Tour 140: 4 avril 1917
Des cas de grippe particulièrement virulents sont repérés aux Indes et en Chine.
C'est loin, tout ça. Et tout le monde se moque des propos enflammés du Professeur suisse De la Griffonerie qui publie à chaque épidémie des papiers apocalyptiques. L'homme est connu pour ses propos outranciers et ses... déviances intimes impliquant souvent les volatiles des volières voisines!
Deux nouvelles divisions sont levées, voilà qui est plus intéressant!
L'une d'elle, la 89ème, est du Mississippi! Une gageure considérant l'insurrection endémique qui y règne.
Ces noirs loyalistes vont vite rapidement pouvoir prouver leur valeur... Mais on constate que les très agaçants hors-la-loi représentent quelques compagnies, des brigades au mieux. C'est par contre une dizaine de divisions de volontaires noirs que l'on a pu lever!
Avant de partir vers le nord, ceux-là auront leur baptême du feu dans leur Etat.
Plus à l'Est, dans l'Alabama voisin, une brigade de hors-la-loi commet l'imprudence de s'aventurer près de Birmingham
On constate d'ailleurs (tout à gauche du screen) que le ménage a été fait par nos nouvelles recrues au Mississippi.
Voilà pour les nouvelles de l'insurrection. Dans les Etats du Deep South, elle est endémique, de petites bandes se reconstituent et sabotent à tour de bras, sans représenter de menace pour les objectifs stratégiques de ces régions. Les forces de la dimension de celle qui menace Birmingham sont l'exception. La situation, bien que pénible puisqu'elle force les troupes se rendant d'un front à l'autre à passer par les Etats périphériques, est largement sous contrôle!
Plus à l'Ouest, dans le désert des Mojaves, l'attaque ennemie se poursuit. Les Mexicains reculent à nouveau.
Mais ils reculent en bon ordre, une fois de plus! Même s'ils commencent à faiblir...
Qu'importe! Un corps confédéré, des vétérans sacrément burnés du front Texan, arrive enfin en ligne et vient les épauler!
D'autres renforts sont en route, pour garantir les flancs. Sauf surprise, la situation ici va être stabilisée.
Pendant ce temps là, à l'Est... Très à l'Est...
Un général trois étoiles (il en aurait cinq dans l'armée française, mais dans l'armée Confédérée, ils n'en portaient que trois au maximum) consultait de manière compulsive sa montre. Plus que quelques minutes. Il était sorti de la ferme où son Etat-Major siégeait. Il n'y avait plus rien à faire qu'attendre. Une minute... Quelques secondes... Une série d'éclairs. Au loin, l'horizon qui s'illumine dans les premières lueurs de l'aube. Puis, le temps que l'onde traverse les kilomètres le sol qui se met à trembler.
Ça a commencé.
Quelques kilomètres en avant, dans les tranchées, la même scène se reproduisait: les sous-officiers parcourant les rangs agglutinés près des échelles. Les masques sont-ils bien fixés? Une cartouche engagée? Personne n'osait regarder par dessus le parapet, mais les paysages campagnards et boisés dont ils avaient l'habitude étaient en ce moment ravagés par le bombardement de leur artillerie. Avec un peu de chance, les yankees seraient trop sonnés pour réagir... Alors que les obus tombaient encore sur les premières lignes ennemies, malgré le vacarme, les soldats distinguaient, grandissant, un bruit persistant de moteur, le sol qui tremblait de façon régulière. Les officiers se préparèrent. Certains affectaient encore de sortir le sabre. L'armée Confédérée tenait à ses traditions, mais trois ans de guerre les avaient mises à mal. Et beaucoup de ces officiers étaient tombés. Ils en restaient tout de même quelques-uns, jeunes et moins jeunes héritiers de familles de l'aristocraties martiale. Le sabre (ou le revolver) en main, l'ordre se répercuta le long de la ligne:
"Fix bayonets!"
Dans un cliquetis métallique, les hommes s'affairèrent. Les premiers mastodontes passèrent avec toute la vélocité que leur masse permettait sur les épais madriers qui avaient été posés, à la faveur du bombardement, par dessus les tranchées. A cet instant, des centaines d'officiers, sur un front de cinquante kilomètres, escaladèrent le parapet et, sabre ou revolver à la main, ordonnèrent la charge.
Pour la première fois depuis 1915, l'Armée de Virginie du Nord passait à l'attaque.