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l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 2:41 pm
par griffon
le mythe de l'an 1000 ( cf l'Europe occidentale a atteint le fond du tonneau )
a du plomb dans l'aile depuis déja bien longtemps
il est quand meme bon de remettre en relief certains personnages de l'époque
qui ont incarnée la lumière dans une époque réputée sombre
3 personnages "clés" incarnent pour moi cette époque
Gerbert d'Aurillac , Othon III et Averroes
commençons par Gerbert
Le 2 avril 999, Gerbert d'Aurillac devient pape sous le nom de Sylvestre II grâce à la protection de son élève et ami l'empereur Otton III.
La mort prématurée de l'empereur empêchera les deux hommes, l'un et l'autre idéalistes, d'instaurer un empire chrétien universel.
n pape d'exception pour l'An Mil Premier pape français, Gerbert est aussi un grand savant et un acteur politique majeur. Sa vie nous est connue par ses nombreuses lettres.
Né vers 945 dans une famille de paysans, Gerbert est éduqué à l'abbaye Saint-Géraud d'Aurillac, dans l'esprit moderniste de Cluny. Remarqué par le comte de Barcelone Borrell, le garçon poursuit son instruction dans les abbayes catalanes de Vich et de Ripoll. Il y découvre le «quadrivium», c'est-à-dire les quatre sciences profanes de son époque : l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie, à travers des manuscrits en latin traduits de l' BIP et inspirés d'auteurs grecs ou BIP
Ce faisant, le moine précède de plus d'un siècle les étudiants des universités de Paris, Montpellier et Oxford qui vont au XIIe siècle traverser comme lui les Pyrénées pour compléter leur connaissance de la philosophie grecque à travers les manuscrits BIP
En 970, le comte Borrell amène Gerbert à Rome où il étonne le pape Jean XII et l'empereur Otton 1er par sa science. Mais le moine ne s'éternise pas dans la cité papale. Il reprend ses études à Reims et la faveur de l'archevêque Aldabéron lui vaut de prendre la direction de l'école épiscopale de la ville. Il en devient, autrement dit, l'«écolâtre». Parmi ses élèves figure Robert, fils du comte de Paris Hugues Capet, qui règnera après son père sur le royaume de France.
La réputation de Gerbert grandit, ce qui lui vaut de recevoir la direction de l'abbaye de Bobbio, en Italie, en 982. La bibliothèque du monastère comble le savant de bonheur. Il n'en poursuit pas moins son enseignement à Reims. Conseiller de l'archevêque de Reims, Adalbéron, Gerbert prend le parti de Hugues Capet dans son conflit contre le dernier des Carolingiens.
Il devient archevêque de Reims en 991 après la mort d'Aldabéron et l'éviction de son remplaçant, Arnoul, qui avait eu le tort de s'opposer à Hugues Capet. Cette nomination, acquise sur décision du roi Hugues Capet et contre la volonté du pape Jean XV, lui vaut d'entrer en conflit avec ce dernier.
Peu désireux de semer la zizanie dans l'Église, Gerbert abandonne l'archevêché et se rend auprès du nouvel empereur, le jeune Otton III (14 ans), qui lui demande en 997 de devenir son précepteur avant de lui confier l'archevêché de Ravenne puis de l'inviter à porter la tiare.
Devenu pape, Gerbert tente avec Otton III d'instaurer un empire chrétien universel, par l'union du pouvoir séculier et du pouvoir ecclésial. Le nom qu'il se choisit, Sylvestre, rappelle d'ailleurs un précédent mythique vieux de 7 siècles, le partenariat entre le pape Sylvestre 1er et l'empereur Constantin 1er le Grand.
Sa tentative va échouer mais laissera des traces durables avec la christianisation de l'Europe orientale et la création de deux nouvelles Églises en Pologne et Hongrie
Re: l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 2:48 pm
par mad
Ah, j'ai trouvé quel était le mot mystére caché sous les
BIP 
Re: l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 3:16 pm
par Boudi
J'aimerais comprendre pourquoi le mot arabe est censuré ???
