B) Sur le terrain
Nous venons de voir que
3 critères vont aider notre joueur dans son choix des objectifs à privilégier. Ces trois critères sont la possibilité de prendre le drapeau, l’avantage qu’il y a à en tirer et la facilité à le conserver.
1) La possibilité de prendre le drapeau
La possibilité de prendre le drapeau est directement liée à votre faculté à arriver sur place avant votre adversaire. Mais également à le faire en toute sécurité.
_La capacité à arriver sur place avant votre adversaire va se mesurer en comparant les itinéraires possibles pour vous et pour lui.
Ceci va nécessiter une excellente observation du terrain, une bonne compréhension de ses caractéristiques et une connaissance sans faille des possibilités de votre matériel.
Il faut sur ce point distinguer les comportements des véhicules de l'infanterie. En effet, les premiers tireront avantage des plaines et champs, voir des routes où leur vitesse sera bien supérieure à celle de l'infanterie. Cette dernière est en revanche bien plus insensible à la qualité du milieu dans lequel elle évolue, en contrepartie de quoi elle est bien plus lente et sensible aux projectiles. Son terrain de progression favori est la forêt, pour sa capacité de dissimulation.
En pratique :
Si vous n’avez par exemple aucun obstacle (pas de forêt, de marécage, de lac, ni de côte particulièrement ardue à grimper, pas de terrain rocailleux –faites-y bien attention car on les distingue mal- …) et que vous possédez des véhicules (chars ou half-tracks), il y a de fortes chances que vous puissiez arriver avant votre adversaire.
Ne calculez donc pas l’itinéraire « à vol d’oiseau » mais en fonction des détours que vous seriez forcé d’emprunter (le cas-type est une forêt dense impénétrable aux véhicules). En revanche, l’infanterie quoique plus lente passe très bien les forêts sans ralentissement et est capable de surmonter n’importe quelle côte et les marécages (mais pas les lacs), ce qui peut parfois compenser sa lenteur.
Vous pouvez aussi bien faire votre estimation en prévoyant de combiner : d’abord un half-track arrêté à mi-parcours pas une forêt et déchargera alors son chargement de soldats qui eux poursuivront la course au drapeau.
Mais privilégiez toujours les manœuvres simples.
_Le second critère et qui va se recouper avec le premier est la capacité à approcher le drapeau en toute sécurité.Il va ici s'agir d'estimer les lignes de vue (donc de tir) possibles de votre adversaire sur vos hommes le long des différents trajets que vous souhaitez leur faire adopter.
Il va de soi qu’il est proprement suicidaire de faire rouler des véhicules sensibles ou de faire marcher de l’infanterie à découvert sur une longue distance. Donc,
vous rechercherez les itinéraires masquant au mieux votre approche, que ce soit au moyen du relief ou de la forêt (méfiez-vous d’ailleurs : il faut une certaine épaisseur de forêt pour masquer les lignes de vue). Si un tel itinéraire existe mais rallonge considérablement la distance, regardez si votre adversaire ne dispose pas d’un chemin plus court lui donnant l’avantage.
Si malgré tout vous n’avez pas d’autre choix que d’avancer à découvert, voyez et réfléchissez au moyen de couvrir votre véhicule ou votre infanterie par un char ou un canon embusqué en arrière.
Un véhicule avançant à découvert mais bénéficiant d'une bonne couverture est virtuellement en sécurité. Ne négligez jamais ce point de vue car votre adversaire pourrait vous surprendre en le faisant sien. Exemple : Un char tigre sur une colline et balayant toute la plaine où vont progresser 2 half-tracks vers un drapeau.
