Mod : PDM/DBZ.
J'ai de plus concocté depuis plusieurs semaines mon propre mod en piquant des events et décisions dans certains autres mods, dans le vieux VIP et en en écrivant quelques autres. Ce sera la surprise.
Règles maisons :
- Je me réserve le droit d'utiliser la console pour corriger les bêtises de l'IA, notamment à la suite de guerres ou pendant la phase coloniale. Je n'aime pas les frontières laides ou improbables.
- Je me réserve le droit d'utiliser la console pour forcer l'IA à accepter la paix quand le score est à 100% et/ou que sa capitale est occupée;
- Pas de techniques gamey, du genre laisser volontairement des révolutions se produire ou augmenter artificiellement le militantisme pour faire ce qu'on veut avec les réformes.
- Le life rating a été augmenté en France, la démographie sera modérée par les events de natalité (pour lesquels la France a des malus.). Haters gonna hate.
- Pas de conquêtes débiles en Europe du genre des provinces en Illyrie ou je ne sais quoi. La limite d'expansion, si expansion il y a, est constituée par les frontières naturelles. Par contre, free-for-all en dehors de l'Europe;
- Dans l'idéal, les pays coloniaux sous protectorat ne seront pas annexés mais resteront satellite : ça concerne les pays nord-africains ou asiatiques aux États déjà globalement constitués.
- Je me réserve la possibilité de relâcher des vassaux coloniaux pour ne pas disperser les efforts de colonisation de peuplement.;
- Tout régime politique doit se défendre dans la mesure de ses moyens : pas de révolution volontaire hormis par event. Si révolution il doit y avoir, les rebelles doivent gagner comme des grands.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 8:03 pm
par Coelio
Si il y a des gloires de la France, y aura t-il du sang capétien ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 8:12 pm
par sylvain_pva
sur les mains ça compte ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 8:13 pm
par Emp_Palpatine
Oui.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 8:14 pm
par Emp_Palpatine
Coelio a écrit :Si il y a des gloires de la France, y aura t-il du sang capétien ?
Oui.
sylvain_pva a écrit :sur les mains ça compte ?
C'est pas faux.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 9:50 pm
par jagermeister
Ca sent le casque à pointe.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 9:56 pm
par Emp_Palpatine
C'est pas faux.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 9:57 pm
par GA_Thrawn
TOAW 1914?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 01, 2018 10:01 pm
par Emp_Palpatine
Et tu les colles où les Capétiens dans tout ça ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 5:19 pm
par Emp_Palpatine
Prologue.
Paris, 29 décembre
Séance Royale pour l'ouverture de la session des deux chambres en 1836
Le mauvais temps avait peu retardé l'empressement des curieux. Peu de temps après l'ouverture des portes, toutes les tribunes étaient combles.
Les préparatifs achevés depuis dimanche sont les mêmes tous les ans. On avait placé sous le dais, à droite et à gauche du trône, trois plians pour les trois plus âgés des fils de S.M.; mais une de ces trois places n'a point été occupée, M. le duc d'Orléans n'étant pas encore de retour de Toulon.
Les degrés inférieurs du trône étaient garnis de banquettes pour MM. les maréchaux de France, les grands-officiers de la Légion d'Honneur et la députation du conseil d’État.
MM. les pairs de France occupaient les rangs de droite ; MM. les députés ceux du centre et de la gauche.
A midi et demi on a vu arriver dans la tribune du corps diplomatique Lord Granville, ambassadeur d'Angleterre, M. le comte Pahlen, ambassadeur de Russie, M. le comte d'Appony, ambassadeur d'Autriche, M. le duc de Frias, ambassadeur d'Espagne, M. le baron de Werther, ministre de Prusse, M. le Hon, ministre de Belgique, M. le baron de Sales, ministre de Sardaigne; l'ambassadeur de la Porte-Ottomane était assis au premier rang.
A une heure, le canon des invalides a annoncé l'arrivée du cortège. M. le duc de Broglie, président du conseil, M. Thiers, ministre de l'intérieur, M. le Maréchal Maison, ministre de la guerre, M. l'amiral Duperré, ministre de la marine, se sont placés à gauche du trône; on voyait sur la banquette de droite M. Persii, garde des sceaux, M. Guizot, ministre de l'instruction publique, M. Duchâtel, ministre du commerce, M. Humann, ministre des finances.
S.A.R. Mme Adélaide, les princesses, MM. les ducs d'Aumale et de Montpensier ont été introduits dans une tribune particulière.
Le Roi a été reçu dans un salon par la grande députation de la Chambre des Pairs, ayant à sa tête M. le comte de Portalis, et par la grande députation de la Chambre des Députés, présidée par M. Bédoch, doyen d'âge.
Un huissier : "Le Roi!"
Les cris de vive le Roi! éclatent de toutes parts.
S.M. monte sur son trône; M. le duc de Nemours en grand uniforme, est à droite; M. le prince de Joinville est à gauche.
Toute l'assemblée se lève, mais bientôt on s'assied et le plus religieux silence s'établit.
Le Roi se couvre et prononce le discours suivant :
Messieurs les Pairs et Messieurs les Députés,
En vous voyant réunis de nouveau autour de moi, je suis heureux d'avoir à me féliciter avec vous de la situation de notre pays. Sa prospérité s'accroît chaque jour; sa tranquillité intérieure paraît désormais hors d'atteinte et assure sa puissance au dehors. Les mesures que vous avez adoptées dans votre dernière session ont atteint le but que nous nous proposions de concert; elles ont consolidé l'ordre public et nos institutions.
J'ai été profondément touché des sentiments que la France a fait éclater pour ma famille et moi, lorsque, dans un moment de douloureux souvenir, la Providence a daigné me conserver des jours à jamais consacrés au service de ma patrie.
Une expédition a été entreprise pour la sécurité de nos possessions d'Afrique a été conduite et accomplie comme il convenait à l'honneur de la France. J'ai vu avec émotion l'aîné de ma race partager les fatigues et les dangers de nos braves soldats.
J'ai lieu de me féliciter de l'état de nos relations avec les puissances européennes. Notre intime union avec la Grande Bretagne se resserre chaque jour et tout me donne la confiance que la paix dont nous jouissons ne sera point troublée.
Mon gouvernement a continué de prendre, sur notre frontière d'Espagne, les mesures les plus propres à accomplir fidèlement les clauses du traité du 28 avril 1834. Je fais des vœux ardents pour la pacification intérieure de la péninsule et pour l'affermissement du trône de la reine Isabelle II.
Je regrette que le traité du 4 juillet 1831 avec les États-Unis d'Amérique n'ait pas encore pu recevoir sa complète exécution. Le Roi de la Grande Bretagne m'a offert, ainsi qu'aux États-Unis, sa médiation amicale. Je l'ai acceptée et vous partagerez mon désir que ce différent se termine d'une manière également honorable pour deux grandes nations.
L'état des finances est satisfaisant, le revenu public s'accroît par le seul effet de la prospérité générale. Les lois de finances seront présentées sous peu à la Chambre des Députés.
Les Lois qui vous ont déjà été présentées ou annoncées seront soumises à votre examen, ainsi que celles qu'une législation récente a réservées aux délibérations de la présente session.
J'espère, Messieurs, que le moment est venu, pour la France, de recueillir les fruits de sa prudence et de son courage. Éclairés par le passé, profitons d'une expérience si chèrement acquise; appliquons-nous à calmer les esprits, à perfectionner nos lois, à protéger par de judicieuses mesures tous les intérêts d'une nation, qui, après tant d'orages, donne au monde civilisé le salutaire exemple d'une noble modération, seul gage des succès durables. Le soin de son repos, de sa liberté, de sa grandeur, est mon premier devoir; son bonheur sera ma plus chère récompense.
M. Le garde des sceaux: MM. les pais nommés depuis la dernière session sont admis à prêter serment entre les mains du Roi, je vais en lire la formule:
"Je jure d'être fidèle au Roi des Français, d'obéir à la Charte constitutionnelle et aux lois du royaume, et de me conduire en tout comme il appartient à un bon et loyal pair de France."
Tout ceux de MM. les pairs qui sont présents se lèvent et répondent : Je le jure!
M. le ministre de l'intérieur : MM. les députés nommés depuis la dernière session sont admis à prêter le serment dont je vais lire la formule : "Je jure d'être fidèle au Roi des Français, d'obéir à la Charte constitutionnelle et aux lois du royaume, et de me conduire comme il appartient à un bon et loyal député."
Les députés concernés ont répondu : Je le jure!
M. le Garde des sceaux : Messieurs, au nom du Roi, j'ai l'honneur de déclarer la session des Chambres pour 1836 ouverte. En conséquence, MM. les pairs et MM. les députés se réuniront demain dans le lieu respectif de leurs séances.
La séance est levée aux cris de Vive le Roi!
Une nouvelle salve d'artillerie annonce le départ du cortège qui se remet en route par la rue de Bourgogne, le pont de la Concorde, le quai des Tuileries et le Carrousel.
Le Roi est venu aujourd'hui ouvrir la session de 1836. A sa vue, une vive et profonde sensation s'est manifestée dans les deux Chambres. Par un mouvement involontaire, la pensée de tout le monde s'est reportée sur l'horrible attentat du 28 juillet et sur le bienfait de la Providence, qui, en couvrant de sa protection cette tête auguste, a montré qu'elle ne voulait pas abandonner la France au génie du mal. Le Roi lui-même, lorsqu'il a parlé des marques d'affection et de dévouement que, dans cette douloureuse et solennelle circonstance, le pays lui a unanimement données, le Roi s'est ému et on émotion a redoublé celle des Chambres. C'est vraiment une grande chose que de porter ainsi sur sa tête les destinées d'une nation! Le sacre du feu du 28 juillet semble avoir donné à la royauté, dans la personne du prince qui en est revêtu, quelque chose de plus auguste encore et de plus sacré! Jamais le roi n'a paru plus roi qu'aujourd'hui, mais les acclamations des représentants du pays n'ont exprimé plus haut les sentiments monarchiques de la France et la reconnaissance publique pour le prince dont la sagesse est notre sauvegarde.
n autre sentiment est encore venu remuer l'assemblée. Le Roi a parlé, en termes simples et touchants, des dangers que l'aîné de sa race, l'héritier de sa couronne, son fils, a voulu partager avec ses soldats. Les deux Chambres ont témoigné au Roi et au père leur sympathie par de longs applaudissements. M. le duc d'Orléans saisit avec ardeur toutes les occasions de sceller le pacte qui l'unit à la France. Cette couronne que la loi lui promet, il veut l'acheter par son courage et son dévouement à la patrie commun. En Afrique, il a vu de l'honneur à acquérir, un exemple et des encouragements à donner à nos soldats, des fatigues à supporter et des périls à courir avec eux; il y est allé. Si jamais nos libertés et l'honneur national étaient menacés, la France sait qu'elle peut compter sur M. le duc d'Orléans. Ainsi, cette noble dynastie est partout à la tête du pays, dans les dangers que les factions nous font courir à l'intérieur comme dans ceux dont menace l'ennemi du dehors. Elle assure à la fois et garantit notre honneur et notre repos. Il était doux pour le Roi d'avoir à rappeler devant les représentants de la France la noble conduite de son fils, et les deux Chambres se sont plu à faire sentir au Roi tout ce que le pays éprouve de reconnaissance pour une famille qui veut être la première qu'à condition d'être la plus dévouée à l'intérêt général.
Les deux Chambres ont aussi entendu avec une vive satisfaction les assurances que le Roi leur a données de la prospérité toujours croissante du pays, à mesure que la paix renaît parmi nous, et que l'ordre s'affermit. On prétendait que quelque mésintelligence avait troublé notre entente avec l'Angleterre, cette alliance sur laquelle repose la paix générale. On accusait le gouvernement d'être refroidi pour la cause constitutionnelle en Espagne et de favoriser secrètement les armes de Don Carlos. Le discours de la Couronne est la plus complète et le plus éclatante réfutation de ces calomnies. Le gouvernement a aussi donné une nouvelle preuve de sa bonne foi et son loyal désir de vivre en bonne intelligence avec les États-Unis, en acceptant la médiation de l'Angleterre. La médiation d'une puissance amie ne peut rien avoir que d’honorable pour nous.
Ce n'est pas aujourd'hui, au surplus, que nous voulons traiter ses différentes questions. Elles viendront dans la discussion de l'Adresse. Nous aimons mieux faire remarquer, en finissant, que depuis bien longtemps une session des Chambres ne s'était pas ouverte sous de si paisibles auspices. L'opposition s'est beaucoup remuée depuis quinze jour pour découvrir un sujet de discorde, pour faire un plan nouveau d'attaque; elle n'en a pas trouvé. Tout est calme; tout le monde veut la paix. C'est la première fois peut-être qu'une session s'ouvre sans qu'on puisse dire où est la question difficile à résoudre. Dieu veuille que ces espérances de paix ne soient pas démenties! Elles ne le seront pas, nous en avons, pour notre part, la confiance; et cette paix, cette paix presque inespérée, nous la devons à l'admirable bon sens et au courage du pays, au loyal concours et au patriotisme des Chambres, à la profonde sagesse du Roi et de son gouvernement. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4 ... .item.zoom
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 6:32 pm
par griffon
Pas de meilleure époque que celle la , la grande époque des feuilletonistes , pour conter un AAR !
Ah le journal des débats avec tous les matins une page de Dumas !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 6:52 pm
par Coelio
Mort à l'usurpateur
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 7:36 pm
par Locke
Je suppute à la date qu'il s'agit de Victoria 2
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 7:43 pm
par Emp_Palpatine
Oui.
J'édite le premier post, tiens.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 8:28 pm
par Coelio
Peut-on remettre les vrais Bourbons sur le Trône ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 04, 2018 8:56 pm
par Emp_Palpatine
Coelio a écrit :Peut-on remettre les vrais Bourbons sur le Trône ?
Il y a une possibilité.
Mais c'est peu probable.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 05, 2018 1:00 pm
par GA_Thrawn
Ca me rappelle la grande époque et ton aar victoria sur la confédération!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 05, 2018 2:41 pm
par Elvis
Emp_Palpatine a écrit :
Règles maisons :
- Je me réserve le droit d'utiliser la console pour corriger les bêtises de l'IA, notamment à la suite de guerres ou pendant la phase coloniale. Je n'aime pas les frontières laides ou improbables.
- Je me réserve le droit d'utiliser la console pour forcer l'IA à accepter la paix quand le score est à 100% et/ou que sa capitale est occupée;
- Pas de techniques gamey, du genre laisser volontairement des révolutions se produire ou augmenter artificiellement le militantisme pour faire ce qu'on veut avec les réformes.
- Le life rating a été augmenté en France, la démographie sera modérée par les events de natalité (pour lesquels la France a des malus.). Haters gonna hate.
- Pas de conquêtes débiles en Europe du genre des provinces en Illyrie ou je ne sais quoi. La limite d'expansion, si expansion il y a, est constituée par les frontières naturelles. Par contre, free-for-all en dehors de l'Europe;
- Dans l'idéal, les pays coloniaux sous protectorat ne seront pas annexés mais resteront satellite : ça concerne les pays nord-africains ou asiatiques aux États déjà globalement constitués.
- Je me réserve la possibilité de relâcher des vassaux coloniaux pour ne pas disperser les efforts de colonisation de peuplement.;
- Tout régime politique doit se défendre dans la mesure de ses moyens : pas de révolution volontaire hormis par event. Si révolution il doit y avoir, les rebelles doivent gagner comme des grands.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 06, 2018 6:03 pm
par Emp_Palpatine
Bon, j'ai joué deux ans et demi...
Il s'est passé des trucs sympa.
Mais je me suis rendu compte que j'ai mal réglé mon machin de screens, alors je dois recommencer!
Le premier vrai update arrivera avec quelques jours de retard donc.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 06, 2018 9:08 pm
par Antonius
Mais je me suis rendu compte que j'ai mal réglé mon machin de screens, alors je dois recommencer!
Elle est belle, la gloire de la France
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 07, 2018 8:11 am
par Emp_Palpatine
Tu n'as pas un transsaharien à finir?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 07, 2018 9:35 am
par Antonius
C'est déjà fait
27 janvier 1937
C'est fait. Ce matin nous avons planté le clou en or reliant la ligne Dakar-Saint Louis et celle que nous venons de contruire. Ce fut une longue aventure mais ça y est, le transsaharien est achevé. [...]
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 4:36 pm
par Emp_Palpatine
État de la France en 1836.
I. Le gouvernement selon la Charte. État des institutions et des partis. Le cens et les électeurs. L'opinion publique face aux institutions de juillet. L'effet de l'attentat de Fieschi. Premières années de stabilité depuis la mort de Casimir Perrier. II. Prospérité de la société. Développement du commerce et de l'industrie. Progrès de l'alphabétisation grâce à la loi Guizot. Dynamisme démographique. III. Solitude de la France en Europe. Bonnes relations avec les cours continentales. Présence française en Italie. L'Afrique du Nord. L'affaire d'Espagne inquiète le gouvernement.
I
En 1836, la France est sous l'empire de la Charte d'août 1830, conséquences des événements de juillet. Nul besoin de feindre, comme l'esprit s'y plaisait alors, qu'il s'agissait d'un texte original : les institutions restaient celles établies par la Charte octroyée de 1814, organisées sous la forme d'une monarchie constitutionnelle.
Contesté dans ses premières années, le régime de Juillet survécut à plusieurs maux qui eussent pu le condamner. Le ministère Perrier en 1831- 1832 fit beaucoup pour enfin enraciner les institutions et redonner aux institutions la confiance, à la société l'ordre auquel elles aspiraient.
A la chambre des députés, le ministère s'appuyait alors sur une solide majorité de conservateurs et de doctrinaires. La monarchie, que certains avaient voulu encaserner dans des prérogatives limites telles qu'en 1791, avait regagné de son lustre et le respect nécessaire au fonctionnement sain des institutions. Ces dernières étaient combattues à droite par les Légitimistes et à gauche par les radicaux. Afin de former un ministère et gouverner le pays, seuls les conservateurs et la gauche dynastiques pouvaient alors fournir les soutiens nécessaires.
Frustrés par les événements de 1830 et hostiles à la royauté nouvelle qui, pour eux, n'était qu'une usurpation, les Légitimistes conservent un appui notable dans l'opinion et chez les électeurs. La chouanerie ratée de la duchesse de Berry fit cependant beaucoup pour renforcer la royauté de juillet.
Les conservateurs et les doctrinaires représentaient alors le parti de l'ordre, les dynastiques, les conservateurs soutenant les institutions nouvelles et souhaitant le maintien des institutions et de la prérogative royale en l'état. Après l'échec de Lafitte et, surtout, l'année du ministère Perrier et le succès de la politique de résistance (résistance face à l'agitation), le courant a le vent en poupe.
La gauche dynastique, quant à elle, était alors globalement écartée du pouvoir. Les éléments les plus radicaux, républicains et démocrates, fermaient la marche des factions politiques.
Conservateurs et doctrinaires et une partie de la gauche dynastique s'accordaient alors sur la justesse du suffrage censitaire existant dans la charte. A gauche, quelques voix appelaient à l'abaissement du cens sans grand écho pour le moment. La coïncidence entre propriété et suffrage restait perçue comme un élément stabilisateur contre l'élément démocratique et la possibilité de l'anarchie.
Paradoxalement, une alliance de fait entre Carlistes et radicaux put exister par moment sur cette question du suffrage. Les radicaux exigeaient toujours le suffrage universel, premier pas à leur yeux vers la république, tandis que pour certains légitimistes, le suffrage universel eût permis l'appel au loyalisme profond du pays et eût corrigé la faute première de 1814/15 et de 1830.
Ainsi, en 1836, les électeurs actifs sont un demi-million. Les propriétaires terrains dominent le corps électoral tandis qu'une partie de la bourgeoisie urbaine bénéficie du suffrage.*
Les électeurs actifs sont d'un conservatisme à l'image de celui qui traverse alors la société française. Les profondeurs du pays, massivement rurales, aspirent à l'ordre et à la stabilité. Sans racines profondes dans une opinion parfois tentée par le légitimisme, la royauté de juillet était cependant acceptée et finalement respectée comme garante d'ordre.
Les voyages royaux et princiers en province, après des débuts difficiles, rencontrèrent alors enfin un accueil chaleureux et à Paris le Roi était acclamé lors de son trajet vers les chambres. Suite aux premières années de la royauté nouvelle où Louis-Philippe était agoni de moqueries et de marques de mépris, l'évolution est alors notable.
L'attentat de Fieschi en 1835 fit beaucoup pour l'image de la monarchie et pour donner au sentiment dynastique l'énergie qui lui manquait alors. Louis-Philippe, lors de son discours du trône pour la session de 1836, parla même de "sacre du feu". La machine infernale, fauchant une trentaine de vies parisiennes et faisant craindre un instant la chute du trône consolida le trône qu'elle prétendit un instant abattre.
L'attentat vint mettre un terme à l'agitation endémique qui pénalisait les institutions de juillet en marginalisant définitivement l'opinion radicale et les républicains. Après l'échec des émeutes des années 1832 puis les tentatives de régicide à répétition, les Français, las de l'agitation, soutenaient le régime et la répression consciencieuse dirigée contre les éléments radicaux offrit enfin au pays les années tranquilles auxquelles il aspirait.
*En terme de gameplay : sont électeurs les pops aristocratiques et les capitalistes ainsi que "bureaucrates", artisans, officiers, religieux et clercs.
Afin de simuler le cens assez élevé à cette époque, le système est le cens pondéré : les votes des pops riches comptent double et seul 25% des votes des classes moyennes sont comptabilisés. Dans le screen concernant, il faut donc diviser par 4 le nombre d'artisans (ils sont 20% du corps électoral) et par deux les propriétaires terriens.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 4:44 pm
par aheuc
"La gauche dynastique" c'est quoi/qui exactmeent ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 5:01 pm
par Emp_Palpatine
aheuc a écrit :"La gauche dynastique" c'est quoi/qui exactmeent ?
C'est le parti libéral en jeu.
Historiquement, eh bien c'est... la gauche dynastique.
La gauche était divisée (tout comme la droite, somme-toute) entre les éléments radicaux (républicains, la plupart du temps dans l'héritage jacobin et donc assez... radicaux) et démocratiques, quelques républicains modérés ("à l'américaine" comme on disait à l'époque) et la plus grande masse des "dynastiques" qui considèrent le régime de juillet comme le leur, sont des monarchistes constitutionnels mais sont plutôt favorable à la réforme (comprendre la diminution du cens).
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 5:04 pm
par Emp_Palpatine
II
L'ordre et la prospérité se nourrissaient mutuellement et formaient ensemble le mortier liant la monarchie nouvelle à la France. Le pays étant plus calme, l'ordre des choses put retrouver la dynamique qui était la sienne jusqu'en 1830. Le commerce interne était dynamique et en développement tandis que l'industrie s’accroissait.
La France est un pays riche de ses ressources naturelles et dispose d'excellents stocks permettant de nombreuses activités industrielles et le commerce international : fer, charbons, textiles, bois et produits agricoles.
Grâce à la Loi Guizot sur l'instruction publique de 1833, chaque commune est dans l'obligation d'entretenir une école primaire tandis qu'au niveau départemental se développe la formation des maîtres au travers des écoles normales elles aussi obligatoires.*
55% des conscrits sont, en 1836, considérés comme alphabétisés.
Signe de cette vigueur de l'industrie et du commerce, la décennie 1835-45 fut marquée par un dynamisme démographie inédit depuis le XVIIIè siècle, confirmant les tendances de la Restauration et venant fort heureusement combler les vides créés par la période révolutionnaire et impériale.
Cette population française était moins uniforme que nos jours. Patois et langues régionales dominaient dans de nombreuses régions bien que le français restât bien sûr la langue véhiculaire.
*En terme de gameplay : la réforme de l’éducation est sur "church", c'est à dire un système où l'instruction est souvent le fait d'institutions religieuses. La Loi Guizot rendant l'enseignement quasi-obligatoire a souvent conduit les communes à embaucher le curé local pour assurer la classe ;
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 5:49 pm
par Emp_Palpatine
III
C'est en définitive sur le rang de la France en Europe que majorité ministérielle et opposition de querellaient le plus.
La France souffrait alors de deux maux : l'héritage des traités de 1815 et le discrédit de la royauté de Juillet auprès de certaines cours. Ainsi, la France restait malgré ses efforts sans alliés véritables sur le continent. Malgré les paroles chaleureuses du Roi sur les liens avec la Grande Bretagne, les relations avec l'autre grande monarchie libérale sont assez fraiches. De nombreux contentieux subsistaient : la méfiance subsiste sur la Belgique, l'affaire d'Espagne suscite jalousie et soupçons tandis que Londres goûtait fort peu la présence française en Afrique du Nord et craignait la poursuite de notre expansion. L'entente était ainsi loin d'être acquise, bien que le gouvernement y accordât un prix qui lui coûtait souvent la popularité. Patriotique et susceptible, l'opinion l'était et elle souffrait assez peu les compromis et décisions qui lui paraissait être des reculades quant à ce que devait être le rang de la France.
La Sainte Alliance, cependant, n'existait plus qu'en nom bien qu'il ne fût guère douteux alors que le moindre soubresaut français l'eût reconstituée très rapidement. Le régime de juillet souffrait d'un certain discrédit qui s'amenuisait du fait de son enracinement, du pragmatisme des cours continentales et des efforts de la diplomatie française. En Prusse, Frédéric-Guillaume III avait rapidement accepté le nouveau régime et ne lui dissimulait pas sa sympathie depuis la visite triomphale à Berlin du Duc d'Orléans en 1835. Des rumeurs d'alliance avaient même circulé mais un tel mouvement aurait mécontenté l'Autriche tout en donnant à la Prusse les coudées trop franches au sein de la Confédération Germanique.
A Vienne, l'humeur était cordiale mais distante. Metternich était reconnaissant à la France d'avoir manifesté son souhait de paix et de stabilité en Europe en ne remettant pas en cause les traités. Ce ne fut pas suffisant pour accorder au Duc d'Orléans la main d'une archiduchesse, geste considéré comme trop hasardeux considérant la jeunesse du trône des Orléans, sa fragilité et l'alliance qui en aurait résulté, là aussi.
Enfin, à Saint Petersbourg le Tsar ne cachait ni son dégoût, ni son mépris. Il n'en demeurait pas moins qu'en termes assez mauvais avec la Prusse et l'Autriche, la Russie était perçue par le gouvernement français comme un potentiel allié pouvant permettre de prendre à revers l'alliance germanique dans le cas où le besoin s'en serait fait sentir.
La France n'en restait pas moins une des grandes puissances et son influence se faisait sentir en Italie. Depuis l'affaire d'Ancône, au début du règne, les Etats Pontificaux étaient dans la sphère d'influence française tandis que le Royaume de Piémont Sardaigne restait un allié fidèle. Les Bourbons de Naples, quant à eux, eurent vite faite de vaincre la solidarité dynastique et leur répugnance en faveur d'un pragmatisme diplomatique les conduisant à se rapprocher à nouveau de la France.
Ainsi, si les Etats d'Italie centrale sont sous l'influence de Vienne, la France a avec elle les trois plus grands États de la péninsule dans un partage qui convient tant à Vienne qu'à Paris : le statut quo y est la règle première.
Parmi les affaires urgentes de 1836 figurait l'affaire d'Espagne. La reine Isabelle faisait face à l'insurrection de Don Carlos et à Paris, une partie de la Chambre soutenait l'intervention. Fallait-il remettre pied en Espagne, une fois de plus? Malgré le danger qu'aurait représenté une victoire des Carlistes, Louis-Philippe n'y tenait guère. Tant par tempérament personnel que pour ménager le Royaume-Uni et éviter une aventure militaire incertaine. Le gouvernement français se contenta donc, pour le moment, de formuler de chaleureux vœux de succès pour les forces constitutionnelles, espérant ne pas avoir à se couvrir sur les Pyrénées en cas de victoire de Don Carlos. La montée sur le trône des Carlistes pouvant avoir d'incalculables répercutions en France en revigorant l'agitation légitimiste, Paris surveillait alors très précautionneusement la situation dans la péninsule.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 7:36 pm
par jmlo
aheuc a écrit :"La gauche dynastique" c'est quoi/qui exactement ?
Coelio
ça fait plaisir de lire un AAR avec du texte de Palpat
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 7:43 pm
par Reborn
Pays de Galles indépendant !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 8:20 pm
par GA_Thrawn
Le ministère Perrier en 1831- 1832
Un premier ministre pétillant
Voilà je retourne lire la suite
espérant ne pas avoir à se couvrir sur les Pyrénées en cas de victoire de Don Carlos.
Don Carlos est un bourbon et peut prétendre au trône de France?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 08, 2018 8:58 pm
par Emp_Palpatine
Oui, c'est un Bourbon d'Espagne. Non, il ne prétend pas en France : Charles X est bien vivant, le Duc d'Angoulême est là jusqu'en 1844 puis après Chambord jusque 1883.
Pour faire court: le précédent roi d'Espagne a décidé d'ignorer la loi salique (loi fondamentale en Espagne depuis 1713) pour désigner sa fille Isabelle comme successeur. Don Carlos, frère de feu le roi n'est pas d'accord et argue qu'en plus ce fut fait sans consultation des cortès. Bien sûr, les libéraux se rangèrent du côté d'Isabelle, les traditionalistes du côté de Don Carlos qui fait honneur à sa réputation de moustachiste palpatinien.
S'il gagne, je fais un event qui sera actif tant que l'Espagne sera Carliste et que Chambord sera vivant; event qui renforcera les légitimistes en France pour simuler le soutien politique et logistique que les carlistes espagnols auraient certainement apporté aux carlistes français.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 7:34 am
par Coelio
jmlo a écrit :
aheuc a écrit :"La gauche dynastique" c'est quoi/qui exactement ?
Coelio
Jm me connait si bien
En tant que représentant de l'extrême gauche légitimiste, je demande le retour en France d'Henri le Cinquième et une politique en faveur des banlieues ouvrières
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 7:41 am
par Emp_Palpatine
Tu es Henri Quinquiste?
Charles X et le Duc d'Angoulême sont encore bien vivants. Et l'abdication n'existant pas dans les Lois Fondamentales, celles de 1830 peuvent être considérées comme entachées de dol, forcées et par conséquent nulles et non avenues.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 7:57 am
par Coelio
Je suis d'accord sur le principe (c'est toute la controverse sur la pseudo abdication de François Ier). Après, les Lois Fondamentales, cela s'interprète : les Orléans vont te sortir le pseudo principe de nationalité pour justifier leurs prétentions indues et le statut de prétendant de cette famille dégénérée (à choisir, je crois que je préfère encore les bonapartistes actuels aux Orléans, ils sont aussi ridicules mais plus rigolos). J'ai tendance à penser qu'on peut faire évoluer les Lois Fondamentales à la société et à l'allongement de la vie pour éviter une gérontocratie ridicule soviético-poncelienne. Si le Pape Benoît a pu abdiquer, je ne me vois pas être encore plus réac que lui . Donc l'abdication de Charles et d'Angoulême, je veux bien. En 1830, on n'est plus en 1525. Et Chambord était le seul réel espoir du maintien de la monarchie (les Orléans ne comptent pas ). Sinon, si on est jusqu'au boutiste, on va aller chercher les descendants de Charles de Basse Lorraine, ou les Bourbon Busset
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 8:03 am
par Emp_Palpatine
Mais nous sommes en 1836 et les légitimistes sont vraiment divisés sur la question. C'est l'une des tendances:
- Les Carlistes, qui refusent les abdications de 1830;
- Les Henriquinquistes;
- Les tradis méchus qui se croient en 1750 et refusent jusqu'à la Charte;
- Les légitimistes du type "appel au peuple" qui veulent le suffrage universel, la politique sociale -bref, le programme de Napoléon III et le futur programme de Chambord;
- Les légitimistes qui s'accoquinent avec les radicaux et républicains, qui s'accoquineraient avec le diable, si ça leur permet de faire tomber les Orléans; On notera que là où ils n'avaient pas d'espoir électoral, ceux-là appelaient à voter pour les candidats radicaux :Chirac 1981:
- Les quasi-ralliés, qui acceptent un gouvernement de fait car toujours préférable à une révolution tout en faisant des toasts au Duc de Bordeaux à l'Auberge des Trois Faisans.
C'est presque autant le bordel que chez les Trotskystes.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 8:07 am
par Coelio
Je peux facilement me reconnaître dans chacun
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 8:38 am
par GA_Thrawn
- Les quasi-ralliés, qui acceptent un gouvernement de fait car toujours préférable à une révolution tout en faisant des toasts au Duc de Bordeaux à l'Auberge des Trois Faisans.
Oui bonjour, c'est moi
et si on me rajoute une petite rente et un chateau, je peux donner mon soutien publiquement
:Pars se resservir un verre à l'auberge des trois faisans en devisant sur la rente:
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 8:42 am
par GA_Thrawn
Emp_Palpatine a écrit :Tu es Henri Quinquiste?
Charles X et le Duc d'Angoulême sont encore bien vivants. Et l'abdication n'existant pas dans les Lois Fondamentales, celles de 1830 peuvent être considérées comme entachées de dol, forcées et par conséquent nulles et non avenues.
La vraie uchronie c'est celle là, si on veut un régime monarchique en France, faut que Henri s'agite un peu et fasse un enfant, sinon tu va le mettre sur le trône et te retrouver coincer à nouveau vers 1880
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 4:10 pm
par Azerty
La question étant, une monarchie apporte t'elle réellement quelque chose d'utile et de bienvenue ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 5:11 pm
par Emp_Palpatine
Au fait, les messageries maritimes assurent une liaison fréquente avec Cayenne.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 5:15 pm
par Emp_Palpatine
GA_Thrawn a écrit :
La vraie uchronie c'est celle là, si on veut un régime monarchique en France, faut que Henri s'agite un peu et fasse un enfant, sinon tu va le mettre sur le trône et te retrouver coincer à nouveau vers 1880
Le jeu ne gère pas les dirigeants de toute façon. En cas de situation ahistorique, il y aura des mariages plus avantageux que ceux qu'eurent historiquement les prétendants bonapartiste, orléanistes ou légitime avec des gamins à la clef. On ne se marie pas de la même manière en étant sur le trône ou héritier qu'en exil.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 9:39 pm
par jmlo
Emp_Palpatine a écrit :...
Le jeu ne gère pas les dirigeants de toute façon. ...
C'est un jeu papra normalement au bout de 3 génération c'est le roi Mohamed I ben Salmane pape qui hérite du trône
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 10:35 pm
par Bébert
Coelio a écrit :Je suis d'accord sur le principe (c'est toute la controverse sur la pseudo abdication de François Ier). Après, les Lois Fondamentales, cela s'interprète : les Orléans vont te sortir le pseudo principe de nationalité pour justifier leurs prétentions indues et le statut de prétendant de cette famille dégénérée (à choisir, je crois que je préfère encore les bonapartistes actuels aux Orléans, ils sont aussi ridicules mais plus rigolos). J'ai tendance à penser qu'on peut faire évoluer les Lois Fondamentales à la société et à l'allongement de la vie pour éviter une gérontocratie ridicule soviético-poncelienne. Si le Pape Benoît a pu abdiquer, je ne me vois pas être encore plus réac que lui . Donc l'abdication de Charles et d'Angoulême, je veux bien. En 1830, on n'est plus en 1525. Et Chambord était le seul réel espoir du maintien de la monarchie (les Orléans ne comptent pas ). Sinon, si on est jusqu'au boutiste, on va aller chercher les descendants de Charles de Basse Lorraine, ou les Bourbon Busset
E viva el Christo Rey!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 09, 2018 11:48 pm
par griffon
Cet AAR me donne envie de relire la confession d'un enfant du siècle
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 10, 2018 10:23 am
par Emp_Palpatine
jmlo a écrit :
Emp_Palpatine a écrit :...
Le jeu ne gère pas les dirigeants de toute façon. ...
C'est un jeu papra normalement au bout de 3 génération c'est le roi Mohamed I ben Salmane pape qui hérite du trône
D'où l'intérêt qu'il ne soit pas simulé.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 10, 2018 12:44 pm
par Emp_Palpatine
Au restaurant de l'hôtel des Trois Faisans, les sujets de conversation sont nombreux et fort banaux entre M. Thrawnac, jeune notable de Dordogne et M. de Coelion, clerc de notaire que l'on dit être issu d'une famille Sarde francisée sous l'Empire.
Dans le calme relatif de la vie Française de 1836, on devise bien sûr politique, en commentant les rapports de force à la Chambre et dans les provinces.
On commente la dernière oeuvre de M. de Tocqueville.
Beaucoup n'en retinrent au départ que la description du régime représentatif américain comme un certain idéal. D'autres observèrent les doutes de Tocqueville concernant la tyrannie de la majorité et l'influence de tels moeurs politiques sur la société, les idées, la vie intellectuelle.
On s'émeut des nouvelles d'une catastrophe dans les régions minières, se promettant qui un peu de charité, qui une prière pour les âmes des pauvres diables ayant péri.
Cependant, on n'oublie pas de vérifier que la rente se porte toujours aussi bien.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 10, 2018 1:26 pm
par Emp_Palpatine
La royauté nouvelle se voulait du "juste milieu", l'aboutissement de l'histoire récente de France. N'osant guère s'affilier à la vieille monarchie qu'elle avait renversé, s'étant dès sa conception revendiquée de la Grande Révolution et des gloires de l'Empire, la monarchie de Juillet usait de la gloire de ces périodes pour en récupérer les chutes.
Ainsi, oubliant que le monument avait été financé à part quasi égales tant par l'Empire que par les gouvernements de la Restauration puis par ceux de Juillet, la royauté nouvelle inaugurait -enfin- l'arc de triomphe.
L'absence de Louis-Philippe fut notable. La veille, une nouvelle tentative de régicide fit craindre pour sa sécurité et le ministère insista pour le Roi ne participât point aux réjouissances.
Le Duc de Nemours, avant de partir pour les possessions françaises d'Afrique du Nord, y prit la place du Roi.
La cérémonie fut, malgré ces petits tracas, un succès. Les drapeaux flottaient, vétérans et invalides étaient présents. On se remémora les gloires de l'Empire, on joua "La Parisienne", on se congratula avec émotion. Le Prince passa en revue les détachements de la Garde Nationale et des troupes de ligne qui étaient présents.
Le soir, un feu d'artifice fut tiré, au grand plaisir de la foule parisienne qui adopta immédiatement son nouveau monument.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 12:12 pm
par Emp_Palpatine
La poursuite de la conquête en Afrique du Nord.
1836-1838
I. Les possessions françaises en Afrique du Nord, leg de la Restauration. Interrogation du gouvernement sur la suite à donner. L'Armée d'Afrique. Premiers efforts de colonisation. Le lobby Algérois se développe. Lutte et provocations d'Abd el Kader. II. L'expédition de 1838. Forces en présence. Raids et poursuites. Abd el Kader défait une première fois. Passage des portes de fer. Sac de Tlemcen. L'armée d'Abd el Kader écrasée en rase campagne. Prise de Constantine. Les Beyliks de l'ouest se soumettent à la France. Abd el Kader paie tribut.
I
L'expédition de 1830, planifiée depuis des années par la Restauration, légua à la France Alger. La Restauration chuta presque en même temps qu'Alger et le régime nouveau eut bien d'autres questions à régler avant de se pencher sur ses possessions d'Afrique du Nord. D'elle-même, la conquête se poursuivit un temps, réunissant Bône et Oran à la région algéroise. Depuis quelques temps, cependant, le mouvement avait cessé et la présence française restait stable.
Le gouvernement français hésitait en vérité dans la suite à donner à cette affaire. Bien que l'évacuation totale, promue par certains une fois Alger prise, ne fut plus à l'ordre du jour, deux autres opinions s'affrontaient. La première était d'arrêter là l'effort de conquête et de concentrer les efforts de colonisation et de mise en valeur des province côtières déjà en notre possession. L'autre, poussé par l'opinion local algéroise, appelait à la poursuite de l'effort, arguant du danger représenté pour la province française qu'étaient les forces nombreuses d'Abd el Kader dans les territoires encore sous sa domination. De fait, les événements se chargèrent de faire un choix pour le gouvernement.
En six ans, les possessions françaises avaient déjà changé, fertilisées par le génie national. Dans la province d'Alger, l'élément européen représentait déjà 10% de la population et chaque jour, de nouveaux colons se rendaient d'eux-même en Afrique du Nord, à la rechercher d'opportunités. Oran, vieille terre de présence chrétienne et européenne ainsi que Bône étaient deux autres pôles attirant les colons français.
Il n'est alors pas surprenant qu'un lobby colonial se fût développé dans ce qui devait devenir l'Algérie. A Alger, Oran et Bône, les élites françaises craignaient par dessous tout que le gouvernement métropolitain se décidât à évacuer les nouvelles provinces. Cette crainte évacuée, ils geignirent sur le manque de vues et d'ambitions de la métropole sur la colonie. A leurs yeux, l'expansion était nécessaire pour assurer la sécurité des nouveaux établissements, pour affermir la puissance et l'influence française en Afrique du Nord et en Méditerranée, pour fournir à notre excédent démographique un débouché pour les énergies surnuméraires. Bien évidement, chez les classes industrielles et commerçante, la convoitise économique était elle aussi présente. Ce "parti africain" avait l'oreille attentive de l'armée d'Afrique et commençait à se faire entendre à Paris, notamment chez certains des fils du Roi.
L'agitation entretenue par Abd el Kader renforçait la parole du parti africain. Ayant réussi à coaliser les beyliks et chefs locaux autour de sa personne, Abd el Kader avait constitué un quasi-état pour nourrir sa guerre sainte contre les Français. Si les provinces françaises étaient calmes et soumises, l'excitation se faisait permanente dans les territoires de l'émir.
L'émir Abd el Kader
Le long des marches des provinces françaises, les razzias créaient un sentiment d'insécurité permanent en plus de gêner les efforts de colonisation et d'être l'occasion d'horribles massacres. Colère à Alger, colère dans l'armée d'Afrique, plaintes dans la presse mais surtout insulte à l'honneur et au prestige de la France poussèrent le gouvernement à songer à l'action.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 12:20 pm
par Coelio
Les autochtones en djellabas qui viennent cramer nos honnêtes colons, s'agirait de grandir
Le député légitimiste Coeliac vote pour une politique ferme
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 12:40 pm
par aheuc
Bonjour,
Je suis monsieur Guigues-Amédée Aheuc, député libéral de l'Isère. Je tiens d'abord à dire que je suis fervent admirateur de SM Louis-Philippe depuis le début, qui est très certainemetn le meilleur monarque que nous ayons eu depuis bien longtemps.
Concernant l'agitation en Algérie, ne pouvons nous pas plutot essayer de se concilier et respecter les populations et notables locaux en favorisant a création d'un grand royaume Arabe client de la France , à une occupation brutale.
Je tients à porter en exemple la doctrine d'"Indirect Rule" mise en place par nos amis anglais en Inde, qui a permit la mise d'une occupation indirecte, respectueuse des coutumes locales et qui rend la présence britannique tolérable par les autochtoness, ainsi que celà est rapporté par le très sérieux Times, pourtant habituellement sévère avec la politique de son gouvernement.
D'autre part, je trouve surprenante l'attitude de messieurs les Députés de la tendance légitimiste qui se scandalisent de la résistance de l'émir Abd'El Kader contre l'occupation française, alors que dans le même temps il ne cessent de porter aux nues la résistance de leur chère Jeanne d'arc contre l'envahisseur Anglais.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 12:42 pm
par griffon
Nous tenons à rappeler à nos amis du rite écossais
qu'une réunion se tiendra Lundi prochain Hotel Pimodan !
Honoré Griffon
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 1:05 pm
par Coelio
Le parti légitimiste ne peut laisser impunément les libéraux inciter le Roi à une coupable faiblesse envers des factieux infidèles. Quant à la comparaison avec la glorieuse résistance de Jeanne d'Arc face à l'envahisseur, venant de gens qui se réclament de traitres qui ont fait guillotiner la personne sacrée d'un monarque, l'indécence est trop grande pour que nous y répondions. La France n'est pas un envahisseur, nos possessions sont légitimes et seule une infime minorité des autochtones soutient les rebelles, d'après nos relais d'opinion locaux. L'Algérie, messieurs, j'ose le dire, l'Algérie ce sera la France
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 1:07 pm
par Emp_Palpatine
II
On convint donc d'une nouvelle expédition militaire. Le duc de Nemours et le duc d'Orléans prirent la route de Toulon pour payer de leurs personnes au côté des armées françaises. L'expédition était organisée pour débuter en 1838 et remplir deux objectifs. Le premier était d'écraser en rase campagne l'armée d'Abd el Kader afin d'assurer la tranquillité future; le second était de soumettre les beyliks de l'ouest et de s'assurer ainsi le contrôle de la Kabylie et de Constantine, protégeant ainsi Alger, Bône et la plaine côtière.
On attendit que les forces d'Afrique fussent correctement renforcées. La force d'Abd el Kader était estimée à 50 000 hommes répartis entre ses fiefs de l'ouest et de l'est. Il fallait à l'armée d'Afrique des forces équivalentes.
Le général Guillaumat prit la tête de l'expédition, assisté des fils du Roi.
L'armée d'Afrique était une force professionnelle, déjà expérimentée et qui commençait à être renforcée par des éléments locaux levés à Alger et Oran.
Les forces de l'émir, quant à elles, si elles étaient nombreuses manquaient d'armement lourd, de la discipline et du professionnalisme de l'armée française. Représentation%20d'un%20soldat%20d'Abd%20el%20Kader.
Au printemps 1838, les razzias reprirent. En réponse, l'expédition fut lancée.
Les premières semaines de campagne furent le théâtre d'une chasse entre Français et forces de l'émir, ces dernières fuyant devant nos armées pour tenter de razzier nos possessions.
Enfin, le général Guillaumat força Abd el Kader à la lutte.
La première bataille de Tlemcen ne fut pas une simple escarmouche et l'adversaire lutta vaillamment. La cavalerie ennemie gêna notre artillerie mais cette dernière ainsi que la discipline de notre infanterie firent la différence. Guillaumat, quant à lui, s'avéra un commandent compétent et efficace, maintenant auréolé par une victoire.
L'armée d'Afrique au combat.
A l'est, la deuxième colonne de l'expédition, toute à sa poursuite des pillards ennemis, franchit les portes de fer et pénètre en Kabylie. Le Passage de Portes de fer en Algérie, Adrien Dauzats
Les forces indigènes sont écrasées dans les environs de Sétif.
Le vestiges ennemis fuient vers Constantine où l'Armée d'Afrique met le siège. Constantine est une place forte inexpugnable. La ville est couverte sur presque tous les côtés par de profondes gorges et des plateaux abruptes. Seul un majestueux aqueduc romain permettait un accès aisé à la ville.
A l'ouest, après la chute et le sac de Tlemcen, la poursuite d'Adb el Kader reprit. Ce dernier avait replié ses forces vers l'Oranie et reprenait les razzias nécessaires au paiement de ses troupes.
Une bonne partie de l'automne est perdue en marche et contre-marches jusqu'à ce qu'Abd el Kader se fût replié vers Tlemcen, voulant laver l'affront de la perte de sa citadelle. Guillaumat se mit en marche forcée pour ne point rater cette opportunité.
Guillaumat, surprenant Abd el Kader, l'écrase et anéantit ses forces. Seuls l'émir et sa garde rapprochée purent profiter du chaos pour s'enfuir.
Un mois plus tard, après des combats acharnés, Constantine tomba.
Le Général commandant paya de sa vie la victoire française et son sacrifice ainsi que la conduite des Princes devinrent des sujets d'estampes, de peinture, de bulletins. Obsèques du Général Damrémont sur la ligne de front, en présence des Princes, Édouard Detaille.
Les Beyliks de l'Ouest se soumirent à la France et la Kabylie ainsi que Constantine et Biskra furent réunis à nos possessions d'Afrique du Nord.
Humilié, Abd el Kader dut quant à lui accepter de payer tribut.
L'expédition s'acheva ainsi en triomphe. La France s'adjoignit trois nouvelles provinces et sécurisa les provinces côtières contre toute future razzia. Les batailles de Tlemcen ainsi que la prise de Constantine valurent à Guillaumat le bâton de maréchal. Le succès et la gloire amassée lors de cette expédition retombèrent sur le gouvernement et les Princes qui y participèrent. Souvent accusée d'être faible et effacée à l'étranger, la France de juillet retrouvait pour un temps l'euphorie de la gloire, fût-ce une gloire coloniale.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 1:12 pm
par Emp_Palpatine
aheuc a écrit :
Je tients à porter en exemple la doctrine d'"Indirect Rule" mise en place par nos amis anglais en Inde, qui a permit la mise d'une occupation indirecte, respectueuse des coutumes locales et qui rend la présence britannique tolérable par les autochtoness, ainsi que celà est rapporté par le très sérieux Times, pourtant habituellement sévère avec la politique de son gouvernement.
D'autre part, je trouve surprenante l'attitude de messieurs les Députés de la tendance légitimiste qui se scandalisent de la résistance de l'émir Abd'El Kader contre l'occupation française, alors que dans le même temps il ne cessent de porter aux nues la résistance de leur chère Jeanne d'arc contre l'envahisseur Anglais.
Le ministère est choqué, alors qu'en Afrique nos fils versent le sang pour la gloire de la France, que l'on ose ici habiller l'ennemi de la tunique de Jeanne d'Arc!
Pour le reste... Une fois les possessions d'Afrique du Nord pacifiées, un futur découpage n'est pas exclu. Tout dépendra des équilibres démographiques à ce moment.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 1:27 pm
par jagermeister
Amadeus-Jacques De Ouatère, député de la Nièvre, cette campagne visant à civiliser des peuplades sauvages n'a aucun intérêt, il vaudrait mieux investir dans la modernisation de notre système éducatif et social. C'est une véritable gabegie cette histoire et je ne suis guère étonné de voir la racaille royaliste soutenir cette aventure.
Et le clergé me dites vous ?
Une bande de dégénérés en soutane qui passe plus son temps dans les bordels qu'au confessionnal.
La France va mal.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 1:55 pm
par Emp_Palpatine
Le budget 1839 de l'Instruction Publique est presque aussi élevé que celui du ministère de la guerre et chaque jour les effets de la loi Guizot se font sentir.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 2:02 pm
par Elvis
Gaston Pierpoljac , député du Nord
J'approuve les propos de mon collègue Amadeus-Jacques De Ouatère, député de la Nièvre...
Le gouvernement cherche t il a travers ces expéditions exotiques à masquer ses difficultés à moderniser notre pays...
Les sommes engagées dans cette aventure militaire ne seraient elles pas mieux employées dans l éducation et l'industrie ?
Ces 'braves' officiers sont vifs à s'enorgueillir de 'glorieuses' victoires contre des bandits mal organisés et mal armés et de conquérir des arpents de sables arides...