Re: l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 3:20 pm
par mad
Un clin d'oeil trés griffonien au quizz histoire (version google)

Re: l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 5:24 pm
par GA_Thrawn
Le BIP recouvre evidemment le nom "auvergnats"

Re: l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 6:56 pm
par Leaz
Emp_Palpatine a écrit :Cedlo a écrit :
Enfin, limiter le monde Chrétien à la période de transition mérovingienne, c'est oublier l'Empire d'Orient.
Dire que les Arabes ont été les gardiens du savoir grec est à mon sens restrictif et presque mensonger. C'est à des fins de simplification, et sans doute avec des arrières pensées politiques, mais c'est à tout le moins inexact. C'est oublier Byzance et la préservation interne à l'Europe occidentale.
Je ne veux pas nier que les Arabes ont récupéré et traduit des textes dans les bibliothèques des territoires byzantins qu'ils ont envahis, mais nier cette vision des Arabes comme gardiens, un peu comme s'ils avaient trouvé un vieux coffre poussiéreux avec une copie de La République et des travaux d'Aristote perdus dans le désert.
Ces textes, ils les ont trouvés à Alexandrie ou dans le Levant, dans des écoles et académies byzantines où ils étaient étudiés.
Bref, en Histoire rien n'est jamais aussi simple et tranché que de dire: "les européens d'occidents sont des gros barbares bien lourds incultes et obscurantistes tandis que les arabes sont fins et philosophes".
Je suis dans le fond bien d'accord avec ce qui dit Palpatine : il n'y a pas eu de transmissions uniquement par le biais des arabes vers l'europe occidentale, mais bien via Byzance ET les Arabes.
On a souvent trop tendance a voir chez les arabes du VIIe siècles une civilisations complètement différente de la notre, mais c'est oublier que dés les premiers siècles de l'expansion musulmane, la culture arabe s'est construite aussi graçe aux apports Byzantins, via Alexandrie notamment. Entre la Mecque et Alexandrie, la distance est bien moindre qu'avec Rome il ne faut pas l'oublier. Ce fameux savoir "occidentale" qui nous ont transmis les Grecs est en fait tout aussi occidentale qu'orientale puisque après Alexandre le Grand tout le moyen-orient tombe aux mains des hellènes. Bref on a une zone moyen-orientale qui partage un fond culturel communs et ce de -200 a aux moins le Xeme siècles et l'arrivé des Turkoman qui eux par contre ont un fond culturel bien différent et vont directement profiter de l'apport Byzantins avec la constitution de l'empire Ottoman et la prise de Constantinople au XVeme.
La civilisation typiquement occidentale c'est bien les romains et les mérovingiens/carolingiens qui vont la construire, de part l'héritage du droit romain et du droit germanique. On a souvent tendance a voir le bas moyen-âge comme une période sombre mais pour moi c'est une période plus avancée que la fin de l'antiquité ou le début de la renaissance. Dans le sud notamment c'est une grande période d'affranchissement des individus graçe a l'héritage du droit romain qui garantis a chacun la libertés individuelle alors que l'esclavage est progressivement délaissé et tombe en désuétude du simple fait qu'a cette époque la plupart des esclaves peuvent voir l'espoir d'un affranchissement au bout d'une certaine période ou simplement le fait que leur progéniture naitra libre. A contrario, le haut moyen-âge est une période de retour a la servitude avec l'expansion du phénomène de métayage/fermage et surtout le développement du modèle féodale qui finira par imposer a la fin du moyen-âge un seigneur pour toute terre ce qui était loin d'être le cas a la fin de l'empire romain.
