Fin juin 1941 nos gardiens ont paru nerveux, nous avons compris rapidement qu'il se passait quelque chose. Et pour cause: les chiens fascistes envahissaient la mère patrie!
Les rumeurs les plus folles couraient dans le camp. Un jour Staline avait été renversé par les militaires, un autre jour les allemands étaient en déroute et nos troupes envahissaient la Prusse orientale...
Nous avons compris que les choses allaient mal quand des hommes aux uniformes de hauts-gradés sont arrivés une nuit au camp, des officiers qui avaient manqué à leur devoir de toute évidence. Ils ont été fusillés quelques jours plus tard.
En juillet 1942, un petit homme est arrivé au camp. C'était le commissaire politique Boudi, du NKVD, il nous a annoncé que le grand Staline nous faisait une fleur. Nous étions tous volontaires d'office pour intégrer les bataillons pénaux du NKVD! Et si jamais nous nous en tirions, alors nos sentences seraient révisés. Nous ne nous doutions pas de ce qui nous attendais...

J'ignore encore comment nous avons pu survivre à la bataille de Stalingrad...Nous y avons subi plus de 80% de pertes, un carnage épouvantable. Mais nous avons survécu... Nous avons été retiré du front et reformés avant d'être replongés dans la fournaise....

Novembre 1943, quelque part en ukraine.
Le commandement nous avait chargé de prendre une ligne de défense allemande.
Derrière moi, le capitaine Boudi et ses hommes du NKVD installent leur mitrailleuses. Comme d'habitude le message est clair, ne pas reculer. Cela dit le capitaine Boudi n'est pas un mauvais bougre, il ne nous a encore jamais tiré dans le dos. En réalité, il se murmure qu'avoir été affecté à ce bataillon pénal n'est pas non plus une promotion pour lui. Il se dit qu'il aurait pu manquer à son devoir d'une façon ou d'une autre à l'été 1941...

A coté de moi c'est le soldat Youri Palpatov. Élément subversif, qualifié de traitre trotskiste depuis 1936. Il n'avais pas fait les bonnes concessions m'a t'il dit. J'ignore si je peux me fier à lui, mais survivre depuis 1936 à la Sibérie démontre en tout cas une belle résistance! A moins qu'il n'aient dénoncé les copains aux gardiens?
Il y aussi le soldat DarthMathovski. Son histoire est singulière. Il était mineur dans le caucase. Un jour il a simplement planté sa pioche dans la tête du contremaitre puis s'est assis par terre en expliquant tranquillement qu'il ne voulait plus jouer...Il est un peu alcoolique mais c'est un bon compagnon.
Et puis il y a les autres, Karatov qui est toujours d'accord avec le capitaine Boudi, Madovski qui est chargé de faire un reportage sur nous, Jagoulov le boute en train de l'équipe...
Mais je n'ai plus le temps! Il est l'heure! Le coups de sifflets retentissent! A l'assaut!