Il y a une trentaine d'année, un bâton de maréchal étaient bien plus difficile à obtenir...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 3:54 pm
par rooom
Eudes Comte de Penthièvre et député du Morbihan ne peut qu'approuver cette conquête qui n'était qu'une défense de nos populations locales. Il est aussi à noter que cette pérennisation des provinces d'Algérie par une sécurité accrue nous donne un débouché pour nos nombreux colons entreprenants en quête d'opportunités. Sinon ils partiront aux Amériques comme de nombreux bretons le font déjà... Hors le sang de la race de France et de Bretagne est le meilleur qui soit, le perdre sur les champs de bataille est un malheur nécessaire mais le donner aux états étrangers est une catastrophe évitable.
Vive La France, Vive la Bretagne et Vice le Roy!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 4:19 pm
par Emp_Palpatine
La politique extérieure jusqu'à l'affaire de Parme.
1836-1839
La France sans alliés auprès des grandes puissances. Le traité franco-sicilien. Les bonnes relations avec la république américaine. Nos rapports s'améliorent avec St Petersbourg. Le traité Franco-Sarde de 1838 et l'influence française en Italie. Le règlement de la question belge et le traité de Londres. Succès des armes constitutionnelles en Espagne. La révolution libérale à Parme ses conséquences pour l'Italie.
L'héritage de 1815, quoi qu'affaibli, restait bien vivant : aucune des grandes puissances européennes ne pouvait être comprise comme un allié véritable. Le Royaume-Uni continuait sa politique relativement distante des affaires européennes, tant que ses intérêts directs n'étaient pas menacés comme en Belgique. La Russie était lointaine et bien qu'hostile au régime de juillet, aux oreilles de moins en moins sourdes. Autriche et Prusse, cohabitant dans la Confédération Germanique, étaient cordiales avec la France mais pas au point de faire totalement disparaître les méfiances latentes.
Ainsi, la France devait se contenter des puissances secondaires pour trouver appuis et supports réels. L'Italie, terre d'influence française, était une zone d'expansion naturelle de nos relations.
La France et le Royaume des Deux-Siciles s'accordèrent ainsi sur un traité d'alliance mutuelle. L'intérêt d'un tel mouvement était multiple : la France renforçait sa présence en Italie et en cas de conflit contre l'Autriche pouvait espérer adjoindre à ses forces celles des Deux Siciles en plus des forces Pontificales. Les Deux Siciles en 1836 étaient la première puissance militaire de la péninsule.
De même, le Roi avait évoqué lors de son discours du Trône son souhait de voir les querelles opposant la France aux États-Unis se régler rapidement. Les choses allèrent au delà de toutes les espérances: Paris et Washington s'entendirent sur une alliance dans le cas où l'une ou l'autre puissance se trouverait en guerre contre les Britanniques.
Inutile en Europe, cette alliance couvrait cependant la possibilité d'un conflit avec le Royaume-Uni, rendant le Canada vulnérable pour l'adversaire potentiel. Malgré l'optimisme régnant au sein du gouvernement, les relations avec Londres restaient fraîches et plusieurs sujets de discorde étaient encore susceptibles de mener à la guerre.
L'isolement européen n'était tout de même pas souhaitable. Dans le cas d'un conflit éclatant contre la Confédération Germanique, la France restait désespérément seule. Mais de nombreux signaux démontraient que tant le gouvernement du Tsar que celui de la France souhaitaient améliorer leurs relations. S'adjoindre le concours de la Russie dissoudrait effectivement la Sainte Alliance et fournirait à la France un allié de poids.
A Paris et à Saint Petersbourg, on se prodigue donc des attentions. Réceptions au sein des ambassades, entretiens discrets des ministres et ambassadeurs et autres occasions se multiplient. Petit à petit, les relations s'améliorent.
En l'absence de troubles sérieux en Europe, hormis les affaires de Belgique et d'Espagne, la politique extérieure française n'avait guère d'autres tâches sur lesquelles se pencher : améliorer ses relations, tenter de créer de nouvelles alliances, renforcer son influence là où elle était déjà présente.
Sur ce point, le traité Franco-Sarde de 1838 fut un grand succès de la diplomatie française.
Le Royaume de Piémont Sardaigne entrait ainsi officiellement dans la sphère d'influence française. Ainsi, en plus de la clause de la nation la plus favorisée, la France s'adjoignait un nouvel allié formel en Italie. Les trois principaux États italiens étaient des clients directs ou indirects de Paris.
Le 1er janvier 1839, la question de l'indépendance belge fut enfin réglée, après des années d’atermoiements.
Dans les faits, depuis 1831 la plupart des enjeux étaient déjà résolus par les grandes puissances. Manquait la bonne volonté des deux belligérants.
Les Néerlandais refusaient toujours de voir partir leurs provinces du sud et s'obstinaient à repousser le traité, espérant recréer les conditions nécessaires à la reconquête : peut-être en fracturant l'entente Franco-britannique sur le sujet, peut-être en s'assurant le concours de la Russie ou de la Confédération Germanique?
Les Belges, quant à eux, s'insurgeaient contre le prix à payer pour la paix perpétuelle et pour leur indépendance. La renonciation au Limbourg et à une partie du Luxembourg était une insulte insupportable à leur jeune orgueil national. Comment accepter que des provinces s'étant clairement ralliées à la révolution de 1830 et revendiquant leur appartenance au nouvel royaume fussent séparées de la patrie?
Eh bien, on l'accepte quand la pression des puissances et notamment de la première d'entre elles se fait trop lourde.
La Belgique accepta donc de céder le Limbourg et le Luxembourg aux Pays-bas. Ces deux provinces, techniquement membres de la Confédération Germanique, restèrent de jure disjointes du royaume des Pays-Bas. Si pour le Limbourg, la séparation fut des plus fictives, l'union personnelle avec le Luxembourg était un ferment de futures crises.
Les Pays-Bas, quant à eux, reconnurent l'indépendance de la Belgique et annoncèrent renoncer à leurs prétentions et revendication au sein du nouveau royaume.
Le tout était un succès magistral de la politique Britannique : la Belgique était fermement arrimée à l'influence Britannique tandis que les Pays-Bas, isolés, n'avaient d'autre voie possible que l'entente avec Londres.
Chez nous, la nouvelle fut accueillie avec assez peu d'intérêt, la question semblant réglée depuis 1831. Cependant, l'amertume et la fraîcheur néerlandaise envers les Britanniques fut notée à Paris.
On s'intéressait plus à l'affaire d'Espagne, qui avait tant occupé les esprits depuis l'éclatement de la guerre carliste. Aucune intervention ne fut nécessaire, en définitive. Les forces constitutionnelles, fidèles à la jeune reine Isabelle, semblaient en 1839 avoir repris la main sur les provinces du nord et étouffé les flammes de l'insurrection des carlistes. La royauté de juillet ne pouvait que s'en réjouir.
Elle ne put aussi que se réjouir, plus ou moins sincèrement, des événements de Parme. Le Duché, confié à l'ex-impératrice Marie-Louise, était de fait gouverné par un premier ministre la plupart du temps imposé par Vienne. Si la Duchesse était populaire, le premier ministre autrichien l'était bien moins et déjà en 1830 des émeutes avaient éclaté.
La duchesse Marie-Louise, de caractère doux et gentil, restait permissive et magnanime envers la charbonnerie et les autres sociétés secrètes radicales : ce qui devait arriver arriva, au printemps 1839 de nouvelles émeutes éclatèrent. Au cri de "vive la Duchesse! Une constitution! A bas le ministre!", les émeutiers s'emparèrent de la ville et la Duchesse n'eut d'autre choix que de se mêler, contrairement à son habitude, de politique en chassant le ministre puis en acceptant la rédaction d'une constitution.
Le gouvernement provisoire commit la constitution la plus avancée d'Europe à ce moment là : le régime ducal devenait constitutionnel (ce qui n'était pas pour déplaire à la duchesse Marie-Louise, peu désireuse de gouverner directement), fondé sur un suffrage universel pondéré par la contribution au cens, libéralisant totalement la presse et les associations professionnelles. A Paris, certains journaux ne cachèrent pas leur admiration pour l'audace parmesane...
Sur le plan diplomatique, la royauté nouvelle ne pouvait que féliciter le nouveau régime parmesan, du fait des origines émeutières maintenant partagées. De plus, le gouvernement provisoire local avait bien pris soin d'expulser tous les attributs de l'influence autrichienne. Le Duché de Parme n'avait plus de protecteur international et sa proximité avec le Piemont-Sardaigne nous offrait des opportunités fort intéressantes.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 4:44 pm
par aheuc
De monsieur Guigues-Amédée Aheuc, Député de l'Isère.
Monsieur le ministre des Affaires Etrangères, il a été porté à l'attention des honorables membres la Chambre des Députés que le Duché de Parme cherche actuellement à se libérer du joug despotique de l'empire Autrichien.
Nous, député libéraux, pensons qu'il est du devoir moral de la France, vue comme le phare de la liberté et du progès dans le monde, de répondre à cet immense cri de détresse. Il est de notre devoir moral d'aider ce petit pays courageux à se libérer des griffes de cette vieille monarchie vermoulue, véritable chimère anachronique, et de l'aider à aller vers les chemins de la paix et de la prospérité.
Nous implorons Sa Majesté et le gouvernement à formaliser officiellement l'amitié et la protection de notre Nation envers le Duché de Parme et à se montrer ferme envers la monarchie Autrichienne.
Nous proposons également que la France encourage l'union de tous ces petits Etats Italiens, frères de coeur et de langue, dans une seule Italie unifiée, amie de la France.
Vous ne nous avez pas écouté lors de l'affaire d'Algérie, nous prions pour qu'il en soit différememt pour cette fois. Nous nous permettons à ce titre de rappeler humblement que c'est nous, petits industriels et comerçant, parisiens et de province, qui sommes la clé de voute de ce régime, et non pas les vieilles perruques poudrées supportrices de la branche ainée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 4:49 pm
par GA_Thrawn
Journal de M. De Thrawnac, député de la Dordogne:
Aujourd’hui j’ai prononcé un vibrant discours à la chambre rappelant la gloire de la France en Italie et vitupérant contre l’hegemonie autrichienne. J’ai meme évoqué les gloires de mon père blessé aux batailles de Lodi et Rivoli (même si les fâcheux rappelleront qu’il s’agissait les deux fois de blessures a la fesse )
Mon devoir fait je suis parti dîner à l´auberge des trois faisans en me lamentant sur les queues plates de sous prefecture orléanistes en rêvant Au retour de l’Empereur dans les bras d’eugenie La goulue, la tenancière de ladite auberge.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 4:54 pm
par jagermeister
La France tu l'aimes ou tu la cliques.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 5:00 pm
par Emp_Palpatine
De monsieur Guigues-Amédée Aheuc, Député de l'Isère.
Monsieur le ministre des Affaires Etrangères, il a été porté à l'attention des honorables membres la Chambre des Députés que le Duché de Parme cherche actuellement à se libérer du joug despotique de l'empire Autrichien.
Nous, député libéraux, pensons qu'il est du devoir moral de la France, vue comme le phare de la liberté et du progès dans le monde, de répondre à cet immense cri de détresse. Il est de notre devoir moral d'aider ce petit pays courageux à se libérer des griffes de cette vieille monarchie vermoulue, véritable chimère anachronique, et de l'aider à aller vers les chemins de la paix et de la prospérité.
Nous implorons Sa Majesté et le gouvernement à formaliser officiellement l'amitié et la protection de notre Nation envers le Duché de Parme et à se montrer ferme envers la monarchie Autrichienne.
Nous proposons également que la France encourage l'union de tous ces petits Etats Italiens, frères de coeur et de langue, dans une seule Italie unifiée, amie de la France.
Vous ne nous avez pas écouté lors de l'affaire d'Algérie, nous prions pour qu'il en soit différememt pour cette fois. Nous nous permettons à ce titre de rappeler humblement que c'est nous, petits industriels et comerçant, parisiens et de province, qui sommes la clé de voute de ce régime, et non pas les vieilles perruques poudrées supportrices de la branche ainée.
Monsieur le député,
Ne doutez pas un instant de l'attention avec laquelle Sa Majesté et son gouvernement suivent la situation à Parme. applaudissements et marques d'assentiments à sur les bancs de droite
Nous ne pouvons que nous féliciter des nouveaux principes qui sont à l’œuvre à Parme, sous le patronage d'une Duchesse de si auguste mémoire pour notre patrie. assentiment au centre et à droite. hochements de tête poli au centre droit. Notre attachement aux idées de 1830 reste viscéral et je peux vous assurer que Sa Majesté le Roi en reste le premier défenseur et espère voir une nouvelle monarchie rejoindre les gouvernements français et britanniques sur cette voie.
Vous n'ignorez pas que la célérité des événements de Parme a pris toutes les chancelleries par surprise, empêchant toute intervention autrichienne contre le gouvernement provisoire. Ce dernier est maintenant reconnu de tous et j'ai l'honneur de vous assurer que M. le ministre d'Autriche en France nous garantit que son pays n'interviendra pas à Parme si le prix en est de violer les frontières du Duché contre son gré. Rumeurs d'assentiment à droite, au centre et à gauche.
La France partage cette opinion. Elle a déjà assuré l'Autriche et Parme de son amitié et nous sommes sûrs que dans l'avenir proche, nous pourrons arriver à un accord organisant le nouvel état des choses en Italie du nord. Permettez-moi cependant de vous rappeler que nous sommes les amis fermes de l'Empire d'Autriche et que si nous avons à cœur l'honneur et les intérêts du Royaume, nous n'avons pas, nous n'aurons jamais pour fins de détruire l'équilibre européen et de nous mener à la guerre générale pour des chimères!
C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous protégerons les intérêts de l'industrie et du commerce qui sont non seulement vos intérêts mais aussi ceux de la nation toute entière. applaudissements à droite et au centre.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 5:41 pm
par griffon
Pendant ce temps , en toute discrétion
Chers amis , merci d’être présents ce soir mais c'est notre dernière réunion entre ces murs qui , peut etre ont des oreilles
nous vous contacterons individuellement , par les moyens que vous connaissez , pour la prochaine réunion ....
En attendant je vous confie ces affiches tirées de l'oeuvre de notre grand ami Daumier du charivari
elles seront du plus bel effet sur les murs de Paris demain matin , soyez prudents tout de même , la cause a besoin de vous !
Daumier à un grand talent , les "représentants" De Coelion et De Thrawnac croqués lors d'un séance à la chambre
sont criants de vérité !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 6:22 pm
par Emp_Palpatine
En pleine expédition de Constantine, on se permet de chouiner à la Chambre sur les dépenses militaires.
Les deux partis constitutionnels sont de toute façon peu intéressés par la chose militaire.
Ca n'empêche pas un effort notable depuis 1836. L'amée était dans un état inquiétant : plus ou moins 120 000 hommes dont un tiers en Afrique du nord.
Depuis, c'est un effort continu pour améliorer la situation, dans les limites autorisées par la Chambre. Les effectifs auront bientôt doublé et sur le plan naval, de nombreuses constructions sont lancées.
La marine royale voit arriver en dotation ses premières frégates à vapeur.
Plus rapides, bénéficiant des dernières innovations dans l'armement, elles mettent la marine française à la pointe du progrès... a défaut d'être fort nombreuse.
L'Infanterie quant à elle toucha ses premiers fusils rayés.
Premier fusil rayé et premier fusil à percussion, la saut qualitatif est notable par rapport aux dérivés du modèle 1777 qui restaient encore en service.
Le système de percussion à capsule est déjà une petite révolution améliorant la fiabilité de l'arme, la précision et la portée. Autant d'éléments encore améliorés par le rayage du canon.
L'arme, souffrant de défauts de jeunesse, sera rapidement améliorée, pour la plus grande joie de la troupe.
Enfin, les efforts visant à développer le corps des officiers (utilisation des "focus nationaux") portent leurs fruits et le désordre qui régnait depuis 1830 est oublié. La troupe est à nouveau bien encadrée, disciplinée et fiable.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 6:53 pm
par Emp_Palpatine
Où l'on reparle de Louis-Napoléon Bonaparte.
M. le duc de Montebello, ambassadeur de France près la Confédération helvétique, a demandé au Directoire fédéral, par une note du 1er août, l'expulsion de M. Louis Bonaparte du territoire suisse. Cette note communiquée le 3 à la Diète ordinaire, actuellement réunie dans le ville de Lucerne, chef-lieu du canton directeur, n'a été suivie d'aucune délibération immédiate et l'objet qu'elle traite a été mis à l'ordre du jour pour la séance du 6.
Nous n'ajouterons rien pour aujourd'hui aux arguments développés avec autant de force que de modération dans cette pièce importante dont voici la teneur :
"A LL; EExc. MM. les avoyer et membres du Conseil d’État du canton de Lucerne.
Le soussigné, ambassadeur de S.M. le Roi des Français près la Confédération helvétique a reçu l'ordre de son gouvernement de faire à LL. EExc. MM. les avoyer et membres du Conseil d’État du canton de Lucerne, directoire fédéral, la communication suivante:
Après les événements de Strasbourg et l'acte de généreuse clémence dont Louis Napoléon Bonaparte avait été l'objet, le Roi des Français ne devait pas s'attendre à ce qu'un pays ami, tel que la Suisse et avec lequel les anciennes relations de bon voisinage avaient été naguère si heureusement établie, souffrirait que Louis Bonaparte revint sur son territoire, et, au mépris de toutes les obligations que lui impose la reconnaissance, osât y renouveler de criminelles intrigues et avouer hautement des prétentions insensées et que leur folie ne peut plus absoudre depuis l'attentat de Strasbourg. Il est de notoriété publique qu'Arenenberg est le centre d'intrigues que le gouvernement du Roi a le droit et le devoir de demander à la Suisse de ne pas tolérer dans son sein. Vainement Louis Bonaparte voudrait-il les nier. Les écris qu'il a fait publier tant en Allemagne qu'en France, celui que la Cour des Paris a récemment condamné, auquel il est prouvé qu'il avait lui-même concouru, et qu'il a fait distribuer, témoignent assez que son retour d'Amérique n'avait pas seulement pour objet de rendre les derniers devoirs à une mère mourante, mais bien aussi de reprendre des projets et d'afficher des prétentions auxquels il est démontré aujourd'hui qu'il n'a jamais renoncé.
La Suisse est trop loyale et trop fidèle alliée pour permettre que Louis Bonaparte se dise à la fois l'un de ses citoyens et le prétendant au trône de France; qu'il se dise Français toutes les fois qu'il conçoit l'espérance de troubler sa patrie au profit de ses projets, et citoyen de Thurgovie, quand le gouvernement de sa patrie veut prévenir le retour de ses tentatives criminelles. C'est donc avec la plus grande confiance, qu'au nom de son gouvernement, le soussigné présente à LL. MM. les avoyer et membres du Conseil d'Etat du canton de Lucerne, Directoire fédéral, en les priant de la porter à la connaissance de la haute Diète, la demande expresse que Louis-Napoléon Bonaparte soit tenu de quitter le territoire de la Confédération helvétique.
Le soussigné regarde comme superflu de rappeler ici à LL. EExc. les règles du droit des gens en pareille matière. Il ajoutera seulement en finissant, et d'après l'ordre qu'il en a reçu, que le France aurait préféré ne devoir qu'à la volonté spontanée et aux sentiments de bonne amitié de sa fidèle alliée une mesure qu'elle se doit à elle-même de réclamer enfin, et que la Suisse ne lui fera sûrement pas attendre."
Après sa tentative de Strasbourg, piètre coup de force de Carnaval où le prétendant lui-même avait dû se fournir en uniforme chez un costumier et un fripier pour ses affidés, avant de se faire arrêter par les troupes qui devaient l'amener au pouvoir, Louis Bonaparte avait bénéficié de la mansuétude naturelle de Louis-Philippe.
Lui épargnant le procès à la Chambre des Pairs qui l'eût vu très certainement condamné, Louis-Philippe fit embarquer le remuant Bonaparte sur un navire à destination des États-Unis non sans avoir, ultime mansuétude, discrètement fait charger à bord une caissette comportant près de 15 000 francs afin que le Prince subvînt à ses besoins.
L'air américain ne plut apparemment pas à Louis-Napoléon Bonaparte qui revint en Suisse et repris son agitation.
L'affaire n'alla pas trop loin. La Suisse argua de la qualité de citoyen de la Confédération du Prince, Paris fit se promener quelques régiments dans le Jura, Vienne soutint Paris, Louis Bonaparte annonça sa volonté de s'installer en Angleterre, la Confédération hélvétique pu sauver la face. Et la France mettre entre l'ambition de Louis Napoléon Bonaparte et elle-même les quarante kilomètres de la Manche.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:12 pm
par Coelio
La tolérance de la France envers le prétendu "prince" Bonaparte ne saurait durer. Cet agitateur ne doit pas être pris à la légère, son sang a fait trop de mal à la France. Le Roi serait bien avisé d'exiger que l'Angleterre mette aux arrêts ce comploteur. Et de se pencher, par la même occasion, sur l'opportunité d'autoriser le retour en France de son cousin Henri, qui ne demande qu'à servir la patrie.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:19 pm
par rooom
Eudes Conte de Penthièvre et député du Morbihan, s'adressant à la chambre:
Que de bonnes nouvelles chers députés, L'influence française semble grandir partout et cette révolte parmesane est comme une Ostie papale pour consolider notre position en Italie. Cependant j'entends ici et là des opinions laissant à penser que l'Italie pourrait s'unifier? D'une part une telle entreprise semble hautement improbable si tant est que les autres puissances y consentent et d'autre part, comment imaginer qu'une Italie unifiée serait sous influence française perpétuellement? Non vraiment c'est uen mauvaise idée.
Ensuite deux alliances viennent renforcer notre Nation et surtout démentir son isolement. Néanmoins cette alliance avec les états unis d'Amérique portent plusieurs complications qui pourraient être fatales.
La première est qu'elle pourrait provoquer la guerre contre le Royaume-Uni pour une querelle américaine qui aurait de fait très peu d'intérêt pour notre Nation. Doit-on rappeler le funeste destin de Louis le seizième, sauveur des Amériques?
La seconde est qu'inversement, les américains nous suivraient ils réellement si d'aventure, une guerre éclatait sur le continent. Qu'on-t-il vraiment à gagner?
La troisième est que cette alliance s'est faite sur la place publique ce qui est raison assez pour indisposer le Royaume-Uni et ainsi les encourager à maintenir un semblant de Sainte Alliance alors que la dissolution de ladite alliance semblait être l'obsession justifiée de la Nation.
Donc soit l'alliance est purement dissuasive mais va alerter les anglais soit elle est réelle mais dangereuse. Pourquoi ne pas s'être contenter d'un traité défensif? Voire secret?Je ne peux qu'être circonspect.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:22 pm
par Emp_Palpatine
J'avais oublié quelques petites choses dans le poste sur l'armée, c'est corrigé.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:30 pm
par aheuc
Il convient de féliciter le gouvernement de Sa Majesté pour sa clémence envers le prince Bonaparte. Cet élan de générosité et ce signe d'apaisement sont de bons augures pour la suite de son projet de réconciliation nationale.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:35 pm
par Emp_Palpatine
Le coup des 15 000 francs est authentique.
Louis-Philippe pouvait vraiment être digne du fruit de sa caricature : notamment il fait des pieds et des mains pour éviter l’échafaud à LNB mais en plus il lui donne une très grosse somme (on vivait avec 150/200 francs par mois à l'époque) sur ses propres fonds pour qu'il se refasse. C'est en arrivant à bord du navire que LNB découvrit le "paquet royal".
Pour comparer, la chambre avait voté pour la veuve du général Damrémont tué à Constantine une pension annuelle de 6000 francs.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:53 pm
par rooom
Comment ne pas s'éprendre d'amour pour notre tropbonne trop conne et clémente Majesté
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:53 pm
par Coelio
Mansuétude pour un roi est souvent faiblesse. Il n'y a qu'une seule politique avec les Bonaparte, l'extermination .
Par ailleurs, le parti légitimiste interpelle le ministère sur le déplorable précédent que peuvent constituer les alliances actuelles de notre pays : notre confrère breton a déjà souligné que l'alliance américaine n'avait pas été une réussite dans le passé, mais surtout, quel message envoyons nous ? Que nous soutenons des colons insurgés contre leur légitime monarque ? Faudra t-il s'étonner ensuite si l'une ou l'autre puissance soutient dans le futur en sous main les rebelles en djellabas ?
Quant à Parme, devons nous nous compromettre avec un "gouvernement" d'anarchistes et de charbonniers, qui ne peut qu'évoquer ceux qui ont le sang du roi martyr Louis sur les mains ? Surtout dans un état "gouverné" par la veuve Bonaparte ? Que l'on s'occupe du problème parmesan, soit. Mais de la seule manière que ces gens là l'entendent, la manière forte. Le duché de Parme appartient, de droit, aux Bourbons. La France devrait remettre sur le trône ducal le duc légitime, Charles-Louis, l'ancien roi d'Etrurie. Ce fidèle cousin du roi serait tout désigné pour ancrer solidement le duché dans l'orbite française, en chassant au passage les partisans bonapartistes et les agitateurs populistes.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 11, 2018 7:54 pm
par jagermeister
Depuis quand les culs bénis se mêlent de politique étrangère ?
Qu'ils retournent dans leur églises !!!
Je le dit bien haut, messieurs, ce sont des jean-foutre, oui, des jean foutre !
PS : j'aime cet aar.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 8:22 am
par Emp_Palpatine
Merci.
Je te promets une heure de gloire. Par exemple tu pourrais être coincé dans les toilettes de la Chambre.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 11:03 am
par GA_Thrawn
Ou il proposeraient une taxe sur les pissotieres!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 12:11 pm
par griffon
Ce message est uniquement pour les initiés
Réunion Vendredi soir , la ou vous savez
Nous accueillerons cérémoniellement le citoyen Jacques Ouatère parmi nous !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 12:21 pm
par Emp_Palpatine
GA_Thrawn a écrit :Ou il proposeraient une taxe sur les pissotieres!
L'argent n'a pas d'odeur!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 6:28 pm
par Chef Chaudard
L'ouvrier bronzier Chaudard sollicite une admission à la société secrète griffoniste ....
La monarchie de juillet est un édifice vermoulu. La seule solution, la République, une et indivisible !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 6:40 pm
par griffon
Oui , une , indivisible et .... sociale
Bienvenu citoyen Chaudard , nous sommes l'avenir !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 7:30 pm
par Emp_Palpatine
Extrait d'un rapport de la Sûreté Générale
[...]
Les récentes tentatives de régicide ont profondément scandalisé l'opinion, particulièrement l'affaire du boulevard du Temple, et ont conduit à une désaffection massive pour les éléments et les discours les plus radicaux.
[...]
Cependant, de sources sûres et concordantes, nous pouvons affirmer que des sociétés secrètes continuent leurs réunions et activités dans des lieux dûment identifiés et des conjurés connus de nos services. Des agitateurs de province ont ainsi trouvé refuge dans certains clubs clandestins et y poursuivent leur propagande.
La plupart de ces sociétés secrètes en restent au stade du verbiage et des n'ont pris aucune des dispositions pouvant permettre un passage à l'action, que ce soit par un attentat ou par l'émeute, mais la Sûreté Générale reste prête à se saisir des individus concernés si MM. le Préfet de Police ou le Ministre de l'intérieur en font la demande.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 12, 2018 9:20 pm
par Emp_Palpatine
La plus grande France.
La France, suite à la guerre de Sept ans puis aux aventures révolutionnaires et impériales avait perdu son premier empire colonial. La paix de 1815 ne lui avait laissé que quelques confettis de valeurs douteuse dans les Antilles, en Guyane, dans l'Océan Indien.
Le plus surprenant de ces vestiges était l'ombre de l'ancienne Inde française représentée par Pondichéry, capitale des Établissements français des Indes.
Curieusement, le territoire s'était avéré une destination d'émigration populaire et l'élément français y progressait dans les années 1830 et 1840. En 1839, les Français représentaient ainsi 13% des 120 000 habitants du territoire (les chiffres de population sont toujours à multiplier par quatre). La même année, les arrivées en provenance de France étaient deux fois supérieures à la natalité locale.
Cette popularité s'expliquait par le climat relativement clément du comptoir français, sa fertilité, son calme et la bonne intelligence qui y régnait avec les locaux.
De plus, l'éloignement de la métropole entrainait une certaine décontraction de la vie sur place, loin des tensions et rivalités pouvant marquer la société française en Europe.
Le palais du gouverneur.
Stratégiquement, le territoire était important sans être vital. C'était toujours une escale de plus dans l'Océan indien permettant aux flottes françaises de faire relâche. Cependant, il était évident pour tous, y compris les colons présents, que Pondichéry était indéfendable en cas de conflit contre les Britanniques.
Un régiment d'infanterie de marine, levé sur place parmi la population européenne, assurait la présence du drapeau et la défense symbolique de la colonie sans que personne n'eût le moindre doute sur ses chances face aux armées britanniques des Indes. Au sein de la colonie, l'opinion n'en était que plus favorable à l'entente avec le puissant voisin et à la préservation de la tranquillité de Pondichéry et des intérêts commerciaux.
Soldat de l'infanterie de Marine en grande tenue.
Pondichéry était en définitive une colonie modèle : calme, clémente, bien située et sans histoires. Autant d'éléments expliquant son succès auprès des candidats à l'aventure outre-mer.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 3:15 pm
par DarthMath
Chouette AAR ... beau travail !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 4:30 pm
par aheuc
Je note que le gouvernement attache plus d'importance aux chimères coloniales qu'au développement des industries et infrastructure du pays
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 9:09 pm
par Emp_Palpatine
Évolution économique et scientifique jusqu'à la campagne électorale de 1840.
Le monde des idées. La prospérité générale revient après les années d'incertitude. Développement du commerce et des industries. Le budget de 1839 illustre la bonne santé du pays. Les classes laborieuses s’accroissent.
Les progrès de la science et de l'esprit ne se limitaient pas aux innovations dans l'armement. Le développement de l'école positiviste eut ainsi de profondes répercutions sur l'état des mentalités en France. Axée sur le savoir humain et sur la recherche de lois scientifiques, la philosophie des disciples d'Auguste Comte a de l'influence sur la manière dont l'instruction se fait en France... elle a aussi ses détracteurs.
Les années 1836-1839 sont virent en effet l'essor et la popularité dans le monde des idées des écoles traditionalistes et paternalistes. Une telle tendance ne sera pas sans conséquences dans les mois et les années à venir.
C'est cependant principalement l'accroissement économique de ces années qui retient l'attention. Après les années confuses succédant aux événements de juillet, le calme retrouvé permettait aux intérêts du commerce et de l'industrie de prendre toute leur mesure; aux campagnes de produire sans crainte du lendemain. Le fil rompu depuis la fin de la Restauration reprenait sa vigueur.
C'est même, pour certains, un véritable "boom" économique qui saisit la France alors.
Signe de ces temps, les fabriques se développaient; les grandes manufactures de machines de Bourgogne représentant parfaitement ces nouveaux établissements. En même temps, le crédit se développait et la place de Paris voyait ses banques profiter de l'atmosphère générale.
Bien sûr, pour l’État, l'effet fut l'accroissement notable des contributions directes et indirectes, le retour à la santé financière de la fin de la Restauration.
Le gouvernement bénéficiait de la prospérité générale et pouvait accroître la plupart de ses budgets, au premier rang desquels l'Instruction Publique, le budget général des administrations et celui des armées.
Ce progrès et cette abondance avait aussi des répercutions sur la composition même de la société française.
Lentement0, la population des ouvriers, employés et contremaîtres s'accroissait et peuplait les villes.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 9:34 pm
par Emp_Palpatine
Le 1er Janvier 1840, le Moniteur publiait l'ordonnance royale par laquelle, conformément aux dispositions des articles 30, 41 et 42 de la Charte constitutionnelle, le Roi convoquait les collèges électoraux afin de renouveler la Chambre des députés arrivée en fin de mandat.
La campagne électorale commença.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 9:40 pm
par Azerty
Comment ce fait t'il que diverses entités étatiques Indienne ayant pour but de l'unifier aient des Cores sur Pondichéry, et alors même que le jeu s'arrête en 1936 ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 9:50 pm
par Emp_Palpatine
L'une n'existe pas. L'autre est Hyderabad, sous influence indienne.
Et il faut bien que quelqu'un ait des cores sur la province.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 9:52 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :L'une n'existe pas. L'autre est Hyderabad, sous influence indienne.
Et il faut bien que quelqu'un ait des cores sur la province.
C'est pourtant simple, la France...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 13, 2018 11:01 pm
par aheuc
Celà fait très longtemps que je n'ai pas joué à ce jeu, comment marche le système des élections déjà ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 7:07 am
par Emp_Palpatine
Quand le pays est en période électorale, des événements se déclenchent pour simuler les sujets de débat qui peuvent traverser l'opinion. Ils sont généralement à choix multiples et permettent d'influencer -un peu- le choix des pops. Ce sont ces dernières qui décident cependant et je n'ai jamais pu influencer une élection qui n'était pas déjà incertaine.
Les pops électrices (selon le mode de suffrage ) décident selon leur idéologie du moment mais aussi selon les thèmes qui dominent leur opinion ainsi que selon leur militantisme et leur conscience. Elles ne sont pas enfermées dans un parti même s'il y a des tendances.
Par exemple, on peut très bien avoir des ouvriers réactionnaires parce qu'ils sont contents de leur sort et que ce qui les intéresse est le maintien du capitalisme d'Etat.
La clef d'un système stable est la satisfaction des pops et leur calme.
Des pops à la conscience basse voteront selon les thèmes quel que soit leur parti préféré du moment mais favoriseront généralement le sortant. Avec une conscience élevée, elles choisiront plus de manière idéologique.
Le militantisme représente le radicalisme et des pops plus militantes préfèreront le parti le plus radical de leur spectre (i.e., des militants choisiront les communistes aux dépends des socialistes ou les radicaux aux dépends des libéraux).
Le mode de scrutin dépend de la réforme sélectionnée. En ce qui me concerne, c'est du scrutin majoritaire avec pour circonscription la province. Le parti arrivé en tête rafle la mise dans la province. Comme en France actuellement , c'est assez grossier et peut conduire à des résultats déformant beaucoup la réalité des votes.
Les autres options sont la proportionnelle intégrale et un système mixte. De toute façon, je ne peux pas réformer à l'heure actuelle....
A l'heure actuelle, le suffrage est censitaire pondéré : votent les classes riches et moyennes mais les votes des riches comptent plus et celui des classes moyenne est divisé par 3 ou 4. C'est pour simuler les suffrages censitaires à cens élevé mais permettant tout de même à une partie de la classe moyenne de voter.
Les autres possibilités sont le "landed" : cens très élevé où seuls les riches (aristocrates et capitalistes) votent; censitaire normal (Riches et classes moyennes votent à égalité); universel pondéré (Tout le monde vote mais les classes riches et moyennes ont plusieurs bulletins.) et universel.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 7:45 am
par stratcom
Emp_Palpatine a écrit :
Le palais du gouverneur.
Devenu hôtel de ville puis laissé à l'abandon, il a fini par s'effondrer en 2014.
Sinon, très bien.
On voit que c'est ta période de prédilection.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 10:58 am
par Emp_Palpatine
Merci!
Je compte bien faire en sorte que jamais ce bâtiment ne s'effondre!
Dans le cas où une province d'outre-mer atteindrait une majorité métropolitaine, elle recevra un core. J'espère constituer une série de points d'appuis comme ça.
L'exception étant l'Algérie qui en reçoit par events.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 2:44 pm
par Azerty
C'est vraiment bien fait ton mod...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 2:46 pm
par Emp_Palpatine
La base et les 80%, c'est le Pop demand mod. J'ai mis ma sauce après.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 2:47 pm
par Azerty
C'est comme pour les pâtes, c'est la Sauce qui fait toute la différence...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 3:08 pm
par Emp_Palpatine
Ah non. La cuisson est primordiale. C'est là où se plantent les français d'ailleurs.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 3:41 pm
par Azerty
Les Pâtes à la Palpat...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 7:23 pm
par Emp_Palpatine
Il est en des députés comme du reste de l'humanité. Nos représentants ont leurs passions et leurs faiblesses, leurs urgences et leurs défauts, leurs hypocrisies et leurs colères.
Un journal tel que le nôtre ne devrait pas s'emparer d'affaires telles que celle qui embarrasse M. de Thrawnac. Que M. le député badine avec les filles d'auberge et que cela choque la bonne société de Dordogne est une chose. Que la presse locale se délecte du scandale est une chose. Que M. de Thrawnac prétexte de ce flagrant délit pour s'attaquer à la liberté de la presse et aller clamer jusqu'aux tribunaux qu'il est maintenant nécessaire de resserrer le contrôle des publications en est une autre. Bien sûr, avec des lois plus dures encore que celles de 1835, M. de Thrawnac pourrait continuer à trousser l'aubergiste tandis que Mme de Thrawnac n'aurait perdu ni la face ni l'honneur, tandis que les occasions de sociabilité de la bonne société de la circonscription dordognaise se feraient sans ricanements au passage de M. le Député.
La liberté de la presse, M. le Député, ne s'émeut guère des incartades et de l'infidélité. C'est un principe sacré, protégé par notre révolution de juillet, qui ne doit pas s'éteindre pour protéger des chasses viriles. Que M. de Thrawnac laisse la presse tranquille et s'occupe de régler ses affaires conjugales. Il se dit que Mme de Thrawnac n'aurait plus vu son mari depuis et que M. utiliserait sa plainte ainsi que sa nouvelle passion concernant les délits de presse pour détourner les regards dont M. le député devrait se méfier; ils pourraient se remémorer son ultracisme sous Charles X, son réformisme soudain en 1830, son Orléanisme providentiel depuis.
Quoi qu'il en soit, bien que nous ayons de réels griefs envers le ministère, nous ne pouvons que nous féliciter de son attitude dans cette affaire et de sa défense de la presse à la tribune de la Chambre. Même si le rappel de certains faits a pu faire rougir M. de Thrawnac. La liberté de la presse vaut bien jupons découverts, maris embarrassés et femmes trompées.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 7:28 pm
par griffon
J'aime bien le style , on dirait du Dumas !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 8:22 pm
par Emp_Palpatine
C'est trop d'honneur!
J'hésite à attendre que M. de Thrawnac ait l'opportunité d'utiliser son droit de réponse avant de poursuivre le récit de la campagne.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 8:26 pm
par griffon
A cette heure ci ?
Mr de Thrawnac ronfle sur un banc de l'auberge des 3 faisans
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 14, 2018 8:30 pm
par Emp_Palpatine
On l'aurait vu quitter son hôtel particulier de Périgueux au milieu de la nuit, monter en fiacre et se diriger vers une maison de bien mauvaise réputation dans le département.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 15, 2018 9:48 am
par GA_Thrawn
Je n’ai pu rédiger mon droit de réponses qu’a la Lumière tremblotante d’une chandelle mais sachez M le Directeur de ce torchon, vous le pisse copie qui répandez ces bruits infâmes que je vous méprise profondement! Il me suffira de dire ici que j’ai Toujours été aussi fidèle au Roi qu’à mon épouse!
Si je ne souffrais de ce mal de dos cruel, sachez que je vous aurais jeté mon gant pour demander réparation. Au lieu de ca, vous me rendrez gorge devant la representation nationale! Cette loi permettra enfin de s’assurer que les propos d’une certaine presse de caniveau soient enfin conforme à la morale et à l’honneur!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 15, 2018 5:11 pm
par Coelio
GA_Thrawn a écrit : Il me suffira de dire ici que j’ai Toujours été aussi fidèle au Roi qu’à mon épouse!
C'est donc vrai que vous avez voté pour son exécution, donc ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 15, 2018 5:47 pm
par GA_Thrawn
Vous confondez avec mon oncle, François de Thrawnac, qui du fuir aux Amériques après a mort du tyran Robespierre, alors même qu’il avait dénoncé sa cachette aux conspirateurs! Ingrat peuple de France!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 15, 2018 5:53 pm
par griffon
Citoyen Jacques de Ouatère
vous avez parmi vos connaissances une dame de petite vertu présentant bien et avec un grand talent de comédienne
je vous propose de la faire passer pour une hypothétique "Duchesse de Montebello"
qu'il serait bon de présenter au réactionnaire Baron de Coelion , le scandale qui pourrait s'en suivre favoriserait notre cause
Salut et Fraternité
Citoyen Honoré Griffon
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 3:18 pm
par Emp_Palpatine
Les élections de 1840 et les festivités des dix ans.
Calme général du pays. Les élections sont accueillies avec une indifférence polie. La chute de la bourse. Les conférences scientifiques. L'exposition à Versailles. Le jubilé des dix ans. Le retour des Cendres de Napoléon. L'inauguration de la Colonne de Juillet. Calme des débats électoraux. L'intégration de St Pierre et Miquelon. L’État de l'opinion à la veille des élections et les résultats.
L'appel aux électeurs pour l'élection de la IVème législature prit place dans l'atmosphère d'un grand calme que nous avons déjà pu décrire. Les institutions selon la Charte se présentaient sous leur jour le plus normal, fonctionnant selon la lettre de la constitution. Mieux que ça, la IIIème législature était la première à arriver à son terme sans dissolution royale, preuve supplémentaire de la stabilité ministérielle et politique alors atteinte.
C'est ainsi que le pays accueillit les élections avec une certaine indifférence. La politisation de toutes les classes de la société avait reculé depuis 1836 et les commentateurs privés et publics rappelaient qu'alors la chose politique n'avait que peu de place dans les conversations et les soucis quotidiens. "A entendre certains, on put se prendre à douter qu'il existât en France un ministère, une Chambre et un Roi. Les choses semblaient suivre leur cours dans le plus grand calme et, à vrai dire, l'opinion paraissait ne se préoccuper que de ses affaires quotidiennes" expliquait un grand esprit du temps dans ses mémoires.
Cette indifférence de l'opinion était le fruit paradoxal de la popularité du régime et du calme qui régnait sur la France.
Le hasard voulut que quelques jours après la parution des ordonnances convoquant les électeurs, alors que tout le monde se félicitait alors de la prospérité générale, une émotion se fût saisie de la bourse de Paris.
Après les années d'expansion économique, une affaire mineure déclencha une panique boursière s'achevant par l'effondrement de la bourse le 4 janvier. La rente chuta, des épargnants furent ruinés. L'éclatement de la "bulle économique" était-il inévitable? Dans la frénésie industrielle et commerciale qui avait alors occupé la France, sans doute des abus furent-ils commis et certaines affaires économiques s'étaient avérées des chimères ou de bien mauvais montages.
Cependant, malgré la colère dans l'opinion et les pertes chez certains, les dégâts furent relativement modérés sur l'économie Française qui continua à progresser, certes à une vitesse ralentie.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 3:25 pm
par Azerty
Le fait d'avoir été en Boom économique à t'il aidé au développement de cette bulle ou c'est une représentation des cycles économiques de l'époque ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 3:52 pm
par Emp_Palpatine
La campagne n'empêcha pas la vie intellectuelle et artistique du pays. La première grande conférence scientifique nationale de Paris eut ainsi lieu durant l'hiver 1840. Les plus grands esprits du temps se réunirent, firent des communications, des publications, démontrèrent la vigueur de l'esprit scientifique et intellectuel du temps.
Du même, l'inauguration du Musée de l'Histoire de France, la Galerie des Batailles de Versailles, marqua les esprits du temps et fut une fête à la fois des arts et des gloires de la nation. Bien que tant Napoléon que Louis XVIII eussent eu la tentation de s'y installer, Versailles était à l'abandon depuis la Grande Révolution de 1789. Le gouvernement de juillet avait lancé de grands travaux de réfection et de rénovation du palais, le considérant comme un trésor national. Peu porté sur l'idée de s'y installer , la royauté nouvelle décida de la création d'un grand musée national, considérant que l'ancienne demeure royale serait l'écrin idéal pour la conservation des gloires et des chefs d'oeuvres de la race française.
L'inauguration fut un grand succès et la popularité du musée ne se démentit jamais, devenant rapidement une destination populaire.
Le Roi Louis-Philippe inaugurant la Galerie des Batailles.
Louis-Philippe quittant Versailles en compagnie de ses fils. Horace Vernet.
1840 marquait les dix ans depuis la chute de Charles X, les trois jours de juillet, l’avènement de Louis Philippe et la nouvelle Charte. Cette année là, en plus de l'inauguration de Versailles, le ministère organisa fort opportunément une série d'évènements et de festivités devant marquer le jubilé du régime, enraciner sa popularité, et signifier à la fois sa place dans l'histoire de France, sa solidité et son avenir garanti.
Premier de ces évènements, le retour des Cendres de l'Empereur Napoléon. A l'exact opposé de la Restauration, le régime de juillet avait embrassé l'héritage des gloires de la Révolution et de l'Empire. Comme pour l'Arc de Triomphe, il s'agissait surtout pour la royauté nouvelle de se vêtir des manteaux de gloire des régimes précédents, étant elle-même fort chiche dans le domaine. Alger ne valait pas Austerlitz.
La garde nationale de Paris formait la haie d'honneur le long des boulevard qu'emprunta le convoi mortuaire, derrière elle se massait des centaines de milliers de badauds apportant leurs derniers respects au corps de l'Empereur. On l'enterra sous le dôme des Invalides et l'illustre tombeau devint un lieu de pèlerinage un peu embarrassant pour le gouvernement de juillet.
Un mois plus tard, les festivités reprirent pour l'inauguration de la Colonne de juillet. Depuis 1830, les appels demandant une scepulture nationale aux morts des Trois Glorieuses s'étaient succédés. Le gouvernement avait finalement commissionné la construction d'un monument funéraire sous la forme d'une colonne à ériger sur la symbolique place de la Bastille.
Liturgies civiles et religieuses se mêlèrent pour la cérémonie. On donna un Requiem à St Germain de l'Auxerrois puis le convoi funéraire, escorté par la Garde Nationale et des unités de Ligne, fit route vers le monument, passant sous les fenêtres du Roi qui le salua et reçut en réponse des acclamations nourries. Sur place, Berlioz lui-même dirigea sa Grande symphonie funèbre et triomphale tandis que que les tués de juillet furent inhumés sous la Colonne.
On pourrait discuter de la pertinence, pour le régime de juillet, de célébrer à ce point à la fois le souvenir d'une période plus glorieuse, d'une autre dynastie et de l'esprit insurrectionnel. Le succès, sur le moment, n'est cependant pas contestable.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:04 pm
par GA_Thrawn
Par le diable! à peine ma réélection assurée, me voilà perdant de grosses sommes à cause des conseils d'investissement de ce maudit Coelio! Lui même semble étrangement avoir vendu ses titres avant la crise...
Il me reste heureusement quelques gros bourgeois de ma circonscription, prêt à payer pour mon influence dans l'obtention de quelques contrats. J'ai entendu qu'il y aurait de nouvelles commandes pour l'armée en raison des troubles en Algérie et que des investissements dans les chemins de fer étaient attendus. Nul doute que cette mode ridicule de voyager ainsi passera rapidement, mais en attendant, il y a probablement quelques argent à se faire...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:13 pm
par Coelio
La rente n'est pas des plus mauvaises, pour qui sait investir . Mes clients se félicitent toujours de mes bons conseils .
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:17 pm
par Emp_Palpatine
La campagne électorale continuait pendant ces événements, avec son manque de vigueur. Il serait bien malaisé de trouver un sujet de polémique qui marqua les discussions où les débats dans les journaux. Même le crack boursier de janvier ne mobilisait pas l'opinion outre-mesure.
On discuta ainsi de religion, certains s'étonnant du retour en grâce de cette dernière après l'anticléricalisme des premières années du régime.
Le conservatisme conquérant depuis 1835 s'accompagnait d'un renouveau du catholicisme et le moralisme régnait tant parmi l'électorat que parmi le reste de la population française.
Autre débat faisant irruption au cours de la campagne, l'esclavage. Toujours pratiqué aux Antilles, l'institution avait ses ennemis dans l'opinion et un incident leur permit d'ouvrir le débat sur cette question.
Dans la presse, dans l'opinion et même à la Chambre, les arguments abolitionnistes portèrent et des jalons pour l'avenir furent poser à ce moment.
Sur le plan colonial, puisque nous y sommes, la Chambre adopta une loi surprenante visant à départementaliser Saint Pierre et Miquelon.
Peuplée de pêcheurs français, sans histoire, la petite colonie fut réunie aux autres départements. Cette décision de la Chambre avait plusieurs objets. Tout d'abord, normaliser la situation d'une île française, sans population indigène et dont la vie était celle de la métropole. Ensuite, assurer l'avenir de cet îlot français dans l'océan Anglo-saxon de l'Amérique du Nord : hors de question, en cas de conflit avec les Britanniques, de s'emparer d'un département français aussi facilement que d'un établissement colonial. Enfin, départementaliser l'île allait permettre, par quelques artifices juridiques, de diriger les efforts de colonisation vers d'autres établissements d'outre-mer.
A la veille de l'élection, quel était l'état de l'opinion en France?
Les remous liés au crack boursier de Paris commençait déjà à se calmer au printemps, bien que l'on puisse dire que les demandes de protectionnisme en étaient l'une des conséquences les plus visibles. L'autre grande demande de l'opinion était liée au renouveau religieux que nous avons évoqué plus haut. Stabilité économique et ordre moral étaient les attentes tant de l'opinion que des électeurs, rien de surprenant pour un pays conservateur au 2/3 à ce moment de son histoire.
Sans surprise, les élections eurent pour résultat une victoire magistrale des candidats ministériels, l'opposition de droite ou de gauche étant réduite à la portion congrue. Même M. de Thrawnac fut réélu, malgré le climat de moralité qui régnait dans le pays.
Tout le monde se félicita des résultats, interprétés comme un symptôme supplémentaire du calme et de la popularité du régime.
Sans doute à tort...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:21 pm
par Emp_Palpatine
Vous pouvez choisir votre place si vous le voulez.
Le scrutin majoritaire du jeu étant encore plus violent que celui de la Vème république, on considérera que les conservateurs ont les 2/3 des sièges, le reste étant partagé entre légitimistes et libéraux. 1 ou 2 griffoniens, même pas.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:23 pm
par Emp_Palpatine
Azerty a écrit :Le fait d'avoir été en Boom économique à t'il aidé au développement de cette bulle ou c'est une représentation des cycles économiques de l'époque ?
Ce sont des événements qui te donnent une tendance économique.
En définitive, l'impact est modéré même si des négatifs peuvent être bien pénibles en terme budgétaire. Généralement, quand tu as un événement positif, il y a un retour de bâton quelques années plus tard.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:43 pm
par Reborn
Les colonies, les colonies, c'est bien beau tout ça ! Mais qu'en est-il du développement de nos régions ?
Vous n'êtes pas sans savoir que la Bretagne a particulièrement souffert lors du règne du tyran corse. La Marine est dans un état déplorable et je ne vous parle pas de l'arsenal de Brest.