Re: l'an 1000
Posté : ven. févr. 19, 2010 7:21 pm
par griffon
c'est difficile de parler maintenant de façon rationnelle
de celui qui nous fit découvrir la rationnalité
car le sujet est devenu polémique et chargé d'arrieres pensées
c'était plus facile il y a 30 ans !
pour en revenir aux courroies de transmissions
je suis convaincu que celle entre l'occident et Byzance était tres ténue
compte tenu de la distance et des divergences d'opinions
celle entre l'Espagne et l'Occident était au contraire bien établie
je crois a la proximité géographique et aux liaisons entre les points culturels
proches les uns des autres
combien d'érudits de l'Ouest ont fréquentés les cercles culturels de Byzances ?
vous en connaissez beaucoup qui se sont formés au Mt Athos
ou a Sainte Catherine ?
voyager de Clermont Ferrand à Tolède était bien plus fréquent
Byzance et Bagdad avaient des liens culturels bien établis entre eux à l'Est
à l'Ouest ces liens étaient ceux de l'axe Barcelone Cordoue
Re: l'an 1000
Posté : sam. févr. 20, 2010 11:19 am
par Sulim
pour en revenir aux courroies de transmissions
je suis convaincu que celle entre l'occident et Byzance était tres ténue
compte tenu de la distance et des divergences d'opinions
Cette vision des choses ignore fondamentalement le particularisme du monachisme occidental à la fois communautaire et fonctionnant en réseau. Grosso-modo, c'est internet avant l'heure qui diffuse le savoir grec à partir de sources multiples : l'Orient byzantin, L'Orient arabe, les foyers grecs de l'occident (Italie du sud, Sicile....).
En toutes hypothèses, le débat est largement biaisé.
D'une part, il ignore le moment grec du christianisme qui, une fois chassé de la synagogue, trouve refuge dans les écoles de philosophie.
D'autre part, il se fonde sur une vision fausse du monde arabe au Moyen Age pas aussi arabe et pas aussi musulman qu'on l'affirme.
Enfin, la vraie révolution qui s'opère au Moyen âge n'est pas en soi la découverte de la pensée grecque jamais réellement perdue mais un changement de perspective dans l'Eglise. Le haut moyen-âge est dominé par le monastère parce que l'Eglise se conçoit essentiellement en retrait du monde terrestre. Au bas moyen âge, L'Eglise opère un chagement radical, un retour au monde qui ouvre "le temps de cathédrales". Même, le clergé régulier sort du monastère avec les ordres mendiants.
Re: l'an 1000
Posté : sam. févr. 20, 2010 1:03 pm
par Emp_Palpatine
Sulim a écrit :
D'autre part, il se fonde sur une vision fausse du monde arabe au Moyen Age pas aussi arabe et pas aussi musulman qu'on l'affirme.
Enfin, la vraie révolution qui s'opère au Moyen âge n'est pas en soi la découverte de la pensée grecque jamais réellement perdue mais un changement de perspective dans l'Eglise. Le haut moyen-âge est dominé par le monastère parce que l'Eglise se conçoit essentiellement en retrait du monde terrestre. Au bas moyen âge, L'Eglise opère un chagement radical, un retour au monde qui ouvre "le temps de cathédrales". Même, le clergé régulier sort du monastère avec les ordres mendiants.
Excellentes remarques!
Re: l'an 1000
Posté : sam. févr. 20, 2010 1:05 pm
par GA_Thrawn
Sulim a écrit :
D'autre part, il se fonde sur une vision fausse du monde arabe au Moyen Age pas aussi arabe et pas aussi musulman qu'on l'affirme.
.
Pourrait tu dévelloper stp?
C'est une période que je connais assez mal.
Re: l'an 1000
Posté : sam. févr. 20, 2010 1:11 pm
par Emp_Palpatine
Disons pour faire rapide que comme dans l'Europe "barbarisée", les conquérants arabes sont une dizaine de milliers, quelques centaines de milliers au grand maximum et ne sont au départ qu'une minorité de conquérants qui dirigent les peuples déjà sur place: "berbères", égyptiens et Levantins plus ou moins hellénisés, Ibères Ibéro-Latins... Et que comme en Europe, c'est une question de siècles pour que se fasse l'amalgame (à la différence du "miracle franc" et de l'amalgame fait en deux-trois générations).
La langue arabe n'est parlée que par les conquérants, puis se répand lentement dans les élites gravitant autour du pouvoir, de même que l'Islam n'est que la religion des conquérants, avec quelques conversions dans les ex-élites Byzantines ou Wisigothiques.
