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Re: La chute de l'empire romain

Posté : sam. sept. 27, 2014 11:48 am
par griffon
"Après la mort de Théodose, la grande armée gauloise d'Arbogast ne revint pas à Trèves en 395 et l'insécurité réapparut sur la frontière rhénane. dès le printemps 396, contraint d'accourir sur le rhin avec peu de troupes, Stilicon n'y séjourna qu'un mois et se borna à renouveler les traités avec les Francs et les Suèves ou Alamans. Ce bref séjour ne put suffire à intimider les Transrhénans qui rompirent la paix dès 397 semble-t-il. La guerre ne s'acheva qu'à l'automne 398, quant les Germains révoltés envoyèrent à Milan des ambassadeurs pour implorer la paix qu'Honorius accorda [...] en levant des troupes chez les Sicambres c'est-à-dire les Francs du Rhin moyen. Le motif de cette ambassade était précisément la mort du roi franc Sunno tué par ses sujets après s'être révolté pour venger son frère Marcomer que Stilicon avait exilé vers 396 en Etrurie, mort terminant un soulèvement des Francs et de leurs alliés, qui avaie été réprimé au cours d'opérations menées durant toute la saison militaire de 397 et presque toute celle de 398 par des Limitanei rhénans, renforcés par des comitatenses venus soit en 397 soit plutôt en 398. La paix fut rétablie sur le Rhin seulement à l'automne 398. Pour la consolider, Stilicon reconstitua une armée rhénane en recrutant des Francs, notamment des Sicambres [...] et il le fit d'autant plus largement que la confiscation des biens du comte d'Afrique rebelle lui permit de former plusieurs unités d'Honoriani Gallicani. Pour éviter que cette armée ne suscite un nouvel usurpateur gaulois, elle fut moins importante que celle de l'ancien magister equitum per gallias : son chef, un simple comte, reçut le tractus de Strasbourg avec des unités comitatenses dont le nombre dépendait du généralissime de Milan qui en demeurait le maître. Vers la même date probablement , les garnisons frontalières furent concentrées, au nord du Comte de Strasbourg, dans le secteur de Mayence, limitrophe des Francs rhénans, sous le commandement d'un duc, tandis que, dans le secteur de Trèves et sur les routes qui en partaient vers Lyon, vers Reims et le littoral, on multipliait les colonies militaires barbares à statut létique avec des Francs, des Alamans et autres Transrhénans. Autant que l'entrée dans l'armée comitatensis, ces petits établissements de soldats barbares absorbèrent de nombreux Germains. Au début de l'hiver 402, quand Alaricenvahit la plaine du Pô et assiégea Milan, Stilicon courit en Rhétie II chercher des troupes et rappela des légions bretonnes mais aussi les unités du comte de Strasbourg. Ces unités gauloises restèrent en Italie après les victoires de Pollentia et de Vérone. Elles y furent même rejointes dans l'hiver 406, par d'autres unités gauloises à cause de l'invasion de Radagaise qui déboucha aussi dans la plaine du Pô, invasion plus massive que celle de 402. Aussi quand l'invasion plus massive encore des Vandales-Alains-Suèves franchit le Rhin devant Mayence le 31 décembre 406, put-elle submerger aisément d'abord les 5.500 tous au plus limitanei de ce secteur, puis les Lètes Francs du Namurois venus à la rescousse, enfin le peu qui restait des comitatenses du tractus de Strasbourg."
(La formation de l'Europe et les invasions barbares" d'Emilienne Demougeot, éditions Montaigne, 1979, tome II, première partie, p.180-196)

Emilienne Demougeot souligne donc la faiblesse du dispositif militaire disposé aux frontières. Incontestablement, la défense des frontières s'est délitée au contact du monde germanique et par manque de moyens et d'entretien. Néanmoins, pour ce qui est de l'armée centrale, elle cite doctement les données chiffrés de la notitia dignitatum. Ces derniers demandent cependant à être commentés."

http://invasionsbarbares.free.fr/Armee1.htm

Re: La chute de l'empire romain

Posté : ven. oct. 03, 2014 6:35 pm
par ZeCid
Faut arrêter de croire que les légions "barbarisées" sont de moins bonne qualité et moins disciplinées. Pendant des siècles Rome considère le légionnaire barbare comme le meilleur des guerriers. Des siècles avant la chute officielle, les légions gauloises ou illyriennes mettent la pâtée aux autres légions lors de guerres civiles et usurpations diverses.

Si vous voulez un bon bouquin pour personne relativement inculte, moi j'en ai un excellent, celui du maitre en la matière Lucien Jerphagnon : "Histoire de la Rome Antique, les armes et les mots".
Et ça se lit tout seul avec un très bon style et un certain humour pas dégueu.

Re: La chute de l'empire romain

Posté : ven. oct. 03, 2014 7:09 pm
par griffon
Bon livre , souvent conseillé ici , même si pas par moi ! ;)


par contre ou as tu été chercher que l'on croyait de telles horreurs ? :?

Re: La chute de l'empire romain

Posté : lun. oct. 06, 2014 7:36 pm
par ZeCid
Ben en début de topik, même si certains ont de suite remit les choses à l'endroit. C'était pas un "on" englobant.

J'ai aussi le bouquin de Yann Le Bohec "l'armée romaine dans la tourmente", mais je peux pas en dire du bien je l'ai pas encore lu, mais ça a l'air pas mal.