Non à l'Algérie, oui à Pontivy !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:51 pm
par GA_Thrawn
En homme prudent, je me positionnerais au centre droit, prêt à basculer du côté le plus opportun
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:52 pm
par Emp_Palpatine
Les colonies, les colonies, c'est bien beau tout ça ! Mais qu'en est-il du développement de nos régions ?
Vous n'êtes pas sans savoir que la Bretagne a particulièrement souffert lors du règne du tyran corse. La Marine est dans un état déplorable et je ne vous parle pas de l'arsenal de Brest.
Non à l'Algérie, oui à Pontivy !
Les forces vives du pays travaillent toutes seules.
Sachez cependant que l'arsenal de Brest a été remis en état. De plus, si vous aviez lu avec attention les précédentes nouvelles, vous sauriez qu'un très ambitieux programme de construction et de rénovation navales a été lancé. Notre marine n'a quasiment plus que des frégates à vapeur, cas unique dans le monde.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:57 pm
par Reborn
Emp_Palpatine a écrit :Les forces vives du pays travaillent toutes seules.
Sachez cependant que l'arsenal de Brest a été remis en état. De plus, si vous aviez lu avec attention les précédentes nouvelles, vous sauriez qu'un très ambitieux programme de construction et de rénovation navales a été lancé. Notre marine n'a quasiment plus que des frégates à vapeur, cas unique dans le monde.
Une marine composée de 6 navires. On doit pouvoir défier le Pérou avec ça.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 4:58 pm
par Emp_Palpatine
60 unités de ligne.
Je sais que illettrisme règne en Bretagne, mais tout de même!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 5:00 pm
par aheuc
Emp_Palpatine a écrit :Vous pouvez choisir votre place si vous le voulez.
Le scrutin majoritaire du jeu étant encore plus violent que celui de la Vème république, on considérera que les conservateurs ont les 2/3 des sièges, le reste étant partagé entre légitimistes et libéraux. 1 ou 2 griffoniens, même pas.
En homme de conviction, je me positionne toujours parmis les libéraux, mais en même temps dans une opposition constructive à la Monarchie de Juillet (Ce qui revient au centre-gauche )
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 5:07 pm
par Emp_Palpatine
aheuc a écrit :
En homme de conviction, je me positionne toujours parmis les libéraux, mais en même temps dans une opposition constructive à la Monarchie de Juillet (Ce qui revient au centre-gauche )
Et à la gauche. Ta description correspond à la gauche dynastique type Thiers, Molé, Barrot.
L'opposition républicaine, c'est l'extrême gauche.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 5:30 pm
par GA_Thrawn
y'avait des députés ouvertement bonapartistes à l'époque?
Ca serait surprenant mais en même temps...le Roi louis philippe était une telle couille molle Le francois hollande de l'époque!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 5:43 pm
par Emp_Palpatine
Non.
Chez les républicains c'est un peu plus compliqué par contre. Il y avait un courant bonapartiste mais plutôt du genre nostalgique et "consulaire" depuis la mort de l'Aiglon. On pense ainsi à Jérôme comme chef d'une future république.
Ce sont les échecs successifs de LNB à prendre le pouvoir qui vont le faire connaître ainsi que ses écrits mais surtout la fin de son exil et le suffrage universel qui vont ressusciter le mouvement.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 7:21 pm
par Locke
Emp_Palpatine a écrit :Le scrutin majoritaire du jeu étant encore plus violent que celui de la Vème république, on considérera que les conservateurs ont les 2/3 des sièges, le reste étant partagé entre légitimistes et libéraux. 1 ou 2 griffoniens, même pas.
Rapport du préfet de l'Aube Jean Lauques à l'attention du Ministère de l'Intérieur :
"Mon cher ministre,
Eu égard du résultat des dernières élections, le cabinet ministériel peut indubitablement se féliciter de son succès plein et entier. Cependant, la réalité du terrain me pousse à vous informer des différents politiques qui animent notre grande famille loyale à notre roi Louis-Philippe. C'est ainsi que, des trois députés élus dans mon département, MM. Armand et De Mesgrigny sont tout acquis à la Charte. Cependant, le représentant Stourm, qui s'est fait élire sous notre étiquette, est connu comme le loup blanc pour ses sympathies libérales non-doctrinaires. Il en est ainsi pour tout le pays et, m'ennuyant par un dimanche pluvieux, je me suis surpris à faire le compte de ces différentes obédiences en consultant le Moniteur Universel à partir des personnalités que j'ai pu identifié dans mes différents annuaires. Veuillez en trouver le résultat ici, sur les 556 députés de notre chambre :
- Doctrinaires et Résistance : 306 députés
- Mouvement et Tiers Parti : 125 députés
- Légitimistes : 77 députés
- Libéraux et Républicains : 48 députés
En vous ayant fait parvenir ces informations, j'espère avoir contribué à éclaircir la pensée du cabinet ministériel face à cette nouvelle donne politique.
Avec mes respectueux hommages, je vous prie d’agréer, mon cher ministre, l’expression de ma très haute considération.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 7:24 pm
par Azerty
Quelle est la position économique de ces différents partis ?
Et au fait, c'est quoi ces votants "séparatistes" ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 7:29 pm
par GA_Thrawn
C’est reborn
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 8:33 pm
par Reborn
GA_Thrawn a écrit :C’est reborn
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 17, 2018 9:06 pm
par Coelio
En qualité de chef de file des légitimistes, je me mets tout à droite et en haut de l'hémicycle
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 1:55 am
par Elvis
GA_Thrawn a écrit :y'avait des députés ouvertement bonapartistes à l'époque?
Ca serait surprenant mais en même temps...le Roi louis philippe était une telle couille molle Le francois hollande de l'époque!
Le problème de Louis Philippe, qui a sans aucun doute été le meilleur Roi des Français de toute l histoire de France, est qu'il a voulu mener une politique de consensus national en ménageant tout le monde, des Légitimistes jusqu' aux Républicains, et même bonapartiste, - rappelons qu'il a fait ramener les cendres de Napoléon et organiser son inhumation aux Invalides - et que donc finalement il n a séduit personne malgré tous les espoirs mis en lui en 1830
Victor Hugo a propos de Louis Philippe :1789 a accouché d'un monstre, 1830 d'un nain...
Mais amis Républicains, souvenons nous que le citoyen Louis Philippe a combattu a Jemmapes et Valmy
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 8:15 am
par Coelio
Elvis a écrit : souvenons nous que le citoyen Louis Philippe a combattu a Jemmapes et Valmy
Je ne l'oublie pas plus que le vote régicide de son père. La damnation éternelle pour les deux
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 10:55 am
par Emp_Palpatine
Azerty a écrit :Quelle est la position économique de ces différents partis ?
Et au fait, c'est quoi ces votants "séparatistes" ?
Conservateurs et gauche dynastiques sont pour le laissez-faire.
Les légitimistes soutiennent ce que le jeu appelle "capitalisme d'Etat", où le joueur peut directement construire des usines. (pratique!)
Je me refuse de regarder la position des républicains.
Des séparatistes? Où ça?
Les pops de culture non acceptée (chez moi les barbares bretonophones et germanophones) peuvent voter pour des partis protestataires de leur propre culture. C'est donc soit Reborn, soit des Alsaciens puisque l'Algérie et les autres provinces coloniales n'ont pas encore le droit de vote.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 11:01 am
par Emp_Palpatine
Elvis a écrit :
Le problème de Louis Philippe, qui a sans aucun doute été le meilleur Roi des Français de toute l histoire de France, est qu'il a voulu mener une politique de consensus national en ménageant tout le monde, des Légitimistes jusqu' aux Républicains, et même bonapartiste, - rappelons qu'il a fait ramener les cendres de Napoléon et organiser son inhumation aux Invalides - et que donc finalement il n a séduit personne malgré tous les espoirs mis en lui en 1830
Victor Hugo a propos de Louis Philippe :1789 a accouché d'un monstre, 1830 d'un nain...
Mais amis Républicains, souvenons nous que le citoyen Louis Philippe a combattu a Jemmapes et Valmy
Il n'y a eu que deux rois des français, et l'autre est Louis XVI.
Il n'a pas été fondamentalement mauvais, effectivement, et son règne ainsi que son système étaient viables. J'ai lu une biographie il y a deux-trois ans, écrite par un britannique. C'est toujours bien plus constructif de lire les historiens étrangers sur notre propre histoire, ils ne sont pas prisonniers de pré-conceptions ou d’allégeances historico-idéologiques. Pour faire court, il faisait un parallèle entre le régime britannique de l'époque et celui de la France pour conclure à leur grande similitude et aux mêmes problèmes. La différence étant que d'un côté la réforme électorale fut faite, de l'autre non. Deux choses ont condamné la monarchie de juillet (en plus d'abandonner en 48) : le refus de la réforme électorale et la mort du Duc d'Orléans.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 11:03 am
par Emp_Palpatine
Locke a écrit :
Rapport du préfet de l'Aube Jean Lauques à l'attention du Ministère de l'Intérieur :
"Mon cher ministre,
Eu égard du résultat des dernières élections, le cabinet ministériel peut indubitablement se féliciter de son succès plein et entier. Cependant, la réalité du terrain me pousse à vous informer des différents politiques qui animent notre grande famille loyale à notre roi Louis-Philippe. C'est ainsi que, des trois députés élus dans mon département, MM. Armand et De Mesgrigny sont tout acquis à la Charte. Cependant, le représentant Stourm, qui s'est fait élire sous notre étiquette, est connu comme le loup blanc pour ses sympathies libérales non-doctrinaires. Il en est ainsi pour tout le pays et, m'ennuyant par un dimanche pluvieux, je me suis surpris à faire le compte de ces différentes obédiences en consultant le Moniteur Universel à partir des personnalités que j'ai pu identifié dans mes différents annuaires. Veuillez en trouver le résultat ici, sur les 556 députés de notre chambre :
- Doctrinaires et Résistance : 306 députés
- Mouvement et Tiers Parti : 125 députés
- Légitimistes : 77 députés
- Libéraux et Républicains : 48 députés
En vous ayant fait parvenir ces informations, j'espère avoir contribué à éclaircir la pensée du cabinet ministériel face à cette nouvelle donne politique.
Avec mes respectueux hommages, je vous prie d’agréer, mon cher ministre, l’expression de ma très haute considération.
Merci M. Lauques.
Sachez que je toucherai un mot de vote dévouement au Roi dont je sais qu'il médite une nouvelle fournée de Pairs pour la chambre haute.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 11:48 am
par Coelio
Emp_Palpatine a écrit :. Deux choses ont condamné la monarchie de juillet (en plus d'abandonner en 48) : le refus de la réforme électorale et la mort du Duc d'Orléans.
Balivernes. Ce qui a condamné la monarchie de juillet, c'est la malédiction qui frappe les traitres et les usurpateurs . Et c'est cette malédiction qui en plus fait que tous leurs descendants actuels sont ridicules
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 12:14 pm
par Emp_Palpatine
La législature des six mois.
Apparente solidité de la majorité. La difficile constitution d'un ministère. Le renouveau de la contestation libérale et radicale. Effets de la Loi Guizot sur l'instruction publique. Développement des chemins de fer. Raidissement de l'opinion conservatrice. L'affaire de Boulogne. La chute du ministère. Dissolution de la Chambre.
Conservateurs et ministériels étaient grisés par le résultat des élections mais ne tardèrent pas à constater l'artificialité des allégeances. De nombreux candidats, profitant de la popularité du gouvernement sortant, s'étaient présentés sous une étiquette ministérielle quand leur réalité politique et idéologique était plus complexe. Des documents portés aux archives, telles que le rapport du préfet Lauques, éclairent sur la situation réelle des rapports à la Chambre. Les conservateurs et doctrinaires, occupant les 2/3 des sièges, allaient des quasi-légitimistes, des tenants de l'ordre au centre droit proche des libéraux dynastiques, le tout lié par une vague étiquette ministérielle.
Ainsi, paradoxalement, la domination écrasante des conservateurs et des doctrinaires à la Chambre rendit la constitution d'un ministère ardue. l'excès de succès peut s'avérer aussi embarrassant que la défaite. Les ambitions et les convictions se heurtaient, chacun estimant son heure venue d'obtenir un portefeuille ou la présidence du conseil. Les tractations et les coups du sonde du Palais durèrent plusieurs semaines pendant lesquelles le gouvernement sortant expédia les affaires courantes.
Le Roi, ne pouvant accorder les ambitions et les rivalités concordantes d'un Guizot, d'un Molé et même d'un Thrawnac se permettant de briguer des postes, nomma finalement un gouvernement présidé par le Ministre de la Guerre, un général falot et peu politique. A très court terme, le mouvement fut intelligent. Il coupa court aux interminables tractations et potentiellement laissait la situation se décanter. Cependant, il était évident qu'un tel gouvernement serait dirigé par ses ministres les plus influents, tels que M. Guizot, et pas par son chef. Pis encore, les ambitions n'attendraient qu'une crise pour faire chuter le brave général.
Et de crise, l'avenir semblait prometteur. Cet été 1840 fut marqué par un renouveau de la contestation libérale et radicale dans toute l'Europe. Le mouvement ne concernait pas seulement la France : partout, les sociétés secrètes se constituaient et complétaient tandis que la presse libérale se faisait plus mordante et plus contestataire.
En France, les rapports préfectoraux et de la Sureté Générale inquiétèrent à partir de l'automne tant le gouvernement que les députés les plus informés. La conscience politique des libéraux s'accroissait en même temps que leur propagande leur amenait de nouveaux convertis. Depuis 1835, la contestation était silencieuse et peu populaire. Elle reprenait de la voix.
La brièveté du ministère ne permet pas de longuement disserter sur sa politique économique ou son impact sur la vie française. Le gouvernement des six mois bénéficia surtout des conséquences de choix fait sous le précédent ministère. Ainsi, les effets de la Loi Guizot se faisait sentir de plus en plus et l'instruction publique date de ces années. Pas encore obligatoire, elle était cependant suivie par la plupart des enfants. Théoriquement payante, les dispositions de la loi faisaient que les plus modestes étaient exemptés des coûts.
De même, l'inauguration des premiers chemins de fer dépassant les quelques diazines de kilomètres n'était que le fruit des investissements privés encouragés par le précédent ministère. Des lignes locales existaient déjà, le plus souvent sur quelques kilomètres, reliant quelques villes à leur chef lieu ou des zones industrielles à des centre-villes. 1840 marqua l'arrivée des premières lignes joignant les villes importantes de différents départements et, bientôt, traverser le pays serait l'affaire de quelques jours au lieu de quelques semaines. La France, soudainement, se faisait plus petit et tout se faisait plus proche.
Le renouveau libéral ne se fit pas sans réaction. Le chaos qui avait suivi 1830 jusqu'à la politique de résistance du ministère Perrier avait laissé des traces et bien que le calme régnât depuis des années, on craignait toujours un retour de l'anarchie et de l'agitation. Les premiers rapports, articles et faits-divers indiquant que l'opposition se reprenait entraîna bien évidement une réponse rapide, quasiment épidermique, de l'opinion conservatrice et des députés concernés. Que soit à la Chambre des Pairs ou à la Chambre des députés, plusieurs manifestèrent bruyamment leur rapprochement des tenants de l'ordre et de l'aile droite des deux chambres. On reprochait au ministère, et même à la royauté de juillet en général, sa trop grande magnanimité voire son laxisme face à ses ennemis.
La première affaire qui fit trembler le ministère fut, en vérité un fait divers. Des sergents de ville trop zélés arrêtèrent trois pauvres larrons discutant trop longuement sur un trottoir pour violation des règlements sur l'association et les réunions.
Le ridicule de l'affaire enflamma l'opinion des deux camps, la presse libérale et radicale s'attaquant à l'absurdité et au zèle policier, les conservateur voyant une preuve de plus des dangers qui couvaient. On attaqua le ministère à la Chambre, l'implorant de ne pas céder, l'adjurant d'être sévère contre trois amis ayant discuté un peu trop longtemps.
Les choses en seraient resté là si un incident autrement plus grave ne se fut pas produit. Louis Napoléon Bonaparte, exilé en Grande Bretagne depuis l'affaire Suisse, n'était pas resté inactif. Il était illusoire de penser que les quelques kilomètres de la Manche eussent pu représenter une barrière suffisante à son obstination et à son ambition.
A la fin de novembre, le prétendant impérial s'embarqua clandestinement et débarqua dans le Pas de Calais. Le plan de sa conjuration était similaire à celui de Strasbourg : soulever un premier régiment puis en entraîner d'autres qui le conduiraient à Paris, à l'image du vol de l'aigle des Cents Jours.
A la décharge du prétendant et de ceux qui réagirent vigoureusement à la tentative, l'esprit de l'époque était à la légende napoléonienne, sciemment (et peut-être stupidement) encouragée par la royauté de juillet. Etait-il si improbable pour Louis-Napoléon d'espérer un succès? Si le mécontentement avait été plus important, qui sait...
L'affaire fut, bien sûr, un échec. Le 42è de Ligne, stationné à Boulogne, ne se souleva point et le conspirateur, encerclé avec ses séides par la gendarmerie, fut blessé d'une balle.
Les choses auraient pu en rester là. Elles ne le firent pas l'opinion conservatrice s'enflamma. On critiqua la mansuétude de la monarchie, le laisser-aller de la Sûreté, le laxisme de la justice qui avait laissé filé le Prince. Un nombre conséquent de député se désolidarisa du ministère et à la Chambre des Pairs on réclamait un nouveau gouvernement. Pour les doctrinaires, les légitimistes, les ambitieux, l'occasion était trop belle de faire chuter le ministère.
Quelques jours après l'affaire de Boulogne, le gouvernement fut mis en minorité à la Chambre et présenta sa démission au Roi. Louis-Philippe, dans un mouvement d'humeur inhabituel chez lui, se refusa de jouer le jeu des ambitions. Le Roi, comme tous les observateurs, voyait bien la main de Guizot et d'autres candidats à la présidence du conseil dans la chute du ministère. Il sentait aussi la colère de l'opinion et celle des électeurs. Les esprits les plus calmes tentèrent de raisonner le Roi, lui exposant le danger de ses projets considérant l'échauffement des idées chez les électeurs. Rien n'y fit.
Fin novembre, le Roi prit acte de l'éclatement de la majorité, de l'impossibilité de prolonger le ministère et des changements dans l'opinion et prononça conformément aux dispositions de l'article 42 de la Charte la dissolution de la Chambre puis convoqua des élections pour 1841. La IVè législature avait vécu. Elle n'avait pas duré six mois.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 18, 2018 12:45 pm
par griffon
Triste époque
L'avenir nous tourmente , le passé nous retient , c'est pour ça que le présent nous échappe
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 6:32 pm
par Chef Chaudard
Et pendant ce temps, dans les sombres tavernes enfumées des faubourgs et du quartier latin, étudiants faméliques, grisonnants demi-soldes et hirsutes ouvriers complotent la fin du régime monarchique honni de tous les amis de la liberté....
La société secrète de la Griffonerie recrute en masse !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 6:42 pm
par Emp_Palpatine
En masse, en masse...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 7:42 pm
par Coelio
S'agirait de grandir
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 8:18 pm
par Emp_Palpatine
Les élections de 1841
État de l'opinion. L'esprit de résistance ressuscité par les demandes d'ordre, voire de réaction. Le traité Franco-néerlandais. Les allégeances changent dans les Chambres. La Loi militaire de 1841. Les débats de la campagne marqués par la réaction croissante. L'opinion à la veille de l'élection. Les résultats.
Les Français sont versatiles et au moindre frémissement, leur fibre latine échauffe leurs attitudes et leurs opinions. Les événements de l'automne 1840, et particulièrement l'affaire de Boulogne, avait chauffé à blanc l'esprit des conservateurs. L'opinion nationale restait majoritairement conservatrice et les doctrinaires pouvaient encore espérer conserver la majorité mais chez les électeurs la demande d'ordre était affirmée : l'esprit de résistance, incarnée par un vague parti de l'ordre s'organisant autour des légitimistes, s'organisait.
État de l'opinion en janvier 1841
Ainsi, les anciens soutiens de la Restauration relevaient la tête et se faisaient plus bruyants. A la Chambre des Pairs, le mouvement fut particulièrement notable. On remarqua bien vite que cette assemblée, d'ordinaire si policée, se faisait plus remuant et plus critique contre le ministère, joignant sa voix à la Chambre des Députés dans le demande d'ordre.
C'était l'esprit de Résistance qui avait marqué les années 1831-1832 qui ressuscitait, on en appelait aux mânes de Casimir Perrier qui avait su ramener l'ordre dans le pays et réduire au silence par sa réussite les ennemis des institutions et de la monarchie. Cependant, Perrier manquait et le Roi avait choisi de demander l'arbitrage des électeurs. Dans le fond la réaction des Chambres et des citoyens actifs était sans doute excessive, le renouveau de l'agitation ne menaçant alors pas encore la royauté de juillet tandis que la victoire des adeptes de la résistance et un ministère "dur" était susceptible de déclencher des réactions épidermiques au sein de la gauche dynastique, pour ne rien dire des agitateurs radicaux.
Les légitimistes profitaient de cet état de chose. Leurs critiques vigoureuses portant sur le laxisme de la royauté nouvelle étaient vues sous un nouveau jour et on commença à y voir plus de sincérité et de justesse. Autour d'eux se coalisaient la demande de fermeté qui montaient des profondeurs du pays et chez les électeurs.
Les affaires intérieures et extérieures, si elles ne recevaient guère d'attention dans les journaux et l'opinion en ces semaines agitées, continuaient leur chemin. Passé relativement inaperçue alors, la signature du traité Franco-Néerlandais fut une victoire diplomatique notable pour notre diplomatie.
Les Pays-Bas nous ouvraient leur marché et entraient dans une alliance militaire avec nous. L'équilibre à nos frontières du nord était de plus rétabli, l'alliance hollandaise permettant de compenser l'étroitesse des liens britanniques avec la Belgique. De plus, les Pays-Bas disposaient de forces notables pouvant nous appuyer, dût un conflit éclater contre la Prusse ou les Britanniques. A Londres, on goûta la nouvelle avec déplaisir mais philosophie, les diplomates français ayant soustrait les Pays-Bas à l'influence britannique mollement consentie par La Haye. Cependant, on comprit qu'il s'agissait là d'un rééquilibrage des équilibres sur les rives de la mer du Nord et les cajoleries de nos ambassadeurs finirent de convaincre les Britanniques d'accepter que le nouvel état de chose n'était pas une agression à leur égard
Au sein des Chambres, avant même le résultat des élections, les allégeances et affiliations avaient commencé à bouger. La demande d'ordre s'accompagnait d'une demande de plus grande force des armes françaises. La Garde Nationale suffirait-elle à contenir les agitations que tous craignaient dans leurs phantasmes? Pouvait-on, de plus, lui faire confiance? On respectait la Garde Nationale comme pilier de la monarchie de juillet, on craignait l’imprévisibilité de certains de ses hommes, toujours susceptibles, comme leurs prédécesseurs de 1791-92, de rejoindre les radicaux. Conservateurs des deux Chambres et gouvernement étaient d'accord sur le fait que la Ligne était une troupe plus sûre et plus fiable en cas de troubles.
La question militaire n'était pas seulement intérieure. L'armement français avait fortement regagné en vigueur depuis 1830. En 1835, l'armée encore affaiblie par juillet n'alignait que 100 000 hommes. En 1840, ce chiffre atteignit 300 000, dont 50 000 en Algérie. On était ému, cependant, d'à peine dépasser les effectifs prussiens et de ne toujours pas être à la parité avec l'Empire d'Autriche. Bien plus, l'absence de réserves inquiétait.
La Loi militaire de 1841 fut à la réponse à ces émotions.
La Loi Gouvion-Saint Cyr fut amendée pour y supprimer le remplacement. Les mauvais numéros continueraient d'être appelés pour six ans tandis que les bons devraient être incorporés un an. Le dessein était moins de renforcer les effectifs de l'armée d'active, pour lesquels le volontariat et les mauvais numéros devraient continuer à suffire, que de fournir plus de réservistes potentiels en cas de besoin.
La loi de 1841 n'était des plus populaires chez les jeunes hommes, bien que pour le moment son application promît d'être partielle. On l'acceptât en maugréant, habitués par ailleurs à attendre le conseil de révision, autant que l'attente ne se fît pas pour rien.
En plus des discussions martiales, la campagne se tentaient de conservatisme et de demandes que les réactionnaires n'eurent pas désavouées.
Les partisans de la résistance s'insurgeaient contre l'activité parfois fort peu discrète de société secrètes subversives, ils rappelaient les méfaits de la charbonnerie, les tentatives de régicide, l'affaire du boulevard du Temple.
Là encore, force et sévérité étaient demandées.
Il n'était pas jusqu'à la liberté de la presse qui était contestée. La loi de 1835 avait pourtant rétabli des limites s'apparentant à une censure a posteriori. L'espoir était-il d'étouffer dans l'oeuf la voix des feuilles libérales ou, surtout radicales? Un an auparavant, M. de Thrawnac faisait rire à la Chambre, en exigeant que les ciseaux du censure protégeassent ses mœurs. On ne riait déjà plus.
Toujours dans la presse, le dévoilement des conditions d'indigence dans lesquelles certaines casernes étaient plongées excita encore un peu plus l'opinion. On accusa le ministère de négliger le bien être de la troupe, de ne pas investir assez.
Le gouvernement conduisit au tribunal quelques officiers et hommes d'affaires s'étant enrichis sur le dos des soldats, mais là aussi le mal était fait.
A la veille de l'élection, l'opinion était majoritairement demandeuse d'ordre, comme les polémiques sur les dépenses militaires le laissaient percevoir. Les rapports des préfets indiquaient que la résistance, vague agrégat de conservateurs avec pour noyau les légitimistes, avait dépassé chez les électeurs les candidats ministériels, confirmant l'éclatement du camp conservateur au détriment des anciens équilibres.
Les Tuileries voyaient approcher avec inquiétude l'élection.
Le coup de tonnerre resta néanmoins une surprise quand les résultats furent connus. S'attendre à une nouvelle ne présume pas de l'absence d'un choc quand celle-ci finit par arriver.
Arrimé aux légitimistes qui n'en espéraient pas tant, le parti de l'Ordre lamina complètement les candidats conservateurs qui ne s'étaient pas ralliés à lui. Doctrinaires et résistants s'étaient empressés de se faire élire sous cette étiquette, ralliant des électeurs bien décidés à promouvoir une politique plus ferme.
Fort naturellement, la gauche dynastique reprenait des couleurs, bénéficiant du ralliement des conservateurs qui ne pouvaient se résoudre à porter la même étiquette que les anciens soutiens de Charles X ou à la future politique.
Louis-Philippe, quant à lui, se trouvait fort embarrassé face à une Chambre où des députés sapant ouvertement sa dynastie formaient, en apparence, la majorité.
C'était la Chambre Introuvable qui recommençait. Louis-Philippe eût volontiers substitué sa Chambre de mai 1841 à la Chambre de Juillet 1830 de Charles X. Sans le vouloir et bien malgré lui, il avait réussi là où les espoirs de son prédécesseur avaient échoué : donner la Chambre aux ultras. Mieux encore, il avait même contribué à ressusciter ce parti en partant d'une Chambre pourtant acquise. On comprend que la dissolution fut amèrement regrettée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 8:56 pm
par griffon
Mes amis il va falloir la jouer fine car le vent ne souffle pas dans notre direction
ne cherchons pas l'affrontement frontal
il faut miner l'ennemi en utilisant ses propres travers et vices !
On est ou avec la duchesse de Montebello ?
Imaginez le scandale lorsque le baron de Coelion se pavanera à son bras à l'opéra
au moment ou la vérité éclatera ?
Je crois que nous avons aussi un projet de lettres de changes trafiquées pour ruiner le crédit de Mr de Thrawnac ?
Expliquez moi donc cela ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:12 pm
par Coelio
Formidable, je vais devenir Président du Conseil . Henri le Cinquième sera bientôt au pouvoir !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:17 pm
par Emp_Palpatine
J'épluche les députés légitimistes de la monarchie de Juillet pour trouver un président du conseil depuis un moment.
Je ne vois qu'un Berryer, leader évident mais pas assez Dragouliste.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:21 pm
par Coelio
Je suis le seul recours
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:27 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :J'épluche les députés légitimistes de la monarchie de Juillet pour trouver un président du conseil depuis un moment.
Je ne vois qu'un Berryer, leader évident mais pas assez Dragouliste.
Tu n'as qu'a le prendre, et mettre Coelio en éminence grise...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:35 pm
par Emp_Palpatine
Je n'ai pas prévu d'events pour cette situation. Je ne pensais pas me retrouver avec une chambre légitimiste et l'idée d'un coup parlementaire est assez peu probable pour le moment.
Par contre, j'ai déjà préparé des possibilités pour... plus tard.... *si ti vois c'que j'veux dire*
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:40 pm
par GA_Thrawn
Je vous ai déja dit que j'avais soutenu les bourbons dès le 23 juin 1815?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 9:48 pm
par aheuc
Est ce que la meilleure solution pour Louis-Philippe ne serait pas de se comporter comme un roi "en cohabitation", en laissant les légitimistes gouverner et se discréditer au pouvoir (Tout en faisant savoir qu'à titre personnel, il ne cautionne pas leur politique), et dissoudre la chambre une fois que ceux-ci seront complkétement démonétisés ?
En clair se la jouer Mitterand entre 1986 et 1988
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 10:33 pm
par Emp_Palpatine
GA_Thrawn a écrit :Je vous ai déja dit que j'avais soutenu les bourbons dès le 23 juin 1815?
M. de Thrawnac a bel et bien été élu sous l'étiquette légitimiste. :aurore bergé:
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 10:46 pm
par Emp_Palpatine
aheuc a écrit :Est ce que la meilleure solution pour Louis-Philippe ne serait pas de se comporter comme un roi "en cohabitation", en laissant les légitimistes gouverner et se discréditer au pouvoir (Tout en faisant savoir qu'à titre personnel, il ne cautionne pas leur politique), et dissoudre la chambre une fois que ceux-ci seront complkétement démonétisés ?
En clair se la jouer Mitterand entre 1986 et 1988
Historiquement, il s'est effectivement. toujours plié aux majorité de la Chambre, même quand ça le gonflait.
En terme de jeu, je peux seulement dissoudre. Jouant role-play (d'où la dissolution de 1840 devant la montée de la contestation de droite et le putsch de Boulogne), je me dois de respecter la coutume constitutionnelle française depuis 1830 : "dissolution sur dissolution ne vaut". Je dois attendre un an minimum.
Mais un gouvernement légitimiste a des avantages, sinon j'aurais plus vigoureusement lutté contre leur popularité soudaine.
Autre point, je ne peux pas nommer un autre parti au pouvoir. C'est ce qui différencie les 2 types de monarchies constitutionnelles du jeu, entre celle où il est possible de changer le parti sans trop se soucier des résultats (il y a un coût en militantisme tout de même si c'est impopulaire) et celle où la majorité ne peut être décidée que par les résultats.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 19, 2018 11:40 pm
par GA_Thrawn
Emp_Palpatine a écrit :
Historiquement, il s'est effectivement. toujours plié aux majorité de la Chambre, même quand ça le gonflait.
AMusant, on sent qu'au fond, tu as une certaine tendresse pour lui
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:43 am
par Emp_Palpatine
La biographie que j'ai lu sur lui il y a quelques années m'a un peu attendri. Ca n'était pas un mauvais bougre bien que la vieillesse et quelques accidents de la vie l'aient rendu obstiné et politiquement beaucoup moins fin dans les dernières années (sinon il aurait vu que "tenir" jusqu'à la majorité du Comte de Paris impliquait justement la réforme et non pas l'immobilisme).
Quant l'usurpation, finalement, ce furent sa sœur, son éminence grise, Thiers et son fils aîné qui le poussèrent sur le trône. A chaque crise dans sa vie, il suivit sa sœur. Elle n'était plus là en 1848.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 8:08 am
par Coelio
C'est un usurpateur, et un fils de régicide. L'échafaud
Mais effectivement, l'horrible Thiers et Madame Adélaïde le méritent certainement autant que lui
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 8:46 am
par Antonius
Thiers encore plus. N'est il pas triplement traitre? Avoir tant de place a son nom pour une personne qui a tant pourris la vie politique en France et qui était un ennemie acharné de la république..
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 10:29 am
par Emp_Palpatine
Ennemi acharné de la république?! Il la fit!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 11:19 am
par Bébert
On peut lui reconnaître le mérite d'avoir rétabli l'ordre républicain dans les rues de Paris au printemps 1871
:troll de passage:
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 11:26 am
par Antonius
Il la fit comme Louis XVI fit la première République, il y a de quoi être fier.
On peut lui reconnaître le mérite d'avoir rétabli l'ordre républicain royaliste dans les rues de Paris au printemps 1871
Voila, là c'est mieux. #en rajoute une couche
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 12:36 pm
par Emp_Palpatine
Oui oui, c'est pour ça que la Chambre monarchiste l'a démissionné et qu'il a mené le parti républicain aux élections suivantes.
S'agirait de lire un peu, hein...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 1:34 pm
par Elvis
Coelio a écrit :.... L'échafaud :
Monsieur le député Coelio reconnaît là une des grandes avancées créatives de la République
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 1:36 pm
par Elvis
GA_Thrawn a écrit :Je vous ai déja dit que j'avais soutenu les bourbons dès le 23 juin 1815?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 1:40 pm
par Elvis
Le député Elvis Pierpoljac siègera à la gauche des libéraux, ou à la droite des républicains...
Néanmoins faites savoir au Roi que si il n a pas notre soutien politique, il n en demeure pas moins qu'il conserve notre estime...
Cependant il n aura notre confiance que lorsqu il aura nettoyé la clique obscurantiste et rétrograde qui mine l'avenir et le développement de notre pays.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 1:48 pm
par Emp_Palpatine
N'oubliez pas que vous prêterez serment à la Charte et au Roi en prenant vos sièges.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 3:15 pm
par GA_Thrawn
Ha...On fait ça oralement ou ca laisse une trace écrite?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 3:17 pm
par Emp_Palpatine
GA_Thrawn a écrit :Ha...On fait ça oralement ou ca laisse une trace écrite?
Les séances de la Chambre sont publiques, les débats retranscris à l'écrit.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 3:25 pm
par GA_Thrawn
"J'ai cherché trace de la prestation de serment de mon ancêtre, Jules de Thrawnac, dans les archives de l'assemblé nationale, malheureusement il semble que la page en question ait disparu du registre, suite à une main anonyme l'ayant arraché du grand livre, fait unique dans l'histoire de l'auguste assemblé. Je n'ai pourtant nul doute que mon brillant ancêtre ait déclamé de sa voix profonde et belle un serment solennel à son Roi et à la Charte"
Hippolyte de Thrawnac in "L'histoire des Thrawnac, 1830-1945: une fidélité française" édition des presses universitaires de France.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 3:51 pm
par Elvis
et pour la période 1776 - 1830 ?
A tous les nouveaux venus à La Chambre, il est de bon ton de demander conseil à Monsieur de Thrawnac pour la prestation de serment...
Tradition familiale, il doit avoir lui même déjà prêté serment à 3 ou 4 différents gouvernements et régîmes depuis les débuts de sa carrière politique...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 4:15 pm
par Emp_Palpatine
M. de Thrawnac a été élu jeune député en 1827 et siégeait avec les ministériels. Il a voté le ministère Martignac puis le ministère Polignac. Les archives sont confuses à l'été 1830, l'intéressé prétendant être dans sa circonscription... On le retrouve en août siégeant avec les Libéraux à proximité des républicains, puis chez les Conservateurs après le ministère Perrier en 1832.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 4:27 pm
par aheuc
Emp_Palpatine a écrit :M. de Thrawnac a été élu jeune député en 1827 et siégeait avec les ministériels. Il a voté le ministère Martignac puis le ministère Polignac.....
En résumé, ce Thrawnac est un vrai Rastignac
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 4:39 pm
par Emp_Palpatine
Ordonnance du Roi
Portant anoblissement et élévation à la dignité de Pair de France
Palais des Tuileries, 1er juin 1841.
LOUIS-PHILIPPE, ROI DES FRANÇAIS,
A tous, présents et à venir, SALUT:
Vu l'article 23 de la Charte Constitutionnelle de 1830, portant:
" La nomination des pairs de France appartient au Roi qui ne peut que les choisir parmi les notabilités suivantes : [...] les préfets des départements et les préfets maritimes, après dix années de service.[...]";
Vu l'article 62 de la Charte Constitutionnelle de 1830, portant:
" [...] Le Roi fait des nobles à volonté ; mais il ne leur accorde que des rangs et des honneurs, sans aucune exemption des charges et des devoirs de la société."
Considérant les services rendus à l’État par M. Jean Lauques, préfet du département de l'Aube, etc;
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:
Article 1er :
M. Jean Lauques est élevé à la dignité de Comte de Lauques.
Article 2e :
M. Jean de Lauques, préfet de l'Aube, est élevé à la dignité de Pair de France.
Article 3e :
Le ministre de la justice est chargé de l'exécution de la présente ordonnance.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 5:47 pm
par Coelio
Je ne prête serment qu'à Henry V et à la Charte de Louis XVIII
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 6:32 pm
par Chef Chaudard
Une chambre ultra !!!
voilà qui va exciter les masses et amener plus vite qu'on ne le croit, une République une et indivisible ....
La population s'alphabétise, et quelques publicistes commencent à refaire reparaitre clandestinement "le Père Duchesne"...
L'atmosphère sent la poudre !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 6:41 pm
par griffon
Ah , le père Duchene !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:01 pm
par Emp_Palpatine
La formation du nouveau ministère
(Juin-septembre 1841)
Euphorie des légitimistes. Les projets fantasques de restauration de la branche aînée. Divisions du parti légitimiste. Visite à Göritz et attitude du "Comte de Marnes". Attitude de Louis-Philippe. Attitude des modérés. Fureur des libéraux et des radicaux. La formation du ministère provisoire et la convocation de la chambre. Élection de son président. Troubles en province et émotion des députés. Formation du ministère. Qualité des hommes choisis.
Ce serait une litote que de dire que l'euphorie régnait chez les Légitimistes après la publication des résultats. Au delà du plaisir de la victoire, c'était un sentiment de revanche qui dominait. Feu Charles X était vaincu et les électeurs, revenus à la raison, avaient donné à la Chambre la majorité qui aurait dû être celle de juillet 1830 si cabales, manipulations et autres complots n'avaient pas obscurci la raison des votants.
Déjà, les appétits s'aiguisaient en même temps que les couteaux et chez les vainqueurs on se prenait à rêver de mettre à bas la royauté nouvelle.
Car après tout, la majorité nouvelle était légitimiste et la protestation contre 1830 et la dynastie nouvelle était le dogme principal de ses membres. Du moins, pouvait-on le croire alors. Durant les quelques semaines précédant la convocation de la session parlementaire, les imaginations s'échauffèrent et les projets les plus fantasques fleurirent.
On parla d'ouvrir la session par une adresse prononçant la déchéance de la nouvelle dynastie et appelant au trône le souverain légitime. On suggéra une grève parlementaire, le refus de tout travail et de tout ministère tant que Louis-Philippe n'abdiquerait pas. On parla d'attendre le discours du Trône de la session de 1842 pour surgir devant les deux chambres avec le Prince et, joignant au coup de théâtre l'insulte et l'outrage, voter sous le nez de Louis Philippe sa déchéance et la Restauration. On planifia de confier la Lieutenance-Générale au Duc d'Orléans (c'est dire si l'on poussait loin la fiction), puis au Duc de Nemours perçu à raison comme le plus légitimiste des fils de Louis Philippe. On proposa même l'appel au peuple et un plébiscite.
La multiplication des plans, lesquels devenaient de plus en plus théâtraux, illustrait la difficulté de la substitution envisagée et ce n'est pas la moindre des habilités de Louis-Philippe que d'avoir attendu le plus longtemps possible pour convoquer la session. Il laissait le temps à ses ennemis de se ridiculiser, de se diviser, de se créer des adversaires et pour les plus sages de réaliser l'arduité de leurs projets.
Le parti légitimiste partageait de fait avec les autres partis du moment le fait de n'avoir de parti que le nom. Sous l'étiquette de l'ordre, organisée autour d'eux pour les élections, s'étaient agrégés la plupart des conservateurs dynastiques. Autant qui ne voteraient sans doute aucun des projets fantasque qui murissaient dans certains banquets. De plus, les légitimistes eux-même étaient divisés:
Les "absolutistes modérés" n'avaient rien appris et rien retenu. Leur constitutionnalisme n'était que de façade et, ne craignant pas au passage le coup de force, leur objectif était la restauration non seulement de la branche aînée mais aussi le retour aux affaires telles qu'elles étaient avant la Révolution.
Les "légitimistes agraires", catholiques dont le support était rural. Assez peu politique, c'était une branche de tradition qui s'avèreraient réticente par nature aux soubresauts et aux coups de force.
La tendance parlementaire, menée par Berryer, jouant la carte de la contestation modérée au sein du système de Juillet et qui avait pu voter avec la gauche dynastique et les radicaux.
La tendance "parlementaire conservatrice", quasiment ralliée au régime de juillet et à la dynastie nouvelle tant que l'ordre était défendu.
Les "royalistes nationaux" promouvant le suffrage universel et sensible à l'esprit démocratique.
Bien évidement, les nouveaux alliés étaient en masse dans la tendance parlementaire conservatrice, la plupart de ses affiliés du lendemain n'ayant jamais critiqué la nouvelle dynastie, bien au contraire.
Enfin, qui mener au trône? Le Duc d'Angoulême, fils de Charles X, en exil sous le nom de Comte de Marnes, était toujours en vie. Une bonne partie des légitimistes jugeait son abdication de 1830 invalide. D'autres, les "Henriquinquistes" soutenaient la validité des abdications et souhaitaient appeler au trône le jeune duc de Bordeaux qui venait de fêter ses vingt ans. Ainsi, faire chuter Louis-Philippe, si tant est qu'on pût trouve une majorité l'acceptant, très bien. Mais au profit de qui? Cette triste équipée aurait pu se terminer en vaudeville.
Les chefs du parti légitimiste en étaient conscients et firent le voyage de Göritz afin de consulter le Comte de Marnes sur la conduite à tenir. Berryer, notamment, venait solliciter l'avis du fils de Charles X sur le ministère qui semblait se profiler pour lui. L'ancien duc d’Angoulême, reconnu comme Louis XIX par la plupart des légitimistes, tergiversa et temporisa. Sa répulsion face à un coup de force sembla évidente aux pèlerins et il adjura ses visiteurs afin qu'ils épargnassent au pays les convulsions et le ridicule qu'apporterait une révolution de palais. La royauté de juillet était peut-être illégitime mais elle était la royauté et l'ordre actuel, la mettre à bas par un coup de force risquait de porter un coup fatal au principe monarchique qui était devenu, chacun en était conscient, branlant dans le pays. Le duc d'Angoulême se savait de plus dans ses dernières années et savait que Louis Philippe, de le même génération que lui, penchait lui aussi vers la fin de son règne.. Attendre que les évènements, par les décès à venir, amenassent naturellement le duc de Bordeaux à monter sur le Trône d'une manière douce semble avoir été le conseil qu'il donna à Berryer, s'il on en croit les témoins, autorisant du même mouvement la montée au ministère. On fit alors bien peu de cas des fils de Louis-Philippe et cette clairvoyance peut surprendre, voire faire naître la suspicion, lorsque l'on sait les malheurs qui s’abattirent sur les Orléans dans les mois qui suivirent.
Louis-Philippe, quant à lui, était certes mortifié des fruits récoltés par sa dissolution mais sa nature politique reprit le dessus. Il comprit l'ironie de sa situation et ne se risqua pas à la dissolution ou au ministère minoritaire que lui proposaient certains de ses proches : il n'était pas Charles X et comptait protéger tant la prérogative royale que sa dynastie en respectant scrupuleusement la Charte. Sa position lui gagna de plus, apparaissant comme le nouveau garant de la charte et du gouvernement modéré, un regain de popularité inespéré. Tant qu'il serait respecté et que le ministère fonctionnerait dans l'ordre et le calme, Louis Philippe était prêt à bien des concessions. D'abdication, il ne fut guère question. Connaissant son cousin le Duc d’Angoulême, le Roi supposait les conseils donnés aux pèlerins légitimiste et connaissait le peu d'entrain de son vieillissant rival à monter sur le trône. Bien plus, Louis-Philippe était sûr de son bon droit et de sa légitimité : il se voyait appelé au trône par la volonté nationale et ne comptait le quitter que si cette volonté nationale lui faisait défaut.
Au centre de toutes les attentions figuraient les modérés, les ralliés de la campagne au mouvement de l'ordre. Ceux-là, presque effrayés du succès de leur coalition, n'étaient bien sûr pas des légitimistes de cœur et certains légitimistes avaient tendance à l'oublier. C'était la demande d'un gouvernement d'ordre qui était la raison de leur affiliation, pas la critique fondamentale de la dynastie ou des institutions de juillet. De leur côté, peu, si ce n'est aucun soutien à attendre dans l'hypothèse d'un coup de force. On ne se fait pas élire sur un programme d'ordre pour jeter à bas les institutions que l'on considère comme un rempart face à l'abîme.
Bien évidement, la gauche dynastique et les radicaux étaient furieux et fulminaient contre la nouvelle majorité. On anticipait un "ministère Polignac", le retour de "la chambre introuvable", la "terreur blanche". On en appelait à l'arbitrage du Roi, on promettait les barricades et l'insurrection si le moindre drapeau blanc ou bourbon aîné montrait le bout de son nez. On ne devait pas tarder de voir pousser les fruits de l'agitation entretenue par les feuilles de gauche.
Ayant repoussé l'ouverture de la session pour des raisons à la fois politique et administrative, Louis-Philippe ne pouvait cependant pas laisser le pays avec un ministère démissionnaire. Souhaitant laisser la situation se décanter, le Roi ne désirait pas nommer un ministère à l'image de la nouvelle chambre. L'été allait se charger de fracturer les légitimistes, sous le coup des contradictions et des ambitions soudaines. Louis-Philippe eut recours, alors, au maréchal Soult pour former un ministère provisoire. L'auguste maréchal était comparé à un manche fidèle et adaptable sur lequel il était possible de fixer n'importe quel outil selon la tâche qui s'avérait nécessaire. A plusieurs reprises, le Roi avait eu recours à ses services lors de crises ministérielles passées.
L'ouverture de la Chambre, sans discours du Trône, l'occasion étant réservée pour l'ouverture de la session de 1842 avec un ministère constitué en bonne et due forme, se fit au début du mois de septembre. Après le voyage de Göritz, les prestations de serment se firent sans incident et les députés procédèrent à l'élection de leur président. On put alors constater les fractures discrètes mais réelles touchant la majorité et il fallut plusieurs tours de scrutin pour désigner un vainqueur. M. de Coelion fut élu président de la Chambre des députés, un peu malgré lui, ayant eu ,selon les gazetiers, des ambitions ministérielles. Les tractations commencèrent pour former le gouvernement et elles furent ardues pour les Tuileries comme pour les députés, les conservateurs modérés en profitant pour redonner de la voix.
Le renouveau des émotions populaires marqua cependant ces quelques semaines. Sans surprise, peut-on dire, considérant la vigueur avec laquelle la presse d'opposition criait au ministère Polignac.
A Toulouse, une bagarre entre partisans conservateurs et agitateurs libéraux dégénéra en émeutes. La garde nationale locale mit plusieurs jours à rétablir l'ordre et la justice eut la main lourde contre les provocateurs radicaux. La nouvelle gagna, bien sûr, Paris.
A la Chambre, l'émotion fut à son comble. On voyait alors se réaliser les sombres prédictions et la constitution du ministère apparut comme la plus urgente des tâches. L'ordre était après tout la raison d'être de la Chambre. Louis Philippe et le Maréchal Soult ainsi que les chefs de la majorité saisirent l'occasion pour boucler enfin les négociations.
Le 24 septembre, le Moniteur publia les ordonnances royales formant le nouveau ministère :
Le Maréchal Soult conserva la Présidence du Conseil et le ministère de la Guerre.
L'intérieur fut confié au général Bugeaud dont la réputation de poigne n'était plus à faire.
Guizot parvint à se glisser dans son vieux ministère de l'Instruction Publique.
Berryer fut nommé ministre d’État sans portefeuille.
On nota plusieurs choses : Guizot était certes présent mais dans un ministère peu influent. C'était un gage, avec la présidence fictive du Maréchal Soult, offert aux modérés. On comprit aussi que le ministériat d’État de Berryer était une véritable présidence du conseil de l'ombre, le maréchal Soult servant à la fois à atténuer les susceptibilités des modérés et de la gauche et comme caution pour la conscience de Berryer. Pour ce dernier, les apparences étaient sauves : il était certes au ministère et tout le monde savait que le cabinet était le sien, mais il n'était pas le Président du Conseil de Louis-Philippe. Malgré l'autorisation tacite de l'ex Duc d’Angoulême, il tenait à maintenir une certaine distance, fût-elle fictive, avec la Couronne.
Enfin, les affaires étrangères n’avaient pas de titulaire, signe que les Tuileries souhaitaient contrôler plus étroitement la politique extérieure pour le moment. On verra que les crises se multipliaient et qu'à cet instant, le Château a souhaité favoriser la stabilité.
Pierre-Antoine Berryer, président officieux du Conseil.
Curieusement, ce ministère dont l'accouchement fut précipité fut l'un des meilleurs de la Royauté de juillet et, toutes différences dogmatiques mises de côté, on ne pouvait que constater l'excellente qualité des hommes qui le formèrent et qui contribuèrent à ses succès.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:14 pm
par Coelio
Le Duc d'Angoulême, de par son attitude, a tacitement reconnu la validité de l'acte d'abdication. Cela confirme que notre Roi légitime est bien Monseigneur Henri. Nous ferons notre possible, avec la loyale Chambre, pour qu'il retrouve son trône au plus vite, pour l'intérêt et la grandeur de la France. Ses cousins Orléans seront traités avec les honneurs dus à leur sang.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:16 pm
par Emp_Palpatine
Il n'en reste pas moins le chef de famille et le duc de Bordeaux s'est abstenu de tout commentaires par égard pour son oncle, M. le président de la Chambre des députés qui a prêté serment.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:27 pm
par Azerty
Le nouveau Gouvernement Réactionnaire à t'il des idées concernant une possible extension des frontières en Europe ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:33 pm
par Emp_Palpatine
Qui lui en parle? Un gazetier? Un député? Un agitateur public?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:44 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :Qui lui en parle? Un gazetier? Un député? Un agitateur public?
Paul-Henry d'Azerty, député sans étiquette de Château-Thierry à la position sur l'échiquier politique difficilement définissable...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 7:49 pm
par Emp_Palpatine
Avez-vous voté pour ou contre le ministère, monsieur?