Il faut attendre plusieurs siècles pour que ces peuples s'arabisent et s'islamisent. Pour exemple, l'Égypte ne devient majoritairement musulmane qu'aux alentours du XI-XIIème siècle et même à l'époque, le Christianisme tourne aux alentours des 45%.
Re: l'an 1000
Posté : sam. févr. 20, 2010 1:16 pm
par GA_Thrawn
Merci pour les explications.

Re: l'an 1000
Posté : sam. févr. 20, 2010 4:30 pm
par griffon
comme l'on parlait encore "Roman" au 11ème siècle à Tunis
tout cela est bien connu
mais ne doit pas faire oublier le theme central
les liens culturels du Regnum francorum
avec l'Espagne andalouse étaient bien plus important
que ceux entretenus avec Constantinople ou Bagdad !
c'est par ce vecteur que la pensée Aristotélicienne ( Aristote est à l'occident ce que Confucius est à la Chine )
est devenue la clef de voute de notre civilisation !
sans Aristote nous ne sommes rien
mais les Chinois , Arabes , Byzantins , Persans , Indous
ont fait sans !
Aristote est ce qui nous differencie d'eux
et le fait que sa pensée nous soit parvenu par eux
devrait rester anecdoctique ( mais actuellement c'est un sujet qui fache ,
sujet qui fache mais pas le sujet de fond du topic )
Re: l'an 1000
Posté : dim. févr. 21, 2010 6:07 pm
par necroproject
Le problème, c'est que de l'autre côté, l'Italie (Rome, Milan, Bologne...) et par ricochet l'Empire, est bien plus proche de Constantinople.
Le reste est un coup de gueule limite HS (ca résoud rien mais ca fait du bien

) :
Bis Palpatine, la remarque de Sulim est excellente. Il est toutefois difficile de sortir complètement du stéréotype véhiculé par les années passées à l'éducation national et qui transpire encore dans le terme de "Moyen Age" par opposition à "Renaissance" ou encore "Antiquité", ce creux de la vague des temps avant qu'il ne reprenne son envol sous le quatrocento.
Biaisé aussi pour un juriste dans la mesure où l'étude de cette époque se fait, dans le cycle général, par le prisme de la formation de l'Etat. Or, sous cet angle et si l'on se place dans la perspective franco française qui nie l'Empire tant byzantin que germanique, le Moyen Age présente un recul par rapport à l'Antiquité. Et l'An 1000, avec pour corollaire les croisades, pourrait presque à lui seul contenir le mythe de l'abaissement absolu de l'Etat : à la fois devant le pouvoir ecclesiastique, mais également dans la mesure où celle-ci (la 1ère) n'est menée que par des barons, ducs et seigneurs locaux.
De la Chute de l'Empire romain à la France Capétienne, hormis les 2 épisodes que sont Clovis et Charlemagne, force est de constater l'immense désert que constitue le programme d'histoire entre l'an 400 et l'an 1200. Et encore, à être juste les maillages ne se resserrent vraiment qu'avec la renaissance, puis les guerres de religion et les Bourbons, soit à la louche l'an 1500. A cette époque, le Moyen Age est bien terminé, l'ère des grandes découvertes a commencé. Les ottomans sont aux portes de Vienne et la méditerrannée belle et bien coupée en 2.
Les 1000 ans d'installation progressive de l'Islam se résument alors à une imagerie d'Epinal sur l'Emirat de Cordoue et Averroes ainsi que les Croisades.
Il est certes important d'enseigner la révolution française, l'industrialisation du XIXème puis le "siècle des excès". Mais à une époque où l'on ne cesse de rabâcher "vive la diversité", il serait peut-être temps que les programmes se repenchent un peu plus sur cette période d'antagonismes complexes et où la méditerranée constituait (encore) le centre du monde connu.
Re: l'an 1000
Posté : dim. févr. 21, 2010 6:41 pm
par griffon
on est bien loin du role de la pensée Aristotélicienne
dans la civilisation occidentale !
j'essaye de recadrer le débat !

Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 10:10 am
par SeNTEnZa
Bien que plus tardif que "l'an mil" l'eloignement des francs et autres occidentaux de Constantinople n'est il pas patent lors de la tournée infructueuse de Constantin XI Paléologue en occident ? (c'est une question)
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 10:20 am
par Sulim
griffon a écrit :on est bien loin du role de la pensée Aristotélicienne
dans la civilisation occidentale !
j'essaye de recadrer le débat !

La civilisation occidentale est à la base une civilisation indo-européenne qui a toujours eu un attrait particulier pour les pensées orientales (Surtout en période de déclin

). Après tout, le judéo-christianisme est né en Orient.
Ceci-dit, je pense qu'il ne faut pas se méprendre sur le role de la philosophie d'Aristote. Ce n'est pas en soi la redécouverte d'Aristote qui a opéré une révolution dans la pensée occidentale. C'est en premier lieu, une révolution dans l'Eglise qui ne se conçoit plus hors du monde mais dans le monde qui modifie la perspective de la civilisation occidentale. Aristote sort du placard car l'Eglise a besoin d'une nouvelle armature intellectuel qui donnera en particulier le thomisme.
Avec la fin de la chrétienté à la Renaissance, le mouvement se sécularise à mesure de la montée en puissance de l'Etat-nation.
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 10:38 am
par necroproject
@Sentenza : et la croisade de Nicopolis, c'était du flan ?

Bien distinguer entre comportement des intellectuels et des politiques (au fait, l'Empereur, c'était Jean VIII Paléologue), politiques qui à l'époque avaient bien d'autres difficultés. Politiquement, c'est seulement avec, d'abord le débarquement éphémère de Mehmet II en Italie, puis surtout la perte de la Hongrie en 1520 que l'ensemble du monde occidental prend conscience du danger Turc. Et encore, à l'époque, en témoigne d'abondantes correspondances vénitiennes, l'empire ottoman exerçait une sorte de fascination avant de devenir au cours du XVIIème siècle l'archétype du royaume tyrannique, le despotat point très éclairé.
@Sulim : il y a aussi, particulièrement avec le thomisme, un renversement de la primauté de Platon sur Aristote au profit du 2nd dans les canons de l'étude de la philosophie. Je ne saurais placer la date.
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 10:41 am
par SeNTEnZa
necroproject a écrit :avant de devenir au cours du XVIIème siècle l'archétype du royaume tyrannique, le despotat point très éclairé.
ce qui est totalement faux d'ailleurs!
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 11:33 am
par Sulim
@Sulim : il y a aussi, particulièrement avec le thomisme, un renversement de la primauté de Platon sur Aristote au profit du 2nd dans les canons de l'étude de la philosophie. Je ne saurais placer la date.
Le haut-moyen âge latin est dominé par la figure de Saint Augustin qui est un néo-platonicien. Comme Platon, il a eu une conception d'une temporalité qui se dégrade. Il distinque ainsi la cité de Dieu (l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi) de la cité des hommes (l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu).
La cité de Dieu est figuré par le monastère construit dans des endroits improbales et isolés et marqué par la clôture symbole du retrait du monde terrestre pour atteindre une intemporaliyté idéalisé.
Si le monastère est le symbole de la cité céleste, la cité terreste doit aussi avoir sa nouvelle Rome. D'où le soutien de l'Eglise apporté aux francs pour la reconstitution de l'empire romain perdu qui culminera dans la renaissance carolingienne.
L'effondrement de l'empire carolingien et l'émergence de la féodalité change la donne pour l'Eglise qui se voit contrainte de reprendre contact avec le monde terrestre. Cette révolution est marquée par le déclin progressif du monastère au profit de la cathédrale.
Le retour au monde de l'Eglise prend de multiples formes :
- Une reprise en main du clergé séculier
- La création de l'école cathédrale puis de l'université
- La création des hopitaux (L'hôtel-Dieu)
- Controle du capitalisme naissant et intervention économique comme le micro-crédit (Les monts de piété)
- Instution du laïc dans les conseil d'administration (Châpitre) des oeuvres religieuses
Etc....
