La République des Deux Nations (communément appellée Pologne-Lithuanie) était entrée en guerre aux côtés de son protectorat saxon. Le plan du ministre de la guerre était simple mais efficace: une première armée marcherait vers la capitale saxonne, Dresde, tandis qu'une deuxième armée marcherait vers Varsovie. Le but de la manoeuvre est de paralyser les gouvernements respectifs et d'attirer un maximum de troupes ennemies. La Prusse a beau être prospère, elle ne pourra soutenir une longue guerre. Le Royaume se paye une armée bien au-delà de ses moyens ...
Si la diversité n'est pas au rendez-vous au sein de la troupe, l'efficacité est garantie. L'infanterie régulière, équipée de mousquets, forme le gros du corps de bataille. Moral solide et entraînement impitoyable sont les caractéristiques principales des régiments. Une véritable expérience de guerre, elle, manquait en grande partie. Seuls les anciens soldats recrutés à l'étranger avaient connus le feu.
L'armée du comte Leopold von Anhalt-Dessau quitte les casernes de Berlin pour Dresde, visible plus au Sud:
Elle parvient après une courte marche forcée aux portes de la capitale saxonne. L'armée de Johann Kaspar von Bellegarde, un général de renom, garde la ville. Elle dispose de quelques régiments de milice fournis par les différentes villes du duché, ainsi que de redoutables régiments de cavalerie. Mais voilà déjà toutes ses forces décrites, car le reste est composé de citoyens armés, c'est-à-dire de volontaires qui n'ont jamais utilisé de mousquet auparavant. Équipés de ce que l'arsenal pouvait bien encore fournir et dépourvus d'entraînement rigide, ce sont à peu près les pires soldats que l'on peut imaginer. Toutefois, leur nombre peut faire la différence face à de petites armées. La ville est donc assiégée, ce qui offre l'avantage de pouvoir préparer des défenses et reconnaitre le terrain avant une éventuelle sortie ennemie.
Un régiment saxon se trouve encore aux mines de Sayda, plus au Sud, où une révolte venait d'être matée.
La seconde armée prussienne porte le nom d'un comte moins chanceux de par l'origine de ses ancêtres: Alexander zu Dohna-Schlobitten ...
Fort de son artillerie quelque peu primitive, mais tout à fait utile, zu Dohna-Schlobitten presse le pas pour prendre les Polonais de court. Les nombreuses marches dans les contrées accidentées de Mazurie portent leur fruit, et Varsovie est en mesure d'être assiégée encore durant la saison estivale. Les quartiers d'hiver sont préparés en vue du long siège qui s'annonce.
Autant pour le plan, ingénieux par sa simplicité. C'était sans compter sur le tempérament bouillonant des Polonais.
Les régiments prussiens s'étaient rassemblés au pied d'une colline pour combattre. L'artillerie était à son sommet, dominant les quelques plaines alentours. Un régiment d'infanterie était resté en réserve avec la cavalerie et le général zu Dohna-Schlobitten.
Quelques renforts venus de Galicie tentèrent de prendre à revers les Prussiens inexpérimentés au petit matin.
Un coup à faire paniquer les artillereurs! Ceux-ci croyaient bien faire en tirant quelques boulets dans la direction des combats si proches. Mais leur manque de précision et leur excitation les fit envoyer un boulet au travers de la formation de leurs camarades. Le général dut les enjoindre de cesser le feu à coups de plats de sabre.
Pourtant le "Drill" dans les casernes prussiennes avait été efficace, et après un échange de tirs intensif les Polonais durent se replier. Sitôt ce petit avant-goût de bataille terminé, les régiments de la garnison de Varsovie firent leur apparition. Cette fois-ci les artilleurs purent ouvrir le feu sans retenue!
Les canons n'étaient pas vraiment à la pointe de la technologie, mais c'étaient les seuls qui se forgaient en Prusse en ce temps. Importer du matériel de l'étranger comme durant la Guerre de Trente Ans aurait eu pour conséquence de ruiner rapidement le trésor royal. Il fallait donc se contenter du peu de précision et de la lenteur des demi-canons à disposition.
Bientôt toute la ceinture que formaient les régiments de ligne se trouvait sous le feu des Polonais.
Il apparut bientôt au comte Potocki que ses soldats de fortune ne pouvaient rivaliser bien longtemps avec les troupes prussiennes. En désespoir de cause, il fit donner la seule cavalerie qu'il avait à disposition: sa garde personnelle, composée de petits nobles en quête de gloire et de richesses.
Le choc fut rude pour la ligne déjà éprouvée ...
Mais pas assez pour la briser. Le comte Potolcki perdit la vie au cours de cette action, entrainant le reflux général de ses hommes, désormais privés de tout espoir de remporter la bataille.
Gloire et honneur attendait zu Dohna-Schlobitten et son armée! Décimés mais victorieux!