Vous lui demandez de prendre des positions tellement graves qu'elles ne peuvent être résumées en quelques mots ici, de crainte de provoquer une tempête diplomatique, alors que vous n'êtes pas capable de déclarer si vous soutenez ou non le gouvernement?
Sachez cependant que si la priorité du ministère est la paix intérieure et l'ordre en Europe, il reste néanmoins attaché à la gloire du nom français et ne reculera pas si, par malheur, la France devait être amenée à porter la main à l'épée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 8:20 pm
par griffon
Un fan d'Alfred de Musset ?
"Nous l'avons eu votre Rhin Allemand
Il a tenu dans notre verre ...."
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 8:34 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :Avez-vous voté pour ou contre le ministère, monsieur?
Vous lui demandez de prendre des positions tellement graves qu'elles ne peuvent être résumées en quelques mots ici, de crainte de provoquer une tempête diplomatique, alors que vous n'êtes pas capable de déclarer si vous soutenez ou non le gouvernement?
Je me suis abstenu de voter pour ou contre, j'attends de voir ce qui sera fait, ce qui sera accompli, ce qui sera les objectifs de ce ministère avant de lui apporter mon franc soutien, ou bien mon dédain... Par les mânes d'Henri IV ! Nous sommes les représentants de la France, le pays qui a maintes fois chamboulés l'ordre du monde, qui possède un passé à la gloire sans pareille et s'avance vers un futur plus lumineux que jamais ! Vous n'allez quand même pas me dire que les Députés de cette noble chambre ne peuvent pas dire tout haut ce qui mérite de l'être pour ne pas froisser un de nos plumitifs voisins ?! Dans un cas pareils, pas il est tout sauf étonnant que des vilains et autres sortes de petites gens veuillent se révolter !
Sachez cependant que si la priorité du ministère est la paix intérieure et l'ordre en Europe, il reste néanmoins attaché à la gloire du nom français et ne reculera pas si, par malheur, la France devait être amenée à porter la main à l'épée.
Je note avec attention ces informations... J'espère néanmoins que ce sera plutôt la main au fusil que cela ce fera...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 8:35 pm
par Bébert
Elvis a écrit :
Coelio a écrit :.... L'échafaud :
Monsieur le député Coelio reconnaît là une des grandes avancées créatives de la République
Si vous insistez on peut également l'écarteler en place de grêve et lui faire ensuite trancher le col (qu'il a épais) par le bourreau du Roi au moyen d'une bonne hache.
Bon, je crois que le député Bertrand de Patagonie va siéger du côté de la droite des légitimistes...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 20, 2018 8:43 pm
par Coelio
Emp_Palpatine a écrit :Il n'en reste pas moins le chef de famille et le duc de Bordeaux s'est abstenu de tout commentaires par égard pour son oncle, M. le président de la Chambre des députés qui a prêté serment.
On murmure que le Duc d'Angoulême a la santé fragile, cependant. A terme, nous savons tous que c'est à Monseigneur Henri que reviendra la tâche de restaurer sa famille et la grandeur de la France
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 11:44 am
par GA_Thrawn
Gloire à l'enfant du Miracle! Le bon duc de Bordeaux! Je devais moi même me rendre à l'opéra le jour où son père fut assassiné mais je souffrais ce jour là d'un rhume de poitrine qui m’empêcha au dernier moment de m'y rendre. Je sais pourtant que si j'avais été là, j'aurais arrêté la main scélérate qui assassina l'espoir de la France!
Je reporte donc mon affection à son fils, que j'ai croisé une fois, il avait eu ce mot charmant "Attention au vent M de Thrawnac, il pourrait vous faire trébucher à force de vous faire tourner"
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 1:07 pm
par Boudi
Faudrait que je m'y mette à Victoria 2, le 1 m'avait bien plus, c'était un bon Paradox.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 2:24 pm
par Emp_Palpatine
C'est une belle évolution, même si je regrette certains aspects du premier.
L'économie est plus facile puisque tu n'as plus à t'occuper du stock national comme c'était le cas dans le 1. C'était possible au début puis les extensions ont rajouté un avertissement disant que c'était buggué et qu'il fallait mieux laisser l'IA gérer.
Je joue surtout avec le PDM/DBZ (et maintenant mon propre mod-mod) qui rajoute pas mal de choses dans l'économie (usines et bien supplémentaires pour utiliser toutes les ressources présentes) et des events.
Généralement, les parties sont "plutôt" historiques et certaines évolutions assez réalistes : il n'est pas rare de voir des pays sombrer dans le fascisme ou une révolution communiste après une Grande guerre perdue et ainsi de suite.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 3:10 pm
par Emp_Palpatine
Les affaires intérieures jusqu'au drame d'août 1842.
Calme relatif du pays. Accroissement des contestations. Soutien modéré au gouvernement. La politique économique et le développement des industries. Progrès académiques. Avancées médicales.
On avait lu, dans la presse de gauche, les pires avertissements et les plus terribles prédictions sur le "ministère Polignac" qu'était censé être le ministère Soult-Berryer. Au centre et à droite, on s'attendait aussi aux convulsions que ne manquerait pas de poser la question dynastique. Et il ne se passa rien. La vie politique continua comme avant, le gouvernement gouvernant et la Chambre délibérant. Il est vrai que l'attention du pays fut rapidement attiré par les questions extérieures tandis que le ministère, une fois ses principales décisions sécuritaires et militaires prises n'innova que peu.
Dans le climat d'agitation libérale modérée qui couvait en Europe, les contestations s'accroissaient contre le système de juillet mais restaient pour le moment limitées.
On peut, sans risque de beaucoup se tromper, affirmer qu'en 1842 l'opinion était majoritairement conservatrice modérée, apportant son soutien au gouvernement sans en partager toutes les vues. La préoccupation restait surtout l'accroissement de la force de l’État, déjà engagée par l'augmentation des budgets et qui devait se poursuivre avec la vote de la loi militaire de 1842 pendant l'été.
C'est sur dans sa politique économique, plus discrète, que le nouveau ministère innova sous l'impulsion de Berryer. Dans un rapport au Roi et à la Chambre, le "ministre d’État sans portefeuille" exposa le développement industriel alors florissant en Grande Bretagne, en Belgique, en Prusse, ainsi que la relative faiblesse de la France dans ce domaine malgré son potentiel. Présentant à la Chambre son rapport, Berryer en appela à la tradition des manufactures royales, de Colbert. Dans le cadre de la propriété et de la libre entreprise, Berryer proposa que l'on débloquât des crédits afin d'encourager, dans les provinces, le développement à grande échelle d'industries permettant à la France de reprendre son rang économique.
Les crédits votés, la France commença à se couvrir de manufactures et d'usines que des ordonnances royales faisaient construire pour ensuite les vendre aux entrepreneurs locaux. On grinça des dents chez les tenants du laissez-faire, jusque dans le ministère, mais on accepta les coûts au nom de la grandeur de la France.
Les progrès technologiques et intellectuels continuaient pendant ce temps.
La philosophie idéaliste était la nouvelle coqueluche des salons et de l'université française. Son développement stimula un peu plus les esprits et accrût sensiblement la production intellectuelle du pays.
De même, Guizot renvoyé à son ministère de l'Instruction publique n'avait plus qu'à s'y plonger en attendant de pouvoir à nouveau reprendre une place de premier plan. Le fruit de son retour au travail fut le vote de la Loi scolaire de 1842, organisant le curriculum, fixant et organisant les grandes lignes des programmes des différents niveaux ainsi que des diplômes. L'efficacité du système scolaire n'en fut que renforcé.
Enfin, ce début des années 1842 fut l'époque où la médecine moderne se répandit un peu plus dans le pays. On soignait mieux, on découvrait, on prévenait. Ce développement de la médecin moderne fut remarqué principalement par la diminution de la mortalité infantile, augmentant encore un peu plus le dynamisme démographique du pays.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 3:15 pm
par GA_Thrawn
Emp_Palpatine a écrit :
Je joue surtout avec le PDM/DBZ (et maintenant mon propre mod-mod) qui rajoute pas mal de choses dans l'économie (usines et bien supplémentaires pour utiliser toutes les ressources présentes) et des events.
Dans les trucs à ta sauce, qu'a tu modifié? tu as rajouté des events?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 3:19 pm
par Emp_Palpatine
Ajouts d'event/de décision en Europe principalement. J'ai un peu touché aussi les poins coloniaux, le mod DBZ ayant comme philosophie de les rendre rares (ce qui peut avoir des conséquences ahistoriques), bougé 2-3 techs. J'ai ajouté un gouvernement (peut-être bientôt deux. ), quelques casus-belli.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 3:20 pm
par GA_Thrawn
Tu me donnes envie de m'y remettre
Je te solliciterai peut être si tu veux partager ton mod
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 3:24 pm
par Emp_Palpatine
Work in progress. Je dois même aller développer mes chaines d'events pour 1848 avant de continuer la partie, j'ai eu de nouvelles idées après quelques lectures.
Je me suis pas mal concentré sur la France et un peu le Risorgimento (même si je n'ai pas encore tout fait là, il faut que je me tape un gros boulot pour prévoir une "Confédération d'Italie du Nord" fictive pour anticiper ce qui arrive parfois en jeu) pour le moment. J'ai des plans pour l'unité allemande aussi.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 4:11 pm
par Hunt-folard
Napoléon III va-t-il monter sur le trône de France ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 4:13 pm
par griffon
Je me suis permis de laisser un lien vers cet AAR
sur le fil "Histoire" d'un forum grand public !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 5:37 pm
par Azerty
J'ai des plans pour l'unité allemande aussi.
Pour l'empêcher j'espère ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 5:44 pm
par Emp_Palpatine
Hunt-folard a écrit :Napoléon III va-t-il monter sur le trône de France ?
Il faut que les events suivent la chaine historique. La plupart des décisions sont laissées au hasard ou à l'IA:
On verra, il y a d'autres chemins possibles.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 6:16 pm
par Reborn
Emp_Palpatine a écrit :On verra, il y a d'autres chemins possibles.
Tous les chemins mènent à la rive gauche du Rhin.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 6:19 pm
par griffon
Emp_Palpatine a écrit :
Hunt-folard a écrit :Napoléon III va-t-il monter sur le trône de France ?
Il faut que les events suivent la chaine historique. La plupart des décisions sont laissées au hasard ou à l'IA:
On verra, il y a d'autres chemins possibles.
Il y a un coup à tenter en 1848 !
La République Européenne et sociale suite aux révolutions combinées des peuples du continent
Ça aurait de la gueule !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 21, 2018 7:47 pm
par Azerty
griffon a écrit :
Emp_Palpatine a écrit :
Hunt-folard a écrit :Napoléon III va-t-il monter sur le trône de France ?
Il faut que les events suivent la chaine historique. La plupart des décisions sont laissées au hasard ou à l'IA:
On verra, il y a d'autres chemins possibles.
Il y a un coup à tenter en 1848 !
La République Européenne et sociale suite aux révolutions combinées des peuples du continent
Ça aurait de la gueule !
Ca aurait de la gueule, de la gueule de bois oui !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 22, 2018 8:22 pm
par Coelio
En 1848, l'agitateur bonapartiste aura été pendu en place de Grève par la police du roi Henri
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 22, 2018 8:36 pm
par Emp_Palpatine
Tant que j'y suis, personne ne s'y connait en codage d'events? J'ai un truc que je n'arrive pas à régler.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 23, 2018 4:02 pm
par Chef Chaudard
Coelio a écrit :En 1848, l'agitateur bonapartiste aura été pendu en place de Grève par la police du roi Henri
Et c'est le citoyen Blanqui qui rétablira la Liberté et l'Egalité !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 2:57 pm
par Emp_Palpatine
La politique extérieure et coloniale.
1841- été 1842
Les Légations Pontificales en révolte. L'expédition de Romagne. La France renforce son influence en Europe. Débats sur les colonies. Leur développement. Acquisition de Mayotte. Le début de la crise d'Orient.
Les Légations romagnoles, depuis la restauration du pouvoir pontifical, étaient un fief de l'agitation et des sociétés secrètes de la charbonnerie et de l'agitation italienne. A la fin de 1841, les agitateurs radicaux parvinrent à déclencher des insurrections à Bologne et Ravenne, chassant de la Romagne le Cardinal en charge du gouvernement pontifical et assiégeant les forteresses fidèles à Rome.
En France, l'affaire fut accueilli de manière bien différente selon les différences dogmatiques. Bien sûr, la presse libérale s'empara du sujet et, comme à l'époque de Parme, lança une campagne de presse louant les révoltés romagnoles tout en faisant fort opportunément fi de leur radicalisme et de leurs excès.
La majorité du parlement et le gouvernement, quant à eux, avaient une vision plus réaliste de ces événements. La France ne pouvait laisser un de ses fidèles alliés souffrir une telle révolte sans réagir : les Légations en révolte allaient sans doute se séparer des États de l’Église et provoquer une crise internationale. Dans le meilleur des cas, cette séparation remettrait en cause l'équilibre en Italie, risquait de favoriser l'Autriche et pouvait fournir aux radicaux de la péninsule un bien méchant premier exemple. L'opinion Catholique, quant à elle restant puissante et influente, se scandalisait de la situation et appelait le ministère à l'action contre les radicaux tandis que sa presse insistait sur les crimes contre la religion dont les insurgés se rendirent coupables.
Enfin, le gouvernement élu sur un mandat d'ordre ne pouvait que réagir à cette rébellion dans notre sphère d'influence. Sans difficulté, Berryer put à la Chambre demander les crédits nécessaires à une nouvelle intervention française en Romagne, en soutien aux forces pontificales. Par acquis de conscience, dans un soucis d’apaisement des libéraux, on adjoint à ce vote une demande au Pape d'engager des réformes au sein de ses États.
Deux corps d'Armée, dirigés par le Maréchal Guillaumat, se mirent en route fin janvier vers les Légations, ayant reçu les sauf-conduits nécessaires des cours d'Italie du Nord.
Les rebelles furent rapidement dispersés et au printemps, l'armée française avait réduit les forteresses et rétabli l'ordre. Rome put alors oublier ses promesses de réforme, comme elle le fit après l'expédition d'Ancône en 1830/31.
Le ministère avait, par cette affaire prompte et réussie, à la fois assuré son prestige et sa crédibilité auprès de l'opinion conservatrice ainsi que sa volonté à défendre les intérêts de la France auprès des autres cours Européennes.
Cette accroissement du crédit politique et militaire porté à la France par les autres cours n'est sans doute pas étranger à la signature d'une alliance formelle avec les Pays-Bas en avril 1842.
L'Europe conservatrice était rassurée par les menées du nouveau ministère et, à travers lui, de la France. Sa politique était donc une politique de stabilité et l'on pouvait lui accorder sa confiance.
Profitant de la rancœur envers les britanniques qui prévalaient à La Haye, la France fut ainsi en mesure d'adjoindre les Pays-Bas à la liste grandissante de ses obligés. L'alliance n'était que la conséquence logique de la mise sous influence du petit royaume d'Europe du nord mais elle renforçait néanmoins significativement la position française vis à vis de la Belgique sous influence britannique et du royaume de Prusse.
Les colonies étaient l'autre sujet de préoccupation des Chambres et du Ministère. De nombreux libéraux, parmi lesquels le député Guigues-Amédée Aheuc fut l'un des plus virulents, critiquaient les dépenses grandissantes liées aux territoires d'Outre-mer, en particulier l'Algérie. Ces crédits seraient mieux dépensés ailleurs, arguaient-ils.
Le ministère eut vite fait, au sein des Chambres, de faire taire ces critiques, considérant les nombreux développements qui touchaient alors la France d'Outre-mer. Non seulement les crédits furent défendus, mais de futures expansions furent annoncées. Et pas des moindres, comme nous le verront sous peu.
Aux Antilles, considérant l’accroissement de l'élément européen, le ministère fit voter l'administration civile de plein exercice pour la Martinique.
La production de sucre n'était plus la corne d'abondance qu'elle fut jusqu'à l'Empire, mais les Antilles n'en attiraient pas moins de nombreux colons français en quête d'opportunités. L'administration civile de plein exercice, dotant la Martinique d'une administration sur le modèle départementale, allait permettre d'accroître le développement économique de l'île.
Dans l'Océan Indien, le petit Sultanat mahorais, détaché de l'autorité malgache, était devenu fort amicale envers la France depuis quelques années. Le Sultan local, craignant un retour des Malgaches, sollicita la France pour sa protection. Le 29 mai 1842 fut signé un traité de protectorat qui, de facto, faisait passer Mayotte sous notre souveraineté.
Ce nouvel établissement dans l'Océan Indien était cependant relativement modeste. Assez pour que son annexion ne soulevât point d'oppositions à Londres, dont les escadres n'étaient jamais loin dans la région.
Quelques plantations de tabac, une population faible estimée à 8000 habitants, l'île avait tout d'une nouvelle terre vierge.
Elle allait cependant devoir subir la concurrence d'une autre terre vierge bien plus impressionnante.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 3:32 pm
par Reborn
Mayotte, une terre d'avenir à n'en pas douter.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 3:45 pm
par Emp_Palpatine
N'est-ce pas?
Mais on a mis la main sur bien mieux.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 3:50 pm
par rooom
Eudes de Penthièvre, député du Morbihan, dissertait à sa modeste cour dans son domaine face au fort Vauban.
Il célébrait aujourd'hui les fiançailles de son ainé Nominoé avec la petite Jeanne de Rohan. Cette alliance devait consolider la position des deux familles en Bretagne et surtout assurait grâce aux fortunes combinées l'affrètement d'une frégate trois mâts équipée des technologies les plus récentes. A Saint-Malo, tout le monde parlait déjà des essais de l'hélice (qui faisait beaucoup parler mais n'était de fait pas très concluant pour l'instant et on se dirigeait plutôt vers une propulsion à voile classique). L'heure n'était pas aux noms trop bretonnisant alors on l'appela simplement le 'Mayotte' parce qu'il aurait pour destination première les Indes et que cela rendait hommage aux gouvernement, ce qui était flatterie bien sur mais une flatterie si dispendieuse devait bien porter quelques fruits.
Ainsi les bretons se préparaient à conquérir le monde, les temps étaient propices. Les gains d'influence en Italie ne bénéficiait pas vraiment à la Bretagne mais Mayotte, les Antilles et maintenant le flux croissant des Etats Unis d'Amérique... Par ailleurs l'alliance avec les commerçants Néerlandais ouvraient de nouvelles perspectives tant en termes de protection réciproques des lignes maritimes que de débouchés.
La prospérité de la Bretagne s'enivrait de la gloire renaissante de la France et Eudes comptait bien en profiter.
Ainsi dans toute ses dispositions Eudes favorisait le gouvernement et sa majesté dont les politiques le rendait de plus en plus riche.
Mayotte, une terre d'avenir à n'en pas douter.
Oui je mise ma fortune dessus
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 3:52 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :N'est-ce pas?
Mais on a mis la main sur bien mieux.
Un bout de l'Indonésie ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 4:02 pm
par Emp_Palpatine
Mieux!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 4:04 pm
par Coelio
Ce qui serait encore mieux, ce serait d'autoriser le duc de Bordeaux à rentrer sur la terre de ses ancêtres. Les députés de la majorité déposent une proposition de loi à ce sujet .
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 4:14 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :Mieux!
La face cachée de la Lune ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 4:16 pm
par Reborn
Emp_Palpatine a écrit :N'est-ce pas?
Mais on a mis la main sur bien mieux.
Tant que ça ne dégénère pas en une confrontation avec les britanniques.
Nous avons déjà donné et ça s'est mal passé.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 5:31 pm
par rooom
Une colonie pénitentiaire en Australie
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 24, 2018 9:09 pm
par Emp_Palpatine
Ah, j'ai peut-être une solution pour mon problème d'event...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 11:14 am
par Emp_Palpatine
L'acquisition de la Nouvelle-Zélande.
L'acquisition la plus inattendue de cette période fut certainement celle de la Nouvelle-Zélande. Jean-François Langlois, un baleinier un peu aventurier, avait acquis de son propre chef trente-milles acres de terres sur le lointain archipel en échange de quelques babioles et de 150 francs. Rien, cependant, ne fut clairement délimité ni même formellement signé.
La zone achetée par Langlois.
Le gouvernement français prit acte relativement modestement cependant, de l'accord en question. Cependant, les Britanniques ne restaient pas inactifs et signèrent leur propre traité avec les Maoris.
A Londres et à Paris, les esprits s'échauffèrent sur cette confrontation soudaine des deux volontés nationales. A Londres, on arguait de la présence Britannique déjà établie en Australasie et de la nécessité de protéger et accroître les établissements britanniques dans la région. A Paris, c'était le droit de préséance, le "traité" de Langlois pré-datant de près de deux ans les documents britanniques.
Devant l'excitation de la Chambre et de la presse, le Ministère se devait d'agir. Louis-Philppe tenait profondément à la paix et aux bonnes relations avec le Royaume-Uni mais était conscient qu'il ne pouvait y sacrifier la susceptibilité nationale. L'accusation d'effacement de la France vis à vis des grandes puissances européennes était un des griefs qui avait fait le plus de mal à la Restauration et qui continuait à piquer au vif l'orgueil de la monarchie de juillet, que cette accusation fût fondée ou non.
Une note de protestation demandant, en termes choisis, l'ouverture de négociations sur la Nouvelle-Zélande fut envoyée à Londres.
La France bénéficia des circonstances et d'une certaine dose de chance. Les Britanniques, occupés en Chine par leur guerre de l'Opium et déjà préoccupés par la crise d'Orient, ne souhaitaient pas plus que nous déclencher un conflit pour une terre aussi lointaine. Nos négociateurs firent des miracles, monnayant la tranquillité britannique en Orient au prix du respect de nos droits, arguant de nos excellentes relations, promettant que la flotte française ne mouillerait pas en Nouvelle-Zélande.
Le gouvernement britannique proposa en définitive le projet suivant : la France reconnaissait le traité signé par les Britanniques avec les Maoris, condition indispensable au maintien de l'honneur britannique, mais proposait de transmettre ses droits nouvellement acquis à la France. La somme était conséquente, près de trois ans de surplus budgétaires. La Chambre rechigna mais vota les crédits, et accepta que l'on puisât dans les réserves nationales pour la grandeur national.
Les premiers établissements britanniques sur l'archipel furent donc transférés à la France et s'offraient au génie national ainsi qu'à la vigueur de notre population une nouvelle terre, clémente et pleine de promesses pour la colonisation européenne.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 11:39 am
par griffon
Pendant ce temps c'est Holodomor en Irlande , tout près de nos cotes !
Que compte faire le gouvernement ?
Sauvegarder l'"honneur" britannique ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 12:05 pm
par Azerty
Il y a des choses intéressantes à exploiter dans le coin ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 12:24 pm
par aheuc
Emp_Palpatine a écrit :...
Le gouvernement britannique proposa en définitive le projet suivant : la France reconnaissait le traité signé par les Britanniques avec les Maoris, condition indispensable au maintien de l'honneur britannique, mais proposait de transmettre ses droits nouvellement acquis à la France. La somme était conséquente, près de trois ans de surplus budgétaires. La Chambre rechigna mais vota les crédits, et accepta que l'on puisât dans les réserves nationales pour la grandeur national...
Je proteste énérgiquement
C'est avec les impots, des travailleurs français, le fruit de leur labeur acharné, que le gouvernement de SM finance ces acquisitions exotiques. Dilapider ainsi la richesse de la nation juste pour avoir le plaisir de planter un drapeau sur une ile lointaine est criminel. Si le gouvernement cherche de l'argent, pourquoi ne pas demander à la prétraille et aux vieilles perruques supportant la branche ainée de payer. Après tout, ce sont ces gens qui réclament les aventures coloniales; Eh bien, qu'ils les paient
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 1:22 pm
par Hunt-folard
Il faudrait changer les noms de la Nouvelle Zélande à trop grande consonance anglo-saxonne
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 1:24 pm
par Reborn
Hunt-folard a écrit :Il faudrait changer les noms de la Nouvelle Zélande à trop grande consonance anglo-saxonne
Va falloir revoir sa géographie.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 1:25 pm
par GA_Thrawn
La nouvelle corse?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 1:32 pm
par rooom
Que voilà un bon traité! Il augmente le prestige de la France tout en ménageant l'honneur britannique qui doit de surplus être conscient que le dédommagement pécuniaire est plus que généreux et une bonne affaire pour eux qui ont déjà tant à gérer en Orient.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 2:09 pm
par Hunt-folard
Reborn a écrit :
Hunt-folard a écrit :Il faudrait changer les noms de la Nouvelle Zélande à trop grande consonance anglo-saxonne
Va falloir revoir sa géographie.
Je ne vois pas
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 2:38 pm
par stratcom
La Zélande est une province des Pays-Bas.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 2:59 pm
par Hunt-folard
stratcom a écrit :La Zélande est une province des Pays-Bas.
Je sais bien mais ici je parle de la Nouvelle-Zélande
edit: Non en fait je viens de comprendre que je me suis mal exprimé
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 25, 2018 10:29 pm
par jmlo
GA_Thrawn a écrit :La nouvelle corse?
C'est historique cette histoire avec le baleinier français ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 8:07 am
par Emp_Palpatine
Histoire vraie.
Cet homme a vraiment signé un traité de vente avec les Maoris du coin et un premier navire de colons est parti quelques mois plus tard. Le gouvernement dépêcha alors un gouverneur qui arriva... quelques jours après que les Britanniques eurent signé leur propre traité et pris possession de l'archipel. Le gouverneur français se plia au fait accompli et on oublia l'affaire.
Sauf dans ma partie ou le gouvernement a fait le choix de presser l'affaire.
C'est un gros coup de chance, l'IA n'a que 20% de chance d'accepter la vente de la Nouvelle Zélande, sinon soit on plie, soit on fait la guerre.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 8:41 am
par Emp_Palpatine
L'affaire de Nouvelle Zélande continue d'occuper les débats de la Chambre et nous offre de grands moments de bravoure et de petitesse parlementaire. Connait-on un pays où ceux qui ont la lourde charge de présider à ses destinées rechignent à l'extension de son influence, de son territoire, en un mot, de sa gloire? Imagine-t-on les pères conscrits du glorieux sénat romain refuser une nouvelle province?
C'est pourtant, nous nous permettons de résumer ces positions en quelques mots, ce que firent à la Chambre certains membres de l'opposition dynastique et du centre, portés par M. Guigues-Amédée Aheuc. Nous ne pouvons lui reprocher son manque de constance, cependant, M. Aheuc étant un ennemi avoué de notre expansion outre-mer depuis sa première élection à la Chambre. Secondé par quelques autres voix, telle celle de M. d'Azerty, M. Aheuc a mis en cause l'intérêt de cette nouvelle acquisition et condamné l'utilisation de crédits nationaux pour les colonies en général, pour cette acquisition en particulier. Dans un accès de radicalisme auquel il ne nous avait pas habitué, M. Aheuc s'en prit même aux classes aisées et à la religion, voulant leur faire payer nos expansions.
Bien que nous ayons des divergences avec lui, on ne peut que saluer la forte réponse que fit M. le Ministre d'Etat Berryer à la tribune de la Chambre. Il y rappela la santé financière du pays et du trésor, permettant le financement de telles acquisition. Le Ministre d’état s'enquit ensuite des sentiments patriotiques de ceux qui s'opposent à notre expansion coloniale alors que les mêmes reprochent à la France, depuis 1815, d'être une nation avilie devant les autres puissances. Il y présenta une nouvelle conquête, qui plus est réalisée
au seul prix d'argent, sans la perte d'une goutte de sang français, en préservant et même en renforçant notre amitié avec le Royaume-Uni. Enfin, il rappela toutes les possibilités d'avenir par la Nouvelle Zélande pour notre installation dans l'Océan Pacifique et comme terre à coloniser, riche de son potentiel agricole, où les fils de France pourront chercher un avenir plutôt que d'être tentés par l'émigration outre-atlantique.
La majorité l'approuva grandement et nous pensons pouvoir affirmer que le débat en restera là. Les crédits ont été votés et notre installation dans cette nouvelle France du bout du monde n'est qu'une question de semaines et nous nous en félicitons. Quelle que soit nos différents avec le ministère actuel, nous ne pouvons que nous incliner devant notre commun soucis de grandeur pour la France et la couronne.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 11:25 am
par Emp_Palpatine
rooom a écrit :Eudes de Penthièvre, député du Morbihan, dissertait à sa modeste cour dans son domaine face au fort Vauban.
[...]
La prospérité de la Bretagne s'enivrait de la gloire renaissante de la France et Eudes comptait bien en profiter.
Ainsi dans toute ses dispositions Eudes favorisait le gouvernement et sa majesté dont les politiques le rendait de plus en plus riche.
Pour le parti breton.
Tableau de la Bretagne en 1842.
En 1842, la Bretagne est une province qui comme toutes les autres bénéficie de l'essor économique du pays. Déjà, le chemin de fer relie Brest au reste du pays.
La majeure partie de la province est peuplée de locuteurs bretonnant bien qu'à Nantes l'élément français domine et que Rennes suive le même chemin rapidement.
La population est rurale, fermiers et pêcheurs représentant 84% de la province.
Cette population est majoritairement conservatrice bien qu'un élément libéral non négligeable existe.
On notera la différence d'alphabétisation entre bretonnants et francophones : près de 2/3 d'un côté, un maigre 15% de l'autre.
Sur le plan économique, la Bretagne comme le reste des provinces Atlantiques est une terre agraire.
Pas de charbon, de fer, de mines. On pêche, on cultive la terre, on élève le bétail. La Bretagne n'a guère de potentiel pour l'industrie lourde.
Ca n'empêche pas les premières fabriques d'ouvrir, sous l'inspiration de la politique gouvernementale. En 1842, une grande fabrique de chaussures ainsi qu'une distillerie de spiritueux locaux sont les fleurons de l'industrie bretonne.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 11:41 am
par griffon
Pas tres bon esprit cette province
Ou sont stationnées les mystérieuses 8ème et 5ème armées ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 11:44 am
par Emp_Palpatine
Elles sont en cours de constitution suite au vote des lois militaires et à l'accroissement des effectifs et trouveront leur affectation ultérieurement.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 11:47 am
par Reborn
Ca manque de conserveries.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 1:50 pm
par Emp_Palpatine
Ca va venir. J'encourage ce qui est le plus demandé sur le marché.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 5:04 pm
par Azerty
Secondé par quelques autres voix, telle celle de M. d'Azerty
Je proteste avec véhémence contre ces affabulations de journaleux ne cherchant qu'a vendre !
J'ai juste dit que si c'est une bonne nouvelle, voir même une excellente nouvelle que l'acquisition de ce territoire ; entre la démilitarisation, le prix exorbitant ( je sais pas moi, on aurait pu diminuer les impôts par exemple ) et la possibilité pour les Anglais de s'attaquer à l'île Sud, on peut se demander si nous ne sommes pas allez un peu vite en besogne...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 7:15 pm
par Coelio
L'expansion continentale militaire est un leurre. De la poudre de perlinpinpin bonapartisante. L'expansion de la France doit passer par les colonies et par la diplomatie. La Chambre soutient pleinement l'action du gouvernement à ce sujet .
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 26, 2018 7:35 pm
par Azerty
Coelio a écrit :L'expansion continentale militaire est un leurre. De la poudre de perlinpinpin bonapartisante. L'expansion de la France doit passer par les colonies et par la diplomatie. La Chambre soutient pleinement l'action du gouvernement à ce sujet .
Même pas une petite humiliation ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 11:35 am
par Emp_Palpatine
Une heure détourne tout un siècle.
Août 1842
Le 2 août 1842, Ferdinand Philippe, duc d'Orléans, Prince Royal, après avoir salué son père le Roi aux Tuileries partit en voiture vers le Nord. Il devait aller présider à des prises d'armes et des cérémonies dans le nord de la France.
A la hauteur de la barrière de l’Étoile, le Prince s'enquit auprès du postillon de l'état des chevaux, l'un d'entre eux semblant s'agiter. Le postillon tenta de contrôler l'animal mais n'en fut bientôt plus maître. Le deuxième cheval, excité par l'attitude et la nervosité de son camarade d'attelage s'anima à son tour et, alors que l'équipage arrivait en face de la porte Maillot, le postillon employait toutes ses forces pour contenir les bêtes.
"Vos chevaux s'emportent!" Cria le duc d'Orléans ; et comme le postillon se consumait en efforts inutiles pour les retenir, le prince royal renouvela deux fois cet avis en se penchant hors de la voiture. Cependant le danger devenait de plus en plus imminent, et les chevaux lancés à toute volée menaçaient de précipiter la voiture dans le fossé. Il paraît qu'en ce moment, tandis que le duc d'Orléans était debout, un choc irrésistible le lança hors de la voiture avec une épouvantable violence. Le prince tomba sur la tête, et se fractura la partie postérieure du crâne d'une oreille à l'autre, jusqu'à l'os frontal, qui était presque entièrement détaché de la tête. Relevé aussitôt par les témoins de sa déplorable chute, le prince royal fut transporté dans la maison la plus proche, qui se trouva être celle d'un marchand épicier, chemin de la Révolte.
Les secours accoururent immédiatement, d'abord quelques médecins de Neuilly, puis Pasquier, chirurgien royal. Le docteur, après avoir examiné le blessé, déclara que sa situation était des plus graves. On craignait un épanchement du cerveau. A aucun moment le Prince ne reprit connaissance. Le Roi, la Reine et les Princes, arrivèrent à leur tour. La Reine Marie-Amélie fit mander un prêtre, M. le Curé de Neuilly accouru. Les souffrances du blessé semblant extrême et le Prince semblant pris de tous les symptômes d'un trépas prochain. Il reçut alors l'Extrême Onction.
A trois heures quarante-cinq minutes, il rendait son âme à Dieu, béni par la religion, qui avait assisté ses derniers moments, entre les bras du Roi son père, qui avait incliné ses lèvres sur ce front mourant.
On prétend que Louis-Philippe aurait murmuré "si au moins j'étais à sa place".
L'émotion fut immédiate et profonde en France. Hugo, dans Choses vues, évoqua la malédiction qui semblait saisir tous les princes héritiers depuis Louis XIV. Il semblait écrit qu'en France, le fils ne succédait jamais au père. Ce fils là était l'espoir et l'avenir d'un régime et d'une dynastie. De réputation libérale, favorable à la réforme voire au suffrage universel mais assez auréolé de gloire et de maturité pour plaire aux conservateur, le duc d'Orléans était immensément populaire et espéré. Sa mort laissa le pays et l'opinion dans un état de stupeur.
Des funérailles princières grandioses furent célébrées à Notre Dame, au milieu d'une population parisienne dont l'émotion était perceptible. L'abondance de l'assistance frappa les contemporains, la foule se pressant jusque sur les toits.
Daguéréotype des funérailles du Prince.
Certains commentateurs ne purent s'empêcher de se demander si ces funérailles du Prince le plus populaire n'étaient pas celles, en avance, de la monarchie de Juillet.
Encore de nos jours, certains parlent d'assassinat. Pourquoi, disait la rumeur le Prince était-il traumatisé du côté droit alors qu'il était tombé du côté gauche? Etait-il vraiment seul avec le postillon dans la voiture? Il n'y avait que la parole de ce dernier.
Ils n'en fallu guère plus pour que certains y vissent la main de certains partis. Il y eut quelques regards en coin vers Berryer et vers Coelion. Les Légitimistes ne profitaient-ils pas de la situation? L'héritier du trône était à présent un bambin de quatre ans, ce qui ouvrait des perspectives nouvelles en cas de décès de Louis-Philippe. Les légitimistes se gardèrent bien de se réjouir publiquement de la situation, ils payèrent leur respect à la famille royale et participèrent au deuil. Lorsque l'on formait le ministère, c'était la moindre des choses. S'ils avaient des pensées sur les suites dynastiques à donner, ils les gardèrent pour eux. Si l'accident n'en était pas un, ils ne laissèrent aucun indice.
Le Roi, quant à lui, ne fut plus jamais le même. Le décès de son fils le marqua profondément et changea son attitude. "Tenir" le plus longtemps devint son obsession. Il espérait que la majorité changeât à la Chambre aux prochaines élections, il désirait limiter au maximum le nombre d'années de régence à sa mort puisqu'il était illusoire d'espérer vivre jusqu'à la majorité constitutionnelle du Comte de Paris.
Car la France, hier encor la maîtresse du monde,
A reçu, quoi qu’on dise, une atteinte profonde,
Et, comme Juliette, au fond des noirs arceaux,
À demi réveillée, à demi moribonde,
Trébuchant dans les plis de sa pourpre en lambeaux,
Elle marche au hasard, errant sur des tombeaux
Face à cette perte épouvantable qui déstabilise les fondements même de la nation mais mettant néanmoins en lumière un grave problème, je demande aux députés ici présents de bien vouloir voter la mise en place d'un code de la route, de permis de conduire, de stations de repos régulières, de recherche quand à la sécurité des transports ainsi qu'un ministère afin de gérer cela et les fonds qui vont avec...
Ainsi qu'une enquête pour savoir ce qui c'est réellement passé l'après-midi du 2 Août 1842, car la mort d'un aussi important personnage dans la force de l'âge doit toujours être analysée avec la plus grande circonspection !
( Tu penses qu'il aurait été assassiné Palpat ? )
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 3:17 pm
par Emp_Palpatine
Certains le pensent jusqu'à maintenant, se fondant sur ces rumeurs comme quoi les blessures auraient été du côté droit alors qu'il est tombé du côté gauche. Bref, on lui aurait filé un mauvais coup avant de le balancer de la voiture.
La presse de l'époque semble avoir cru qu'il a tenté de sauter, s'étant déjà sorti d'une situation similaire de cette manière, mais qu'il s'est mal réceptionné. Et je pense que si le Roi et le gouvernement avaient eu un soupçon sur un assassinat, il y aurait eu enquête.
Pour l'AAR et dans l'uchronie de cette partie, cependant, alors que les légitimistes contrôlent le ministère et que la mort d'un héritier populaire les arrange, je me permets de poser cette hypothèse sur la table.
En terme de jeu, c'est un event aléatoire : il y a 75% de chances pour que Ferdinand Philippe y passe. Inutile de préciser que le résultat de l'événement a des conséquences potentielles pour l'avenir.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 4:35 pm
par Azerty
C'est vrai que on ne les entends pas beaucoup ces derniers temps...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 8:23 pm
par GA_Thrawn
Emp_Palpatine a écrit :
En terme de jeu, c'est un event aléatoire : il y a 75% de chances pour que Ferdinand Philippe y passe. Inutile de préciser que le résultat de l'événement a des conséquences potentielles pour l'avenir.
T'a bricolé les events on dirait
M. de Thrawnac commence immédiatement à rechercher des soutiens ailleurs en pressentant la chute de la monarchie
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 8:30 pm
par Emp_Palpatine
C'est un event perso.
Et 25% de a-historique, c'est déjà pas mal.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 8:43 pm
par Azerty
Emp_Palpatine a écrit :C'est un event perso.
Et 25% de a-historique, c'est déjà pas mal.
Après, c'est un dilemme, faire en sorte que les choses se passes de façon historiques même si cela tien à un malheureux hasard, ou laisser les probabilités faire ce qu'elles veulent au risque de se retrouver nez à nez avec l'inconnu ?...
GA_Thrawn a écrit :
M. de Thrawnac commence immédiatement à rechercher des soutiens ailleurs en pressentant la chute de la monarchie
Vous penser vraiment que la monarchie va chuter alors que les Réactionnaires forment le Gouvernement ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 9:00 pm
par GA_Thrawn
Ce Roi là en tout cas, pourrait bien perdre son trône
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mars 27, 2018 9:08 pm
par Azerty
GA_Thrawn a écrit :Ce Roi là en tout cas, pourrait bien perdre son trône
Forcément, nous sommes tous mortel...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 6:42 am
par Coelio
Nous regretterons toujours la perte d'un prince du sang de Saint Louis et nous présentons à SM toutes nos condoléances.
Ceci étant posé, on ne peut s'empêcher dans nos rangs de se dire que Notre Seigneur semble nous indiquer que la Fille Aînée de la France doit revenir à Monseigneur Henri .
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 9:13 am
par griffon
Voici , notre campagne pour l'abolition des cens d'électeurs et d’éligibilité est prête !
Notre mot d'ordre ? Suffrage Universel !
Faites en sorte qu'il résonne partout dans le pays
chaque jour un peu plus fort que la veille !
Nos allons ainsi tres vite délégitimer les cochons
qui siègent dans les chambres et qui ne représentent rien !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 1:33 pm
par Azerty
Coelio a écrit :Nous regretterons toujours la perte d'un prince du sang de Saint Louis et nous présentons à SM toutes nos condoléances.
Ceci étant posé, on ne peut s'empêcher dans nos rangs de se dire que Notre Seigneur semble nous indiquer que la Fille Aînée de la France doit revenir à Monseigneur Henri .
Pourrais-je savoir ce que vous entendez par "Fille Ainée de la France" s'il vous plaît ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 1:57 pm
par Emp_Palpatine
A l'auberge des Trois faisans, M. le Président de la Chambre a sans doute soupé d'un vin de table plus fort que d'habitude.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 5:15 pm
par Chef Chaudard
griffon a écrit :Voici , notre campagne pour l'abolition des cens d'électeurs et d’éligibilité est prête !
Notre mot d'ordre ? Suffrage Universel !
Faites en sorte qu'il résonne partout dans le pays
chaque jour un peu plus fort que la veille !
Nos allons ainsi tres vite délégitimer les cochons
qui siègent dans les chambres et qui ne représentent rien !
A bas les tyrans !!! Bourbons ou Orléans, c'est la même engeance malsaine !
Suffrage universel, et république, une et indivisible !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 5:22 pm
par stratcom
L'espoir fait vivre.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 5:27 pm
par Azerty
Chef Chaudard a écrit :
griffon a écrit :Voici , notre campagne pour l'abolition des cens d'électeurs et d’éligibilité est prête !
Notre mot d'ordre ? Suffrage Universel !
Faites en sorte qu'il résonne partout dans le pays
chaque jour un peu plus fort que la veille !
Nos allons ainsi tres vite délégitimer les cochons
qui siègent dans les chambres et qui ne représentent rien !
A bas les tyrans !!! Bourbons ou Orléans, c'est la même engeance malsaine !
Suffrage universel, et république, une et indivisible !
Remplacer la monarchie par la dictature de chacun ?! Et puis quoi encore ?
Vous penser vraiment que nos voisins laisseraient passer une nouvelle révolution ? C'est U-to-pi-que !
Des réformes oui, mais pas la chienlit !
Et je vous demanderais d'être un plus respectueux concernant vos représentants par les moustaches de Suwalski !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 5:34 pm
par griffon
mais ce n'est pas mes représentants
je n'ai pas le droit de vote
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 5:47 pm
par Azerty
griffon a écrit :mais ce n'est pas mes représentants
je n'ai pas le droit de vote
Un peu de patience, vous l'aurez relativement rapidement, mais vous pourriez accéléré les choses en menant des actions non-violentes afin de prouver votre bonne foi, soit les Réactionnaires feront une bévue en réagissant et seront limogés, soit vous porterez des Libéraux que vous aurez soigneusement choisi au pouvoir afin de faire les dites réformes...
Vous êtes un bon Français non ? En quoi les représentants du Gouvernement Français ne vous représenterez pas ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 8:22 pm
par Emp_Palpatine
L'évolution intérieure sous la Vème Législature.
Automne 1842 - Printemps 1845.
I. Les conséquences de la mort du Duc d'Orléans. Les craintes pour l'avenir cimentent la majorité. Changements dans le caractère de Louis-Philippe. L'agitation libérale fluctuante mais en croissance. II. Les grands débats de la législature. Le vote de la loi des deux ans. Le retour de la question de la presse. La loi de juillet 1844 sur la presse. Le Palais s'inquiète de l'approche des élections. Contacts à la Chambre. Coalition des minorités et adoption de la loi électorale de septembre. État du pays au printemps 1845. III. Progrès des sciences et des idées. Développement économique du pays. L'interventionnisme du ministère. La fondation de la légion et les progrès militaires.
I.
Nous avons déjà exposé la stupeur qui saisit le pays suite au décès du Duc d'Orléans. On ne peut minimiser ses conséquences à long termes tant dans les allées du pouvoir que chez les plus modestes. Une fois l'émotion atténuée, les différents partis constataient l'étendue des dégâts ou les développements qui s'offraient à eux. Chez les dynastiques, qu'ils soient conservateurs ou libéraux, la consternation régnait. Tous avaient à l'esprit la régence ratée de 1830 et craignaient de voir le scenario se reproduire si Louis-Philippe venait à disparaître. Une régence, après quasiment deux siècles sans qu'un fils ne succédât à son père paraissait hasardeuse dans un pays où le principe monarchique paraissait si affaibli depuis un demi-siècle.
Chez les Légitimistes, on était fort gênés. L'association au malheur du Palais et de la France avait paru sincère mais l'esprit politique ressurgissait. Certains, au premier rang desquels le président de la Chambre lui-même, ne se privaient pas pour suggérer par le biais de la presse légitimiste l'idée de faire succéder le Duc de Bordeaux à Louis-Philippe, quel que soit le coup nouveau qui serait alors porté au principe monarchique. Il fallait alors conserver le pouvoir jusqu'au décès du Roi pour procéder à la substitution.
Enfin, chez les radicaux, on saluait un prince libéral et réformateur mais la faute politique majeure des députés de ce parti à la Chambre choqua profondément l'opinion. Alors que le Roi venait ouvrir la session de la Chambre début septembre, en plein deuil national, l'extrême gauche de l'assemblée refusait de la saluer comme les convenances demandaient que l'on saluât un père en deuil.
Une conséquence inattendue du changement dans l'ordre de succession fut l'entente qui régna dans la majorité conservatrice de la Chambre. Chacun y avait intérêt pour des raisons, il est vrai, différentes. Le calcul macabre sur l'espérance de vie du Roi en était le centre : les Légitimistes voulaient tenir le pouvoir et donc se faire réélire; les Conservateurs craignant pour l'avenir de la dynastie, voulaient éviter tout trouble inutile. Enfin, la plupart s'entendaient sur l'ordre des choses : la monarchie de juillet était celle qui était en place et tout tenant de l'ordre avait intérêt à sa stabilité, sous peine de revoir l'abime s'ouvrir devant la France. C'était une préoccupation qui allait jusqu'à la gauche des libéraux dynastiques.
Il est temps d'évoquer le changement d'esprit de Louis-Philippe après le drame l'ayant touché. On a dit que le Roi avait soupiré son dépit de ne pas être celui que la Providence avait fait chuter. Inquiet, à présent de l'avenir de sa dynastie, le Roi perdit de son pragmatisme et de sa bonhommie et se fit de plus en plus immobiliste. Tendance renforcée par l'âge et par l’obstination propre au sang bourbonien. La réforme avait perdu son champion et en même temps le soutien éventuel du Roi.
La vie politique reprit son cours dans le pays et les craintes conservatrices paraissaient se vérifier. L'agitation libérale croissait lentement. C'était une cacophonie de protestations polies et même cacophoniques pour le moment limitée à quelques banquets et campagnes de presse. Mais chez les étudiants, dans certains estaminets voire dans certaines légions de la Garde Nationale, on commençait à contester comme avant 1832.
Cependant, le tableau ne doit pas être apocalyptique. L'agitation libérale disparaissait parfois d'elle-même, faute de combattants, par lassitude ou suite aux efforts de la Sureté contre les sociétés secrètes.
La disparation de la tranquillité qui régnait depuis 1835 était cependant notable et cela paraissait confirmer les prédictions pessimistes qui saisissaient alors les conservateurs.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 8:27 pm
par Emp_Palpatine
II.
Jusqu'à son terme de 1845, la Chambre connut cependant son lot de débat et le bilan législatif de la session est loin d'être le plus médiocre de notre histoire parlementaire.
A l'automne 1842 fut votée la première de ces grandes lois. On se souvient comment la Chambre avait changé notre organisation militaire en adoptant la loi des un an. L'opinion au sein de l'Assemblée s'était faite plus militariste et on s'inquiétait aussi de la situation européenne, dégradée par la Crise d'Orient dont nous parlerons ultérieurement. Le ministère de la Guerre constatait quant à lui les limites de la loi des un an. Les habitudes populaires avaient la vie dure et bien que la mesure ne fut pas aussi impopulaire que l'on eût pu le croire, les passe-droits et autres tentatives de se faire remplacer ou réformer étaient nombreuses. La loi militaire de 1842 devait corriger ces défauts et permettre un accroissement supplémentaire de nos forces de réserve.
Le deuxième grand texte était le fruit du retour de la question de la presse dans les débats ainsi que de l'intérêt même de certains partis de la Chambre.
Souvent, de nouvelles feuilles paraissaient, échappant aux contrôles prévus par les lois de 1835. Le zèle ultérieur de l'administration offrait ensuite à leurs créateurs l'occasion de se poser en victimes de la censure et échauffait les esprits sur cette question sensible. Il n'était pas jusqu'aux Légitimistes eux-mêmes qui critiquaient vertement les lois sur la presse à la Chambre. Leurs publications souffraient autant que celles des radicaux des poursuites en justice, la plupart du temps pour des offenses faites au Roi dont leurs feuilles n'étaient pas avares. Après des mois de débats, une coalition hétéroclite formée des Légitimistes "purs", de la gauche dynastiques et des rares radicaux vota la nouvelle loi sur la presse soutenue par le Ministère : le régime de la presse était libéralisé à l'extrême, fondant un système de liberté quasi-absolue. A gauche, on apprécia ce geste de bonne volonté mais chez les conservateurs dynastiques, on commença à craindre que la réforme n'appelât la réforme...
Le dernier grand texte de la législature fut le fruit de manœuvres encore une fois surprenantes. Le Roi s'inquiétait de l'échéance électorale qui approchait tandis que le ministère restait populaire. C'était son intérêt bien compris de maintenir une majorité conservatrice au pouvoir mais une majorité dont les dynastiques auraient été l'élément le plus puissant. Avec le mode de scrutin majoritaire encore en vigueur, les élections de 1845 risquaient de voir l'élément Légitimiste "pur" gagner en force. Le Roi, de plus, avait conscience de son âge et ne pouvait savoir quand il devrait rendre l'âme : il fallait penser à l'éventuelle crise de succession.
Louis-Philippe n'eut guère de difficultés à trouver des appuis à la Chambre. La gauche dynastique, les radicaux et une bonne partie des conservateurs dynastiques ne voyaient effectivement aucun inconvénient à une nouvelle loi électorale, tant qu'elle affaiblissait les autres partis et leur permettait d'accroître leur influence.