C'est pourquoi, l'Eglise abandonne l'idéalisme platonicien pour le réalisme aristotélicien.
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 1:14 pm
par griffon
voila l'important
la sortie du neo Platonicisme
pour entrer dans la rationalité Aristotélicienne !
voila ce qui a fait l'Europe !
( le christiannisme en lui meme est de bien piètre importance )
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 1:35 pm
par necroproject
SeNTEnZa a écrit :necroproject a écrit :avant de devenir au cours du XVIIème siècle l'archétype du royaume tyrannique, le despotat point très éclairé.
ce qui est totalement faux d'ailleurs!
Oui, ce renversement de situation démontre que tant que le système ottoman fonctionnait (on va dire jusqu'en 1570 voire 1680), la fascination allait de pair, particulièrement si l'on veut bien se rappeler le chaos que fut l'Europe des guerres de religion. Les seuls à avoir globalement échappé à ce retour de manchette furent les militaires, en témoigne les écrits de Montecuccoli (vers 1650). Mais ces derniers avaient l'avantage de ne pas dépasser le jugement technique, très admiratif sur l'habileté et la qualité de la machine de guerre turque, sans jamais le transposer sur le plan moral (pour eux, peu importe que le système politique à l'origine de cet outil armé fut à imiter ou rejeter).
Sulim a écrit :C'est pourquoi, l'Eglise abandonne l'idéalisme platonicien pour le réalisme aristotélicien.
Intéressant quoiqu'un peu rapide évidemment. Il est vrai que la figure de Saint Augustin périclite avec la chute de l'Empire (carolingien). D'autre part, il semble intéressant de constater la renaissance de l'aristotélicisme dans des pays plutôt hostiles au renouveau impérial (France, Aragon, Italie Guelfe) et en parallèle de la réforme Grégorienne.
griffon a écrit :( le christiannisme en lui meme est de bien piètre importance )
Je range cette assertion aux catalogue du griffonisme

Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 1:59 pm
par Sulim
Intéressant quoiqu'un peu rapide évidemment. Il est vrai que la figure de Saint Augustin périclite avec la chute de l'Empire (carolingien). D'autre part, il semble intéressant de constater la renaissance de l'aristotélicisme dans des pays plutôt hostiles au renouveau impérial (France, Aragon, Italie Guelfe) et en parallèle de la réforme Grégorienne.
Le retour au monde de l'Eglise marque fatalement le début de la rivalité entre pourvoir temporel et pouvoir spirituel. L'Eglise remporte la première manche (Canossa) pour finalement perdre le match au profit de l'Etat-nation.
la sortie du neo Platonicisme
pour entrer dans la rationalité Aristotélicienne !
voila ce qui a fait l'Europe !
( le christiannisme en lui meme est de bien piètre importance )
Pas vraiment d'accord car la Renaissance est marquée par le retour de l'idéalisme platonicien. Le protestantisme plaide pour le retour à l'augustinisme et l'humanisme culminera dans les idéologies du droit naturel.
Ensuite, la dernière révolution dans la pensée occidentale sous l'influence de la philosophie allemande du XIXe siècle est la rupture avec la métaphysique. En d'autres termes, La pensée occidentale se déshéllénise au profit d'un matérialisme scientiste. Les humanités cèdent la place aux sciences humaines. C'est ce cycle qui s'achève aujourd'hui.
Re: l'an 1000
Posté : lun. févr. 22, 2010 2:18 pm
par necroproject
@Sulim : il faut bien comprendre que pour Griffon, le christianisme est un pur fait social, limite un accident de l'histoire, le papier peint sur le mur, la brosse à reluire des WC...
Assez d'accord avec le retour au néo platonisme, y compris chez les catholiques avec le phénomène dit du jansénisme. Quand à l'épisode de Canossa, sans être un mythe, il a été beaucoup exagéré : la portée de la soumission de l'empereur ne déborda pas de beaucoup le cadre de l'humiliation.
"Honneur" à la France d'avoir donné le premier sérieux coup de canif dans l'édifice gregorien avec le schisme d'occident.