Enfin,
faites bien attention à ce piège à débutant qu’est le drapeau caché juste derrière un relief (à contre-pente d'une colline) : en apparence, il vous offre l’avantage de l’approcher d’assez près tout en restant à l’abri et dissimulé, mais c’est un coup à vous faire tirer comme un lapin par votre adversaire qui aura eu tout le temps et les lignes de vue pour cibler la crête avec vous l’imaginez quelle pièce adaptée (sauf à ce qu'une approche puisse être exécutée en faisant progresser votre infanterie par une forêt ; ou bien que vous soyez absolument certain de l'invincibilité de votre matériel)…
En conclusion : l'itinéraire court et masqué reste le meilleur. Mais comparez toujours avec les possibilités de votre adversaire : un "bon" itinéraire ne l'est que relativement. Et si jamais vous n'en trouvez aucun de vraiment "bon", choisissez le moins mauvais et référez-vous aux autres critères (petits 2) et 3)), car ils sont tout aussi importants.
2) L’avantage à tirer de la possession du drapeau
Nous avons déjà dit que
cet avantage était à la fois « quantitatif » et « qualitatif ».
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Le critère quantitatif est facile à définir : visez en priorité les drapeaux qui vous rapporteront un maximum de points (les gros). C’est d’une telle évidence que nous ne voyons pas quoi rajouter sinon que la tenue d’un seul gros drapeau est plus facile que celle de deux petits… rappelons aussi l’utilité, si on ne trouve qu’un seul drapeau à son pied, d’envoyer une force réduite tenter l’approche d’autres drapeaux, au moins à titre de diversion. Mais seulement si l’on estime avoir assez de moyen pour prendre l’objectif principal et sans y risquer d’éléments indispensables de l’armée.
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Le critère qualitatif est sensé répondre à la question « quel avantage sur mon adversaire vais-je tirer de la prise de ce drapeau ». Ou plutôt « en quoi sa prise va-t-elle me donner l’ascendant ? ». Déjà, la prise d’un drapeau important, voir de la majorité d’entre eux va vous donner l’avantage, nous l’avons déjà évoqué en A), de vous mettre en posture défensive, très avantageuse.
Mais nous nous intéressons ici surtout à la position du drapeau sur la carte.
On peut se rendre compte de l’utilité de ce critère en songeant au contraire à ces drapeaux « pièges » dont la possession est un véritable cadeau empoisonné scellant votre sort dans la défaite. Nous nous permettons d’en référer à
un AAR résumant pratiquement toutes les caractéristiques du « drapeau piège » : couvert insuffisant (exposition aux canons ennemis), piège à artillerie (petite forêt obligeant à concentrer son infanterie, ce qui en fait une proie rêvée pour un groupe d’artillerie hors carte), impossibilité de manœuvrer (pas de ligne de retraite à couvert, absence de possibilités de couverture…).
A contrario un drapeau utile possédera alternativement ou cumulativement 2 caractéristiques : une valeur défensive majeure et une valeur offensive importante.
L’estimation de la valeur défensive d’un drapeau participe du principe d'économie. Un drapeau facilement défendable, c'est toujours plus de vos forces dégagées pour d'autres manoeuvres. Elle va dépendre de votre matériel et de celui de l’ennemi. De même elle peut varier en cours de partie. Ainsi un drapeau en plaine à découvert devient très facile à défendre avec des véhicules (l’infanterie ennemie ne pouvant s’en approcher) si vous êtes certain d’avoir détruit tous les chars et canons antichars (ou que ceux-ci ne puissent avoir de ligne de tir correspondante) de votre adversaire. Il pourra s’avérer intéressant d’en tenir compte dans des instants ultérieurs de la partie où vous aurez ainsi l’occasion de vous emparer d’un drapeau à peu de frais (en utilisant par exemple 1 ou 2 half-tracks laissés pour compte).
Mais ce n’est pas ici le sujet puisque nous nous attachons plutôt à établir un plan en début de partie, stade auquel il est plus que probable que votre adversaire dispose d’antichars ou anti véhicules en quantité.
Ainsi comment saisir la valeur défensive d’un drapeau ?