Ainsi, à la fin des vacances parlementaires de 1844, le Roi ouvrit, fait inhabituel, la session parlementaire par un discours du Trône et y sollicita à mots couverts une nouvelle loi électorale. La manœuvre royale, préparée depuis des mois, avait fonctionné à la perfection : la coalition hétéroclite rédigea un projet de loi et le fit voter par la Chambre à la grande fureur des Légitimistes. Le scrutin devenait un scrutin de liste, assurant une meilleure répartition des sièges selon les résultats tout en favorisant les factions en tête.
Au printemps de 1845, le pays restait politiquement stable et le ministère pouvait s'enorgueillir de plusieurs grandes avancées législatives plus ou moins volontaires. Il restait, tout de même, assez populaire, en particulier chez les électeurs. L'agitation libérale se faisait cependant un peu plus pressante et les esprits n'avaient plus la tranquillité des années précédentes : l'apathie politique était un souvenir du passé et des populations politisées se passionnaient pour la chose publique.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 8:27 pm
par Emp_Palpatine
III.
La fondation de la légion et les progrès militaires.
La vie intellectuelle et économique menait son bonhomme de chemin. Le dynamisme des idées irriguait la société française et plus particulièrement, vivifiait les courants libéraux et réformistes.
La pensée idéologique, le constitutionnalisme, l’égalitarisme et la religion politique étaient autant de courants intellectuels et philosophiques venant soutenir les demandes de réforme. On construisait des doctrines, on publiait des ouvrages, on menait des conférences. Dans le bouillonnement qui commençait à agiter l'Europe, de nombreuses graines réformistes commençaient à germer. Les fruits en seraient-ils bientôt visibles?
L'inauguration du Pendule de Foucault, installation qui démontrait la rotation terrestre par le jeu des forces physiques, fut l'une de ces grandes manifestations des sciences modernes qui fit le délice de la presse et des visiteurs et permettait à tous de constater dans quel âge des sciences et de l'esprit l'on vivait à présent.
Les sciences irriguaient aussi l'industrie et le commerce national. Le développement continue des techniques amenait des progrès accroissant la production et la productivité.
Ainsi, l'érection des premiers puits de mine dans les régions houillères fut l'emblème, au cours de ces années, du développement et du dynamisme industriel.
Les puits de mine, comme bientôt les cheminées d'usine, devinrent typiques des régions d'industrie du pays.
L'autre marque sur nos paysages fut pratiquée par le développement des chemins de fer. C'était de fait une véritable révolution des transports qui frappait alors le pays. En 1830, il fallait 24h pour atteindre Lille par diligence des Messageries royales, 48h pour Strasbourg, plusieurs jours pour Marseille.
Le train raccourcissait ces délais d'une manière auparavant impensable. Quelques heures pour Lille, à peine une journée pour le sud de la France. Si les passagers se contentaient alors de trajets locaux, considérant le prix des billets, la diminution du coût de transport des marchandises favorisaient les industries dans leurs provinces et firent disparaître le spectre de la faim : faire venir de la nourriture dans les provinces déficitaires était maintenant bien plus aisé.
Le pays se couvre de chemins de fer.
Le chemin de fer, nouvelle attraction.
Cette santé visible de l'économie finit par se faire sentir à la bourse. La rente faisait triste mine depuis le crash de 1840 et le ministère avait adopté une politique économique particulièrement volontariste, remplaçant par ses propres crédits la source tarie du crédit privé. [/img]
La reprise des activités florissantes de la bourse fut visible par la croissance soutenue de la rente, au grand plaisir de beaucoup d'électeurs , et la reprise du crédit privé en France. L'activité industrielle et commerciale n'en fut que plus dynamique.
Depuis 1836, l'indice industriel du pays avait été multiplié par trois (de 60 à 220) et continuer sur cette voie.
Enfin, le développement des sciences se faisait sentir jusque dans les casernes où les progrès militaires se faisaient plus nombreux. Le ministère soutenait les efforts militaires, conscient de leur importance pour garantir la place de la France en Europe et ses possessions extérieures.
Ainsi fut développée la Légion étrangère. Créée par décret royal en 1831, le développement du professionnlisme des armées permit son renforcement durant ces années et attira nombre de candidats étrangers à la recherche de ce qu'elle pouvait offrir.
Un légionnaire dans les années 1840-42.
De nouveaux armements, de nouveaux règlements et une nouvelle tenue entraient en service. Les leçons des guerres africaines étaient retenues, on se débarrassa du lourd shako, les hôpitaux militaires s'améliorèrent, les fusils à percussion et à canon rayé étaient maintenant matures et répandus dans les unités. Bientôt, Minié, un ingénieur, allait inventer un projectile terrifiant promis à un grand succès.
Ainsi, le développement du pays sous la Vème législature est indéniable. L'armée était plus forte, les sciences dynamiques et la France se couvrait de chemins de fer, de mines, de fabriques.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 8:51 pm
par Coelio
Emp_Palpatine a écrit :A l'auberge des Trois faisans, M. le Président de la Chambre a sans doute soupé d'un vin de table plus fort que d'habitude.
Je voulais dire que si SM Louis Philippe avait une fille comme seule présomptive descendance, elle pourrait épouser Monseigneur Henri :rattrapage acrobatique: :effet de manche: :henri guaino:
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 9:17 pm
par Azerty
Coelio a écrit :
Emp_Palpatine a écrit :A l'auberge des Trois faisans, M. le Président de la Chambre a sans doute soupé d'un vin de table plus fort que d'habitude.
Je voulais dire que si SM Louis Philippe avait une fille comme seule présomptive descendance, elle pourrait épouser Monseigneur Henri :rattrapage acrobatique: :effet de manche: :henri guaino:
Mais Monsieur Le Président de la Chambre, cela signifierait que vous auriez dit que Louis-Phillipe est la France...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 9:29 pm
par Reborn
Azerty a écrit :Vous êtes un bon Français non ?
Non.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 28, 2018 9:39 pm
par Azerty
Reborn a écrit :
Azerty a écrit :Vous êtes un bon Français non ?
Non.
C'est vrai, vous êtes un Breton...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 10:05 am
par Elvis
La loi des 2 ans de conscription, qui a été uniquement approuvée par les Légitimistes, est une manouvre politique pour calmer l aile extremiste, tandis que la liberté de la presse et les nouvelles lois électorales sont instaurées ?
Théoriquement et légalement qui serait le prétendant officiel au trone si le Roi venait à mourir...
Non pas que nous souhaitions la disparation de sa majesté, mais il semblerait que les tentatives d assassinat à son encontre soit devenues le sport national en France....
"Habile funambule que notre Roi...Chère amie, servez moi donc une nouvelle part de cette poularde farcie aux morilles et aux truffes puis venez donc vous assoir à mes côtés"
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 11:20 am
par Emp_Palpatine
Elvis a écrit :
Théoriquement et légalement qui serait le prétendant officiel au trone si le Roi venait à mourir...
La Prince Royal est à présent le Comte de Paris, petit-fils du Roi, fils de feu le Duc d'Orléans, âgé de 4 ans. Suit le Duc de Nemours, frère puiné de Ferdinand-Philippe.
Bien sûr, il s'agit là de la ligne de succession Orléaniste.
J'ai expliqué plus haut qu'en 1842, les Légitimistes sont encore un peu divisé entre partisans du Duc d'Angoulême, fils de Charles X, car refusant les abdications de 1830 et les "Henriquinquistes", partisans du petit-fils, Duc de Bordeaux.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 11:56 am
par Elvis
Emp_Palpatine a écrit :
Dans le climat d'agitation libérale modérée qui couvait en Europe, les contestations s'accroissaient contre le système de juillet mais restaient pour le moment limitées.
Il est étrange que l'opinion publique soit à 30.2% libérale, mais à seulement 18% des sièges à la Chambre, tandis qu'avec seulement 13.4% de réactionnaire, les légitimistes arrivent à avoir 42.1% des sièges...
Il est évident qu'une reforme électorale de grande envergure s'impose....
Serait il possible d'avoir une carte politique des régions de France ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:20 pm
par GA_Thrawn
Qui sont donc ces étranges "anarcho-libéraux"?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:21 pm
par griffon
Normal , le cens électoral étant fixé à 200 Francs ( Avant c'était 500 )
La monarchie de juillet a permis aux corps électoral de passer de 100.000 "citoyens" à 160.000 .....
Je dois avouer que cet AAR me fascine d'un point de vue amateur d'histoire
car il met en lumière une période qui bien que relativement récente est tres mal connue
Il est évident que Palpat à étudié de près la période avant de se lancer sur ce chantier !
Qui , ici , à part lui ,avait déjà entendu parler de "l'énigme de St Leu" ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:23 pm
par Emp_Palpatine
Alors, plusieurs choses:
- Le mode de scrutin était encore le majoritaire. Et un majoritaire encore plus sévère que celui de la Vè, il produit généralement (surtout en début de partie) des résultats aberrants : le parti en tête dans une province est élu et ça s'arrête là. Si dans toutes tes provinces ls conservateurs sont en tête, eh bien tu as une chambre à 100% conservatrice.
- Nous sommes en scrutin censitaire, il faut regarder les opinions des pops électrices.
- L'idéologie te donne l'idéologie à laquelle adhèrent les pops mais ça n'est pas un sondage électoral. Ca, c'est l'onglet "electoral vote". J'ai expliqué plus haut qu'elles décident selon leur idéologie du moment mais aussi selon les "issues" qui les intéressent et un tas d'autres facteurs. Il est donc parfaitement possible d'avoir comme ici un parti minoritaire idéologiquement dans l'opinion qui emporte 50% des voix parce que ses réponses aux "issues" correspondent à ce que veulent les pops.
Cependant, quand la conscience augmente, les pops tendent de plus à plus à suivre leur idéologie et moins leurs "issues" du moment.
Enfin, le parti au gouvernement a une prime si les pops sont généralement contentes (i.e. peuvent se payer les besoins primaires, faible militancy et un peu d'argent en banque).
En gros, le seul jour où tu as une bonne idée des rapports de vote électoraux c'est le jour de l'élection quand tu as la fenêtre de résultats. Par contre, aucun impact concret dans le gameplay puisque par défaut, le parti en tête forme le gouvernement. Les blablas sur la Chambre, je les ajoute pour l'ambiance.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:25 pm
par Emp_Palpatine
GA_Thrawn a écrit :Qui sont donc ces étranges "anarcho-libéraux"?
Mouais, ça fait des siècles que je dois renommer ça. C'est paradox qui appelle les radicaux "anarcho-libéraux" alors qu'ils correspondent plus en jeu à des radicaux-jacobins.
Mais le boulot pour renommer est assez dantesque, il faut faire la chasse à la moindre référence dans tous les fichiers du jeu sinon ça plante.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:28 pm
par Emp_Palpatine
griffon a écrit :Normal , le cens électoral étant fixé à 200 Francs ( Avant c'était 500 )
La monarchie de juillet a permis aux corps électoral de passer de 100.000 "citoyens" à 160.000 .....
Un peu plus, dans les 200 000 en 1830.
En 1846, ils sont aux alentours 250 000 si je me souviens bien.
En terme de jeu, je dois regarder où j'en suis. Mais on doit déjà être au dessus de ce chiffre, j'ai développé la population de bureaucrates, d'officiers et je commence à développer le clergé. Toutes trois sont électrices, même si elles ne comptent que pour 25% dans les règles actuelles.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:37 pm
par Vavan
Monsieur,
Revenant des Amériques - où j'ai vu des Américains - je me réjouis de pouvoir m'informer des affaires du royaume après tant d'années d'absences.
Fort satisfait que notre bon peuple ait accordé aux représentants légitimistes sa confiance comme il sied à des moutons de se laisser guider par leur berger, je me permet humblement de solliciter aux autorités bienveillantes qui nous gouvernent une bien maigre pension suite à des affaires malencontreuses outre-océan et sur lesquelles je ne m'étendrais pas.
Oserais-je leur rappeler en ma faveur que j'ai un peu chouanné durant ma prime jeunesse? Que mon régiment présent à Quiberon s'est fait glorieusement massacré pour le Roi? Et que feu le maréchal Moreau - mon ami, mon frère- est, si je puis dire, mort dans mes bras à Dresde? Non, je n'oserais pas.
Je constate néanmoins avec déplaisir que l'agitation semble de nouveau gagner la France et que le Nouveau Régime semble tenir à peu de chose.
Pourrais-je conseiller à notre souverain qu'une action décisive afin de rétablir nos frontières d'avant la rébellion de 1789 pourrait rassembler notre nation autour de lui? Qu'y a t-il de plus beaux et de fraternel que des soldats au soir de la bataille quand se couche sur le champ d'honneur jonché de cadavres et de mourants le soleil de la victoire?
Qu'Il sache que je me tiens à Son Auguste disposition pour rejoindre les rangs des officiers supérieurs quand sonnera l'inévitable tocsin, dès que mes obligations financières auront été réglé grâce à Sa générosité proverbiale.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 12:48 pm
par Emp_Palpatine
J'ai édité le dernier update avec les infos économiques, militaires et scientifiques.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 3:17 pm
par Emp_Palpatine
L'outre-mer sous la Vème Législature.
L'émigration Outre-mer. Les points d'appuis français en Afrique. Les possessions de l'Océan Indien. L'élément français y devient dominant. La fondation du bagne. Les expéditions en Nouvelle-Zélande. L'île du Nord est colonisée.
Si le ministère Berryer continuait en Europe la politique prudente qui était celle de la France depuis la révolution de 1830, il s'appliquait à offrir l'Outre-mer comme substitut à ceux qui rêvaient d'expansion et de gloire. En France, l'intérêt public était assez peu tourné sur les colonies et les passions se déchaînaient bien plus facilement sur la rive gauche du Rhin ou sur la question d'Orient que sur les côtes du Sénégal ou l'Océan Indien.
Cependant, la démographie française était dynamique et l'industrie ne pouvait pas encore absorber tous les bras. Depuis quelques temps déjà, un mouvement d'émigration vers le Nouveau Monde traversait l'Europe. Les miséreux, les cadets, les repris de justice ou tout simplement les aventuriers ou les personnes cherchant une nouvelle vie partaient vers la jeune république américaine. En France, le mouvement existait mais il restait faible. Les Français se présentant dans les ports embarquaient souvent vers nos points d'appui outre-mer. Le gouvernement Français entendait bien, dès que ce serait possible, encourager au maximum cette émigration de peuplement. Elle était perçue au ministère des Colonies comme la garantie de notre maintien sur ces terres lointaines. Les rendre françaises y compris par la population priverait tout conquérant éventuel -prévention bien sûr tournée vers l'Angleterre- de s'en emparer. Quant aux natifs, ils n'auraient d'autre choix que l'assimilation.
La côte Sénégalaise abritait deux de ces points d'appui : les provinces de Dakar et de Saint-Louis.
Si Dakar était le port susceptible d'accueillir nos escadres, Saint-Louis s'imposait comme la capitale de nos établissements du Sénégal. La province abritait pas loin de 50 000 habitants dont déjà plus de la moitié était formée par l'élément européen. Dakar comptait quant à elle 15 000 âmes et était en passe, si le mouvement d'immigration continuait, de devenir elle aussi une province majoritairement européenne.
L'île Bourbon, dans l'Océan Indien, suivait le même chemin.
les 120 000 âmes qu'abritaient l'île étaient en majorité française et l'arrivée de colons continuait à un rythme conséquent. Le point d'appui principal de la France dans l'Océan Indien attirait par la richesse de ses eaux et par son climat.
L'élément français devant dominant dans ces territoires, les demandes de changement de régime se firent plus nombreuses. Déjà, certaines colonies avaient reçu une administration civile en lieu et place de l'administration coloniale et des voix s'élevaient depuis Saint-Louis et l'île Bourbon pour qu'à Paris on considérât leur accorder le même traitement. Pour le moment, le gouvernement prétextait, à raison, de l'éloignement de ces territoires et des difficultés pratique qu'il représentait pour leur administration civile afin de leur refuser ce statut. Ce n'était cependant pas une fin de non-recevoir : dès que cela serait matériellement possible, ce serait fait.
Le ministère profitât de notre présence Outre-mer pour y ouvrir plusieurs bagnes et déplacer les forçats de la France métropolitaine vers l'Outre-mer. La Guyane, les confins du Sénégal et certaines îles se prêtaient à ravir à cette exercice.
On espérait ainsi faire réfléchir les criminels.
Enfin, suite à l'acquisition à grand prix de la Nouvelle Zélande, le ministère se devait d'assurer la domination française sur ce territoire. Fort heureusement, les progrès de la science, notamment médicaux, nous permirent d'organiser les expéditions nécessaires à partir de l'été 1843.
Alors qu'arrivait un petit corps d'armée destiné à assurer la sécurité de l'île, de modestes colonnes sillonnèrent le territoire, le cartographièrent, signèrent des traités avec les chefs locaux.
A l'été 1845, les premiers rapports parvinrent à Paris, signalant le territoire comme soumis à notre domination et prêt à être colonisé.
La présence française sur l'Ile du Nord devint vraiment effective.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 6:25 pm
par Chef Chaudard
Voilà le vrai objectif de cette colonisation : ouvrir des bagnes pour y déporter les amis de la Liberté !!!!
Décidément, comme aurait dit le grand Caton, un vertueux républicain, il faut détruire la monarchie de Juillet !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 6:40 pm
par Coelio
Nous nous réjouissons de l'avancée outre mer de notre pays. Nous implorons cependant SM de prendre garde à un mode de scrutin qui pourrait laisser entrer à la Chambre des va-nu-pieds factieux et griffonistes. De l'ordre et de la discipline ! Et cela continuera à en faire profiter la rente, ce qui réjouit fort le tendancieux Thrawnac
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 7:00 pm
par aheuc
A force de trop d'intéresser aux terres ultra-marines, c'est le Roi lui-même qui risque un jour de se retrouver outre-mer...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 29, 2018 7:02 pm
par Coelio
A Dieu ne plaise bien entendu . Mais le Duc de Bordeaux ferait un fort bon Lieutenant Général, le cas échéant
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 30, 2018 12:30 pm
par Emp_Palpatine
Les opérations de 1844 en Algérie et au Maroc.
Abd el Kader n'est pas fidèle à sa parole. Reprise des raids et de la petite guerre. Retour du Maréchal Guillaumat en Afrique, la France déclare la guerre à Abd el Kader. Le sultan du Maroc déclare la guerre à la France. Abd el Kader écrasé, prise de la smala. L'armée de secours marocaine anéantie. L'Oranais est soumis. Le Maréchal Guillaumat entre au Maroc. Prise de Fez. Le sultan contraint à la paix. Acquisitions de 1844.
Le traité signé avec Abd el Kader lui laissait la domination sur la majeure partie de l'ouest algérien, y compris sa place forte de Tlemcen, contre reconnaissance de notre souveraineté sur l'Algérois et le Constantinois et bien sûr l'engagement à des relations de voisinage honnêtes et pacifiques. L'émir, après avoir reconstitué ses forces, simula quelques temps le respect du traité. Fidèle aux principes de sa religion, il ne pouvait cependant concevoir avec nous qu'une trêve et non pas une paix perpétuelle. Abd el Kader était aussi soumis à la pression de ses féaux des tribus qui le suivaient et qui, si la paix avec l'infidèle demeurait trop longue, remettaient en question l'honneur, la piété et la valeur du chef. Ainsi, dès le printemps 1843, la petite guerre reprit aux marges de nos possessions et les postes avancées firent le coup de feu contre des razzias de plus en plus souvent.
Après avoir commandé l'expédition des Légations, le Maréchal Guillaumat fut renvoyé en Algérie par le Ministère. Le signal donné à l'armée d'Afrique et à l'opinion était limpide : une nouvelle expédition était à l'ordre du jour. Cette fois, deux corps devraient anéantir les forces de l'émir et assurer la domination française sur tout l'Oranais et l'ouest algérien.
Au printemps 1844, des émissaires signifièrent à Abd el Kader que suite à ses nombreuses violations du traité de paix, celui-ci était considéré comme caduc et que la force des armes réglerait la dispute entre la France et l'émir.
Abd el Kader ne combattrai pas seul cette fois, cependant. L'émir avait pris langue avec le sultan du Maroc et ce dernier, espérant étendre son influence sur l'ouest algérien où régnait l'anarchie, s'était engagé par une alliance avec son coreligionnaire.
Le Maréchal Guillaumat avait prévu ce cas de figure et planifié sa campagne en conséquence. Par un mouvement véloce, le corps de l'Oranais devait frapper Abd el Kader qui campait avec sa smala près de Tlemcen tandis qu'un deuxième corps devait partir d'Alger pour s'emparer de Medea et Mascara. Une fois l'émir vaincu, on pourrait se retourner contre le Maroc.
Il est rare qu'une campagne militaire se déroule parfaitement selon les plans établis. La campagne de 1844 est une de ces exceptions confirmant les règles. Par un mouvement extrêmement rapide, Guillaumat fit route vers Tlemcen et surprit l'émir en son campement. C'est le duc d'Aumale, fils cadet dur Roi, qui mène l'assaut contre la Smala d'Abd el Kader.
Le duc d'Aumale en campagne.
La victoire est sans appel, l'armée d'Abd el Kader est anéantie et sa smala est prise. L'émir prend la fuite vers le sud algérien, sa reddition n'étant plus qu'une question de temps à présent.
Prise de la Smala, Horace Vernet.
Les Marocains avaient envoyé une armée de secours qui ne prit pas le risque de venir au secours de Tlemcen. Au contraire, passant par Mascara et les montagnes, elle chercha à frapper Alger afin d'obliger nos forces à réagir et à lever le siège de la place forte. Elle fut interceptée par le Corps d'Alger commandé par le Général Henri, dont tout le monde connaissait le père naturel. A Mascara, nos forces écrasent les Marocains et anéantissent l'armée de secours du Sultan.
Abd el Kader et les Marocains écrasés, l'armée d'Afrique put assurer notre domination sur l'Oranais en prenant Médéa et Mascara. Une fois Tlemcen prise, le Maréchal Guillaumat ouvrit sa campagne du Maroc.
Soldats en campagne.
En décembre, après un court siège, Fez, capitale du sultan du Maroc, fut prise.
Reddition des Marocains.
Humilié et vaincu, à la merci des Français, le sultan accepta nos conditions. Certains esprits à la Chambre et dans la presse demandait que l'on forçât le Maroc à accepter un protectorat français, accroissant d'autant notre puissance en Afrique. Le ministère repoussa dans ses instructions au commandement d'Afrique ces solutions. Il n'était gère opportun de fâcher les Britanniques ou les Espagnols en développant démesurément notre présence en Afrique du Nord. Des réparations punitives suffiraient ainsi que la reconnaissance de notre domination sur l'Oranais et l'ouest algérien.
En quelques semaines de campagne, les troupes de l’émir avaient été anéanties tout comme celles du sultan du Maroc. La France s'assurait le contrôle de tout l'ouest Algérien tandis qu'Abd el Kader était repoussé sur les marches du Sahara. La victoire était complète. On pavoisa à Paris et on fit, du moins dans les milieux dynastiques, du Duc d'Aumale un nouveau héros.
Boîte de jouet d'époque, permettant aux enfants de revivre la bataille d'Isly avec des soldats en carton.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 30, 2018 12:53 pm
par Emp_Palpatine
J'ai utilisé la console pour obtenir un résultat plus historique. La capitale d'Abd el Kader étant à Tlemcen, on ne peut pas annexer cette région tant que tout le reste n'est pas conquis. Comme ça n'est pas historique, je me suis permis d'échanger les territoires du sud avec la région de Tlemcen pour maintenir un processus de conquête cohérent.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 30, 2018 12:54 pm
par DarthMath
L'important, c'est surtout qu'il y ait des bouts de carton !!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 30, 2018 6:49 pm
par Azerty
Maintenant que nos positions sont raffermies en Algérie et que le Maroc est anesthésié, pourquoi ne pas se tourner vers des possessions plus à l'Est ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mars 30, 2018 11:01 pm
par Antonius
As-tu vu la casquette, la casquette,
As-tu vu la casquette du père Bugeaud?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mars 31, 2018 8:23 am
par Emp_Palpatine
Azerty a écrit :Maintenant que nos positions sont raffermies en Algérie et que le Maroc est anesthésié, pourquoi ne pas se tourner vers des possessions plus à l'Est ?...
A l'est? Nos relations avec la Régence de Tunis sont excellentes.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 01, 2018 2:26 pm
par Emp_Palpatine
Les affaires extérieures sous la Vème législature.
I. Le ministère ne change guère la politique de la France. Priorité à la paix et à l'équilibre. Début des rivalités et du réveil national en Allemagne. L'alliance avec Parme. La formation de la Fédération d'Italie du Nord. La France encourage ce mouvement. Développement de la politique d'alliances. L'influence politique permet l'influence économique. II. Colère de la gauche et de radicaux contre la politique gouvernementale. La révolte norvégienne. Les libéraux français prennent fait et cause pour les norvégiens. Neutralité française. Victoire des Suédois. III. La crise d'Orient. La France confirme sa neutralité. Les puissances s'enlisent en Orient. Critiques contre la prudence française. Sagesse de la neutralité: la guerre évitée. L'intervention des puissances traîne en longueur.
I
Certaines cours européennes s'étaient félicitées de l'arrivée au ministère des Légitimistes, particulièrement à Saint Petersbourg. Leur espérance était que la France s'insérerait un peu plus dans la politique chancelante de la Sainte Alliance. De plus, les tensions qui ne manqueraient pas de se produire entre Louis-Philippe et une majorité opposée à sa dynastie rendraient la France plus effacée en Europe. Le Roi avait anticipé ces problèmes en ne nommant pas de ministre des Affaires étrangères. Le président du Conseil, le Maréchal Soult, ne s'y entend guère sur les questions diplomatiques, les ministres étrangers notèrent le partage de la gestion des affaires extérieures entre Louis-Philippe et Berryer. Sur ces questions, les deux hommes partageaient la même vision.
Depuis 1830, la royauté nouvelle faisait son possible pour éviter la guerre que souhaitait bien souvent les radicaux et même certains membres de la gauche dynastique. Thiers, par exemple, était connu pour vouloir lancer le pays dans de nombreuses aventures extérieures au grand dam de la Couronne. Louis-Philippe voulait gagner sa place auprès de ses pairs en maintenant la sage politique de la Restauration : faire de la France, malgré son libéralisme politique, une puissance de stabilité en Europe. Berryer ne voulait pas autre chose. Ainsi, tout au long de la législature et souvent contre les menées de certaines forces, la politique du ministère, en fait celle du Roi et du ministère, fut de maintenir le pays dans la pays et loin des troubles frappant alors l'Europe et l'Orient.
Pourtant, l'avenir perçait déjà sous le calme apparent, en témoignent les premiers frémissements au sein de la Confédération Germanique. Le Hanovre, sorti de la domination britannique suite à l'accession au trône du roi Ernest-Auguste Ier conformément à loi salique tandis que Victoria prenait la couronne à Londres, était une terre diplomatiquement vierge. Les deux grandes puissances allemandes, l'Autriche et la Prusse, n'y avait guère d'influence. Pour la France, l'occasion était belle de renforcer sa position en Europe occidentale à la suite du traité franco-néerlandais, le Hanovre étant l'un des états allemands les plus puissants. La diplomatie française commença donc sa séduction auprès de la cour du Hanovre, à la grande colère des Prussiens. La presse fit son miel des incidents entre ministres Français et Prussiens qui se multipliaient sur place, petite guerre diplomatique où hélas les Prussiens marquaient des points, n'hésitant pas à créer des scandales purement fictifs. Lentement, les relations entre la France et la Prusse se détérioraient, après la lune de miel des années 1830.
Plus à l'est, la révolte saxonne permit de constater que le feu couvait sous la cendre au sein de la Confédération Germanique. Suite à une émeute, Frédéric-Auguste II dut accorder une constitution libérale. Si cette dernière était modérée dans ses termes, les plus observateurs eurent l'occasion de constater que les mots d'ordre appelant à l'unité germanique et la liberté de l'Allemagne étaient nombreux chez les protestataires, peut-être même plus que les exigences libérales. Seuls quelques esprits s'en émurent alors. L'avenir se chargerait d'inquiéter le plus grand nombre.
Le changement de ministère, bien qu'il insistât sur la continuité de son action, avait eu une conséquence en Italie. Le ministère rechignait à signer une alliance avec le nouveau gouvernement du Duché. Il fallu plusieurs années pour que le gouvernement s'y résignât. Après tout, le souverain légitime était toujours sur son trône et Marie-Louise avait accordé une constitution de son propre chef. Enfin, l'occasion de renforcer la présence française en Italie du Nord était trop belle.
L'alliance fut perçue bien différemment à Parme et à Turin. A Parme, le gouvernement libéral avait de grandes vues sur l'avenir de la nation italienne et avait pris langue avec le gouvernement Sarde afin de négocier des liens bien plus profonds que ce que l'alliance tripartite avec la France prévoyait. Considérant l'affection portée par les habitants du Duché à la "bonne duchesse", il était hors de question de solliciter directement l'annexion en passant par la déchéance de Marie-Louise. Les gouvernements européens ne l'auraient sans doute pas accepté. Enfin, bien que le Royaume de Piémont-Sardaigne fût devenu une monarchie constitutionnelle depuis l'octoi du Statut par son souverain, le régime y était bien moins libéral qu'à Parme et l'annexion directe aurait nécessité l'alignement sur le Statut. Le compromis arriva de Turin : les deux pays formeraient une Fédération d'Italie du Nord, sous présidence Sarde, fusionnant les services diplomatiques et les armées. Parme et Sardaigne firent cette déclaration simultanément, mettant les grandes puissances devant le fait accompli.
La France, patronne officieuse des deux États italiens, fut la moins prise au dépourvu. Les contacts très proches que nous entretenions à Turin nous avait permis de prendre connaissance du projet. Le gouvernement y était favorable : Parme était une petite puissance et si l'Autriche voulait y rétablir sa sphère d'influence, nous eussions dû nous résoudre à la guerre pour défendre notre position. Heureusement, Metternich ne semblait guère porté à se lancer dans une aventure italienne. L'autre argument en faveur de la mise sous tutelle de Parme par le Piémont était le gage de stabilité qu'apporterait une telle fédération. Les Sardes, à la tête plus froide et au gouvernement plus conservateur, ne manqueraient pas de limiter les menées libérales du nouveau gouvernement du Duché. Si nous simulâmes la surprise devant les ambassadeurs, c'est en vérité avec l'appui discret du gouvernement français que ce fit cette fédération qui renforçait notre position en Italie.
Cette politique s'intégrait à l'effort général mené par le gouvernement français dans le but de se reconstituer une influence en Europe par le biais d'alliances permettant de contrer ses adversaires potentiels.
Sous la Vème législature, deux d'entre elles furent signées en grande pompe en 1844. La première avec le Danemark, la deuxième avec le Hanovre. Ces deux traités permettaient donnaient plus de force à la France en Europe du nord tandis que les deux puissances concernées étaient ravies de se prémunir ainsi contre les menées de certains de leurs voisins.
Enfin, le développement de notre influence dans ces pays ainsi que celui du crédit et de l'industrie en France permirent au gouvernement d'initier une politique d'investissement à l'étranger. Ainsi, aux Pays-Bas, la constitution du chemin de fer se fit presque entièrement grâce aux capitaux débloqués et investis par le ministère.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 01, 2018 3:22 pm
par Emp_Palpatine
II.
Les critiques contre la politique extérieure étaient les plus vieilles que l'on faisait à la monarchie de Juillet. Depuis 1830, le malentendu régnait entre radicaux, gauche dynastique et conservateurs. Pour les têtes les plus froides, 1830 ne visait qu'à faire régner l'ordre constitutionnel et tout était accompli avec l'abdication de Charles X et la révision de la Charte. D'autres esprits souhaitaient étendre le changement de régime à la diplomatie. L'ordre de 1815 devait être abattu en Europe après avoir été abattu en France. Bien sûr, ces éléments étaient furieux que la politique modérée qui était celle de la France depuis 1830 continuât. Les critiques se multipliaient à la tribune de la Chambre et dans la presse, le moindre soubresaut extérieur étant l'occasion de reprocher au gouvernement sa soumission à l'ordre européen voire, bien pis encore, sa participation active à la politique de la Sainte Alliance.
La révolte de Norvège fut l'une de ses causes soudainement brandies en étendard. Unie à la Suède sous le régime de l'union personnelle en 1814, la Norvège n'avait accepté cette domination qu'après une résistance militaire et bien malgré elle. Fin 1843, les troubles reprirent dans la partie norvégienne du royaume et au mois de décembre, la Suède en avait perdu le contrôle. A Christiana, les nationalistes norvégiens proclamèrent leur indépendance, votèrent la déchéance des Bernadottes et adoptèrent une constitution républicaine. La Suède entama bien sûr des opérations militaires visant à rétablir l'ordre en Norvège et bientôt les deux entités furent en guerre.
A Paris, sans surprise, une bonne partie de la gauche et les radicaux s'enflammèrent pour les Norvégiens. On forma des légions de volontaires, il y eut des banquets, des collectes. Le gouvernement laissait faire, préférant voir les plus radicaux se faire tuer en Norvège plutôt qu'agitant les esprits dans les cabarets. Il fallut, cependant, répondre par la presse amie et à la tribune aux accusations, voire aux imprécations, que jetaient les "norvégiens" à la tête du ministère.
Ce dernier avait fait le choix très compréhensible de la neutralité. La France n'avait que peu d'intérêts dans cette région d'Europe et la rupture tout comme le maintien de l'union suédoise n'aurait en définitive que des conséquences minimes sur l'équilibre en Europe. Enfin, la révolution norvégienne n'avait que peu de risques de se répandre considérant l'isolement norvégien et la modération de leur révolution. La France continua donc ses relations avec la Suède et se garda de s'ingérer dans le conflit. Les envoyés que la Norvège envoyait à travers les cours libérales pour quémander de l'aide furent reçu discrètement avec politesse mais repartirent les mains vides. Si la Norvège triomphait et arrachait son indépendance, il serait bien temps d'établir des relations officielles en bonne et due forme.
La prudence paya. Après un an et demi de campagne dans les neiges et les montagnes de Norvège, les Suédois parvinrent à faire capituler leur adversaire dont les chefs s'exilèrent, qui au Nouveau Monde, qui à Londres. Un nouveau Storting fut élu, répudia les proclamations révolutionnaires comme nulles et non avenues et restaura le roi du Suède sur son trône de Norvège. A lire certains des titres de la presse libérale, on eût cru que c'était là une défaite de la France, une de plus.
III.
Si la Norvège déclenchait la tempête dans la presse d'opposition, la Crise d'Orient formait un ouragan. Cette affaire couvait depuis les années 1830 et la première guerre ayant opposé Mehemet-Ali au sultan de Constantinople, conflit à l'issue duquel le Pacha d'Egypte avait adjoint la Syrie à son domaine. Il était depuis évident que la guerre devait reprendre un jour, la question restant ouverte tant que la question de l'hérédité du pachalik et de la possession de la Syrie ne seraient pas formellement closes. La guerre reprit en 1842 entre les deux puissances mahométanes d'Orient. De nombreux, très nombreux intérêts étaient en jeu dans cette complexe affaire. Les Russes y voyaient l'occasion, comme dans les années 1830, d'avancer vers Constantinople pour mettre la Porte sous leur protectorat. Les Autrichiens craignaient l'effondrement Ottoman, les Britanniques désiraient le statu quo afin de protéger leur domination en méditerranée orientale. Chacune des puissances allait intervenir d'une façon ou d'une autre.
La France, quant à elle, entretenait de bonnes relations avec le Pacha d’Égypte, ayant contribué à la formation de son armée. Cela justifiait-il l'intervention? Pour la gauche et même pour une partie du cabinet, oui. La France devait s'engager dans cette affaire et obtenir pour son allié l'hérédité en Égypte et en Syrie. La France aurait ainsi mis l’Égypte dans sa sphère d'influence sans tirer un coup de feu et en laissant les autres puissances régler le sort de l'Empire Ottoman. Le Roi ne souhaitait cependant pas lancer la France dans une politique aventureuse qui eût pu l'amener à la guerre. De plus, le traité de cession de la Nouvelle-Zélande avait été négocié moyennant un engagement français de neutralité en Orient. Le gouvernement dut se ranger à la solution honorable : la France avait donné sa parole à une puissance amie et n'avait pas d'engagement avec l'Egypte. Nos ambassadeurs reçurent donc comme consigne d'annoncer et de défendre la neutralité française dans cette crise et d'expliquer que la France reconnaitrait le fait accompli qui sortirait des événements en cours.
Le ministère fut-il bien inspiré? Après deux ans et demi, la guerre continuait en Orient et les puissances avaient été contraintes à l'intervention directe. Les seules puissances en état de le faire étaient l'Angleterre et la Russie. Chacune avait fait le choix d'envoyer contre l'Egypte des corps expéditionnaires conséquents qui sauvèrent in extremis l'Empire Ottoman de la défaite la plus absolue et, lentement, entreprirent la reconquête des territoires occupés par les Égyptiens puis du Levant. Au printemps 1845, les Britanniques avaient débarqué à Alexandrie et faisaient mine de vouloir y rester.
Ces rumeurs et les déclarations jingoïstes de la presse de Londres excitèrent encore plus l'opposition. Depuis le déclenchement de la crise, cette dernière était l'angle d'attaque favori de l'opposition. Elle accusait le ministère d'abandonner lâchement un ami de la France, de tenir éloigné la France du règlement de l'affaire du siècle, de ne pas saisir l'occasion pour monnayer sa neutralité contre la révision ou l'annulation des traités, d'être Judas ayant reçu au prix de sa trahison non pas 30 pièces mais deux îles. On s'affronta à la Chambre et par journaux interposés mais la position française ne changea pas d'un pouce : neutralité.
Cette politique s'avéra sage. Mieux, elle nous évita une guerre qui aurait éclaté pour des motifs secondaires loin d'être vitaux. Qu'importait à la France que le Pacha d’Égypte fût proclamé héréditaire et qu'il obtînt la Syrie? Il nous aurait fallu affronter les Britanniques, les Russes, les Autrichiens, la Porte et sans doute la Prusse. La France aurait donc mis le pied seule dans une guerre générale perdue d'avance. Quand bien même le sort des armes nous eût-il été favorable, nous n'aurions pu qu'obtenir quelques avantages en Orient et sans doute pas les révisions générales des traités dont on rêvait dans certains cercles à Paris.
De plus, en 1845, alors que le mandat de la Chambre touchait à sa fin, il était évident que l'intervention des puissances traînait en longueur. La France aurait perdu dans cette affaire beaucoup de temps, d'argent, de sang et d'énergie. On se félicitait dans les couloirs des Tuileries d'avoir évité un tel imbroglio.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 3:24 pm
par Vavan
Nous autres, Les honnêtes gens, ne pouvons qu'approuver la sagesse de notre bon gouvernement légitimiste dans le règlement des affaires internationales.
La Grandeur de la France ne saurait se trouver dans des terres exotiques et lointaines, mais dans les plaines de Belgique, les monts des Alpes et les rives du Rhin!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 4:18 pm
par Emp_Palpatine
Ordonnance du Roi
LOUIS-PHILIPPE, Roi des Français,
A tous présents et à venir, Salut.
Vu l'article 42 de la Charte Constitutionnelle,
Vu la loi du 22 septembre 1844,
Sur le rapport de Notre ministre de l'Intérieur,
NOUS AVONS ORDONNE ET ORDONNONS CE QUI SUIT:
Article premier
La chambre des députés est dissoute.
Art. 2
Les collèges électoraux sont convoqués pour le 24 novembre prochain à l'effet d'élire leurs députés conformément aux dispositions de la loi du 22 septembre 1844.
Art. 3
La Chambre des Pairs et la Chambre des Députés sont convoquées pour le 29 décembre prochain.
Art. 4
Notre ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution de la présente ordonnance.
Au Palais des Tuileries , le 24 mai 1845.
LOUIS-PHILIPPE
Par le Roi,
Le Ministre de l'Intérieur, M. le Mal. T.R. Bugeaud.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 4:59 pm
par Elvis
"L'auberge des trois faisans fait salle comble depuis l'ordonnance royale et l annonce des prochaines élections...
Des sieurs, parfois a la réputation sulfureuse, s'y réunissent tous les soirs et il n est pas rare qu'en fin de soirée, après quelques verres d'absinthe, les esprits s échauffent et des propos peu élogieux à l'encontre de sa majesté soient prononcés.... "
Extrait du message envoyé au Prefet de police par un indicateur secret, nom de code 'Chevalier de Sarlat'...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 5:59 pm
par Emp_Palpatine
" L'un des mystères de cette époque reste l'identité du fameux "Chevalier de Sarlat" qui depuis plus de 15 ans maintenant renseignait la Sûreté Générale, qu'elle soit celle de Charles X puis celle de Louis-Philippe. Le dit indicateur fournissait de nombreux rapports circonstanciés et fort bien renseignés aussi bien sur l'opinion générale dans des lieux fréquentés par la bonne société provinciale que sur celle de très différents partis et factions qui formaient la classe politique de l'époque. Par esprit de service peut-être, par flagornerie possiblement, le "Chevalier de Sarlat" irriguait la Sûreté de détails sur les mots d'esprits, les conversations de fumoir mais aussi les liaisons et les trahisons, insistant toujours sur sa propre loyauté bien sûr à toute épreuve.
Nous en sommes réduits à des conjectures mais il semble que nous puissions, sans risque de beaucoup nous tromper, présenter un individu introduit dans le monde politique de l'époque, peut-être même député à la Chambre, et aux loyautés assez fluctuantes dans la discrétion pour lui permettre d'avoir des antennes dans bien des partis. On pourrait même aller jusqu'à citer quelques noms, mais certains étant célèbres et toujours portés par des hommes politiques de notre temps, il nous paraît prudent de laisser là les conjectures."
Michel Elviston , Histoire de la Police, t2, Le XIXè siècle. (1985)
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 6:47 pm
par stratcom
Vavan a écrit :Nous autres, Les honnêtes gens, ne pouvons qu'approuver la sagesse de notre bon gouvernement légitimiste dans le règlement des affaires internationales.
La Grandeur de la France ne saurait se trouver dans des terres exotiques et lointaines, mais dans les plaines de Belgique, les monts des Alpes et les rives du Rhin!
Homme de peu de foi. Vous voudriez donc que nous renoncions à notre nécessaire et légitime mission civilisatrice et que nous laissions ces peuples dans la sauvagerie ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 7:09 pm
par Azerty
stratcom a écrit :
Vavan a écrit :Nous autres, Les honnêtes gens, ne pouvons qu'approuver la sagesse de notre bon gouvernement légitimiste dans le règlement des affaires internationales.
La Grandeur de la France ne saurait se trouver dans des terres exotiques et lointaines, mais dans les plaines de Belgique, les monts des Alpes et les rives du Rhin!
Homme de peu de foi. Vous voudriez donc que nous renoncions à notre nécessaire et légitime mission civilisatrice et que nous laissions ces peuples dans la sauvagerie ?
Parce que vous trouvez que les Prussiens sont civilisés vous ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 03, 2018 7:34 pm
par Emp_Palpatine
Monsieur d'Azrty marque un point.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 04, 2018 2:35 pm
par GA_Thrawn
Emp_Palpatine a écrit :
" L'un des mystères de cette époque reste l'identité du fameux "Chevalier de Sarlat" qui depuis plus de 15 ans maintenant renseignait la Sûreté Générale, qu'elle soit celle de Charles X puis celle de Louis-Philippe. Le dit indicateur fournissait de nombreux rapports circonstanciés et fort bien renseignés aussi bien sur l'opinion générale dans des lieux fréquentés par la bonne société provinciale que sur celle de très différents partis et factions qui formaient la classe politique de l'époque. Par esprit de service peut-être, par flagornerie possiblement, le "Chevalier de Sarlat" irriguait la Sûreté de détails sur les mots d'esprits, les conversations de fumoir mais aussi les liaisons et les trahisons, insistant toujours sur sa propre loyauté bien sûr à toute épreuve.
Nous en sommes réduits à des conjectures mais il semble que nous puissions, sans risque de beaucoup nous tromper, présenter un individu introduit dans le monde politique de l'époque, peut-être même député à la Chambre, et aux loyautés assez fluctuantes dans la discrétion pour lui permettre d'avoir des antennes dans bien des partis. On pourrait même aller jusqu'à citer quelques noms, mais certains étant célèbres et toujours portés par des hommes politiques de notre temps, il nous paraît prudent de laisser là les conjectures."
Michel Elviston , Histoire de la Police, t2, Le XIXè siècle. (1985)
J'étais à deux doigts d'attaquer en diffamation!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 04, 2018 6:59 pm
par Emp_Palpatine
Les élections de 1845.
La chambre arrive au terme de son mandat. Succès politique de la Majorité. Etat politique du pays. La question de l'esclavage ressurgit. Exemple de la couronne. La législature conclut son existence par l'abolition. Calme de la campagne électorale. Les questions morales dominent. Retour au calme à l'étranger. Panorama de l'opinion avant les élections. Résultat des élections, la majorité reconduite. Satisfaction du pays.
Au printemps 1845, la Chambre élue en 1841 arrivait au terme de son mandat. Conformément à la constitution, le Roi promulgua les ordonnances nécessaires à l'organisation des élections législatives devant désigner la VIème législature de la Monarchie de Juillet. C'était en vérité un succès inattendu pour la majorité conservatrice-légitimiste. Cette dernière avait finalement tenu, en grande partie grâce au pragmatisme du Palais et de Berryer. Les Légitimistes semblaient avoir repoussé leurs rêves de substitution dynastique au décès de Louis-Philippe. Le choc que fut l'accident du Duc d'Orléans ne fut pas pour rien dans la stabilité qui s'installa alors. Tous sentaient confusément que le temps jouait pour leur faction. Les Légitimistes attendaient la mort du Roi, les Orléanistes la majorité du Prince Royal, les radicaux la montée des tensions, les libéraux dynastiques la réforme. Ainsi, Louis-Philippe s'abstint de dissoudre, quand il eût pu faire fracturer la majorité sur certaines questions; les Légitimistes affectèrent un respect minimal pour les institutions et, en définitive, les choses continuèrent dans un certain calme, d'autant plus que l'ombre de l'agitation planait sur le pays.
Avant sa séparation, la Chambre s'empara d'un sujet qui ressurgissait par moment depuis plusieurs années. On se souvient que déjà en 1840 la question de l'esclavage avait été un temps l'objet des discussions de presse pendant la campagne. Depuis ce temps, le sujet revenait dans la presse, dans les salons, dans les sermons.
A l'annexion de Mayotte, le Roi donna l'exemple en abolissant l'esclavage dans les domaines royaux outre-mer. Les sociétés chrétiennes et abolitionnistes demandaient à ce que le pays suivît cet exemple. Le Ministère des colonies avait depuis quelques années des projets de loi visant à améliorer la situation des esclaves : instruction minimum, nécessité de la sanction judiciaire des châtiments corporels, limitation du temps de travail, droits au mariage, à la famille, à la propriété, à l'héritage... En résumé, le Ministère souhaitait avancer vers l'abolition de manière progressive. L'opinion y étant favorable, la presse et la morale chrétienne soutenant la cause, la Chambre étant prête à suivre le projet, le gouvernement franchit le pas : les Lois Mackau allèrent jusqu'au bout de leur logique, l'abolition totale. Elles furent votées le 9 juin 1845. Quelques jours plus tard, la Chambre cessa ses activités.
La France abolissait l'esclavage dans toutes ses colonies. La presse de tous bords se félicita de la réforme et vanta l'exemple donné par la France aux nations civilisées dans son abrogation d'une pratique maintenant considérée comme d'un autre temps.
L'Amiral de Mackau, ministre des Colonies et de la Marine.
La campagne électorale suivait la tendance conservatrice et morale de l'opinion politique. Les questions qui se posèrent, en plus de l'abolition déjà acquise, étaient surtout d'ordre religieux et économique.
Le gouvernement de la France devait-il accompagner le profond renouveau religieux qui traversait les tréfonds de l'âme du pays depuis le milieu des années 1830? La politique volontariste en matière industrielle était-elle de bon aloi? Etait-il sage d'abandonner la politique de force et de résistance à l'intérieur alors que les périls menaçaient et que couvait le radicalisme?
Considérant ces questions qui occupaient journaux et électeurs, on aurait pu redouter l'agitation et la polémique. N'était-ce pas l'heure de la revanche pour le centre droit, les libéraux dynastiques et les radicaux? La campagne fut cependant d'un calme exemplaire.
A droite, on ne souhaitait guère exciter l'opinion. Au sein des Libéraux, on craignait de se faire déborder par les radicaux. Chez les Radicaux, on n'espérait rien du pays légal.
De plus, une source d'agitation se tarit avec la fin de la Crise d'Orient. La diplomatie française ainsi que notre gouvernement put pousser un soupir de soulagement, voilà un grief de moins.
Comme l'avait prévu le gouvernement français, Méhemet-Ali avait présumé de ses forces et avait été vaincu par la Porte ou, plus exactement, par les troupes que les grandes puissances avaient commis sur place pour empêcher l'Empire Ottoman de s'effondrer. Il ne sauvait que l'hérédité du Pachalik et, sur insistance des Russes, Alexandrie que les Britanniques avaient pourtant exigé comme gage. Cette petite humiliation des Britanniques fit beaucoup pour atténuer l'ombrageuse susceptibilité des Français et de leurs journaux qui avaient tant critiqué le choix gouvernemental de nous maintenir à distance de cette affaire. L'intervention Anglo-russe confirmait cependant la thèse défendue par le ministère : l'intervention nous eût conduit à la guerre et l’Égypte ne valait pas la guerre européenne.
Quelle était l'opinion à la veille des élections? Les Français soutenaient toujours en majorité les conservateurs et on notait un développement certain du légitimisme, du fait de la popularité relative du gouvernement. Cependant, libéraux et radicaux n'étaient pas inexistants. Ils peinaient par contre à transformer leur audience résultats électoraux. Au sein du pays légal, on s’apprêtait à donner un satisfecit au ministère. Les évolutions législatives satisfaisaient les velléités de paraître libéral, la politique modérée à l'étranger et ferme à l'intérieur, au prix de l'immobilisme institutionnel, satisfaisait les demandes d'ordre.
Ainsi, les élections de Novembre se conclurent par un triomphe pour la majorité.
Près de 73% des sièges lui revenaient. Petit victoire du Palais et des conservateurs, les Légitimistes échouaient à assurer à eux seuls la majorité absolue. La loi de 1844 avait rempli son office. Libéraux et radicaux en profitèrent aussi, les républicains étant de retour à la Chambre après 4 ans d'absence.
A l'ouverture de la session, cependant le ministère put se féliciter et fut facilement reconduit. Berryer devint Président du conseil en titre, le Maréchal Soult prenant avec bonheur une co-présidence fictive et un ministériat des affaires étrangères tout autant fictif.
Le pays, du moins dans ses franges les plus introduites, était satisfait de la situation et de la prolongation d'un gouvernement qui, s'il fut décrié, s'avéra en définitive populaire tant que la question de la réforme resta secondaire.