Re: La chute de l'empire romain

Posté : mer. oct. 15, 2014 8:22 pm
par Antonius
Sinon il y a aussi le "Clovis" de Michel Rouche, qui sous prétexte de parler du "premier roi de France" parle de l'établissement des royaumes barbares en Gaule et donc de la déliquescence de l'Empire Romain d'occident.

Re: La chute de l'empire romain

Posté : jeu. oct. 16, 2014 10:57 am
par Leaz
Période très intéressante et méconnue qu'est la fin de l'empire romain et l'établissement des royaumes "barbares" en Europe occidentale. C'est pourtant une période qui couvre presque trois siècles !

C'est le moment ou l'Eglise s'impose en tant que suite logique de l'Empire et structure un ensemble politique qui s’appellera "occident" par la suite.

Re: La chute de l'empire romain

Posté : jeu. oct. 16, 2014 11:02 am
par griffon
Ce que tu appelles l'Eglise n'est en fait que la survivance de la classe sénatoriale

qui s'est , je te le concède , très bien adaptée à la période ;)

Re: La chute de l'empire romain

Posté : jeu. oct. 16, 2014 11:05 am
par Leaz
C'est un mélange des deux, mais il est clair que les élites romaine, ou romanisée, furent les premières a s'organiser pour envoyer des fiston dans cette nouvelle organisation qui promet influence, pouvoir et richesse ! Et salut de l'âme en plus, pour ceux qui y croient ! :o:

Re: La chute de l'empire romain

Posté : jeu. oct. 16, 2014 11:28 am
par SeNTEnZa
Leaz a écrit :C'est le moment ou l'Eglise s'impose en tant que suite logique de l'Empire et structure un ensemble politique qui s’appellera "occident" par la suite.
Je ne comprends pas bien comment tu peux appliquer le cas de la "Rome Barbare" (après le renvoi symbolique des insignes de Romulus Augustus) à l'ensemble de l'occident. L’émergence des structures politiques post impériales se fait différemment dans la péninsule italienne et, par exemple, en Gaule. La dépendance du princeps à l’église, initiée sous Théodose (? pas sur ?), vers 400, ne sera pas présente en Gaule avant Clovis (vers 500).

Re: La chute de l'empire romain

Posté : jeu. oct. 16, 2014 11:34 am
par Leaz
Parce que, autant la conversion de Clovis est un signe palpable, bien clair, autant la réalité recouvre des échelons moindre que les rois et les reines. Or la force de l'Eglise c'est le quadrillage du territoire, c'est d'être présent du petit patelin jusqu’à la capitale de l'empire.

Mais c'est sûr que durant cette période longue (trois siècles au bas mot) l'installation de l'Eglise ne s'est pas fait partout pareille et au même rythme. Il en reste qu'a la fin de cette période l'ensemble occidentale est largement unifié autour d'une seule foi et que l'Eglise est a la foi garante de la transmission du savoir antique et de la survivance d'une classe "d’intellectuelle" qui ne cessera de faire progresser la philosophie politique et l'idée que, même chez les puissants, il y à des règles a respecter.

Re: La chute de l'empire romain

Posté : sam. mars 18, 2017 10:44 am
par griffon
Ce dernier livre de Yann le Bohec sur l'armée romaine viens de sortir cette semaine

c'est un complément de ses livres précédents avec une focalisation

sur le moment ou tout s'est effondré , la période 406 410 . :D

C'est un plaisir ces dernières années de voir se renforcer

les thèses "catastrophiques" au détriment des thèses "systémiques"

du moins du point de vue militaire .

Je l'ai vu hier présenté à la librairie dialogue , il est cher (25 Euros)

mais je vais craquer cet après midi !



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"L’histoire de Rome est inséparable de l’histoire de ses guerres. De 509 à 338 avant J.-C., la cité fut en permanence menacée de disparaître : elle combattit parfois plusieurs ennemis à la fois, souvent des voisins, qui ne supportaient pas l’âpreté au gain de ses soldats et l’arrogance de ses dirigeants. Ce fut un dur « struggle for life » qui forgea les bases de sa future puissance. Car ne reconnaissant jamais aucune défaite, sans plan préétabli, elle s’empara, de 338 avant J.-C. à 106 après J.-C., pays après pays, de tout le bassin méditerranéen, et elle finit par contrôler un domaine immense, de l’Écosse au Sahara, de l’Atlantique à la Mésopotamie. Et puis, en 406/410 après J.-C., elle le perdit.
Ce livre présente l’anatomie des guerres de Rome gagnées grâce à un outil militaire exceptionnel, à de grands capitaines, et à des règles sociales originales et fortes. Mais il présente aussi les guerres peu à peu perdues, les débâcles et les redditions. Il montre, à cet effet, comment la
supériorité des techniques de combat, de l’armement, de l’organisation et d’un art du commandement sans faille s’est peu à peu usée, délitée, éteinte au sein d’un empire devenu trop vaste, confronté à de nouveaux ennemis, venus de très loin, plus féroces que jamais et inassimilables.
Fidèle à sa méthode, Yann Le Bohec ramène le lecteur aux sources : par les textes des grands auteurs de l’Antiquité, mais aussi par l’épigraphie, et grâce aux dernières découvertes de l’archéologie, il exhume des batailles inconnues et des guerres oubliées.
L’Histoire des guerres romaines, qui évoque la mort de tant de soldats et de grands chefs militaires qui les menèrent au combat, devient ainsi, par cette approche inédite, un texte vivant et passionnant.
C’est l’histoire d’une milice de paysans qui a fi ni par dominer le monde."