En 2 points : d’abord par les lignes de vue que vous aurez sur tous les axes d’approche de ce drapeau. C'est-à-dire que vous pourrez balayer de vos obus ou de vos balles toutes les tentatives d’approche de votre adversaire en étant le premier à tirer. Le cas d’école, c’est bien entendu ce fameux drapeau à contrepente. Point n’est besoin de placer vos chars ou vos canons, ou encore vos mitrailleuses sur le drapeau (au contraire, nous suggérons pour plus de surprise de les disperser un peu en arrière), il faut simplement qu’ils aient des lignes de vue empêchant votre adversaire de s’approcher dudit drapeau. Notez que si vous ne disposez ni de chars ni de canons performants, ce critère est à relativiser (un canon pouvant toujours servir contre l’infanterie). Il faut toutefois que vous puissiez vous rendre suffisamment près de ce drapeau en toute sécurité sans pour autant risquer de vous faire à votre tour détruire, ce qui est
l’objet du second point : la valeur défensive d’un drapeau se mesure par la couverture qu’il offre, dans sa zone, aux troupes chargées de le tenir. Le meilleur terrain à ce titre est la forêt. Mais ce peuvent être aussi des rochers ou des broussailles. Le terrain doit à la fois suffisamment dissimuler vos hommes et permettre un minimum de dispersion afin d’éviter les tirs de zone de l’artillerie hors carte de l’ennemi.
Toute la difficulté pour vous sera de peser les poids respectifs de ces deux critères : un drapeau permettant une excellente couverture mais peu de protection peut être tout aussi bien tenu qu’un drapeau protégeant excellemment mais interdisant toute tentative de couvrir les axes d’approche.
L’estimation de la valeur offensive d’un drapeau doit vous permettre de mesurer les avantages à tirer de sa possession en tant que base de départ
soit pour une offensive vers d’autres drapeaux ,
soit comme point de tir sur les points de passage ou bien les drapeaux que vous aurez laissés à votre adversaire.
En pratique, une bonne base de départ vers d’autres offensives sera un drapeau situé sur une position d’où il vous sera facile de sortir ou manœuvrer afin de vous rapprocher de ceux qui vous restent à conquérir. Paradoxalement, ce sont souvent des drapeaux qui justement tendent à être de très mauvaises positions défensives (avec une forêt permettant à l’ennemi de progresser à couvert ; n’oubliez pas également que si vous pouvez tirer sur l’ennemi, il y a de fortes chances qu’il puisse riposter de sorte que le chasseur peut devenir le chassé). Alors, qu’est-ce qui dans l’essence fait une bonne position offensive ? Ce sont souvent en fait des drapeaux mineurs ou excentrés, dont vous pouvez et devez être sûr qu’ils ne seront pas l’objectif (au moins primaire) de votre adversaire. De sorte que votre avantage offensif, vous le tirerez justement de la surprise de ce dernier à vous voir tout concentrer en un point peu défendable. L’exemple-type est le petit drapeau situé sur l’une des ailes de la carte. Vous allez en le capturant avec toutes vos forces prendre votre adversaire de flanc et le surprendre là où il ne s’y attendait pas.
Ce qui va vraiment importer pour vous, c’est la qualité du terrain qui vous permettra ensuite de facilement progresser jusqu’à votre ennemi à partir de ces drapeaux. Et de prendre cet ennemi sur un de ses points faibles ou tout au moins de le battre en détail petits morceaux par petits morceaux.
Les limites de ce critères sont atteintes quand l’ennemi s’est emparé d’un drapeau important (il a l’avantage aux points, vous obligeant à attaquer) et facilement défendable (forêt et grosse concentration de forces) de sorte qu’il vous sera impossible de déboucher et la partie se terminera alors à votre détriment. N’oubliez jamais que l’attaquant doit disposer d’une supériorité numérique sur le défenseur, en matière d’infanterie d’au moins un contre deux.