Signe des temps, le crédit manifesta sa satisfaction des résultats des élections : la rente salua la reconduite du ministère par un rebond inattendu et spectaculaire. Le pays légal se félicitait.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 04, 2018 7:37 pm
par Coelio
La rente
Les clients affluent dans les études
Qu'est ce que ce sera quand le Duc de Bordeaux sera sur le Trône ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 04, 2018 8:44 pm
par Azerty
Coelio a écrit :La rente
Les clients affluent dans les études
Qu'est ce que ce sera quand le Duc de Bordeaux sera sur le Trône ?
Je suis obligé de vous rappeler ce qui s'est passé lors de la dernière bulle ? Ne serait il d'ailleurs pas temps d'arrêter ces cycles de créations/destructions en faisant intervenir l'état pour stabiliser les choses ?...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 04, 2018 10:10 pm
par GA_Thrawn
Encore réélu! Dommage que j'ai fait une indigestion de ce homard farci aux morilles avec huile de truffe en fêtant ma victoire
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 04, 2018 10:26 pm
par Azerty
GA_Thrawn a écrit :Encore réélu! Dommage que j'ai fait une indigestion de ce homard farci aux morilles avec huile de truffe en fêtant ma victoire
On se demande comment vous avez fait...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 05, 2018 9:36 am
par Vavan
Emp_Palpatine a écrit :
La France abolissait l'esclavage dans toutes ses colonies. La presse de tous bords se félicita de la réforme et vanta l'exemple donné par la France aux nations civilisées dans son abrogation d'une pratique maintenant considérée comme d'un autre temps.
Si l'humanité ne peut que souscrire à une telle décision, n'est-il pas également opportun que la France cessât de disperser ses forces vives dans des territoires aussi inhospitalier qui devraient uniquement être réservés à une énergique rééducation civiques de nos forçats et autres malandrins?
Emp_Palpatine a écrit :
les Légitimistes échouaient à assurer à eux seuls la majorité absolue.
Zut !
Emp_Palpatine a écrit :
les républicains étant de retour à la Chambre après 4 ans d'absence.
Et re-zut ! Nous ne serons donc jamais tranquille entre gens de bonnes compagnie?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 05, 2018 5:17 pm
par Chef Chaudard
Les députés républicains sont de retour !!!!
On n'arrête pas la liberté avec une charte ! Vite ! suffrage universel !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 08, 2018 3:51 pm
par Emp_Palpatine
Développements coloniaux jusqu'en 1848.
La présence française s'accroît en Océanie. L'annexion de Tahiti. Importance stratégique de l'archipel. Le contrôle effectif de la Nouvelle-Zélande permet son organisation. Début de l'immigration. La renaissance de l'empire colonial au yeux de tous. Les colonies offrent des perspectives scientifiques.
Après des années marquées par la poursuite de la conquête en Algérie et l'acquisition spectaculaire de la Nouvelle-Zélande, les années 1845-48 paraissent plus calmes. Elles furent pourtant cruciales pour le développement futur de nos possessions outre-mer.
C'est dans les immensités de l'océan pacifique que la présence française va s’accroître, propulsée par l'acquisition de l'archipel néo-zélandais.
Depuis le début du siècle, le royaume Tahitien était sous influence occidentale. Escale appréciée des baleiniers, les missionnaires britanniques y officiaient et depuis les années 1820, la population s'était rallié au protestantisme britannique. La dynastie locale, les Pomare, régnaient avec plus ou moins de bonheur et de stabilité sur les chefs locaux. L'expulsion par la reine Pomare IV de missionnaires catholiques fournit l'occasion d'envoyer sur place une escadre. Sur place, les chefs hostiles à la dynastie des Pomare et aux Britanniques proposèrent à l'amiral Dupetit-Thouars un traité de protectorat que ce dernier s'empressa d'accepter.
Proclamation du protectorat à Tahiti.
Légalement, le royaume tahitien subsistait sous les Pomare, la France reconnaissant sa souveraineté et n'assurant que la défense et les relations extérieures. A Londres, on s’émut de l'affront fait aux intérêts britanniques mais le gouvernement anglais ne désirait guère sacrifier nos relations pour cette question en apparence secondaire. Les milieux religieux, quant à eux, firent de la reine Pomare IV une martyre de l'oppression papiste.
La reine Pomare, chrétienne persécutée, est témoin de l'arrivée des Français. George Baxter.
Les îles de la Société n'étaient ni peuplées ni riches. La pêche locale n'enrichira jamais la France démesurément. C'est leur emplacement géographique qui rendit leur acquisition importantes. Par courtoisie -et par traité- envers les Britanniques, la France s'était abstenue d'envoyer une escadre militaire en Nouvelle-Zélande. Tahiti n'était pas soumise à de telles considérations et permit à la Marine de constituer son escadre du Pacifique et de la baser loin des côtes des possessions anglaises. Enfin, en plus du tremplin pour notre future expansion en Océanie, Tahiti se constituait en relai et point de repos indispensable sur la route de Nouvelle Zélande.
Au large de l'Australie, notre prise de contrôle de la Nouvelle-Zélande s'achevait à la même époque. L'île du Nord avait été explorée, cartographiée et mise sous tutelle. L'île du Sud la suivit et fin 1845, la plus grande île de l'archipel put elle aussi être considérée comme française.
La Chambre vota alors la Loi néo-zélandaise. La nouvelle colonie était organisée en deux territoires, l'île du Nord et du Sud; des provinces furent nommées. Une future ville reçut ainsi le nom de Ferdinand, en l'honneur de feu le Duc d'Orléans. Enfin, la loi prévoyait plusieurs mesures devant encourager l'immigration : le voyage était payé et des terres étaient fort généreusement accordées. Le mouvement d'immigration commença, assez modestement, à peupler l'île. Quant aux natifs, pour se prémunir de toute agitation, un corps militaire fut envoyé sur place, nos accords avec les Britanniques n'empêchant pas l'envoi de troupes.
La Nouvelle Zélande française.
Ces extensions outre-mer changèrent lentement l'opinion que l'on avait de la France, tant à l'étranger qu'au sein de nos frontières. Depuis la fin du XVIIIème siècle s'était imposée dans les esprits l'idée que la France n'était plus une puissance coloniale et maritime, que son orientation n'était que continentale. Le carcan placé par les traités de 1815 frustrant, au passage, l'orgueil national dans ce contexte strictement européen. Avec les acquisitions des années 1840, la France était à nouveau considéré comme un Empire, fût-ce en devenir.
L'extension outre-mer ne peut pas être limitée cependant à des questions de conquête, de flottes, de relais de charbon. La possession de ces territoires exotiques et lointains excitait les curiosités scientifiques. C'était l'occasion d'expéditions de géographie, de zoologie, de botanique. L'expédition de Mayotte fit ainsi grand bruit dans les années 1840.
C'était aussi l'un des héritages de cette expansion et peut-être celui qui fascinait le plus l'opinion qui suivait à travers la presse et la librairie les pérégrinations des premiers explorateurs.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 08, 2018 5:05 pm
par griffon
C'est bien gentil de fronder des colonies mais faudrait pouvoir les peupler ?
La France n'est pas la Grande Bretagne , on y est bien , pourquoi vouloir s'exiler à l'autre bout du monde ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 08, 2018 6:37 pm
par Azerty
Sinon, rien de nouveau en Afrique du Nord ou en Egypte ?...
C'est qu'il serait peut être intéressant de tenter ce qu'avait essayer de faire les Rosbifs...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 08, 2018 8:11 pm
par Emp_Palpatine
griffon a écrit :C'est bien gentil de fronder des colonies mais faudrait pouvoir les peupler ?
La France n'est pas la Grande Bretagne , on y est bien , pourquoi vouloir s'exiler à l'autre bout du monde ?
Mes pops émigrent vers les colonies mais semblent pour le moment préférer les Antilles et l'Océan Indien. Elles s'intéressent timidement à l'Algérie et la Nouvelle Zélande.
J'ai pour le moment une démographie (très) dynamique. On verra ce que réserve la prochaine décennie en terme de natalité.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 08, 2018 8:11 pm
par Emp_Palpatine
Azerty a écrit :Sinon, rien de nouveau en Afrique du Nord ou en Egypte ?...
C'est qu'il serait peut être intéressant de tenter ce qu'avait essayer de faire les Rosbifs...
Non.
On ne risquera pas une guerre pour l'Egypte.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 11, 2018 9:02 pm
par Emp_Palpatine
La politique extérieure jusqu'en 1848.
Le retour au calme après la crise d'Orient. La Russie paie la crise d'Orient; les projets français contrariés. La fin du Duché de Lucques. L'annexion de Cracovie. Rivalités franco-prussiennes en Allemagne. La France développe son influence. Le système latin construit par la France. Stabilité en Europe.
Alors que la France avait volontairement fait le choix d'ignorer les troubles secouant le Levant et s'était concentrée sur sa destinée Outre-mer, les puissances s'y étaient engouffrées. Seul, le Pacha Mehemet-Ali dut faire face à l'intervention anglo-russe qui le vainquit après une invasion violente de l’Égypte. Mehemet-Ali avait accepté les termes des puissances, renonçant à la Syrie, au Hijaz et à la Crète mais se garantissant l'hérédité du Pachalik d’Égypte sous une tutelle Ottomane qui n'était plus que théorique. L'Europe retrouvait le calme après cette crise qui aurait pu dégénérer en guerre continentale si nous avions fait preuve de plus d'impulsivité.
La crise d'Orient avait des fruits politiques, elle avait aussi des conséquences économiques. L'intervention directe avait un coût qu'avait pu supporter l'Angleterre, forte de la prospérité de ses industries et de son commerce. La Russie, au contraire, n'avait pas ces moyens et sa longue intervention à travers la Turquie puis le Levant coûta excessivement cher à Saint Petersbourg. La Russie fut forcée de reconnaître l'état désastreux de ses finances et de se déclarer en banqueroute. L'affaire contraria profondément les projets français. Le temps que la Russie assainisse ses finances et puisse à nouveau intervenir avec efficacité dans le concert des nations, plusieurs années seraient nécessaires. A Paris, on espérait jusqu'alors faire de la Russie un allié de la France. Depuis l'arrivée des Légitimistes au pouvoir, le Tsar voyait plus favorablement la France et s'intéressait à une alliance éventuelle afin de se garantir contre l'Autriche ou la Prusse. Le ministère et Louis-Philippe s'accordèrent pour remettre cette question à une date où la Russie aurait retrouvé vigueur et crédibilité.
Entre la fin de la crise d'Orient et 1848, deux États disparurent de la carte européenne. Au Traité de Vienne, Marie-Louise de Bourbon Parme reçut le petit Duché de Lucques qu'elle transmit à son fils, Charles, ancien roi d'Etrurie, en 1824. La destiné du petit État était liée à celle du Duché de Parme, à présent fédéré au Royaume de Sardaigne. Au décès de l'ex-impératrice Marie Louise, Charles devait hériter au du Duché de Parme tandis que Lucques devait passer à la Toscane. Marie-Louise rendit l'âme à la fin de 1846 et le 1er janvier 1847, Lucques fut transféré à la Toscane. Cette annexion ne fut guère populaire : Bourgeois et nobles regrettèrent leur autonomie et le déplacement du pouvoir à Florence, tous regrettèrent le coup financier de la coordination entre les deux systèmes administratifs. Seuls quelques libéraux se félicitèrent, voyant déjà ici une nouvelle étape vers la constitution d'une Italie nouvelle.
A l'est se trouvait le deuxième Etat disparu de 1847. L'Autriche avait déjà occupé la Ville Libre de Cracovie en 1836, afin d'y rétablir l'ordre. La petite république était effectivement une base appréciée des agitateurs en tout genre et des trafiquants d'armes à destination de la Pologne Russe. Les trois puissances garantes s'étaient dès 1835 mises d'accord pour confier à l'Autriche, si le besoin s'en faisait sentir, le soin d'occuper et d'annexer la Ville Libre si l'agitation y reprenait. En 1847, l'insurrection éclata : les Polonais, exaspérés par la tutelle Autrichienne sur leurs autorités et leur police, se soulevèrent. L'Autriche, en accord avec les co-signataires de 1835, pénétra à nouveau dans le territoire de la petite république et l'annexa, formant à sa place un Grand Duché de Cracovie incorporé à l'Empire Autrichien. La France n'avait guère sa voix à donner sur la question, n'étant pas signataire du Traité de 1835. L'opération Autrichienne ayant de plus était extrêmement rapide, il n'y eut guère de temps pour les chancelleries française ou britannique de réagir, l'eussent-elles voulu.
Le ministère se serait-il engagé dans une crise avec Vienne pour la minuscule Cracovie? C'est peu probable, d'autant plus qu'en Allemagne notre rivalité s'accroissait avec la Prusse. Le gouvernement français continuait en effet à développer sa présence au sein du Royaume du Hanovre, espérant en faire un allié solide en Allemagne du Nord, un contre-poids à l'influence d'autres puissances. C'était bien la Prusse qui était visée et cette dernière ne s'y trompait pas. Ainsi, alors que nous étions de plus en en plus en cour auprès du gouvernement du roi Ernest-Auguste, les agents prussiens faisaient de leur mieux pour provoquer scandales et incidents irritant les Hanovriens. Cependant, si notre influence pénétrait de plus en plus difficilement, les événements ne remettaient pas en cause notre alliance.
Sous d'autres cieux, notre influence progressait sans plus d'obstacles. L'Espagne, encore considéré comme une grande puissance en 1836, était à présent vue comme une puissance secondaire, affaiblie par ses dissensions internes et sa stagnation économique. Le soutien constant de la France et plus particulièrement du Roi au gouvernement constitutionnel libéral de l'Espagne avait développé nos relations communes. Le traité du 10 janvier 1846 renforça encore ces liens : les deux royaumes s’engageaient dans une alliance, garantissant l'Espagne dans ses visées au Maroc et nous garantissant la sécurité de notre frontière sud. Mieux encore, le traité nous ouvrait la possibilité d'investir en Espagne. Immédiatement, la Chambre vota des crédits conséquents pour le développement de l'investissement dans les chemins de fer en Espagne. Les Espagnols allaient découvrir les trains, mieux encore, les trains des compagnies françaises.
A coup de petites alliances et de traités, c'est ce que l'on appela ensuite un "système latin" que construisit la diplomatie de la royauté de Juillet. Ne pouvant s'allier à une grande puissance du fait des équilibres européens, des préventions ou d'intérêts contraire, nous avions dû nous contenter de puissances secondaires. Cependant, c'est un petit bloc latin qui nous avions alors conçu. La majeure partie de l'Italie nous était alliée, notamment les deux royaumes de Piémont-Sardaigne et des Deux-Siciles dont les forces n'étaient pas négligeables. La Péninsule Ibérique nous avait suivi, par l'alliance avec l'Espagne puis avec le Portugal. Plus au nord, les Pays-Bas et le Hanovre complétaient cette construction.
Ce système d'alliance n'était pas capable de remettre en question l'ordre des Traités, il était même en Italie plutôt porté à le protéger, mais là n'était pas la question. En 1847, l'Europe présentait l'image de la stabilité diplomatique, hormis les deux disparations mineures que nous avons évoquées : l'ordre de 1815 paraissait solide.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 11, 2018 9:12 pm
par Azerty
L'Empire de Russie est devenu une puissance secondaire ?! Mais comment ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 11, 2018 9:15 pm
par Emp_Palpatine
Non non, malgré la banqueroute, c'est encore une puissance de premier ordre. Le casus-belli n'est pas valable, il est donné automatiquement mais ne fonctionnera pas contre une grande puissance.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 12, 2018 8:48 am
par Vavan
La France ne devrait-elle pas favoriser le rétablissement économique de la Sainte Russie et de son grand souverain en souvenir de nos combats communs lors de la Guerre de Sept Ans, plutôt que de dilapider l'argent des français auprès de pays qui ne sont plus que des fantômes décharnés de leur gloire passée?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 12, 2018 9:13 am
par Emp_Palpatine
Il n'est pas possible d'investir chez une grande puissance. La Russie devra se redresser seule...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 12, 2018 11:46 am
par Elvis
Vavan a écrit :La France ne devrait-elle pas favoriser le rétablissement économique de la Sainte Russie et de son grand souverain en souvenir de nos combats communs lors de la Guerre de Sept Ans, plutôt que de dilapider l'argent des français auprès de pays qui ne sont plus que des fantômes décharnés de leur gloire passée?
Attentat contre Louis Philippe par Giuseppe Fieschi , le 28 Juillet 1835, qui causa la mort de 18 personnes, dont le Marechal Mortier, vainqueur a Friedland en 1807...
quote L'attentat soulève une vague d'indignation et d'épouvante. Lamartine pour parler de Fieschi écrit qu'il n'existe pas « de nature semblable dans la boue de Paris. » Tous les souverains d'Europe, à l'exception notable de l'empereur de Russie, envoient des messages de sympathie à Louis-Philippe
Unquote
Pas certain que l on veuille aider le pauvre Empereur de Russie, vu le peu d egard qu il nous porte....
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 12, 2018 12:23 pm
par Emp_Palpatine
Dans la partie, nos relations se sont réchauffées.
(Le jeu ne simule pas ce genre d'obstination cependant. Il faudrait moder un modifier ou un gouvernement spécial avec malus réciproques)
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 12, 2018 1:09 pm
par Azerty
Quelles sont les sphères d'influence ?
Et pourquoi tu n'est allié qu'avec les îles Danoises ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 12, 2018 3:10 pm
par Emp_Palpatine
Le Schlewsig-Holstein est en union personnelle avec le Danemark, je ne suis techniquement pas allié avec lui.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:14 pm
par Emp_Palpatine
La politique intérieure jusqu'en 1848.
Le système politique entier est dans l'expectative. La conséquence en est l'immobilisme. Agitation et loyalisme. L'évasion de Louis-Napoléon Bonaparte. Progrès scientifiques et technologiques. La démographie française à la fin des années 1840. La récession de 1847. Les troubles politiques s'accroissent.
Les élections de 1845 n'avaient changé ni les opinions ni les stratégies. Chacun pensait avoir à gagner à durer le plus longtemps possibles. Les légitimistes souhaitaient conserver la majorité jusqu'au décès du Roi, espérant réaliser la substitution dynastique à cette occasion. Le Roi espérait quant à lui tenir le plus longtemps possible, espérant qu'un prince Royal plus âgé serait moins facilement substitué. Sa perte de vigueur et d'esprit politique était cependant visible depuis le décès du Duc d'Orléans. Un manque certain d'optimisme avait frappé Louis-Philippe qui n'avait même pas osé faire voter une loi de régence par une Chambre potentiellement hostile qui n'eût guère manqué de se déchirer et de porter des atteintes sévères à la couronne et au principe royal. Les Tuileries étaient conscientes du danger représentant un tel vide juridique mais le Roi espérait repousser au maximum la mise à l'ordre du jour d'un texte aussi brûlant. Enfin, les radicaux espéraient quant à eux que la macération de l'agitation produirait en temps voulu, à la mort du Roi, les conditions du succès d'une insurrection.
Chacun des acteurs institutionnels avait donc intérêt à l'immobilisme. Le Roi vieillissant se faisait de plus en conservateur et craignait l'innovation comme un danger pouvant menacer son trône et l'avenir de sa dynastie. La majorité, quant à elle, désirait éviter au maximum les polémiques et autres disputes parlementaires susceptibles de fâcher les électeurs et d'offrir au Roi l'opportunité d'une dissolution ramenant à la Chambre des députés plus attachés à la dynastie. Des questions qui commençaient alors à agiter la société française, au premier rang desquelles la réforme électorale, n'avaient guère d'oreilles attentives dans les cercles du pouvoir. De plus, la question même de la réforme, au delà des considérations liées aux stratégies politiques, affrontait de nombreuses préventions. Louis-Philippe, comme Charles X et Louis XVIII avant lui, n'avait qu'une confiance relative dans les électeurs et se méfiait des émotions populaires qu'il pensait mouvantes et peu fiables. Au sein de la classe politique et de la presse, l'opinion majoritaire était que conditionner le suffrage à certaines capacités était la garantie nécessaire à un gouvernement représentatif modéré et efficace. Le suffrage universel était vu comme un danger de démocratie* et non pas comme une force potentiellement stabilisatrice. Les légitimistes étaient divisés sur la question, certains craignant un "orléanisme populaire", d'autres ayant les préventions traditionnelles contre le suffrage élargi. Les constitutionnels étaient généralement opposés à la réforme tandis que la gauche dynastique, plus favorable, restait cependant nuancée sur la question. Tous craignaient qu'une réforme électorale, même modérée, ne pût que conduire au suffrage universel et à la fin du régime représentatif.
Si l'agitation était latente et lentement croissante, la popularité royale restait réelle. Le voyage royal à travers le pays de 1846, qui peut apparaître rétrospectivement comme le chant du cygne du règne de Louis-Philippe. Fruit des conseils de Madame Adélaïde auprès de son royal frère, le voyage en chemin de fer du Roi traversa la plupart des départements pendant plusieurs semaines. Le souverain visita des villes, inaugura, prononça quelques discours, salua. On l'acclama, on le salua, on se congratula. Les compte-rendus de cette visite à travers les journaux locaux et nationaux permettent de mesurer son impact sur les plus modestes et la popularité chez ces derniers et en province de la couronne. L'absence de tentative de régicide souligna cet état de fait.
Hélas, les fruits de ce périple ferroviaire royal furent ternis par un évènement qui permit à l'opposition, qu'elle qu'elle fût, de se gausser de la monarchie de juillet et de caricaturer à coeur-joie. Louis-Napoléon Bonaparte, avait su jouer des sympathies qu'il avait pu construire auprès des employés du fort (il trouva, d'ailleurs, le temps de faire deux batards à une blanchisseuse) et des intrigues menées par ses compagnons de détention. Empruntant, tel un personnage de roman, les vêtements d'un peintre du fort acquis à sa cause, le prince-prisonnier faussa compagnie à ses geôliers. Quant sa fuite fut découverte, il était déjà en Belgique. Le lendemain, il était à Londres.
On tempêta à la Tribune contre l'incompétence des gardiens, le laxisme supposé des plus modérés du ministère, contre l'existence supposé de complicités bonapartistes et radicales au sein même des armées. L'affaire en resta cependant là, l'opinion majoritaire considérant que si le prince-agitateur retentait l'un des coups de force qu'il affectionnait, ce serait pour le même résultat que les deux précédents.
Au delà des vissicitudes de la vie politique, ces années 1845-48 comportèrent leur lot de progrès scientifiques et techniques. Les armées bénéficiaient d'avancées théoriques améliorant l'entrainement, la planification, l'artillerie. Les idées du prussien Clausewitz se dévoraient dans les casernes et leur impact était grandissant auprès d'officiers dont le statut social augmentait en même temps que le moral. C'était jusqu'au télégraphe qui trouvait des applications militaires, promettant de futures campagnes bien plus contrôlées.
Les sciences et l'esprit continuaient aussi leurs évolutions. Dans les milieux autorisés, on s'arrachait les ouvrages des théories économiques qu'on appellerait bientôt "classiques". D'autres, dans le renouveau religieux qui touchait alors la France, proposait à contre-courant la sécularisation généralisée de la société. Enfin, la transmission héréditaire de certains traits biologiques était démontrée scientifiquement. On ne pourra guère accuser la France des années 1840 d'avoir été une nation arriérée!
C'était jusqu'à la musique qui était changée par cet esprit d'innovation.
Le dynamisme français se constatait dans le maintien de la vigueur démographique. La natalité du pays commençait certes à baisser, les quatre enfants arrivant de la décennie précédente n'étaient plus que trois. Malgré tout, le maintien d'une natalité vive permettait au pays de conserver son avance démographique sur ses rivaux et de compenser les saignées révolutionnaires et napoléonienne. La France avait de plus des colonies à peupler en Océanie et en Afrique du Nord.
Cette natalité conjuguée à la diminution de la mortalité entraînée par les progrès médicaux et alimentaires permit au pays de franchir la barre des quarante millions d'habitants en 1847. Ce chiffre incluait cependant les colonies. La France métropolitaine affichait tout de même une population de l'ordre de 37 à 38 millions d'habitants.
Plus de 50% de la population exerçait encore une activité rurale. Les dernières décennies avaient cependant vu le développement de la classe ouvrière urbaine, 6% de la population totale, qui concurrençait démographiquement presque le peuple des boutiquier et des artisans de la petite bourgeoisie urbaine. L'opinion, si l'on en croit les journaux de l'époque et l'étude des archives, apparaît alors majoritairement conservatrice bien que l'agitation libérale et radicale grandissante fît sentir ses effets.
Les beaux jours de l'industrie et du commerce se ternirent finalement et vinrent voiler la prospérité générale, accroissant encore la propagande agitatrice. Ce fut d'abord la récolte de 1847 qui s'annonça plus mauvaise que prévue. Heureusement, la France n'était plus à l'époque des crises de subsistance qui la frappaient jusqu'à une période encore récente, notamment grâce au chemin de fer. Cependant, il arriva que des disettes locales commencèrent et partout on sentit fort désagréablement l'accroissement du prix du pain.
La contagion ne se fit guère attendre et frappa, bien sûr, en hiver. Soucieuse du prix des grains et de l'alimentation ainsi que de l'agitation qu'il provoquait, la bourse réagit négativement et la rente plongea, transformant la crise agricole en récession du crédit et de l'industrie, jetant à la rue de nombreux ouvriers de ce jeune prolétariat urbain. Les nuages s’amoncelaient en cette année 1847.
Ce ne seraient sans doute que quelques frémissements de l'industrie et de l'agriculture, comme le pays en avait déjà connu et en connaitrait d'autres, s'ils n'avaient lieu dans le contexte d'agitation libérale européenne. L'apathie qui régnait encore au début de la décennie était un lointain souvenir et des salons de province aux cabarets, on lisait la presse, on débattait politique, on faisait de la propagande. A la lumière des faits, l'observateur est tenté d'ignorer ce qui se trouve dans l'ombre et qui pourtant était autant si ce n'est plus important. Libéraux et radicaux n'étaient pas les seuls concernés par ce remuement ni même les seuls actifs. Dans de nombreux endroits, des clubs plus ou moins légaux de légitimistes, de conservateurs opposés au libéralisme ou au jacobinisme s'organisaient.
On pourra se référer aux nombreux travaux sur le "légitimisme populaire" qui avait aussi permis au pays légal des années 1840 d'être dominé par ce parti.
Autre exemple de la complexité du bouillonnement politique de ces années, le succès du pamphlet de l'Abbé de Coelion, frère du président de la Chambre, dirigé contre les radicaux et les jacobins.
Ce serait se leurrer que penser que ces mouvements réactionnaires arrangeaient les affaires de la monarchie de Juillet. Le renforcement du légitimisme contrariait au contraire les projets du Roi et était autant craint que la montée en puissance des demandes de réforme. Ces dernières se faisaient de plus en plus pressantes, espérant principalement une réforme électorale pour le moment ignorée aussi bien par le Palais que par les Chambres et le Ministères. A ces demandes, le pays légal ne répondait que par un raidissement des chambres et une sourde oreille pour les raisons que nous avons développées plus haut.
Sans doute, si au sein des Chambres et du ministère, et jusqu'aux Tuileries, on avait pu deviner ce que l'histoire réservait à l'Europe en 1848, l'écoute eût été plus attentive.
Janvier 1848 : "le printemps des peuples" commençait.
*démocratie n'a pris un sens positif qu'à la fin du XIXè/début XXè. C'était avant un terme négatif signifiant le gouvernement de la foule, avec l'idée de violence et d’extrémisme.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:23 pm
par griffon
L'Europe des peuples et
la convergence des luttes !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:28 pm
par Coelio
La rente qui plonge et le bonapartiste libre, les temps sont mauvais. Sa Majesté a besoin de s'appuyer sur un bras vigoureux, celui du Duc de Bordeaux !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:29 pm
par griffon
Emp_Palpatine a écrit :
*démocratie n'a pris un sens positif qu'à la fin du XIXè/début XXè. C'était avant un terme négatif signifiant le gouvernement de la foule, avec l'idée de violence et d’extrémisme.
C'est hélas vrai , Athènes et la démocratie n'ont pas été oubliées pendant des siècles
mais elles traînaient une réputation de "balais de chiottes" , merci Platon , merci Aristote
C'est Rome et sa république que les révolutions américaines et françaises prirent en référence
pas Athènes !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:31 pm
par Emp_Palpatine
Ta 1ère république, bien que sa démocratie fut une gigantesque fiction, a laissé quelques souvenirs aussi.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:32 pm
par griffon
Bon c'est le moment citoyens !
Aux armes !
Suffrage universel ou la mort !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 6:39 pm
par Coelio
Emp_Palpatine a écrit :Ta 1ère république, bien que sa démocratie fut une gigantesque fiction, a laissé quelques souvenirs aussi.
Je ne vois pas ce que tu veux dire, elle a un super bilan :lionel jospin:
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. avr. 18, 2018 7:13 pm
par Azerty
Coelio a écrit :
Emp_Palpatine a écrit :Ta 1ère république, bien que sa démocratie fut une gigantesque fiction, a laissé quelques souvenirs aussi.
Je ne vois pas ce que tu veux dire, elle a un super bilan :lionel jospin:
C'est vrai, grâce à elle, on a eu Bonaparte...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 19, 2018 4:58 pm
par Chef Chaudard
Dans les arrières salles enfumées des cabarets parisiens, le citoyen Blanqui fourbit sa rhétorique ....
L'heure du peuple souverain approche !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 19, 2018 6:09 pm
par griffon
Chef Chaudard a écrit :Dans les arrières salles enfumées des cabarets parisiens, le citoyen Blanqui fourbit sa rhétorique ....
L'heure du peuple souverain approche !
Et ce coup ci ce sera la bonne !
la sociale !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 19, 2018 7:05 pm
par Azerty
griffon a écrit :
Chef Chaudard a écrit :Dans les arrières salles enfumées des cabarets parisiens, le citoyen Blanqui fourbit sa rhétorique ....
L'heure du peuple souverain approche !
Et ce coup ci ce sera la bonne !
la sociale !
Ce n'est pas avec un drapeau Allemand que vous allez convaincre le bon peuple de France...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. avr. 19, 2018 7:15 pm
par griffon
Ce drapeau nous a été envoyé par nos amis de Berlin en signe d’encouragement
Sachons suivre leurs exemples ....
Pour les idées il n'y a plus de frontière en Europe
Barrikadenkampf Berlin 1848
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. avr. 20, 2018 12:58 pm
par Vavan
Espérons, pour l'avenir et la grandeur de la France, que les députés légitimistes fidèles à Dieu et à la monarchie auront la volonté inébranlable de garantir l'ordre naturel auquel aspirent tous les Français.
Que la force des baïonnettes fassent enfin taire ces factieux qui prétendent agir au nom de la volonté du peuple!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. avr. 20, 2018 4:37 pm
par Chef Chaudard
Vavan a écrit :Espérons, pour l'avenir et la grandeur de la France, que les députés légitimistes fidèles à Dieu et à la monarchie auront la volonté inébranlable de garantir l'ordre naturel auquel aspirent tous les Français.
Que la force des baïonnettes fassent enfin taire ces factieux qui prétendent agir au nom de la volonté du peuple!
Les descendants de ceux qui sont revenus dans les fourgons de l'envahisseur étranger en 1815, repartiront, comme leurs ancêtres directement à Coblence !
comme au bon vieux temps !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 1:41 pm
par Emp_Palpatine
- On lit dans L'Echo du Nord du 8 février 1848 :
"Hier Lille a été en proie à d’effrayantes convulsions provoquées non pas par les agitateurs habituels mais venant d'un régiment d'artillerie entré en mutinerie. Les détails sont assez succins à l'heure où nous imprimons mais une querelle sur les permissions semble avoir déclenché la colère des artilleurs corses. Les mutins ont commencé par défilé en ville, détériorant la préfecture. Rapidement, ils ont été rejoints par des éléments civils et des cris séditieux contre la Charte et la Dynastie ont surgi. Après plusieurs heures d'agitation et l'érection de quelques barricades, une colonne de troupes régulières a rétabli l'ordre et arrêté les meneurs. Plusieurs dizaines de tués et de nombreux blessés ainsi que d'importantes atteintes aux biens sont à déplorer."
"Vive la réforme", voilà les cris séditieux qui furent poussés selon nos estimés confrères de l’Écho du Nord. Nul doute que cette nouvelle fera encore causer à Paris et provoquera à la Chambre chez certains l'émotion, chez d'autres l'agitation. Qu'elle est donc cette réforme qu'invoquent les émeutiers? Celle du vandalisme, de l'atteinte aux biens et aux personnes, du désordre et du terrorisme? Les tristes événements de Lille ôtent le masque de la réforme : elle n'est qu'une excuse pour les comportements les plus vils et les plus nocifs pour la société, la religion, bref la civilisation. Nul ne dit que la Charte est parfaite. Nul ne dit qu'on ne peut envisager de naturelles évolutions quand les circonstances et l'état de la société française le permettront. Mais le consensus est fort heureusement évident parmi les hommes éclairés et soucieux du bien commun : la Charte et le gouvernement de Juillet sont le gouvernement qu'il faut à la France, le compromis nécessaire entre le principe royal fort, le gouvernement des citoyens les plus éclairés et les libertés publiques, contre le spectre du fanatisme démocratique. Soyons assurés, face aux adversaires des fondements même de notre société, dans notre ferme soutien et notre affection pour la Charte et la Dynastie.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 1:46 pm
par griffon
Un régiment d'artillerie c'est du lourd !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 1:53 pm
par Emp_Palpatine
De simples mutins qui sont extrêmement minoritaires. Les troupes loyales les ont neutralisés rapidement.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 3:12 pm
par griffon
T u as du apprécier "moyen" , la bonne ville de Lille mise à feu et à sang par des artilleurs corses avinés !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 3:15 pm
par griffon
Une question technique ?
Il n'est pas possible d'aller de Paris à Bruxelles en train
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 3:29 pm
par Emp_Palpatine
Les voies de chemin de fer "illustrées" sont cosmétiques. Elles indiquent simplement que la province en possède.
Si de Bruxelles à Paris il y a du chemin de fer construit, c'est possible. Ca ne change que la vitesse des unités et un peu l'efficacité économique de la province.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 3:33 pm
par Emp_Palpatine
griffon a écrit :T u as du apprécier "moyen" , la bonne ville de Lille mise à feu et à sang par des artilleurs corses avinés !
Quand il commence à y avoir des mutineries, c'est que l'ambiance est électrique.
Ca ne veut pas dire que la population est prête à la révolte, on peut avoir des mutineries ou des révoltes si une faction rebelle est décidée même si cette dernière est modeste. Ce qui peut expliquer des tentatives fascistes/communistes en fin de partie, par exemple, avec quelques pékins. Ici, ça veut dire que les jacobins sont prêts à l'action.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 22, 2018 10:14 pm
par GA_Thrawn
Chouette, ca reprend!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mai 25, 2018 9:07 am
par Vavan
Emp_Palpatine a écrit :
griffon a écrit :T u as du apprécier "moyen" , la bonne ville de Lille mise à feu et à sang par des artilleurs corses avinés !
Quand il commence à y avoir des mutineries, c'est que l'ambiance est électrique.
Ca ne veut pas dire que la population est prête à la révolte, on peut avoir des mutineries ou des révoltes si une faction rebelle est décidée même si cette dernière est modeste. Ce qui peut expliquer des tentatives fascistes/communistes en fin de partie, par exemple, avec quelques pékins. Ici, ça veut dire que les jacobins sont prêts à l'action.
Ne craignons pas l'action de ces jacobins, bien au contraire.
Qu'aux lieu de se terrer dans de sombres gargotes à préparer leurs méfaits autour d'un pichet de vinasse, qu'ils sortent au grand jour!
Et là ils verront se dresser face à eux les fières poitrines des défenseurs de l'Ordre et de la Loi.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mai 27, 2018 10:15 am
par Emp_Palpatine
Tableau d'une région : Orléanais, Touraine et Berry en 1848
Quatrième en terme de population, la région du Val de Loire* est la deuxième pour ce qui concerne la production manufacturière.
Située le long de la Loire, elle comprend les provinces historiques de l'Orléanais, de la Touraine et du Berry.
C'est une région relativement plate malgré quelques vallonnements, verdoyante, alternant plaines et forêts. En 1848, le chemin de fer sillone déjà les pays concernés et relie les principaux chefs-lieux entre eux et au reste du pays.
Deux millions et demi d'habitants vivent en Val de Loire.
Les trois-quarts sont des ruraux travaillant la terre ou dans la collecte du bois. Le développement de l'industrie a entraîné l’apparition d'une classe manufacturière (8% de la population) urbaine qui travaille dans les scieries et menuiseries de la région. Ces ouvriers d'usine sont déjà plus nombreux que les producteurs urbains traditionnels que sont les petits artisans et la production domestique (7%).
C'est à Orléans que les ouvriers d'usine sont les plus nombreux, représentant 13% des habitants de la province (sans doute 30% à la louche pour la ville seule si on prend en considération seulement les pops urbaines).
Tout le pays est catholique et plutôt conservateur (le moralisme domine les thèmes de discussion) et calme, bien que la population soit travaillée par l'agitation grandissante en France et en Europe en cette fin de décennie 1840.
La région est assez prospère, comme la plupart du pays, presque toutes les groupes pouvant assurer leurs besoins primaires, souvent secondaires et même une vie assez luxueuse dans les classes aisées. On notera qu'une bonne partie de la population a des fonds en réserve, signe de la bonne santé économique du lieu**. Les deux tiers de la population sait lire et écrire (ce qui est historique).
Les petits producteurs traditionnels et artisanaux vivent de plus en plus mal cependant, incapables de lutter contre la concurrence industrielle.
L'activité économique, principalement agricole, connaît un développement notable des industries liées au bois. La politique du Ministère Berryer qui veut encourager une industrie rationnelle, basée sur les ressources locales, porte ici ses fruits.
La France est le quatrième producteur de bois mondial en 1848. En Val de Loire, ça se traduit par un tissu industriel allant de la scierie à la production de meubles en passant par la fabrication industrielle de papier. La production agricole, quant à elle, alimente une petite industrie de conserverie. La demande élevée de ces biens de base entretien le succès de ces usines et la prospérité de la région.
La France est le troisième producteur mondial de conserves de papier; le quatrième de meubles et de bois découpé.
*Je dois changer le nom de la région mais j'ai la flemme. En plus, soit je choisis un nom technocratique genre "Val de Loire", soit je mets les trois provinces historiques et c'est super long. **Les pops gagnent de l'argent... en travaillant. Des calculs savants répartissent les profits entre capitalistes et travailleurs. Il faut donc déjà que l'unité de production fasse des profits. Les dépenses concernent l'achat de biens que les pops achètent d'abord sur le marché national puis importent en cas de besoin : elles perdent de l'argent si les droits de douane sont élevés. Bien sûr, elles paient aussi des impôts.
Les capitalistes vont réinvestir leur surplus pour construire usines ou infrastructures. Les autres pops vont acheter des bons du trésor dans le pays (surplus de revenu) ou à l'étranger.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mai 27, 2018 4:10 pm
par Locke
La dimension "braudélienne" de cet AAR restera dans les Annales !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mai 27, 2018 4:24 pm
par Emp_Palpatine
Au moins ça, Monsieur le Pair de France.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mai 28, 2018 5:25 pm
par Chef Chaudard
Vavan a écrit :
Emp_Palpatine a écrit :
griffon a écrit :T u as du apprécier "moyen" , la bonne ville de Lille mise à feu et à sang par des artilleurs corses avinés !
Quand il commence à y avoir des mutineries, c'est que l'ambiance est électrique.
Ca ne veut pas dire que la population est prête à la révolte, on peut avoir des mutineries ou des révoltes si une faction rebelle est décidée même si cette dernière est modeste. Ce qui peut expliquer des tentatives fascistes/communistes en fin de partie, par exemple, avec quelques pékins. Ici, ça veut dire que les jacobins sont prêts à l'action.
Ne craignons pas l'action de ces jacobins, bien au contraire.
Qu'aux lieu de se terrer dans de sombres gargotes à préparer leurs méfaits autour d'un pichet de vinasse, qu'ils sortent au grand jour!
Et là ils verront se dresser face à eux les fières poitrines des défenseurs de l'Ordre et de la Loi.
On ne dit pas "vinasse", on dit "sang du peuple", foutre !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. mai 29, 2018 10:58 am
par Vavan
Chef Chaudard a écrit :
On ne dit pas "vinasse", on dit "sang du peuple", foutre !!!
J'ai d'ailleurs bien l'impression que le sang (celui là ou l'autre) vous monte un peu trop à la tête, mon bon ami
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juin 05, 2018 1:29 pm
par GA_Thrawn
La suite!! On rentre dans la période interessante!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juin 05, 2018 1:32 pm
par Emp_Palpatine
J'y compte bien!
Mais je suis en plein déménagement, et chaque update me prend au minimum une heure de boulot. Surtout que ceux à venir, je ne veux pas les torcher.
Bref, je n'ai pas trop le temps en ce moment et ça reprendra d'ici une à deux semaines.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. juil. 09, 2018 9:50 pm
par Emp_Palpatine
"Je suis nécessaire." Le climat avant le printemps 1848.
Les troubles en Europe débutent à Vienne et en Allemagne. Les révoltes en Europe et l'affaire de Lille excitent les radicaux. Faiblesse des libéraux mais invisibilité des radicaux. Campagne des banquets. Les radicaux s'en emparent. L'interdiction du 20 mai. Sérénité ou aveuglement du Roi et du gouvernement.
Ce n'est pas en France que l'étincelle apparut en premier mais au sein des domaines de la maison d'Autriche. A Vienne, on put croire un court instant les institutions impériales menacées. Une manifestation de mécontents saccagea la ville avant d'être fermement maîtrisée. Si les émeutiers échouèrent à chasser Metternich et encore moins l'Empereur, ils inspirèrent des imitateurs partout en Europe. Dans de nombreuses principautés allemandes, de telles émotions se reproduisaient et les troupes prussiennes, sous les couleurs de la Confédération Germanique, avaient fort à faire pour éviter le débordement des princes. L'Autriche elle-même ne souffla guère, Vienne étant à peine pacifiée qu'il fallait à présent mettre le Royaume Lombardo-Vénétien sous une rude loi martiale afin d'éviter que là aussi le feu ne prenne de manière incontrôlé.
En France, on n'avait guère oublié l'affaire récente de Lille, que ce soit pour s'en effrayer ou s'en inspirer. Pis encore, l'agitation européenne, bien qu'elle n'eût produit aucun fruit à ce moment là, excitait imprudemment les imaginations bien au delà des cercles radicaux. Que des voix telles que celles du Constitutionnel, voire du Journal des Débats, s'enflammassent pour les tribulations des peuples européens était aussi romantique qu'irresponsable. C'était s'éclairer d'un allumette dans une poudrière. Les radicaux ne s'y trompaient pas depuis 1830, utilisant les causes extérieures quand leurs mots d'ordre démocratiques perdaient de leur portée. Comme leurs prédécesseurs de 1792, ils pensaient pouvoir faire chuter la monarchie en lui faisant, dans un premier temps, prendre le chemin de la guerre extérieure. Ce chemin, Louis-Philippe l'avait adroitement évité, en particulier dans les cruciales années 1830-1832.
Ainsi, les cabarets et les cafés bruissaient dans certaines villes et en particulier à Paris. Et pourtant, ce qui remonte des rapports préfectoraux et de l'étude des documents locaux, c'est la faiblesse des libéraux, pour ne rien dire des radicaux.
Il n'y a que dans l'Ouest où l'opinion semblait majoritairement acquise aux libéraux modérés et plus bruyante sur la réforme électorale. Ailleurs, les préfets soulignaient l'habituel atavisme de la majorité de la population, demandeuse de calme et de morale publique.
C'était oublier que les majorités ne font pas toujours l'histoire. Tous n'avaient pas cette confiance et, à la tribune de la Chambre, le député Tocqueville s'en émut, quelques semaines après les événements de Lille :
« Est-ce que vous ne ressentez pas, par une sorte d'intuition instinctive qui ne peut pas s'analyser, mais qui est certaine, que le sol tremble de nouveau en Europe ? Est-ce que vous ne sentez pas... que dirais-je ?... un vent de révolution qui est dans l'air ? […] Je parle ici sans amertume, je vous parle, je crois, même sans esprit de parti ; j'attaque des hommes contre lesquels je n'ai pas de colère, mais enfin, je suis obligé de dire à mon pays ce qui est ma conviction profonde et arrêtée. Eh bien ! ma conviction profonde et arrêtée, c'est que les mœurs publiques se dégradent ; c'est que la dégradation des mœurs publiques vous amènera dans un temps court, prochain peut-être, à des révolutions nouvelles. Est-ce donc que la vie des rois tient à des fils plus fermes et plus difficiles à briser que celle des autres hommes?»
Tocqueville s'inquiétait-il des banquets? La campagne avait commencé en 1847, sous l'impulsion de Libéraux et de réformateurs dynastiques souhaitant promouvoir la Réforme tout en contournant l'interdiction des réunions politiques. Progressivement, l'opposition se divisa et les modérés et dynastiques perdirent le contrôle de la créature qu'ils avaient enfantée. Les radicaux, se joignant à l'origine avec amitié aux banquets avaient fini par s'en emparer. Les toasts au Roi, à la Charte et à la dynastie s'atténuèrent et se firent rares. Puis
l'on commença à boire au suffrage universel et parfois même à de vieux mots d'ordre révolutionnaires et au renversement de l'ordre social, bien que les banquets fussent payants afin d'en écarter les classes les plus modestes.
Banquet à château rouge en 1847.
Après l'affaire de Lille, alors que les radicaux s'échauffaient et que les derniers banquets avaient donné lieu à des toats séditieux et parfois scandaleux, le gouvernement n'oubliait pas son mandat d'ordre public. Le ministère de l'Intérieur transmit des instructions de fermeté à ses préfets et la première victime fut un banquet prévu en soutien aux peuples d'Europe pour le 25 mai. Le banquet avait d'abord été interdit, puis autorisé par la préfecture. L'excitation autour de son organisation et l'annonce qu'il serait précédé par un défilé de représentants conduisit la préfecture à l'interdire à nouveau. Les radicaux appelèrent alors à la manifestation, provoquant la crainte des organisateurs. Ces derniers décidèrent alors de mettre fin à leur projet. C'était un banquet modéré déjà annulé à l'interdiction inutile qui monopolisait les esprits.
Laissons la parole à un témoin privilégié:
[b]Choses vues, Journal de Victor Hugo[/b] a écrit :
23 mai — Voici la situation politique telle que la fait la question du Banquet (qui sera donné, à ce qu’il paraît, le 25).
Il y a un lion, d’autres disent un tigre, dans une cage fermée avec deux clefs. Le gouvernement a une de ces deux clefs, l’opposition a l’autre. Gouvernement et opposition se disent réciproquement : — Si tu ouvres avec ta clef, j’ouvrirai avec la mienne.
Qui sera dévoré ?
Tous les deux.
24 mai — Le Banquet continue de préoccuper l’attention. Que se passera-t-il ?
En sortant de la Chambre des pairs, j’étais avec Villemain, M. d’Argout nous a abordés. Villemain a dit : Je voudrais que ce Banquet fût passé. — Oui, a répondu M. d’Argout, nous le voyons cuire, j’aimerais mieux le digérer.
25 mai — M. Thiers est fort contrarié d’être obligé de se mêler de ce Banquet, d’y aller peut-être. C’est l’opposition qui l’a poussé là. M. Duvergier de Hauranne a dit : — Tant pis ! nous l’avons jeté a l’eau. Il faut qu’il nage.
26 mai — M. de Montpensier a dit à l’orfèvre Froment-Meurice qui est chef de bataillon de la garde nationale et qui lui parlait de l’émeute de mardi : — S’il y a émeute, le Roi montera à cheval, y fera monter M. le comte de Paris, et ira se montrer au peuple.
Des canons et des caissons traversent les rues et se dirigent vers les Champs-Élysées.
Au Ministère, l'inquiétude des premiers jours avait laissé place à la confiance, la plupart des mesures d'ordre public décidées en cas de manifestation et d'incidents furent annulées le 27 mai.
Le Roi, quant à lui, semble avoir été d'excellente humeur, signe peut-être de sa perte de contact grandissant avec l'atmosphère politique depuis le décès tragique du Duc d'Orléans et de sa sœur, Mme Adélaïde, l'année précédente. Hugo dans Choses vues, donne un tableau vibrant de ces jours:
[b]Choses Vues. Journal de Victor Hugo[/b] a écrit :
La semaine qui précéda la révolution, Jérôme Napoléon fit une visite aux Tuileries. Il témoigna au roi quelque inquiétude de l’agitation des esprits.
Le Roi sourit, et lui dit : — Mon prince, je ne crains rien.
Et il ajouta après un silence : — Je suis nécessaire.
Jérôme essaya encore quelques observations. Le Roi l’écouta et reprit : — Votre Altesse a la première révolution trop présente à l’esprit. Les conditions sont changées. Alors le sol était miné. Il ne l’est plus.
Il était du reste fort gai. La reine, elle, était sérieuse et triste. Elle dit au prince Jérôme : — Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas tranquille. Cependant le Roi sait ce qu’il fait.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juil. 10, 2018 10:30 am
par griffon
Chef Chaudard rendez vous au cabaret du chat noir ce soir
l'heure est venue .......
Ils vont interdire le banquet et cela va tout faire péter !
Le deuxième légion de la garde est avec nous !
Vive la Réforme ! À bas Guizot !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juil. 10, 2018 11:35 am
par Vavan
Votre Majesté ne doit pas laisser cette agitation nuire à son bon gouvernement.
Comment notre juste et bon gouvernement pourrait trembler devant un ramassis de graisseux qui ne trouve du courage qu'au fond d'un godet?
Mais pour assurer à Votre Auguste Personne des nuits calmes et apaisées, j'ai néanmoins fait venir d'anciens Compagnons de Jéhu et de Verdets dans Paris qui se tiennent prêts à agir pour la défense du trône de Saint-Louis.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juil. 10, 2018 12:15 pm
par Emp_Palpatine
griffon a écrit : À bas Guizot !
M. Guizot n'a que le portefeuille de l'Instruction publique et n'est guère dominant bien qu'il ait l'oreille du Roi.
Peut-être que M. Berryer, président du conseil, serait une cible bien plus juteuse.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. juil. 26, 2018 2:45 pm
par GA_Thrawn
Toujours un régal à lire!
Pourvu que l'on apprenne point que M. de Bennalla, de la garde royale, a participé à la répression de la mutinerie de Lille
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. sept. 04, 2018 6:44 pm
par Emp_Palpatine
La journée du 26 mai 1848 - 1ère partie
Confiance du Palais. Attroupements place de la Concorde. Échauffourées. Mise en accusation par l'opposition. Les désordres s'accroissent. Faiblesse du commandement. Le duc de Nemours. Ordre est donné d'occuper la ville. Calme apparent.
