Locke a écrit :J'ai entamé il y a un petit bout de temps la lecture de l'excellente Histoire de Byzance de John Julius Norwich. M'attelant au règne du Bulgaroctone, j'ai cependant été vivement intéressé par la figure d'Irène l'Athénienne, meurtrière de son propre fils, honni des iconoclastes et pourtant femme fort belle et réfléchie, laquelle voyait le mariage proposé par Charlemagne comme une opportunité unique de sauver sa tête et dans une "moindre" mesure à réunir l'Orient et l'Occident sous une même couronne.
Une uchronie qui n'aurait certainement pas duré vu les luttes internes des deux empires, cependant elle aurait été hautement symbolique.
Quelque part j'y vois la première grande cassure entre l'Occident et l'Orient, au delà des pingolades sur l'inconoclasme déjà centenaires à ce moment-ci: l'émergence d'un deuxième empire, le fracas politique qu'il suscite et le mépris qu'il en résulte.
La naissance d'un Imperium Romanum et d'un Basileia Rhomanion

L'uchronie est intéressante, mais si Charlemagne a pu restaurer le titre Impérial, c'est bien qu'en Occident, il était considéré comme absent.
Si le paravent de l'autorité impériale a pu être maintenu (voire restauré sous Justinien) après 476 et pendant une partie du VIè siècle, les choses glissent plus ou moins perceptiblement vers la dissolution. Le successeur - ou le 2ème successeur - de Clovis cesse de battre monnaie au nom de l'Empereur, même chose en Hispanie visigothique, etc... A mes yeux, en dehors de l'aspect symbolique, 476 n'est pas une rupture si brutale que ça pour les contemporains, et tout ça c'est passé "en douceur". Mais au fur et à mesure, les liens sont distendus et l'Empire d'Orient n'est plus perçu comme l'Empire, avec toute sa supériorité et sa légitimité, -fut-il lointain- mais comme un autre État oriental.
Je crois que bien avant Irène, c'est dans cette rupture douce qu'on peut trouver une cassure. Si ce n'est LA cassure.
Sans oublier les changements de l'époque d'Heraclius.