La bonne base d’attaque doit donc non seulement vous fournir une approche aisée, mais aussi
contre une fraction des forces de votre adversaire, c'est-à-dire la supériorité là où vous attaquerez.
Mais une bonne base d’attaque peut être complétée d’un excellent plan de tir. Un ennemi bien retranché et inattaquable de front, même avec un superbe chemin d’approche à couvert peut être toutefois sérieusement entamé si vous disposez de mortiers, canons, artillerie hors carte et mitrailleuses pour le canarder.
Ainsi, vous le réduirez petit à petit jusqu’à rendre votre assaut possible. Le plus souvent, vous aurez la possibilité de prendre un drapeau constituant une excellente base de départ offensive, mais qui se heurterait au gros des forces de l’ennemi, problème auquel vous pourrez remédier par la prise d’un second drapeau qui lui vous donnera les lignes de vue nécessaires pour permettre à vos pièces de l’affaiblir conséquemment.
Ceci mettant en lumière l’importance de combiner les critères dans votre plan d’attaque.
Terminons par l’aspect pratique : «
qu’est-ce qu’une bonne position de tir ? ». C’est très simple : c’est une position d’où vous pourrez tirer sans relâche ni remords sur votre adversaire. Mais c’est aussi une position qui vous permettra d’amener et de pointer vos pièces en toute sécurité.
C’est donc souvent un drapeau bénéficiant d’une bonne approche (voir le 1)).
En conclusion, l'avantage à tirer de la possession d'un drapeau va beaucoup dépendre de votre choix de stratégie : défensive ou offensive. Si vous vous rendez compte que votre adversaire risque de s'emparer d'une majorité de drapeaux avant vous, regardez ce que vous pouvez faire pour contre-attaquer en vous emparant d'excellentes bases de départ et positions offensives.
Si vous pensez être capable de vous emparer d'une majorité de drapeaux avant votre ennemi, alors privilégiez ceux qui seront faciles et sûrs à tenir de manière à limiter votre éparpillement.
Le plus souvent (les deux camps ont à peu près le même nombre de drapeaux), vous serez amené à combiner un peu des deux, soit à prendre un drapeau facilement défendable et à en utiliser un autre pour disputer la suprématie à votre opposant.
3) La facilité à conserver ce drapeau
Cette partie va être très courte car sinon, elle ne ferait que répéter les arguments vus précédemment, quand à la définition d’une bonne position défensive. Pourquoi alors dédier un titre complet, si court soit-il à la nécessité d’appréhender le critère de la facilité à conserver un drapeau alors que tout a déjà été vu auparavant ?
Simplement pour rappeler l’adage «
un tien vaut mieux que deux tu l’auras », qu’il n’est jamais certain de prendre un drapeau à l’ennemi tandis qu’il est bien plus facile de défendre. Une citation veut que (à gagner : toute l’estime de l’auteur pour celui qui retrouvera celui de ce qui va suivre) « n’importe quel général s’entend à la défensive, il n’y a que les généraux de grande classe qui sachent manier l’offensive ». Cela vaut tant en termes opérationnels qu’en termes tactiques.
Donc, pensez-y, repensez-y :
un drapeau pris est toujours bon à prendre. Mais alors, le danger étant la dispersion de vos forces sur les multiples drapeaux, veillez au moins à ce qu’ils puissent facilement les défendre.
En conclusion : défendre, c’est déjà contraindre son adversaire à vous attaquer. Un drapeau avec une forte valeur défensive, c’est un moyen soit de gagner des points de victoire pour « pas cher », soit d’économiser vos forces par rapport à l’ennemi qui lui devra employer beaucoup de moyens pour le reprendre. Et une économie qui peut très bien servir ailleurs.
Ceci précisé, il nous reste bien d'autres choses à aborder. Maintenant que nous avons un plan initial, comment manoeuvrer ses troupes dans la bataille ?