Le matin du samedi 26 mai, au lever du jour, le ciel est bas et plombé. Par intervalles, des rafales chassent une pluie fine. Dans les premières heures de la matinée, tout paraît tranquille. Les organisateurs du banquet, qui, la veille au soir, ont contremandé la manifestation, sont même étonnés d'être si complètement obéis; ils voient là un signe de l'indifférence de la population. L'un d'eux, M. Pagnerre, causant avec M. Barrot, conclut que "le gouvernement, en forçant l'opposition à se retirer, lui a épargné un bien complet fiasco".
Aux Tuileries, le Roi félicite chaudement ses conseillers.
"L'affaire tourne à merveille, leur dit-il. Que je vous sais gré de la manière dont elle a été conduite! [...] Quand je pense que beaucoup voulaient qu'on leur cédât!"
Cependant, vers neuf heures, des bandes, peu nombreuses d'abord, bientôt grossies, commencent à descendre des faubourgs du nord et de l'est sur les boulevards, des faubourgs du sud sur les quais; se dirigeant toutes vers la Madeleine. C'est l'effet de l'impulson donnée depuis quelques jours et que le contre-ordre de la dernière heure n'a pas suffi à détruire.
De ceux qui forment ces bandes, les uns n'ont pas su les dernières décisions de la commission générale du banquet, les autres en sont irrités et veulent protester quand même, le plus grand nombre sont des curieux qui désirent voir "s'il y aura quelque chose".
Partout, ils trouvent libre passage. Pas un soldat dans les rues. Les sergents de ville eux-même ont pour instruction de ne pas se montrer en uniforme. Cette foule vient s'accumuler devant la Madeleine et sur la place de la Concorde. Les blouses y sont les plus nombreuses. Nulle cohésion entre les éléments qui la composent, nulle discipline : aucun chef ne la pousse ni ne la dirige. Elle reste là, ondulant sur cette vaste place, en sachant pas ce qu'elle attend, sans dessein, poussant quelques cris de "Vive la réforme! A bas Berryer!", huant les gardes municipaux qui passent mais n'ayant aucunement l'idée de livrer bataille.
Les révolutionnaires qui, suivant le mot d'ordre donnée la veille dans les feuilles radicales, se sont mêlés à se peuple pour l'observer, n'estiment pas qu'il y ait quelque chose à tenter avec lui.
La foule rassemblée place de la Concorde.
A la préfecture de police, au ministère de l'Intérieur, on n'attache pas une grande importance à ces attroupements. L'impression optimiste qui a fait décommander, pendant la nuit, le déploiement des troupes, reste l'esprit dominant.
Tous les ministres, cependant, ne sont pas aussi rassurés. L'un d'eux, qui, en venant aux Tuileries, a pu voir sur les deux quais un courant continu d'hommes en blouse se dirigeant vers la Concorde, ne peut cacher au Roi ses préoccupations :
"Nous aurons, lui dit-il, sinon une grande bataille, du moins une forte sédition; il faut s'y tenir prêts.
- Sans doute, reprend le Roi, Paris est ému; comment ne le serait-il pas? Mais cette émotion se calmera d'elle-même. Après le lâche-pied de la nuit dernière, il est impossible que le désordre prenne des proportions sérieuses. Du reste, vous savez que les mesures sont prises. "
Cependant, la situation ne s'améliore pas sur la place de la Concorde. Une bande nombreuse d'étudiants et d'ouvriers, partie du Panthéon, arrive en chantant la Marseillaise. Plus organisée, plus compacte, elle traverse la foule, l'entraîne et la dirige vers le Palais-Bourbon. Vainement, quelques gardes municipaux qu'un commissaire est allé chercher en hâte au poste voisin, essayent de barre le pont. Ils sont emportés en un instant.
Gardes municipaux.
Arrivés devant les grilles de la Chambre, les plus hardis des manifestants les escaladent et pénètrent dans le palais où il n'y a, à cette heure, que les garçons de service.
Que signifie cet envahissement? C'est une gaminerie, mais une gaminerie de sinistre augure. L'alarme est donnée, les dragons arrivent de la caserne d'Orsay. Ils trouvent, en arrivant, le palais déjà évacué et rejettent la foule au delà du pont tandis que d'autres troupes viennent occuper les abords de la Chambre.
Les manifestants alors se divisent. Une partie se forme en bandes pour parcourir la ville. Le plus grand nombre reste sur la place de la Concorde.
Un tas de pierre se trouvant là, l'idée vient à quelques individus de s'en servir pour attaquer un poste voisin. On peut y voir là main d'agents provocateurs des cellules radicales, ceux-là même qui s'étaient mêlés à la foule plus tôt. Dans ces mémoires, un anonyme décrit un personnage s'adressant ainsi à ceux qui l'entourent
Citoyens!
prenons donc ces quelques grains
et servons nous-en
pour rendre un peu moins fades
les poulets du tyran!
Un détachement de gardes municipaux à pieds et à cheval arrive au secours des assiégés. A plusieurs reprises, il essaie de déblayer la place mais la foule se referme derrière lui. Les gamins se mêlent à ses rangs et se faufilent entre les jambe des chevaux que les cavaliers embarrassés ont peine à tenir debout sur les l'asphalte rendu glissant par la pluie. Aussitôt que les soldats ont le dos tourné, des volées de cailloux tombent sur eux.
Des curieux, réfugiés partout où les charges ne peuvent les atteindre, plusieurs assis dans les vasques des fontaines, rient de ces escarmouches. Les municipaux sont admirables de sang-froid et de patience, en dépit des insultes et des pierres dont on les accable, des blessures que reçoivent plusieurs d'entre eux, de l'agacement, ils évitent d'user de leurs armes; tout au plus distribuent-il quelques coups de crosse et de plat de sabre.
Garde municipal de Paris -équivalent de notre police actuelle- à cheval.
Gardes municipaux de Paris, la tenue en bicorne est celle des agents de ville.
Des échauffourées du même genre ont lieu autour de la Madeleine. Vers midi, une bande se détache pour attaquer le ministère des Affaires étrangères, alors au coin de la rue des Capucines. Elle jette des pierres dans le vitres, essaye d'enfoncer la porte, mais est bien vite obligée de se retirer devant les troupes qu'on est allé chercher aux casernes voisines. Les étudiants repassent alors sur la rive gauche, qu'ils parcourent pendant quelques heures et où ils tentent vainement de débaucher l’École polytechnique.
Ces désordres ne décident pas encore le gouvernement à une action plus énergique. Est-il dérouté de voir démentir ses prévisions de la veille au soir? Ou bien persiste-t-il à croire que tout est fini par l'abandon du banquet, que ces dernières ébullitions sont sans gravité et que l'important est de ne pas rallumer les passions en voie de s'éteindre?
Pis, le Roi et le Président du Conseil ne jouent-ils pas l'émeute l'un contre l'autre, Louis-Philippe espérant affaiblir ainsi Berryer et la majorité; Berryer espérant fragiliser le règne finissant et démontrer la faiblesse d'une régence éventuelle?
Quoi qu'il en soit, on s'est appliqué à le montrer le moins possible. En dehors des quelques bataillons et escadrons déployés tardivement autour de la Chambre, les troupes restent invisibles. Ce qui a été fait pour protéger tel ou tel point l'a été sur l'initiative isolée de quelque commissaire de police et on n'y a guère employé que de faibles détachements de gardes municipaux dont le courage ne peut suppléer au petit nombre.
Ces luttes inégales ont pour principal résultat d'aviver la vieille hostilité de la foule contre cette troupe. Déjà, l'on voit poindre la tactique radicale qui tend à diviser les défenseurs de l'ordre en criant "Vive la ligne!" en même temps que "A bas les municipaux!".
En somme, contre l'émeute grandissante, à peine, ça et là, une défensive partielle, morcelée, incertaine. Pas d'offensive générale et puissante.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. sept. 04, 2018 7:07 pm
par Emp_Palpatine
Pour qui veut suivre l'action.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. sept. 04, 2018 7:22 pm
par griffon
Qui pourrait s'imaginer que dans un mois , le 25 juin à 07h30 exactement
la Rue St Maur ressemblerait à ceci ?
Le Baron Thrawnac est toujours en ville ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. sept. 04, 2018 8:47 pm
par stratcom
Connaissant palpat, l'insurrection républicaine va être noyée dans le sang et les forces réactionnaires vont s'emparer du pouvoir.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. sept. 04, 2018 9:09 pm
par Emp_Palpatine
Vous verrez ça dans les jours à venir.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 05, 2018 9:57 am
par GA_Thrawn
Au domicile de M. de Thrawnac, qui reçoit quelques amis autour d'un plat de perdrix farcies aux truffes et amandes:
Mes amis, je suis inquiet. Sommes nous sûr de la troupe? Mes agents m'informent qu'elle est travaillée par des agitateurs et autres agents d'influence!
Les conscrits tireront ils sur leurs frères, leurs fils et leurs sœurs et femmes? Craignons la garde nationale en nous souvenant des évènements funestes de 1789. Il aurait fallu faire venir des troupes de provinces, en les excitant contre cette canaille parisienne fainéantes qui méprise les paysans, mais il est trop tard désormais.
La police me parait sûre, ne serait-ce que parce qu'elle sait qu'elle paiera de son sang les répressions passées si l'émeute éclate. Mais elle est peu nombreuse. et manque d'armes et de munitions.
Nous le savons tous ici, la foule ne craint la troupe que tant qu'elle n'a pas tiré. Aux premiers mort, cet avantage s'effondrera. La canaille comprendra qu'elle n'a plus rien à perdre et balaiera toute forme d'ordre.
J'ai déjà donné l'ordre à mes domestiques de faire partir mes meubles et tableau dans mon château de Normandie. Mais je resterai ici à Paris, avec quelques gens solidement armés. Si l'émeute éclate, je propose de nous rendre au ministère de l'intérieur, y récupérer au moins les dossiers compromettants. Cela nous donnera une monnaie d'échange, quelque soit ce qu'il émergera de cette révolution...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 05, 2018 5:45 pm
par Chef Chaudard
A l'appel des citoyens Blanqui et Griffon, les ouvriers, artisans, étudiants se lèvent pour mettre à bas le ministère Berryer et la monarchie honnie.
Ils sont fidèles à leurs ancêtres de 1789 et 1830 ! Vivre libre ou mourir ! vive la République !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 05, 2018 6:42 pm
par griffon
Emp_Palpatine a écrit :
griffon a écrit : À bas Guizot !
M. Guizot n'a que le portefeuille de l'Instruction publique et n'est guère dominant bien qu'il ait l'oreille du Roi.
Peut-être que M. Berryer, président du conseil, serait une cible bien plus juteuse.
Hum , je me suis fait avoir
Nous sommes ici entrés dans une uchronie sans nous en rendre compte
Savez vous citoyens ce que trame ce Berryer ? Ces idées sont pour tant connues de tous ?
Pourvu que cette situation se résolve vite... Il est toujours difficile pour la girouette d'anticiper le sens du vent
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 05, 2018 8:54 pm
par Emp_Palpatine
La journée du 26 mai 1848 - 2ème partie
Que font, pendant ce temps, les députés de l'opposition? Les voit-on chercher à calmer une agitation dont ils sont responsables, faute d'avoir su conserver les suffrages du pays? Non. Ils s'occupent à rédiger un acte d'accusation qu'ils doivent déposer à la Chambre contre le ministère. Peut-être encouragés en ce sens par des agents ayant l'oreille du Palais où, peut-être (encore une fois) on espère profiter de la situation pour fragiliser la majorité voire la faire chuter. Les rédacteurs ne se font pourtant pas d'illusion sur le résultat; ils sont découragés, ils croient leur rôle et leur carrière finis. "Venez, mon cher ami, écrit M. Barrot à l'un de ses proches, pour que nous fassions ensemble notre testament politique."
Odilon Barrot, chef de file de la gauche dynastique.
Un projet, préparé à la hâte, est soumis vers onze heures aux députés qui se trouvent réunis chez M. Barrot: le ministère y est, entre autres, accusés d'avoir "trahi au dehors l'honneur et les intérêts de la France, d'avoir faussé les principes de la constitution, de mettre en danger les institutions par sa loyauté douteuse à la dynastie, violé les garanties de la liberté, perverti le gouvernement représentatif..." et autres griefs plus ou moins justifiés.
A la grande surprise des rédacteurs, l'autre grand chef des libéraux, M. Thiers, les critique vivement. Selon lui, "on se méprend sur l'état des esprits; tout est fini, complètement fini et l'opposition n'a qu'à subir sa défaite. [...] Certes, l'idée d'une mise en accusation ne doit pas être abandonnée mais c'est une ressource qu'il faut ménager; aujourd'hui un tel acte paraîtrait à tous excessif et ridicule."
Les auteurs du projet répondent que la mise en accusation sera à peine suffisante pour calmer l'émotion publique; ils rappellent que la veille au soir, dans la commission du banquet, les députés se sont engagés à la proposer en échange de l'ajournement de la manifestation et qu'ils ne compte pas manquer à leur parole. L'avis de M. Thiers n'est pas appuyé et la discussion porte uniquement sur le point de savoir si l'acte sera signé par quelques membres ou par tous les députés de l'opposition. Ce dernier parti l'emporte mais, quand il s'agit de s'exécuter, beaucoup se dérobent par faiblesse ou par mésentente, les radicaux refusant notamment le trop grand institutionnalisme de l'acte.
En se rendant, vers deux heures, à la séance de la Chambre, les députés, dont plusieurs ignoraient jusqu'à ce qui se passait, sont surpris de voir la foule massée sur la place de la Concorde et le palais Bourbon entouré de troupes. Les manifestants les accueillent diversement, les opposants jouissant plus ou moins des ovations ordinairement assez grossières qui leur sont faites. Pour aucun d'eux, cependant, les choses n'apparaissent sérieuses.
Les radicaux, loin de voir dans cette agitation le commencement d'une révolution, ne croient même pas à une véritable émeute et sont convaincus que la nuit mettre fin au tapage.
Arrivés à la Chambre, les promoteurs de la mise en accusation circulent de banc en banc en quête de signature avec un succès médiocre. On leur répond souvent "c'est dans le cas où le cabinet aurait laissé faire le banquet qu'il mériterait d’être mis en accusation". Les ministres, confiants, assistent ironiques à ce ballet. Enfin, M. Odilon Barrot se décide à remettre son papier à M. de Coelion, président de la Chambre, M. Berryer monte au bureau pour en prendre connaissance et le parcourt avec un sourire dédaigneux.
Pendant ce temps se poursuivait, devant des auditeurs inattentifs, une discussion sur le renouvellement du privilège de la banque de Bordeaux. Après quelques heures, M. Barrot en appelle au président de la Chambre pour la mise à l'ordre du jour de sa proposition. M. de Coelion lui répond qu'elle aura lieu le surlendemain, lundi. Sur ce, la Chambre cesse ses discussions bancaires et se sépare.
Durant la séance de la Chambre, l'agitation a grandi dans la ville. La place de la Concorde a fini par être un peu dégagée; mais dans les Champs-Elysées, les gardes municipaux ne parviennent pas à avoir raison des bandes qui s'y embusquent, derrière les arbres et les amas de chaises. Un moment, le petit poste de la rue de Matignon est assailli par des gens tentant d'y mettre le feu. Des bandes descellent les grilles du ministère de la marine et s'en servent de leviers pour déchausser les pavés et ébaucher la première barricade au coin de la rue Saint Florentin et de la rue de Rivoli.
Repoussés par les gardes municipaux, elles se replient sur le centre de la ville et essayent d'élever d'autres barricades rue Duphot puis rue Saint Honoré. Sur leur chemin, elles pilles les boutiques d'armuriers, y trouvent des fusils mais peu de poudre. Le gouvernement avait eu, dans les jours précédents, la précaution de la faire enlever.
Pas plus que le matin il n'y a d'ensemble ou de direction, chaque bande agit au gré de sa fantaisie. A quelques exceptions près, les hommes des sociétés secrètes radicales demeurent assez sceptiques. L'un d'entre eux déclare "Tout cela n'est pas clair; il y a du monde, mais c'est tout; ça n'ira pas jusqu'aux coups de fusil." Aucun ne reconnaît un caractère républicain à la manifestation.
En présence de ces faits, l'effacement des autorités devient de plus en plus difficile à comprendre. Au quartier général des forces de l'ordre, à l'état-major de la garde nationale, alors installé dans l'aile des Tuileries longeant la rue de Rivoli, le général Jacqueminot, commandant de la Garde Nationale et le général Sebastiani, commandant la place de Paris, suivent la situation. Les deux hommes n'ont jamais brillé par leur talent bien qu'ils soient braves et dévoués. Dès le jour où l'on a craint des troubles, certains ministres se sont demandé s'il ne conviendrait pas de réunir tous les pouvoirs dan une main plus forte et plus ferme. Les noms à leur esprit : les maréchaux Bugeaud ou Guillaumat.
Bugeaud, se croyant tout indiqué, tournait depuis quelques temps autour du Roi et des ministres, se portant fort du succès de sa nomination. Plusieurs membres du cabinet hésitaient, cependant, par crainte d’effaroucher l'opinion ou de se donner un collaborateur encombrant. Ces considérations n'étaient pas sans agir sur le Roi, une telle mesure se trouva donc ajournée. Il était toutefois convenu que si les choses tournaient mal, le maréchal Bugeaud recevrait le commandement de l'armée et de la garde nationale.
On oubliait que les meilleurs remèdes risquent de ne plus produire d'effet lorsqu'on y recourt trop tard.
Le maréchal Bugeaud
A défaut des deux maréchaux, le duc de Nemours tâchait d'exercer une sorte d'arbitrage au dessus des deux généraux falots, sans autre titre que celui de son rang. Ainsi assurait-il un peu d'unité entre des pouvoirs égaux et rivaux. Courageux et désintéressé, il devait se montrait digne de l'éloge que faisait feu son frère le duc d'Orléans "Mon frère Nemours, c'est le devoir personnifié!". Mais, timide et se sachant peu populaire, plus habitué à obéir qu'à commander, il était homme à faire modestement son devoir sans se mettre en avant ou s'emparer spontanément d'un rôle qui ne serait pas strictement le sien. Il eût gagné à être secondé par ses deux frères, Joinville et Aumale, tous deux particulièrement aimés de la troupe et de l'opinion, tous deux en Algérie pendant les événements. La reine Marie-Amélie, dont l'âme italienne était agitée de sombres pressentiments, déplorait ses séparations. C'est surtout le grand absent, l'aîné, le duc d'Orléans décédé qui allait manquer.
Le duc de Nemours, seul prince du sang adulte présent à Paris.
Vers cinq heures, les nouvelles qui arrivent à l'état-major sont telles qu'on se décide à prescrire l'occupation militaire de la ville. C'est l'opération qu'avait décidé le conseil des ministres quelques jours avant et qui avait été décommandée. Les ordres sont aussitôt expédiés. Comme la garde nationale doit participer à l'opération, le rappel est battu. Il produit peu d'effets, et chez les hommes qui prennent les armes, les dispositions sont souvent douteuses. Ce n'est pas le seul mécompte. Le préfet de police ayant voulu procéder aux arrestations préventives, suspendues la veille, ne parvient à mettre la main que sur cinq meneurs.
L'armée, du moins, s'est mise en mouvement. A neuf heures du soir, chaque corps occupe l'emplacement qu'il doit occuper.
L'occupation du pont de l'archevêché.
Partout, devant ce mouvement, l'émeute s'est dispersée sans résistance sérieuse. Sur divers points, les réverbères sont détruits, les conduites de gaz coupées. Au Champs-Elysées, des gamins ont mis le feu à des baraques; des bandes incendient ou dévastent les barrières de l’Étoile. Ailleurs, il y a des échauffourées mais nulle part de combat sérieux.
Peu à peu, avec la nuit qui avance, le silence se fait dans la ville; le peuple est rentré dans ses maisons. Les soldats bivouaquent autour de grands feux, sous la pluie. A une heure, ordre est donné de retourner aux casernes, ne laissant dehors que quelques détachements.
Que penser de la journée? D'aucun côté on n'y voit clair. Les meneurs radicaux se sont réunis dans la soirée au Palais-Royal et ne songent toujours pas à se mêler à un mouvement qu'il ne prennent pas au sérieux. Dans certains journaux comme la Réforme ou le National, on est même embarrassé, on regrette une agitation dont on espère aucun résultat. Chez M. Barrot, on est inerte.
Aux Tuileries, la soirée est passée à attendre et recevoir les nouvelles. La reine ne cache pas son anxiété mais le Roi, au contraire, demeure confiant. Il répète que les Parisiens ne font pas la révolution sous la pluie et que "ils savent ce qu'ils font, ils ne troqueront pas le trône pour un banquet."
Cette confiance augmente à mesure que l'on apprend l'absence de combats et de résistance ainsi que le calme si facilement rétabli. Tout cela n'aura donc été qu'une journée sans importance et le lendemain il n'en sera probablement plus question. Et si le désordre persiste, on sera alors fondé à agir vigoureusement immédiatement. Cette impression de sécurité persiste quand le chef de la Sûreté vient annoncer que les chefs révolutionnaires persistent à se tenir à l'écart.
A la fin de la soirée, lorsque Louis-Philippe se retire, il est triomphant, jugeant l'affaire terminée et félicite tout le monde d'avoir su résoudre les troubles sans effusion de sang. Persuadé que, comme lors des émeutes de la décennie 1830, l'impuissance de l'agitation raffermira le pouvoir et il ne cache pas qu'il ne s'est pas senti aussi fort depuis longtemps.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 05, 2018 8:58 pm
par Emp_Palpatine
On dit "dans les Champs-Elysées" à l'époque puisque c'étaient encore, en très grande partie, eh bien champêtre.
Sinon, peu d'iconographie mais ça va changer.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 05, 2018 10:27 pm
par GA_Thrawn
Peut être serait il temps d'aller présenter mes respects à sa majesté...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. sept. 07, 2018 9:02 am
par Vavan
Loin de moi l'idée de vouloir encourager la sédition, mais il est fort regrettable que les ennemis de Sa Majesté et de la France ne soient pas sortis des ténèbres qui les dissimulent et les protègent.
Si ils étaient sortis au grand jours, nous aurions alors pu les écraser sans difficulté alors qu'ils vont maintenant sûrement poursuivre leurs funestes projets en attendant des jours meilleurs pour leur cause diabolique.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. sept. 07, 2018 11:17 am
par stratcom
M'est avis que l'affaire n'est pas terminée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 19, 2018 6:37 pm
par Emp_Palpatine
La journée du 27 mai 1848, 1ère partie.
L'émeute reparaît. La garde nationale prend parti.
Le 28 mai, Paris se réveille encore sous une pluie fine.
Dès sept heures du matin, les troupes sortent de leurs casernes pour reprendre les positions qu'elles occupaient la veille au soir. La ville paraît came. Au ministère de l'Intérieur, on se flatte que tout est fini; quelques députés venus aux nouvelles expriment le regret que le désordre n'ait pas duré assez longtemps pour effrayer et donner au pouvoir la force dont il a besoin.
Bientôt cependant, vers neuf heures, l'émeute reparaît sur plusieurs points. L'affaire n'est effectivement pas terminée.
Cette fois, les troubles se concentrent entre la rue Montmartre, les boulevards, la rue du Temple, les quais, dans ces quartiers aux rues enchevêtrées qui déjà au lendemain de 1830 avaient été le théâtre préféré de toutes les insurrections. Les bandes n'ont toujours pas de direction d'ensemble, de chefs connu. Elles harcèlent les troupes, élèvent ça et là des barricades, attaquent des postes. Nulle part une vraie bataille ni une résistance durable. De part et d'autre cependant on tiraille un peu: quelques blessés et même, en très petit nombre, les premiers morts.
Dans le peuple, bien que les mines soient plus sombres que la veille, rien n'indique une passion bien profonde. Quant à l'armée, elle est triste de la besogne qu'on lui fait faire, troublée de devoir marcher contre des gens l'accueillant aux cris de "Vive la ligne!". Elle souffre du mauvais temps, de la distribution inefficace des vivres, de ne pas se sentir conduite par une main ferme et résolue. Néanmoins, sa supériorité est évidente et pendant cette matinée elle ne subit d'échec nulle part; partout les émeutiers reculent devant elle. Dans ces conditions, la défaite finale de l'émeute ne fait guère de doute. Telle est la situation avant l'entrée en scène de la garde nationale.
La garde nationale en 1848. Elle porte depuis quelques temps une tenue bleue, ayant délaissée la tenue bleue et blanche héritée de 1789.
Dès la veille, l'opposition avait déjà crié "Osez donc réunir la garde nationale!". Trois députés avaient exprimé leur "douloureuse surprise qu'éprouvait la population de ne pas voir convoquée la garde nationale".
Il eût fallu, plutôt que de tomber dans un piège aussi grossier, que le gouvernement pût répondre : "Non, nous ne la convoquerons pas, parce que vous avez travaillé à en faire un instrument de désorganisation ce qu'elle n'était déjà que trop disposée à devenir". Un tel langage eût fait scandale mais économisé bien des ennuis.
En haut lieu, d'ailleurs, on avait des illusions sur l'état d'esprit de la milice bourgeoise, on se fiait aux protestations répétées du général Jacqueminot qui croyait que son dévouement était partagé par tous ses subordonnés.
Le Roi, dans l'esprit duquel la lecture de certains rapports avait fini par jeter le trouble, avait envoyé le ministre de la Guerre à l'état-major pour avoir très nettement ce qu'on devait attendre de la garde nationale.
"Vous pouvez dire au Roi, répondit Jacqueminot, que sur 384 compagnies, il y en a six ou sept mal disposées, mais que toutes les autres sont sincèrement attachées à la monarchie".
Informé de cette réponse, le Roi s'était borné à dire : "Six ou sept mauvaises! Oh, il y en a bien 17 ou 18!" C'est sur ces assurances données qu'on s'était décidé à faire battre le rappel la veille au soir avec le résultat médiocre que l'on sait.
Ce premier essai n'était pas un encouragement à recommencer. Cependant, le lendemain matin, quand l'armée a été remise en mouvement on n'a pas jugé possible de ne pas convoquer de nouveau la garde nationale. Celle ci n'avait-elle pas son rôle dans le plan d'occupation? Son absence aurait fait des vides matériels; elle aurait surtout fait un vide moral dont on craignait les conséquences dans l'opinion et auprès de la ligne.
La convocation avait été plus générale que la veille : ordre a été donné de battre le rappel dans tous les quartiers.
Ce n'est qu'une faible minorité qui vient prendre les armes. Ceux qui viennent sont-ils les hommes d'ordre qui considèrent qu'il est de leur intérêt de mettre fin aux troubles? Non, par un phénomène étrange, à l'appel du gouvernement, les alliés naturels de ce dernier, les conservateurs, qui au fond forment la majorité des légions, ne répondent qu'en petit nombre. Presque tous restent chez eux, indolents, rassurés ou boudeurs.
Les opposants, au contraire, accourent avec empressement. C'est que, de ce côté, il y a un mot d'ordre : se réunir en armes et crier "Vive la réforme!"
Au sein de la garde, les mécontents se préparent.
En effet, à peine les gardes nationaux sont-ils arrivés à leurs divers points de rassemblement que, de leurs rangs, s'élèvent des voix demandant que la garde s'interpose entre le gouvernement et le peuple, que l'on oblige le Roi à changer ses ministres, que l'on exige la réforme. L'idée trouve faveur.
Beaucoup, pour rien au monde, ne voudraient jeter bas la charte et la monarchie, mais ils pensent faire œuvre de pacification et il ne leur déplaît pas de donner une leçon à un gouvernement qui n'est pas de leur couleur. Ce qui sont d'un avis contraire se croient en minorité (et ils le sont peut-être) et se taisent.
C'est vers 10 ou 11 heures que la plupart des légions se mettent en mouvement. La 1ère (Champs-Elysées, place Vendôme) est la seule où les réformistes échouent, elle siffle au contraire les députés de la gauche.
La 2nde (Palais Royal, Chaussée d'Antin, Montmartre) arrive sur ses positions après une longue promenade, escortée par une foule avec laquelle elle chante la Marseillaise et crie "Vive la Réforme!".
La 3è (Montmartre, Poissonnière) se jette entre les insurgés et les gardes municipaux, forçant ces derniers à rentrer dans leurs caserne. Plus tard, elle croise les baïonnettes devant les cuirassiers qui se disposaient à dégager la place des Victoires. Enfin, elle parcourt les environs en criant "Vive la Réforme! A bas Berryer!"
La 4è (Louvre) signe une pétition pour demander la mise en accusation du Ministère et entreprend de la porter au Palais Bourbon. Arrêtée par un bataillon fidèle de la 10è légion, elle la remet à un groupe de députés de gauche qui accourent devant elle.
La 5è (Bonne-Nouvelle, faubourg Saint Denis) fait comme la 2nde et empêche les municipaux de charger.
La 6è (Temple) se prononce pour la Réforme.
La 7è (Hôtel de Ville) somme le Préfet de faire savoir au Roi que s'il ne cède pas, aucune force humaine ne pourra prévenir une collision entre la garde nationale et la troupe.
La 10è (Saint Germain) est divisée. Un bataillon protège la Chambre, un autre acclame la réforme et refuse d'obéir au colonel.
En de nombreux endroits, garde nationaux et émeutiers fraternisent.
En somme, presque toutes les légions se sont prononcées contre le gouvernement.
Les manifestants sont-ils une minorité, si l'on tient compte de ceux qui sont restés chez eux? En tout cas, ils sont les seuls à se montrer, à crier et à agir. Sans doute aussi la grande majorité n'a pas conscience de ce qu'elle fait.
L'effet en est immense, la situation absolument changée.
Une émeute misérable, infime, décousue, sans chefs, désavouée par les révolutionnaires et les radicaux eux-mêmes, devient soudainement importante et se sent enhardie du moment où la garde nationale l'a prise sous sa protection.
L'armée, qui jusque ici a combattu avec résignation mais sans hésiter, est désorientée, ébranlée. Dans le quartier Saint-Denis, au moment où la garde nationale se montre, un passant demande à un officier: "Est-ce que l'émeute est sérieuse?"
L'officier lève les épaules et répond "Ce ne sont point les émeutiers que je redoute mais la garde nationale qui, si cela continue, va s'amuser à nous tirer dans le dos."
Au même moment, sur la place de l'Odéon, deux détachements de la ligne et de la garde nationale sont côte à côte. Les commandants se saluent. "Que ferez-vous si une troupe du peuple se présente? demande l'officier de la garde.
- Je ferai comme vous répond l'officier de la ligne.
- Mais moi je ne disperserai pas, je laisserai passe.
- Je ferai comme vous, mes soldats feront ce que fera la garde nationale."
Si fâcheux que soit l'encouragement aux factieux et le découragement jeté dans l'armée, la conduite de la garde nationale devait avoir des conséquences plus graves encore au sommet de l’État.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. sept. 19, 2018 6:56 pm
par Azerty
Cela ressemble de plus en plus à une garde Internationale qu'autre chose...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. sept. 20, 2018 8:24 am
par GA_Thrawn
Bien...cette fois la monarchie est perdue...
Il est temps de faire ce petit voyage à Meudon dont je parlais tantôt. Cela me permettra de jauger la situation d'un terrain plus confortable et de revenir si les évènements s'accélèrent
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. sept. 20, 2018 5:23 pm
par Chef Chaudard
La tranquillité n'est qu'apparente ...
La société secrète de la Griffonerie, seondée par des étudiants faméliques et des ouvriers affamés, se prépare au renversement du régime honni.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. sept. 23, 2018 8:35 pm
par Emp_Palpatine
La journée du 27 mai 1848, 2ème partie.
Effet produit par la défection de la garde nationale au Palais. Discussions de Louis-Philippe. Renvoi du ministère. Emotion à la Chambre. M. Molé est chargé de former un nouveau gouvernement. Accueil fait à cette nouvelle par l'émeute.
Quand arrivent aux Tuileries les premières nouvelles de la défection de la garde nationale, on ne veut d'abord pas y croire. Les rapports se succèdent cependant, de plus en plus affirmatifs et alarmants. Du palais lui-même on entend les cris de la seconde légion massée sous les fenêtres du pavillon de Marsan, l'on voit défiler sur le quai la quatrième légion portant une pétition à la Chambre. Puis voici des amis connus, M. Horace Vernet, M. Besson, pair de France, le général Friant, qui racontent de visu les scènes de la place des Victoires et comment les gardes nationaux ont croisé la baïonnette contre les cuirassiers.
Cette fois, les optimistes sont atterrés. On avait toujours pensé que la garde nationale était le rempart de la monarchie et l'on s'était habitué à le dire plus encore qu'on ne le pensait. Du moment où elle passe à l'émeute, que devenir? Plusieurs officiers de la garde ont pénétré dans le château, dans un grand moment d'effarement et d'exaltation, criant très haut qu'ils sont prêt à se faire tuer pour le Roi mais que le ministère est haï, ils assurent que si le gouvernement est congédié, la garde nationale fera tout rentrer dans l'ordre.
Bien sûr, le ministère avait au Palais, jusqu'à son sommet, de nombreux adversaires. L'unité affichée dans les troubles n'était que de façade, le soupçon de déloyauté pesant toujours sur les Légitimistes, souvent à raison. Ces nouvelles servent d'argument: "par fidélité aux principes parlementaires et par loyauté à la parole donnée, disent-ils, faut-il exposer la monarchie à périr?"
Ils trouvent un puissant allié auxiliaire dans la Reine Marie-Amélie. L'agitation des dernières semaines l'avait rendue impatient de voir son mari avoir recours au remède qu'elle croyait efficace contre l'émeute et les dangers non-dits, venant de la Chambre elle-même, pour l'accession au Trône de son petit-fils.
Peu habituée à entretenir son époux des affaires politiques mais terrifiée des nouvelles qu'on lui apporte le 28, elle accourt, éplorée, auprès du Roi et emploie toutes les ressources de sa tendresse pour lui faire partager ses émotions et ses inquiétudes, le conjure de se séparer d'un cabinet dont l'existence lui paraît mortelle pour la monarchie - et pas seulement par l'émeute.
Plus tôt encore, Louis-Philippe eût éconduit la Reine en lui donnant affectueusement à entendre qu'elle se mêlait de choses qui n'étaient pas de sa compétence. Mais depuis qu'il avait appris la trahison de la garde nationale, il est bien changé. Rien ne subsiste plus de son optimisme et de l'ironie avec lesquels il recevait les alarmistes.
La reine Marie-Amélie. En l'absence de feux le Duc d'Orléans et de Mme Adélaïde, son pessimisme influença Louis-Philippe.
Il est étourdi, affaissé sous le coup qui le frappe et auquel il ne s'attendait pas. Il n'ignore certes pas que l'armée est toujours maîtresse de ses positions, que nulle part elle n'a fait défection, que sa supériorité demeure évidente. Mais il se rend compte que s'il veut continuer la lutte, il doit engager à fond la troupe, se débarrasser de la garde nationale et donner au besoin l'ordre de tirer sur elle.
Cette perspective le fait frémir. On l'entend se répéter à lui-même " j'ai vu assez de sang!" Ne lui affirme-t-on pas d'ailleurs dans son entourage le plus intime et le plus cher que s'il consent à donner satisfaction aux gardes nationaux, l'ordre sera rétabli sans que le sang ne coule? C'est toucher une de ses cordes sensibles. Un tel sentiment faisait honneur à son cœur mais dans ce cas particulier, était-ce bien raisonné?
Les défaillances des souverains, par les conséquences qu'elles entraînent, ne coûtent-elles pas souvent beaucoup plus de sang que n'en feraient répandre de plus énergiques résistances?
On peut encore indiquer deux causes de l'hésitation qui se manifeste chez le Roi. Il semble avoir eu sur son droit à se défendre par les armes un doute qui ne se fût certes pas présenté autant à l'esprit d'un prince légitime s'appuyant sur un titre ne dépendant pas d'une désignation populaire. Au moment de réprimer par la force la sédition de la bourgeoisie parisienne, il s'arrête, anxieux, à la pensée qu'il a reçu la couronne de ses mains. Il n'ose pas faire violence à l'égarement passager de ceux dont il croit tenir son pouvoir. "Est-ce que je pouvais faire tirer sur mes électeurs?" aurait-il déclaré plus tard. Après tout, n'est-ce pas l'un des phénomènes du siècle que la foi au droit monarchique semble être plus ébranlée dans le coeur des rois que dans celui des peuples?
N'oublions pas enfin que Louis-Philippe avait alors 74 ans. Les vicissitudes de la vie ont usé son énergie et sa volonté. Certains ont vu dans son obstination à voir arriver le danger moins de fermeté que de sénilité et on ne pouvait s'étonner que cette même sénilité tournât en défaillance. Enfin, le Roi savait ses dernières années arrivées et s'inquiétait de sa succession face à une Chambre et un cabinet où la force de l'élément Légitimiste faisait craindre une révolution de palais à sa mort. N'y avait-il pas l'occasion de se débarrasser du ministère voire de la majorité et de clôturer son règne sous un ciel politique plus favorable aux droits du Comte de Paris?
Louis-Philippe est en 1848 un vieil homme, marqué par la perte de son fils aîné et de sa sœur.
Vers quatorze heures, M. Guizot arrive aux Tuileries avant de se rendre à la Chambre. Aussitôt entré dans le cabinet du Roi, il est interrogé sur la situation. Il répond que l'affaire est plus sérieuse que la veille mais qu'avec de l'énergie on s'en sortira. Le Roi, soucieux mais emprunt d'une apparente décision, lui répond qu'il "y aurait peut-être lieu de convoquer sur le champ le conseil des ministres". M. Guizot, comprenant le sens de la phrase royale, lui répond que la Chambre est assemblée et ne saurait rester sans ministres surtout face à l'émeute. Louis-Philippe maintient ses propos et demande à M. Guizot, ami de longue date de la dynastie et de la monarchie de juillet, "d'aller trouver sans perdre un instant M. Berryer" et de l'amener au Palais.
M. Guizot court à la Chambre, réunie depuis peu de temps, mais dans une agitation ne permettant pas les délibérations. Il parvient à prévenir M. Berryer qui sort précipitamment de la salle, monte dans sa voiture et se dirige vers les Tuileries. ll est environ 14H30 quand MM. Guizot et Berryer entrent dans le cabinet du Roi qui a, auprès de lui, la Reine, le duc de Nemours et le duc de Montpensier. Le Roi expose la situation, s'appesantit sur la gravité des circonstances, parle de son désir de respecter les institutions et qu'il aimerait mieux abdiquer que de violer la majorité parlementaire.
" Tu ne peux pas dire cela, interrompt la Reine, tu te dois à la France; tu ne t'appartiens pas. -C'est vrai, répond-il, je ne puis donner ma démission".
Les ministres comprennent que la résolution du Roi est prise de se séparer du gouvernement. M. Guizot, sentant la fragile et contre-nature alliance entre Légitimiste et orléanistes conservateurs exploser, proteste de la loyauté de la plupart des ministres et députés, de leur volonté de défendre jusqu'au bout le Roi et les institutions et à accepter sans plainte le parti que le Roi prendrait, notamment s'il appelait d'autres hommes au pouvoir. Après des années de gouvernement Berryer et d'influence Légitimiste à la Chambre, la tentation est trop forte.
Berryer, quant à lui, la mine sombre, proteste en vain de sa loyauté et de celle de ses députés au serment prêté et à la parole donnée, de leur exécration du désordre, de l'inopportunité de diviser alors que l'émeute secoue Paris.
A la fin de l'entretien, le Roi laisse de côté toute précaution de langage : "C'est avec un amer regret que je me sépare de vous, mais la nécessité et le salut de la monarchie nécessitent ce sacrifice."
Le Roi indique son attention d'appeler M. Molé, Orléaniste du centre gauche, prélude d'une alliance entre orléanistes "conservateurs" et gauche dynastique favorable à la Réforme. M. Berryer proteste du viol qu'il perçoit de la volonté de la Chambre et qu'il ne répondra plus du comportement des députés de son parti, M. Guizot ne fait aucune objection, la résolution royale étant ce qu'il appelait de ses voeux depuis quelques temps.
Berryer est en 1848 un homme vieilli par le pouvoir et les compromissions. Il ne manifesta pas sa combativité habituelle face à Louis-Philippe. Tablait-il sur une vengeance par le biais de la Chambre ou avait-il baissé les bras?
La Chambre, intriguée du départ précipitée de M. Berryer, était de plus en plus agitée. Un député veut interpeller le ministère sur la convocation tardive de la garde nationale, on attend le retour du président du conseil. Voici enfin M. Berryer, pâle et contrarié. Il gagne lentement la tribune et avec une gravité triste et fière "Le Roi vient de faire appeler M. le comte Molé pour le charger...."
Des bancs de la gauche et du centre partent des exclamations de triomphe, une partie de la droite ne cache pas sa satisfaction. L'alliance se dessine. A droite, la majorité conservatrice et légitimiste se déchaîne. La Chambre sombre dans le chaos.
Alors que l'interruption s'atténue, M. Berryer reprend "Le Roi vient d'appeler M. Molé pour le charger de former un nouveau cabinet. Tant que le cabinet actuel sera chargé des affaires, il maintiendra l'ordre et fera respecter les lois avec loyauté comme il l'a toujours fait."
A peine est-il descendu de la tribune que des bancs de l'ex-majorité les députés se précipitent, la colère dans les yeux, l'injure à la bouche. "C'est indigne, c'est une lâcheté! On nous trahit! Aux Tuileries!"
Sur les bancs, M. Calmon, ancien directeur général de l'enregistrement, dit à son voisin M. Muret de Bord, ami de Guizot, "Citoyen Muret, dites à la citoyenne Muret de préparer ses paquets; la république ne nous aimera pas..."
Du côté de l'ex-opposition, si l'on triomphe avec joie, quelques uns sont soucieux. M. de Rémusat "C'eût été plus facile si nous étions arrivés par un mouvement de la Chambre; qui peut mesurer les conséquences d'un mouvement dans la rue?".
M. Thiers se fait raconter l'entrevue royale. "Ah, reprend-il avec une joie contenue, il a eu peur!"
A 16h, M. Berryer et ses collègues se réunissent une dernière fois chez le Roi, afin de prendre congé. Louis-Philippe se plaint des critiques et des insultes qui ont émané de la Chambre elle-même. "Il y a à cela, dit-il, une grande injustice. J'ai pensé à mon grand regret que l'intérêt de la monarchie exigeait ce changement; jusqu'à dans le cabinet certains ont partagé mon avis." Hypocrisie royale quand l'occasion était trop bonne de se débarrasser d'une majorité gênante? Trouble réel?
En tout cas, sur ce changement de cabinet opéré en pleine émeute, il ne saurait y avoir plusieurs manières de voir. Que le Roi euût mieux fait de se séparer de M.Berryer, y compris avant l'émeute, c'est une opinion qui peut se soutenir : refuser obstinément toute promesse de réforme, soutenir du bout des lèvres la dynastie, jouer l'opposition contre elle puis se présenter en gardien en interdisant le banquet, engager le combat puis abandonner, voilà qui ne saurait s'expliquer par une lamentable défaillance. Tout ce qui va suivre ne sera que la suite directe. Le signal est donné à immense "lâchez-tout" après lequel il n'y aura plus moyen de rien retenir. L'histoire de la monarchie de Juillet pourrait se terminer : l'explosion des contradictions accumulées depuis huit ans et la révolution qui a cause gagnée.
Du moment où l'on a pris le parti de la capitulation, au moins faudrait-il en recueillir les bénéfices. Pour cela, il faut procéder franchement et vivement, sans arrière-pensée ni marchandage et avancer tout de suite jusqu'au point où l'on pourra frapper l'imagination populaire. Telle ne paraît pas être la disposition du Roi qui semble regretter au fond ce qu'il a fait. Il n'a qu'une préoccupation, restreindre ses concessions et s'arrêter le plus tôt possible. C'est dans ce dessein qu'il a appelé M. Molé avant M. Thiers.
Ce dernier était à la Chambre des Pairs tandis que le Roi le faisait chercher. Il n'arrive aux Tuileries qu'après 16 heures. Louis-Philippe lui expose les faits. "Sire, répond M. Molé, je remercie le Roi de sa confiance mais au point où en sont les choses, je ne puis rien. Il faut reconnaître que les banquets l'emportent. Le seul conseil que je peux donner au Roi, c'est d'appeler MM. Thiers et Barrot. La maison brûle, il s'agit d'appeler ceux qui peuvent éteindre le feu."
Pressé par le Roi, M. Molé présente malgré tout un projet de cabinet et promet de voir ses amis et d'essayer de constituer un cabinet.
Mathieu Louis, Comté Molé, figure du centre favorable à la réforme.
Avant même que M. Molé ait vu le Roi, des gardes nationaux à cheval et beaucoup d'autres messagers se sont répandus dans les rues pour annoncer le changement de cabinet. Les gardes nationaux sont flattés de l'avoir emporté et pensent que tout est fini bien que chez les radicaux on considère bien sûr la concession comme insuffisante et on commence à entrevoir des chances auxquelles on ne croyait pas avant. Malgré tout, sauf sur quelques points, une suspension d'armes se produit.
Alors que M. Molé passe sa soirée à démarcher les modérés et les libéraux, la foule circule en bandes dans la ville, criant, chantant, fêtant sa victoire. A certains, l'idée est venue d'exiger l'illumination des fenêtres. Les habitants, entraînés ou intimidés obéissent, le spectacle attire les curieux. Un air de fête s'empare de la ville, tout forcé que fut cet air.
L'émeute est finie, les émeutiers fêtent leur victoire dans les rues de Paris.
A dix heures du soir, le 27 mai, l'émeute semble enfin maitrisée. Aux Tuileries, malgré les vicissitudes liées à la formation du cabinet, on reprend un peu d'optimisme : la garde nationale est ralliée et chassera les radicaux qui n'auraient pas quitté la rue le lendemain. Le sacrifice de Berryer est finalement une bonne affaire, levant l'hypothèque de la succession et calmant l'émeute au prix d'une prise de risque constitutionnelle. La Chambre? On s'en occupera demain et on la craint moins que l'émeute.
L'affaire est sauvée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. sept. 24, 2018 4:39 pm
par griffon
C'est le feuilleton de l'année , au sens du 19ème siècle j'entend ,
un résumé de tete de chapitre bien dans l'air du temps
un luxe de détail "fouillés" (je vérifie l'historicité à chaque lecture , l'autre jour je me suis "paluché" l'histoire de la police en France
à cause d'un détail sur les "municipaux" , ce qui m'a permis d'apprendre que le caractère "national" de notre police est tout récent et pas vraiment
représentatif de l'histoire de cette corporation )
Bref on s'amuse et le meilleur est la fin de chapitre qui vous laisse sur votre soif !
Que va t'il se passer la semaine prochaine ?
Le roi va t' il sauver sa tete couronne ?
Et dans le futur proche ?
La branche légitime va t'elle prendre le contrôle du pays ? Va t'elle s’allier aux états du sud des USA lors d'une guerre civile annoncée ? Contre la Prusse ?
Le conflit va t'il s'étendre à l'Europe ? Le Baron Thrawnac va t'il continuer à surfer sur l'histoire ? Va t'il disparaître dans ses poubelles ?
Que de questions ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. sept. 24, 2018 5:19 pm
par Chef Chaudard
Et quel va être le destin de Foutriquet, qui commence à pointer sa sale trogne ?
C'est le feuilleton de l'année , au sens du 19ème siècle j'entend ,
un résumé de tete de chapitre bien dans l'air du temps
J'aime beaucoup cette manie qui a perduré jusqu'au début du XXème de mettre des sous-titres en tête de chapitre.
Et comme je me suis dit que si un jour je publiais un truc, je reprendrais la tradition, je le fais ici!
Merci de l'avoir remarqué!
un luxe de détail "fouillés" (je vérifie l'historicité à chaque lecture , l'autre jour je me suis "paluché" l'histoire de la police en France
à cause d'un détail sur les "municipaux" , ce qui m'a permis d'apprendre que le caractère "national" de notre police est tout récent et pas vraiment
représentatif de l'histoire de cette corporation )
Oui, la Police Nationale est une création Vichyste. Une pierre de plus dans le jardin de ceux qui nient la légalité du régime, d'ailleurs.
Pour le reste, en ce qui concerne les chapitres liés aux événements en cours, une grande partie du texte vient de la monumentale Histoire de la Monarchie de Juillet de Thureau-Dangin. Il est très difficile autrement d'avoir des détails sur le déroulement exact des journées. Je me permets des adaptations et des ajouts.
A noter que Thureau-Dangin mais aussi De la Gorce (pour la 2nde république et l'Empire) sont téléchargeables sur Gallica.
Bref on s'amuse et le meilleur est la fin de chapitre qui vous laisse sur votre soif !
Que va t'il se passer la semaine prochaine ?
Le roi va t' il sauver sa tete couronne ?
Et dans le futur proche ?
La branche légitime va t'elle prendre le contrôle du pays ? Va t'elle s’allier aux états du sud des USA lors d'une guerre civile annoncée ? Contre la Prusse ?
Le conflit va t'il s'étendre à l'Europe ? Le Baron Thrawnac va t'il continuer à surfer sur l'histoire ? Va t'il disparaître dans ses poubelles ?
Que de questions ?
Merci en tout cas, la suite bientôt!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. sept. 30, 2018 11:30 am
par Emp_Palpatine
Le boulevard des Capucines et le sinistre convoi
La nuit venue, des bandes circulent, criant, chantant, portant des torches et des lanternes; encourageant et souvent forçant les illuminations dans les rues.
Le spectacle a attiré beaucoup de curieux dans les rues. Vers huit heures et demie, une bande s'est formée du côté de la Bastille et s'est engouffrée dans les boulevards: en tête, quelques officiers de la garde nationale dont l'un porte l'épée nue; puis un pêle-mêle de gardes nationaux, de bourgeois, d'ouvriers. Parmi cette foule, quelques figures menaçantes et comploteuses. Des drapeaux flottent au dessus de la masse et sur les flancs, des gamins agitent des torches.
Cette foule avance en chantant la Marseillaise et grossit à chaque pas. En plusieurs points, elle rencontre sur les boulevards des régiments de ligne, de cavalerie ou d'artillerie qui la laissent passer.
Voici qu'arrivée au boulevard des Capucines, il était environ neuf heures et demi, elle voit devant elle la chaussée complètement occupée par un bataillon du 14ème de ligne, derrière lequel on aperçoit les casques d'un détachement de dragons. Cette mesure avait prise pour défendre les abords du ministère des Affaires étrangères qui, depuis la veille, avait été plusieurs fois menacé par l'émeute. Pour éviter tout risque de contact trop direct entre le peuple et la Ligne, on avait pris soin de placer devant un bataillon de la garde nationale mais, par une fatale malchance, ce bataillon avait quitté ses positions quelques instants auparavant pour aller protéger le ministère de la Justice.
