son fils et la trahison de sa famille, le Roi se résout à traiter grace à l'entremise de l’Église. En 977, Taksony abdique, et cède sa couronne à sa demi-soeur, Rose dit « la diablesse ».
La réconciliation du Frère et de la Soeur.
Il refuse de récompenser la trahison de son fils cadet Gabriel et fait surtout le pari qu'une reine quasi-étrangère, dont le fils est italien ne pourra jamais régner en paix.
En échange de sa renonciation à la couronne, la plus grande partie de ses terres sont préservées et Taksony prête son concours à la mise au pas de la Transylvanie. Avec le recul, Rose commet là une erreur fatale. Certains historiens y ont vu une erreur guidée par l'amour que portait Rose à son frère, mais en réalité, il est surtout indéniable qu'à cette époque aucun des deux enfant d'Arpàd ne pouvait régner sans le concours de l'autre. Une mise en retrait de Taksony lui permettait de faire oublier ses excès passés et de laisser Rose affronter toutes les difficultés pour mieux se présenter en recours.
« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »
Marc Bloch