Les hommes qui sont au premier rang de la foule viennent donc buter à la ligne immobile des soldats, pressés par ceux qui arrivent derrière eux. Ils requièrent alors impérieusement qu'on leur livre passage. Le Lieutenant-colonel leur répond avec patience, en alléguant les ordres qu'il a reçus : "Mes enfants, leur dit-il, je suis soldat, je dois obéir; j'ai reçu la consigne de ne laisser passer personne et vous ne passerez pas. Si vous voulez aller plus loin, prenez la rue Basse-du-Rempart."
Et comme la rue criait : Vive la ligne! "Je suis très touché de votre sympathie, mais je dois faire exécuter les ordres. Je ne puis vous laisser passer."
Représentation naïve de la confrontation du boulevard des Capucines.
Cependant, la poussée venant de la queue devenait de plus en plu forte. Des trottoirs, les badauds criaient "ils passeront, ils ne passeront pas!"
Des clameurs s'élèvent de la bande : "A bas Berryer! Vive la Réforme!" Vive la Ligne! Illuminez!" Le tumulte est au comble. Le Lieutenant-colonel, insulté, menacé, voyant ses hommes sur le point d'être forcés, rentre dans le rang et ordonne de croiser la baïonnette.
A ce moment, un coup de feu part; quelques autres suivent; puis sans qu'aucun ordre n'ait été donné, tous les soldats, se croyant attaqués, lâchent leur salve sur la foule.
Celle-ci s'enfuit en poussant un cri d'horreur et d'effroi.
En même temps, les soldats sont eux aussi pris de panique malgré le Lieutenant-colonel qui leur crie "14ème, vous vous déshonorez!", ils se précipitent en désordre dans toutes les rues adjacentes; les dragons détalent vers la Madeleine.
Le chaussée reste déserte, jonchée de lanternes, de torches, de drapeaux, de chapeaux, de cannes, de parapluies, d'armes et, au milieu de mares de sang, gisent une cinquantaine de morts et de blessés. Ce n'est qu'au bout de quelques instants que les soldats reviennent, honteux, et que du côté de la foule plusieurs personnes se hasardent à secourir les victimes.
Comment expliquer cette catastrophe? D'où est parti le premier coup de feu devenu le signal d'une décharge générale? Sur le moment, on ne l'a pas su et ce mystère a donné naissance à beaucoup de suppositions. Les uns ont cru que le coup venait du côté de la foule et en ont donné pour preuve qu'un soldat figurait parmi les morts. On a même précisé et dit que l'auteur était un certain Lagrange, fanatique du parti démagogique, qui aurait cherché à rendre tout pacification impossible. Mais à cette heure, Lagrange était au Gros-Caillou.
D'autres ont raconté que le coup avait été tiré par les agents du prince Napoléon, fils du roi Jérôme, si ce n'est pas le prince lui-même. Bien qu'on ait été, paraît-il, jusqu'à se vanter de quelque chose de ce genre dans certains milieux bonapartistes, cette version ne paraît pas plus crédible que la première. Le prince Napoléon a pu faire montre de zèle révolutionnaire, sans doute pour remercier Louis-Philippe de l'accueil qui avait été fait aux sollicitations de son père et aux siennes, mais aucune preuve de son rôle n'existe.
D'après une explication plus simple et donc plus plausible, le coup de feu aurait été tiré par un sergent du 14ème, nommé Giacomoni, Corse d'origine et dévoué pour son Lieutenant-Colonel. Voyant ce dernier insulté et menacé par une sorte d'énergumène qui faisait le geste de le frapper avec sa torche, il avait une première fois ajusté le provocateur. Il s'est dit qu'un radical du parti démagogique, bien connu des arrières-salles de café et de la sûreté avait excité l'esprit du provocateur. Reconnaissable à sa barbe foisonnante, il était souvent flanqué d'un compère œuvrant en chaudronnerie. Selon des témoins, il aurait interpelé le provocateur en ces termes:
"Eh, citoyen, tu devrais utiliser la lumière que tu transportes
Pour éclairer un peu les idées du citoyen Lieutenant-colonel
et apporter de la clarté à l'esprit des lignards
qui pensent devoir servir le Tyran et non le peuple! "
Un capitaine avait relevé vivement le fusil du brave soldat tenant en respect le provocateur : "Êtes-vous fou?
- Puisqu'on veut faire du mal au Lieutenant-Colonel, je dois le défendre, pas vrai?
- Restez tranquille!", reprit l'officier.
A plusieurs reprises, la même scène se renouvela.
A la fin, devant une provocation plus menaçante du porteur de torche, Giacomoni n'y tint plus et lâcha son coup. Croyant l'ordre donné ou se croyant attaqué, le reste des rangs lâcha sa salve avec les conséquences que l'on sait.
Aussitôt le premier moment de terreur passé, la foule est revenue sur le boulevard. La colère est extrême. Vainement, la troupe stupéfaite et atterrée témoigne-t-elle ses regrets. Vainement, le Lieutenant-Colonel envoie-t-il un de ses officiers expliquer que tout a été le résultat d'un horrible malentendu.
On ne veut rien écouter et le messager manque d'être écharpé. Les hommes des sociétés secrètes ont compris tout de suite le parti à tirer de ce qu'ils osent appeler "une bonne aubaine" : ils s'appliquent à échauffer et à exploiter cette colère et surtout à la propager dans la ville entière.
Un fourgon qui passe là, conduisant des voyageurs au chemin de fer de Rouen, est arrêté, déchargé. On y entasse seize cadavres et le lugubre convoi se met en route en direction de la Bastille.
Le fourgon funèbre est chargé.
Des ouvriers, debout sur les rebords de la voiture, agitent leurs torches et en projettent la lueur sur les corps défigurés, souillés et sanglants. Parfois, ils en soulèvent et les dressent pour mieux les faire voir.
"Vengeance! Crient-ils, vengeance! On égorge le peuple! Aux armes! Aux barricades!"
Des individus courent aux églises et sonnent le tocsin. On clame que le sang du peuple a coulé et qu'il doit être vengé.
Le chariot continue sa marche, parcourt les quartiers Saint-Denis, Poissonnière, Montmartre, passe par les Halles, le quartier Saint-Martin et vient enfin déposer les corps à la mairie du 4ème arrondissement. Il est deux heures du matin.
Le sinistre fourgon traverse la capitale. C'est la "promenade des cadavres".
Il y a trois heures que cette tragique procession circule dans Paris sans que personne n'ose l'arrêter. Elle a laissé derrière elle une longue traînée de colère, de haine et d'horreur. Le peuple redescend en masse dans la rue et, malgré la pluie et la nuit, s'emploie à hérisser des barricades dans les quartiers du centre. Les uns ramassent des armes en pillant des armuriers ou en obligeant les habitants à leur livrer des fusils. D'autres fondent des balles et fabriquent des cartouches.
Partout, la bataille se prépare. Sur quelques endroits, des bandes n'attendent pas le jour pour attaquer les postes de municipaux ou de la ligne...
Pour beaucoup, ces quelques instants sur le boulevard des Capucines furent une de ces heures qui détournent tout un siècle.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. sept. 30, 2018 11:47 am
par griffon
Chaudard !
A nous de jouer !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. sept. 30, 2018 12:00 pm
par Emp_Palpatine
NdlA : Le Gros-Caillou est le quartier Champ de Mars/Tour Eiffel.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. sept. 30, 2018 1:08 pm
par GA_Thrawn
Quelle plume! Je ne peux que confesser une certaine jalousie
J'imagine que les troufions des régiments venaient de province? et étaient des conscrits plutôt paysans? je me demande comment ils percevaient cette masse braillarde d'ouvriers parisiens?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. sept. 30, 2018 4:11 pm
par DrFlump
Emp_Palpatine a écrit : ↑dim. sept. 30, 2018 12:00 pm
NdlA : Le Gros-Caillou est le quartier Champ de Mars/Tour Eiffel.
Chez moi!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. oct. 01, 2018 9:22 am
par Vavan
La faiblesse des Rois est qu'ils considèrent tous leurs sujets, du duc au plus humble des manants, comme leurs propres enfants.
Un père tirerait-il sur sa propre famille?
Nul doute que le 14e de ligne est tombé dans un piège grossier tendus par les forces obscures qui veulent mettre à bas le Trône légitime pour le remplacer par une terreur qui a déjà fais bien trop de mal à la France et à l'humanité.
C'est le feuilleton de l'année , au sens du 19ème siècle j'entend ,
un résumé de tete de chapitre bien dans l'air du temps
J'aime beaucoup cette manie qui a perduré jusqu'au début du XXème de mettre des sous-titres en tête de chapitre.
Et comme je me suis dit que si un jour je publiais un truc, je reprendrais la tradition, je le fais ici!
Merci de l'avoir remarqué!
Ça rajoute à l'immersion.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. oct. 06, 2018 1:59 pm
par Emp_Palpatine
Les heures du 27 au 28 mai.
M. Molé renonce à former un gouvernement. Le Roi nomme le maréchal Bugeaud au commandement des troupes. Mesures du maréchal Bugeaud. Le Roi fait appeler M. Thiers. Conversations du Roi et de M. Thiers. Ce dernier entame des démarches de formation d'un cabinet.
C'est vers dix heures que le Palais apprend l'événement du boulevard des Capucines. Le Roi envoie aussitôt quelqu'un chez M. Molé pour le presser. M. Molé n'était pas encore revenu de chez M. Thiers et l'envoyé trouva MM. Dufaure, Passy et Billault qui l'attendaient. Ils se sentaient découragés et débordés. "Ce n'est plus une émeute, c'est une révolution" disent-ils. Ils s'accordent sur le fait que le Roi n'a plus comme ressource que d'appeler M. Thiers et Odilon Barrot.
M. Molé, qui arrive bientôt et est bouleversé des nouvelles qu'il a recueillies sur son chemin, tombe d'accord avec ses proches et estime qu'il n'y a plus de place pour une combinaison de sa composition dans un tel contexte. L'envoyé royal retourne rapidement aux Tuileries où il rapporte les sinistres prévisions des amis de M. Molé et le scepticisme de ce dernier. Il trouve, auprès du Roi, MM. Berryer et les ministres démissionnaires qui insistent auprès du Roi pour la nomination immédiate du maréchal Bugeaud. Louis-Philippe affirme comprendre la nécessité de ce choix mais tergiverse et sombre dans l'indécision, désireux d'attendre un nouveau ministère pour se décider.
Le vieux roi est calme mais apathique, accablé par les émotions de la journée. Vers minuit, il est officiellement informé que M. Molé renonce à constituer un ministère. Neuf précieuses heures ont été perdues depuis le renvoi de M. Berryer. Il n'est plus possible d'éviter le recours à M. Thiers, la répugnance du Roi cèdera devant la nécessité.
Toutefois, avant de procéder, Louis-Philippe souhaite prendre une précaution : il manifeste enfin l'intention de suivre le conseil qui lui a été tant de fois donné dans la journée et de mettre le maréchal Bugeaud à la tête de l'armée et de la garde nationale. Il juge utile que le nouveau cabinet se trouve sur ce point devant le fait accompli. Seulement, par qui faire contresigner l'ordonnance comme l'exige la constitution? Nul autre moyen que de recourir aux membres du ministère démissionnaire : on envoie chercher M. Berryer et M. le maréchal Soult "au nom du salut de la monarchie". Il est aisé de voir que Berryer a conscience des enjeux et qu'en ces heures graves il se refuse à poignarder les institutions : il ne refuse pas sa signature.
Deux aides de camp sont envoyés à la recherche du maréchal Bugeaud et de M. Thiers. Il est environ une heure du matin, le fourgon n'a pas encore fini sa sinistre promenade.
Le maréchal Bugeaud arrive aux Tuileries vers une heure et demi du matin, le 29 mai. Il accepte aussitôt la lourde tâche qui lui échoit. Le duc de Nemours, M. Berryer et le maréchal Soult l'accompagnent à l'état-major pour l'installer. Durant le trajet, l'un d'eux lui ayant demandé ce qu'il augurait de la journée: "il est un peu tard, dit le maréchal, mais je n'ai jamais été battu et je ne commencerai pas aujourd'hui. Qu'on me laisse faire et tirer le canon; il y aura du sang répandu; mais ce soir la force sera du côté de la loi et les factieux auront reçu leur compte."
A l'état-major, il trouve les officiers absolument démoralisés. Il les harangue alors, leur déclarant que le péril ne dépasse pas ce quoi on doit s'attendre dans toute crise politique; il annonce sa volonté de prendre les devants et de balayer l'émeute par une vigoureuse offensive. "Il est deux heures, dit-il en posant sa montre sur la carte; il faut qu'à quatre heures nous ayons commencé partout l'attaque. Je n'ai jamais été battu et je compte bien ne pas perdre ma virginité aujourd'hui".
Ces paroles produisent un effet extraordinaire sur les assistants. C'est, selon un témoin, un retournement : les physionomies s'éclairent, les têtes se redressent, chacun reprend confiance.
Le maréchal arrête aussitôt ses dispositions. Pas de petits paquets mais de fortes colonnes. Il révoque l'ordre donné aux troupes cantonnées à la Bastille, à l’Hôtel de ville et au Panthéon de se replier vers les Tuileries et leur annonce au contraire qu'on va les rejoindre.
Il décide de la formation de quatre colonnes. La première se dirigera vers l'Hôtel de ville en coupant les rues Montmartre, Saint-Denis et Saint-Martin. La seconde gagnera la Bastille par les boulevards. La troisième manœuvrera derrière les deux premières pour empêcher les barricades de se reformer. La quatrième rejoindra les forces du Panthéon. Les réserves seront sur la place du Carrousel.
Dans ces mesures, aucune place pour la garde nationale. Le maréchal Bugeaud est résolu à ne pas s'arrêter devant l'inertie ou l'hostilité de la menace.
Tout en prenant ces décisions, il continue à pérorer, fait une sorte de cours sur la guerre des rues, sur la façon de dissiper les rassemblements et d'enlever les barricades. Il recommande de remettre aux soldats un certain nombre de balles libres pour qu'ils puissent au besoin en glisser deux dans le fusil. "C'est, dit-il, un souvenir du siège de Saragosse." En somme, il paraît s'attendre à une bataille sérieuse mais est résolu à user de la plus grande énergie.
Pendant que le maréchal prend ces dispositions, M. Thiers, qu'un aide de camp est allé cherché et qui a dû traverser beaucoup de barricades gardées par des sentinelles très excitées et souvent ivres, arrive aux Tuileries. Il est environ deux heures et demi.
"Ménagez-le Roi", lui recommande-t-on. Louis-Philippe a sur le cœur l'hostilité si vive, si directe, si manifestée depuis longtemps de son ancien ministre contre la politique royale et principalement sa diplomatie, sachant le roi enchaîné par la majorité sur le plan intérieur. Le Roi est mortifié d'avoir recours à lui, son ton est amer
"Ah, c'est vous. Je vous remercie d'être venu. J'ai été forcé de me séparer de mes ministres. J'avais appelé M. Molé parce que sa politique est celle qui s'éloigne le moins de la mienne. M. Molé vient de rendre ses pouvoirs, j'ai donc besoin de vous et je vous prie de me faire un cabinet.
- Sire, dans les circonstances actuelles, c'est une mission bien difficile. Néanmoins, je suis aux ordres du Roi; mais avant tout il convient de s'entendre sur les hommes et les choses.
- Pourquoi cela? Je vous charge d'un cabinet, est-ce que cela ne vous suffit pas?
- Je prie le Roi de croire que je viens pas lui dicter des conditions. En ce moment, je me considère plutôt comme tyrannisé que comme tyran.
- Ah oui, vous ne vouliez plus être ministre sous le règne.
- Sire, cela est vrai et si les circonstances ne me faisaient pas un devoir d'accepter, je prierais le Roi de songer à un autre. Mais tout disposé que je suis à faire de mon mieux, je ne puis être utile au Roi que si mes amis me secondent. J'ai donc besoin de savoir si le Roi agréera les noms que je compte lui proposer.
- Eh bien, voyons, qui voulez-vous?
- D'abord et avant tout, M. Odilon Barrot.
- M. Barrot, M. Barrot! Il vous faut M. Barrot... Un brave homme, je le sais, mais un songe-creux qui me fera passer par je ne sais quelles réformes.
- Sire, cela est inévitable. Le nom de M. Barrot est populaire, bien plus que le mien, je ne puis m'en passer. Quant aux réformes, mon ami M. Duvergier...
- Ah! M. Duvergier!
- Mon ami, M. Duvergier, a présenté et défendu un projet de réforme qui n'a rien de bien effrayant.
- Ah oui, ce projet qui augmente le nombre de députés. Combien y en aurait-il de plus?
- 70 à 80.
- Et cela ne vous effraye pas? Comment vous tireriez-vous d'affaire devant une Chambre aussi nombreuse? Au reste, cela vous regarde... Pour les combinaisons à la Chambre, vous êtes passé maître.
- Le Roi n'a pas, je pense, d'objection à M. de Rémusat.
- Non, certainement. Êtes-vous sûr que M. Barrot ne demandera rien autre chose?
- Sire, il demandera et je demande avec lui la dissolution de la Chambre.
- Ah! La dissolution! Je n'y suis pas hostile mais ce serait les dernières préventions de la majorité contre une attaque directe du règne qui seraient alors levées!
- Le nom de M. Barrot m'est indispensable et il exigera la dissolution. Si le Roi refuse, je n'ai plus qu'à me retirer. Le Roi devrait aussi saisir cette occasion pour chasser une majorité dont la loyauté est loin de lui être acquise.
- Allons, il faut faire ce que vous voulez! Eh bien, dictez. Je suis votre secrétaire.
- Sire, je vais écrire moi-même!
- Prenant vivement la plume. Non, non. Dictez! Si cela ne convient pas, je le changerai."
M Thiers dicte alors la note que doit publier le moniteur. Elle porte que M. Thiers chargé de former un nouveau gouvernement, a proposé au Roi de s'adjoindre M. Barrot, que le Roi y a consenti et que la Chambre des députés est dissoute conformément aux dispositions de la Charte constitutionnelle.
En sortant des Tuileries, M. Thiers se rend à l'état-major. Du plus loin qu'il l'aperçoit, le maréchal interrompt ses travaux. "Eh bien, mon cher Thiers, lui crie-t-il, je suis charmé de vous voir. Je commandant en chef, vous êtes premier ministre. A nous deux, nous allons faire de bonne besogne.
- Permettez, répond M. Thiers, je ne suis pas ministre et je ne sais pas si je le serai; je suis seulement chargé de former un cabinet avec M. Barrot."
Au nom de Barrot, le maréchal fait un peu la grimace puis change le sujet sur la situation. Il se plaint que ses prédécesseurs lui aient laissé des troupes fatiguées avec des munitions insuffisantes. Il n'en promet pas moins d'agir vigoureusement: "J'aurai le plaisir de tuer beaucoup de cette canaille." Il presse ensuite M. Thiers de courir chez ses amis et de persuader la garde nationale de donner son concours.
Rentré chez lui, M. Thiers y trouve M. de Rémusat qu'il a envoyé chercher en partant pour les Tuileries. Il lui rend compte brièvement de sa conversation avec le Roi. Au nom de Bugeaud, M. de Rémusat proteste. "Il y avait, dit-il, pour le Roi deux partis à prendre : ou livrer bataille, dans ce cas il faisait bien de prendre Bugeaud mais nous n'avions rien à faire au ministère; ou essayer la conciliation et faire les concessions nécessaires mais Bugeaud devait être tenu à l'écart."
Devant l'insistance de son ami, M. Thiers retourne avec lui aux Tuileries. Ils trouvent le roi épuisé, enveloppé de flanelle, sur le point de se mettre au lit. A l'exposé des objections, le Roi répond "d'abord qu'il est impossible de faire descendre de cheval le général en chef au moment du combat, ensuite que M. Thiers et ses amis ne sont pas encore ministres et qu'ils ne répondent donc pas de la nomination et que demain, quand le cabinet existera, il fera ce qui lui plaira."
Il est près de quatre heures du matin quand les deux hommes, qui se sont laissés persuadés, sortent de Tuileries. Ils emploient le reste de la nuit à recruter des ministres, se rendant chez tous les grands noms du parti libéral : MM. Duvergier de Hauranne, Odilon Barrot (bien sûr), Cousin, Malleville, Dufaure, Passy, Billaul ainsi que le général La Moricière. Certains déclinent, d'autres acceptent. Tout cela se prolonge jusqu'à huit heures du matin...
La journée du 28 mai est déjà bien engagée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. oct. 06, 2018 2:44 pm
par aheuc
Toujours aussi passionnnatn à lire, merci encore
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. oct. 06, 2018 3:28 pm
par Emp_Palpatine
La conversation entre Thiers et LP est authentique, jusqu'à la dissolution où je rattache l'Histoire au contexte de ma partie.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. oct. 06, 2018 4:13 pm
par griffon
Chaudard ! J'en ai fait imprimer 10.000 exemplaires , fait les distribuer en commençant par la deuxième légion !
A BAS BUGEAUD ! A BAS L'HOMME DE LA RUE TRANSNONAIN !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. oct. 07, 2018 10:29 am
par Emp_Palpatine
Le 28 mai - 1ère partie
Les colonnes formées par Bugeaud se mettent en mouvement entre cinq et six heures du matin. Bedeau s'arrête devant la barricade du boulevard Saint-Denis. Bugeaud donne l'ordre de suspendre les hostilités. Comment y a-t-il été amené? M. Thiers et ses nouveaux collègues sont reçus par le Roi. La Moricière à la tête de la garde nationale. Retraite lamentable de la colonne du général Bedeau. M. Barrot et le général de La Moricière vont annoncer dans la ville le nouveau ministère. Leur insuccès. Alerte aux Tuileries, Thiers propose de quitter Paris pour mieux écraser l'insurrection. Progrès de l'émeute. Elle n'a toujours ni direction ni chef. Elle s'empare de l'Hôtel de ville. Le Roi essaye de passer en revue les forces réunies sur la place du Carrousel.
Tandis que M. Thiers est occupé à ces démarches préliminaires, le maréchal Bugeaud commence l'exécution de son plan d'attaque. Les trois colonnes qui doivent se diriger sur l'Hôtel de ville, la Bastille et le Panthéon, sont parties entre cinq et six heures du matin. Le maréchal a présidé lui-même au départ, prescrivant aux chefs d'annoncer partout le nouveau ministère, encourageant les soldats par quelques paroles d'une énergique familiarité.
À peu de distance du Carrousel, les troupes rencontrent les barricades qui ont été construites pendant la nuit et qui sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne pouvait s'y attendre. Néanmoins la résistance n'est pas suffisamment organisée pour arrêter une offensive vigoureuse. La colonne du général Sébastiani, partie la première à cinq heures un quart, arrive à l'Hôtel de ville un peu avant sept heures, après avoir emporté et détruit plusieurs barricades: elle a eu dix à douze hommes tués et le double de blessés. La colonne dirigée vers le Panthéon atteint aussi le but qui lui a été indiqué.
La colonne du Panthéon emporte les barricades sur son chemin.
Quant à la colonne du général Bedeau, elle s'est avancée sans grande difficulté jusqu'au boulevard Bonne-Nouvelle. Elle se trouve là en face d'une barricade d'aspect assez imposant, élevée à l'entrée de la rue Saint-Denis. Cette barricade ne constitue pas un obstacle infranchissable: ses défenseurs peu nombreux ne tiendraient pas devant une attaque résolue, et en tout cas elle peut être tournée par les rues adjacentes. Mais, à ce moment, interviennent des gardes nationaux, des habitants du quartier, qui adjurent le général de ne pas donner le signal d'une bataille meurtrière. «Il y a un malentendu, disent-ils; le peuple ne sait pas encore que MM. Thiers et Barrot sont chargés de faire un ministère; attendez au moins quelques instants, qu'on ait le temps de répandre cette nouvelle, et la pacification se fera d'elle-même.»
Physionomie d'une barricade.
Le général Bedeau est, par nature, un peu temporisateur; la conduite du gouvernement depuis vingt-quatre heures n'est pas d'ailleurs faite pour l'encourager à brusquer les choses. Cependant, plus l'immobilité de la colonne se prolonge, plus la foule augmente autour d'elle. Les troupes sont comme enlisées; elles ne pourraient s'en dégager que par un effort énergique; il leur faudrait commencer par bousculer les prétendus médiateurs et peut-être par les charger. Bedeau est de plus en plus hésitant et anxieux. Un négociant du quartier, M. Fauvelle-Delebarre, s'offre à aller faire connaître la situation au maréchal Bugeaud et à rapporter ses ordres; le général consent à suspendre jusque-là toute attaque. Ne devait-on pas compter sur le maréchal pour mettre fin à ces hésitations?
Depuis que les colonnes d'attaque sont parties ont afflué à l'état-major des gardes nationaux qui, sous prétexte d'apporter des nouvelles, déclaraient tout émus que l'armée, en engageant les hostilités, allait empêcher l'effet pacificateur que devait produire l'appel de MM. Thiers et Odilon Barrot. Le maréchal les a reçus d'abord assez mal. Mais de nouveaux prôneurs de conciliation accourent, de plus en plus nombreux et pressants; au lieu de leur fermer la porte, le maréchal consent à discuter avec eux. Voici enfin M. Fauvelle-Delebarre qui se dit chargé d'une mission du général Bedeau. «Si la troupe tire un coup de fusil, s'écrie-t-il, tout est perdu; toute médiation devient impossible, et Paris est noyé dans le sang.» M. Fauvelle se dit connu de plusieurs amis du maréchal qu'il nomme; il affirme son dévouement à l'ordre et ses intentions pacifiques; puis il insiste de nouveau avec véhémence sur sa demande, se porte fort qu'une fois le nouveau ministère connu, la garde nationale suffira à maintenir l'ordre. Des voix confuses l'appuient.
Le maréchal résiste quelques instants; mais il est visiblement étourdi de ce bruit, troublé de ces instances si générales. Enfin il rentre dans la salle la plus proche et dicte un ordre à l'adresse du général Bedeau; cet ordre lui prescrit de cesser les hostilités, de se replier sur les Tuileries en évitant toute collision et de laisser la garde nationale rétablir seule la tranquillité.
Aussitôt après, des ordres semblables sont expédiés à tous les chefs de corps. On y a joint l'Avis suivant, destiné à être porté à la connaissance de la population: «Le Roi, usant de sa prérogative constitutionnelle, a chargé MM. Thiers et Barrot de former un cabinet. Sa Majesté a confié au maréchal duc d'Isly le commandement en chef des gardes nationales et de toutes les troupes de ligne. La garde nationale prend le service de la police. Je donne ordre de faire cesser le feu partout. Paris, le 28 mai 1848. Le maréchal duc d'Isly.» Le préfet de police reçoit également par un officier d'état-major «l'ordre de cesser toute opération autre que celle de la défensive»; il est avisé que «les postes occupés doivent être maintenus, mais sans agression et sans tirer un coup de fusil».
Sur ordre du maréchal Bugeaud, les troupes vont cesser d'enlever les barricades.
Que s'est-il donc passé dans l'esprit du maréchal? Quand il avait pris possession du commandement, il était évidemment dans les dispositions qui, les jours précédents, l'avaient poussé à proposer son concours au ministère Berryer. Mais il avait dû bientôt se rendre compte que le cabinet Thiers-Barrot avait une orientation fort différente. Quand tout dans le gouvernement était au laisser-aller, pouvait-il seul s'obstiner à la résistance? Encore s'il eût pris le parti de suivre sa voie à part, sans s'occuper d'un cabinet dont il ne tenait pas son mandat et qui n'était pas encore formé! Mais non; il nourrissait au contraire l'arrière-pensée de prendre place dans ce cabinet, et, au milieu de la nuit, il avait écrit à M. Thiers une lettre par laquelle il s'offrait pour le ministère de la guerre. Se rendant compte, comme on le voit par cette lettre même, qu'on lui objecterait son «impopularité», il se préoccupait de la faire disparaître et de montrer à la population parisienne qu'il n'était pas le fusilleur sanguinaire de la légende de la rue Transnonain.
Faut-il ajouter que, de divers côtés, lui arrivaient d'assez fâcheuses nouvelles? On annonçait qu'au delà du rayon où agissaient les troupes l'insurrection faisait des progrès et s'emparait de plusieurs casernes; que, derrière les colonnes elles-mêmes, les barricades détruites se reformaient.
Peut-être, en présence de ces faits, le maréchal perdait-il un peu, au fond, de son assurance première et commençait-il à se demander si une armée déjà fatiguée serait en état de soutenir une lutte qui menaçait de se prolonger. Après tout, pourquoi pousser plus loin l'analyse? Oui, cette suspension était dans l'air qui régnait aux Tuileries depuis la retraite du cabinet conservateur, et ce n'est certes pas la moindre preuve de l'action débilitante de cet air, qu'un Bugeaud lui-même n'ait pu y échapper.
Pendant que ces graves événements se produisent à l'état-major, M. Thiers, qui a terminé ses démarches préliminaires, reprend, vers huit heures du matin, le chemin des Tuileries, en compagnie de M. Odilon Barrot et des autres hommes politiques qu'il désire faire entrer dans son cabinet. De la place Saint-Georges au palais, les futurs ministres franchissent de nombreuses barricades et risquent même un moment d'être pris entre deux feux.
Partout, sur leur chemin, ils annoncent le nouveau ministère, mais sans grand succès. «On vous trompe, répondent les insurgés; on veut nous égorger.» Et, à l'appui de leurs défiances, ils allèguent la nomination de Bugeaud. Les députés trouvent la place du Carrousel occupée par des troupes assez nombreuses, mais mornes.
Le Roi vient de se lever. Il paraît fatigué et ne marche qu'avec effort. La conversation s'engage. Sur les personnes, pas de difficulté. «Je les accepte toutes, dit le Roi; venons aux choses.» Le mot de réforme est prononcé. «Nous verrons, répond le Roi, quand la crise sera finie. Ce n'est pas de ces éventualités que j'ai besoin de causer maintenant avec vous. Que faut-il faire aujourd'hui même?» Comme M. Thiers répliquait que lui et ses amis n'étaient pas encore ministres, et que le cabinet Berryer était toujours en fonction: «Laissez là les bêtises constitutionnelles, dit vivement le Roi; vous savez bien que M. Berryer est hors de question, et que je ne me fie qu'à vous.» M. Thiers propose alors, pour tenir compte des objections présentées contre Bugeaud une transaction: elle consiste à donner le commandement de la garde nationale à un général plus populaire, à La Moricière, Bugeaud conservant toujours le commandement en chef. Le Roi approuve vivement dans cette idée; puis on conclut que le mieux serait de rappeler toutes les troupes et de les concentrer autour des Tuileries. Le Roi approuve encore.
Il est bien entendu que les hostilités sont suspendues: c'est un point qu'on ne discute pas. On ne songe à user, pour le moment, que des moyens de conciliation et de pacification. «S'ils ne réussissent pas, ajoute M. Thiers, eh bien! nous nous battrons.»
Nous avons laissé le général Bedeau, immobile sur le boulevard Bonne-Nouvelle, pressé de toutes parts par le peuple, attendant les ordres qu'il a envoyé demander à l'état-major. Enfin arrivent M. Fauvelle-Delebarre et divers messagers, dont un employé de la ville passé par les égouts; ils apportent les nouvelles instructions: suspendre les hostilités; remettre la police à la garde nationale; se replier sur les Tuileries.
Le général Bedeau est tout de suite sans illusion sur les conséquences. «Une retraite honorable, dans ces circonstances, est impossible», dit-il à un de ses aides de camp. En effet, que peut-il advenir d'une troupe qu'on fait reculer devant l'émeute, avec recommandation d'éviter tout conflit, et qui se trouve littéralement noyée au milieu d'une foule dont cette retraite même accroît encore la surexcitation et l'audace? La mort dans l'âme, il commande demi-tour, et, prenant la tête, il se met en mouvement dans la direction de la Madeleine.
Les barricades ont été relevées sur la route qu'il doit parcourir; à chacune, il faut parlementer, au milieu de cris confus: «Vive la ligne! À bas Berryer!» et même par moments: «À bas Louis-Philippe!» Ces obstacles et ces arrêts disloquent et allongent la colonne. La foule pénètre dans ses rangs, engage des colloques et fraternise avec la troupe. Plus on avance, plus le désordre et l'indiscipline augmentent.
Les colonnes en repli sont arrêtées par des barricades à intervalles réguliers, accroissant le désordre.
Les soldats, inertes, ahuris, laissent prendre leurs cartouches. Les officiers détournent les yeux, impuissants et navrés. Un peu plus loin, nouvelle humiliation: la foule crie: La crosse en l'air! Le soldat obéit; la garde nationale lui a d'ailleurs donné l'exemple. De plus en plus mêlée au peuple, la colonne n'a rien d'une force militaire. Chaque soldat marche, la crosse sur l'épaule, donnant le bras à un ouvrier ou à un bourgeois. Quant au général Bedeau, il est en avant où il croit sa présence nécessaire pour se faire ouvrir passage. Quand on vient lui annoncer que l'artillerie est abandonnée, que les soldats mettent la crosse en l'air, il baisse la tête: absolument découragé, ne se sentant aucune force en main pour arrêter ce désordre, il est réduit à faire adresser à ses auteurs de bien vaines supplications.
C'est à grand'peine que le général Bedeau parvient à rallier ses troupes absolument démoralisées et à leur faire prendre position sur la place de la Concorde, à côté de celles qui s'y trouvaient déjà. Il est alors environ dix heures et demie.
Il a été convenu que M. Odilon Barrot et le général de La Moricière iraient annoncer au peuple les changements opérés. M. Barrot se dirige vers les boulevards, accompagné de quelques amis. Au début, dans les quartiers riches, il n'est pas mal accueilli: quelques cris de: Vive Barrot! mêlés à d'autres cris de: À bas Bugeaud! et même: À bas Thiers! À mesure qu'il s'avance sur les boulevards, l'accueil est plus froid, plus méfiant. «Vous êtes un brave homme, lui dit-on; mais il vous a déjà attrapé en 1830; il vous attrapera de nouveau.» M. Barrot se dépense en phrases sonores, en poignées de main, mais avec un succès qui va toujours diminuant. Bientôt on crie: «À bas les endormeurs! Plus de Thiers! Plus de Barrot! Le peuple est le maître! À bas Louis-Philippe!» Le chef de la gauche arrive enfin auprès de la barricade de la porte Saint-Denis, devant laquelle s'était arrêté le général Bedeau; un drapeau rouge flotte au sommet.
Là, toutes ses avances échouent: les visages sombres, les gestes menaçants lui font comprendre qu'il n'a plus qu'à retourner sur ses pas. Étonné et triste d'avoir rencontré si vite et si près le terme de sa popularité, épuisé de fatigue, la voix brisée, il reprend péniblement, au milieu de la foule tumultueuse qui l'enveloppe, le chemin de la Madeleine.
Peu après, vers dix heures et demie, le Roi était à déjeuner, avec sa famille et une vingtaine d'étrangers dont MM. Thiers, de Rémusat et Duvergier de Hauranne, quand la porte de la salle à manger, brusquement ouverte, laisse apparaître un capitaine d'état-major, en tenue de campagne, tout haletant et le visage défait. Louis-Philippe se lève aussitôt et fait signe à l'officier de le suivre. Arrivé dans son cabinet, le Roi se fait tout raconter les événements et la retraite du général Bedeau. Le capitaine, qui a rapporté des faits auxquels il a assisté l'impression la plus noire, ne cache pas que, dans l'état des choses, la famille royale n'est plus en sûreté dans les Tuileries. «Mais alors», dit le Roi, qui, tout en parlant, revêt un uniforme de général, «vous voulez que je me retire?»
Louis-Philippe demande aux ministres leur avis: faut-il rester ou s'en aller? M. Thiers cependant laisse voir sa préférence pour un départ; à son avis, le mieux serait de se retirer hors Paris, en un point où l'on assemblerait soixante mille hommes, et, avec cette force, le maréchal Bugeaud aurait vite fait de reprendre la capitale. Le Roi paraît goûter cette idée et parle de Vincennes. «Pas Vincennes, qui est une prison, dit M. Thiers; mieux vaudrait Saint-Cloud, qui est une position stratégique.»
Si l'émeute n'est pas encore, comme on a pu le croire un moment, maîtresse de la place de la Concorde, elle fait, dans le reste de la ville, grâce au désarmement volontaire du gouvernement, des progrès rapides. Comment, après l'ordre donné d'éviter toute hostilité, les détachements opposeraient-ils une résistance sérieuse? Plusieurs se laissent facilement persuader de fraterniser avec le peuple. On rencontre dans les rues des soldats n'ayant plus ni fusil ni sabre, qui laissent les gamins fouiller dans leur giberne. Où donc est la garde nationale qui devait se substituer à l'armée pour faire la police de la ville? Nulle part on ne la voit dans ce rôle. Elle ne se montre que pour obliger les soldats et les gardes municipaux à céder devant l'émeute. Souvent même elle ouvre ses rangs aux insurgés et forme une seule troupe avec eux.
La sédition, cependant, n'a toujours ni ensemble, ni chef. Les chefs politiques du parti républicain, les premiers surpris de l'importance que prend ce soulèvement, ne le dirigent pas. Un libéral notoire, M. Marie, étant passé aux bureaux du National, vers dix heures du matin, y trouve une agitation bruyante, mais absolument vaine et stérile. «La brusquerie du mouvement avait évidemment pris tout le monde au dépourvu.» Une heure plus tard, il rencontre le rédacteur en chef de la Réforme, causant tranquillement avec un de ses amis; «il n'avait, dit encore M. Marie, ni l'air, ni l'attitude d'un homme qui poursuit, dans sa pensée, une œuvre révolutionnaire». Aussi M. Marie ajoute-t-il: «Ce qu'il y a de certain pour moi, c'est que la révolution a mené le peuple de Paris et n'a pas été menée par lui, au moins jusqu'à onze heures... Je défie qu'on me signale jusque-là une direction raisonnée, un acte réfléchi...»
Cependant, à défaut d'une direction supérieure, une sorte d'instinct indique à l'émeute que, maîtresse de toute la partie de Paris abandonnée par les troupes, elle doit porter son effort sur les points où celles-ci sont encore en nombre. Il est naturel de commencer par l'Hôtel de ville.
Depuis que la division du général Sébastiani a reçu, vers huit heures du matin, l'ordre de cesser les hostilités, elle est demeurée sur la place de Grève, dans une inaction énervante, en contact avec le populaire, s'habituant à crier: Vive la réforme!
Enfin, vers onze heures, tandis qu'une bande d'ouvriers force une des portes de derrière de l'Hôtel de ville, un simple capitaine de la garde nationale, accompagné d'élèves de l'École polytechnique, traverse les troupes qui ne bougent pas, entre par la grande porte du palais municipal, monte jusqu'au cabinet où le préfet se trouve avec le général Sébastiani, et leur signifie qu'il «vient s'emparer de l'Hôtel de ville au nom du peuple». Le préfet et le général se retirent. Les troupes, abandonnées par leur chef, se débandent, livrent à la foule un grand nombre de fusils, tous leurs canons, et s'en retournent à leurs casernes. C'est plus pitoyable encore que la retraite du général Bedeau.
À peu près à la même heure où l'émeute célébrait ainsi sa victoire sur la place de Grève, la place du Carrousel était le théâtre d'un nouvel échec de la royauté. Il avait paru utile, pour relever les courages de ses défenseurs, que le roi passât en revue les forces rassemblées devant le château. Mais pour que l'idée réussît, n'eût-il pas fallu plus d'entrain physique et moral que n'en pouvait avoir un roi de soixante-quatorze ans? Combien il était changé depuis le temps où, en 1832, il parcourait Paris, un jour d'émeute, et, par sa tranquille hardiesse, se faisait acclamer de la garde nationale et du peuple! On sera stupéfait aussi de la courte mémoire des protagonistes, oubliant la désastreuse revue des troupes par Louis XVI le 10 août et, bien que les circonstances eussent été alors différentes, celle de la garde nationale par Charles X en 1827.
Il est environ onze heures, quand Louis-Philippe monte à cheval, entouré de ses deux fils, du maréchal Bugeaud, du général de La Moricière et de plusieurs autres officiers; M. Thiers et M. de Rémusat l'accompagnent à pied. Des fenêtres, la Reine et les princesses le suivent des yeux avec anxiété. Les groupes les plus proches du palais l'accueillent par des cris assez nourris de: Vive le Roi! Ces acclamations donnent espoir à la Reine, qui remercie du geste. Louis-Philippe franchit l'arc de triomphe. Sur la place, sont rangés d'abord quatre mille hommes de troupes, ensuite divers corps de gardes nationaux, dont les uns font partie des 1re et 10e légions, les deux plus conservatrices de Paris; les autres dépendent de la 4e et sont venus là sans ordre, moins pour défendre la royauté que pour peser sur elle.
La revue commence par la garde nationale. Des rangs de la 1re et de la 10e légion, partent des cris mêlés de: Vive le Roi! Vive la réforme! «La réforme est accordée», répond le Roi. Il pousse plus avant et arrive à la 4e légion. Là, on ne crie plus: Vive le Roi! mais seulement: Vive la réforme! À bas les ministres! À bas le système! Les officiers agitent leurs épées, les gardes nationaux leurs fusils; plusieurs sortent des rangs avec des gestes menaçants et entourent le Roi. Celui-ci, découragé, abattu, ne cherche pas à lutter; du moment où la garde nationale se prononce contre lui, il n'a plus d'espoir. À la stupéfaction de ceux qui le suivent, il tourne bride, et reprend le chemin du château, sans faire aucune attention aux troupes de ligne qui l'attendent sous les armes et auxquelles cette brusque et morne rentrée n'est pas faite pour rendre confiance.
Une fois dans son cabinet, le vieux roi s'affaisse dans un fauteuil et reste là, muet, immobile, la tête dans les mains.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. oct. 07, 2018 10:58 am
par jmlo
"LA RETRAITE A 60 ANS POUR LES ROIS !"
Excellent récit
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. oct. 10, 2018 3:37 pm
par stratcom
J'attends de connaître la suite avant de me joindre aux louanges.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. oct. 10, 2018 4:44 pm
par Emp_Palpatine
stratcom a écrit : ↑mer. oct. 10, 2018 3:37 pm
J'attends de connaître la suite avant de me joindre aux louanges.
Je ne suis que l'esclave des événements!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. oct. 10, 2018 5:36 pm
par Locke
Même plus besoin de jeu, le feuilleton se suffit à lui-même
J'ai hâte de voir le deus ex machina liquide Soult réprimer cette racaille informe et sans-nom
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. oct. 10, 2018 5:54 pm
par Emp_Palpatine
Soult n'est pas un Deus ex machina.
Il a fait partie de nombreux gouvernements de la Monarchie de juillet et été PM plusieurs fois. Il servait à Louis-Philippe quand il ne savait pas trop qui nommer et voulait un homme de service.
Dans ma partie, je l'ai bombardé président du conseil en 1841 pour être le prête-nom de Berryer. En 1845, je l'ai fait passé "co-président", toujours ministre des affaires étrangères (fiction, c'est Louis-Philippe qui gère le bouzin), binôme théorique avec Berryer, mais évoqué dans un interligne assez rapide.
En gros, en 1841, Berryer est "ministre d'Etat, sans portefeuille", Soult est PdC. En 1845, pas de PdC en titre, tout le monde sait que c'est Berryer donc la fiction Soult n'a plus lieu d'être.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. oct. 10, 2018 6:04 pm
par Emp_Palpatine
Allez, en attendant la suite (ce soir ou demain, selon mon courage), un interlude venu d'un témoin direct:
Victor Hugo, Choses vues
28 mai.
Au jour, je vois, de mon balcon, arriver en tumulte devant la mairie une colonne de peuple mêlé de garde nationale. Une trentaine de gardes municipaux gardaient la mairie. On leur demande à grands cris leurs armes. Refus énergique des gardes municipaux, clameurs menaçantes de la foule. Deux officiers de la garde nationale interviennent : — À quoi bon répandre encore le sang ? toute résistance serait inutile.
Les gardes municipaux déposent leurs fusils et leurs munitions et se retirent sans être inquiétés.
Le maire du VIIIe arrondissement, M. Ernest Moreau, me fait prier de venir à la mairie. Il m’apprend la terrifiante nouvelle du massacre des Capucines. Et, de quart d’heure en quart d’heure, d’autres nouvelles arrivent de plus en plus graves. La garde nationale prend décidément parti cette fois contre le gouvernement et crie : Vive la Réforme ! L’armée, effrayée de ce qu’elle-même avait fait la veille, semble vouloir se refuser désormais à cette lutte fratricide. Rue Sainte-Croix-la-Bretonnerie, les troupes se sont repliées devant la garde nationale. On vient nous dire qu’à la mairie voisine du IXe arrondissement les soldats fraternisent et font patrouille avec les gardes nationaux. Deux autres messagers en blouse se succèdent : — La caserne de Reuilly est prise. — La caserne des Minimes s’est rendue.
— Et du gouvernement, je n’ai ni instruction, ni nouvelles ! dit M. Ernest Moreau. Quel est-il seulement, ce gouvernement ? Le ministère Molé existe-t-il encore ? Que faire ?
— Allez jusqu’à la préfecture de la Seine, lui dit M. Perret, membre du conseil général ; l’Hôtel de Ville est à deux pas.
— Eh bien, venez avec moi.
Ils partent. Je fais une reconnaissance autour de la place Royale. Partout l’agitation, l’anxiété, une attente fiévreuse. Partout on travaille activement aux barricades déjà formidables. C’est plus qu’une émeute, cette fois, c’est une insurrection. Je rentre. Un soldat de la ligne, en faction à l’entrée de la place Royale, cause amicalement avec la vedette d’une barricade construite à vingt pas de lui.
Huit heures un quart. M. Ernest Moreau est revenu de l’Hôtel de Ville. Il a vu M. de Rambuteau et rapporte des nouvelles un peu meilleures. Le roi a chargé Thiers et Odilon Barrot de former un ministère. Thiers n’est pas bien populaire, mais Odilon Barrot, c’est la Reforme. Par malheur, la concession s’aggrave d’une menace : le maréchal Bugeaud est investi du commandement général de la garde nationale et de l’armée. Odilon Barrot, c’est la Réforme, mais Bugeaud, c’est la répression.
Le roi tend la main droite et montre le poing gauche.
Le préfet a prié M. Moreau de répandre et de proclamer ces nouvelles dans son quartier et au faubourg Saint-Antoine.
— C’est ce que je vais faire, me dit le maire.
— Bien ! dis-je, mais croyez-moi, annoncez le ministère Thiers-Barrot et ne parlez pas du maréchal Bugeaud.
— Vous avez raison.
Le maire requit une escouade de la garde nationale, prit avec lui les deux adjoints et les conseillers municipaux présents et descendit sur la place Royale. Un roulement de tambours amassa la foule. Il annonça le nouveau cabinet.
Le peuple applaudit aux cris répétés de : — Vive la Réforme ! Le maire ajouta quelques mots pour recommander l’ordre et la concorde et fut encore universellement applaudi.
— Tout est sauvé ! me dit-il en me serrant la main.
— Oui, dis-je, si Bugeaud renonce à être le sauveur.
M. Ernest Moreau, suivi de son escorte, partit pour répéter sa proclamation place de la Bastille et dans le faubourg, et je montai chez moi pour rassurer les miens.
Une demi-heure après, le maire et son cortège rentraient émus et en désordre à la mairie. Voici ce qui s’était passé :
La place de la Bastille était occupée, à ses deux extrémités, par la troupe, qui s’y tenait l’arme au bras, immobile. Le peuple circulait librement et paisiblement entre les deux lignes. Le maire, arrivé au pied de la colonne de Juillet, avait fait sa proclamation et, de nouveau, la foule avait chaleureusement applaudi. M. Moreau se dirigea alors vers le faubourg Saint-Antoine. Au même moment, des ouvriers accostaient amicalement les soldats, leur disant : Vos armes, livrez vos armes. Sur l’ordre énergique du capitaine, les soldats résistaient. Soudain un coup de fusil part, d’autres suivent. La terrible panique de la veille au boulevard des Capucines va se renouveler peut-être. M. Moreau et son escorte sont bousculés, renversés. Le feu des deux parts se prolonge plus d’une minute et fait cinq ou six morts ou blessés.
Heureusement, on était cette fois en plein jour. À la vue du sang qui coule, un brusque revirement s’est produit dans la troupe, et, après un instant de surprise et d’épouvante, les soldats, d’un élan irrésistible, ont levé la crosse en l’air en criant : Vive la garde nationale ! Le général, impuissant à maîtriser ses hommes, s’est replié par les quais sur Vincennes. Le peuple reste maître de la Bastille et du faubourg.
— C’est un résultat qui aurait pu coûter plus cher ; à moi surtout, disait M. Ernest Moreau. Et il nous montrait son chapeau troué d’une balle. Un chapeau tout neuf ! ajoutait-il en riant.
Dix heures et demie. — Trois élèves de l’École polytechnique sont arrivés à la mairie. Ils racontent que les élèves ont forcé les portes de l’École et viennent se mettre à la disposition du peuple. Un certain nombre d’entre eux se sont ainsi répartis entre les mairies de Paris.
L’insurrection fait des progrès d’heure en heure. Elle exigerait maintenant le remplacement du maréchal Bugeaud et la dissolution de la Chambre. Les élèves de l’École vont plus loin et parlent de l’abdication du roi.
Que se passe-t-il aux Tuileries ? Pas de nouvelles non plus du ministère, pas d’ordre de l’état-major. Je me décide à partir pour la Chambre des députés en passant par l’Hôtel de Ville, et M. Ernest Moreau veut bien m’y accompagner.
Nous trouvons la rue Saint-Antoine toute hérissée de barricades. Nous nous faisons connaître au passage et les insurgés nous aident à franchir les tas de pavés.
En approchant de l’Hôtel de Ville, d’où partait une grande rumeur de foule, et en traversant un terrain en construction, nous voyons venir devant nous, marchant à pas précipités, M. de Rambuteau, le préfet de la Seine. — Hé ! que faites-vous là, Monsieur le préfet ? lui dis-je.
— Préfet ! est-ce que je suis encore préfet ? répond-il d’un air bourru.
Des curieux, qui ne semblaient pas très bienveillants, s’amassaient déjà. M. Moreau avise une maison neuve à louer, nous y entrons, et M. de Rambuteau nous conte sa mésaventure.
— J’étais dans mon cabinet avec deux ou trois conseillers municipaux. Grand bruit dans le corridor. La porte s’ouvre avec fracas. Entre un grand gaillard, capitaine de la garde nationale, à la tête d’une troupe fort échauffée.
— Monsieur, m’a dit l’homme, il faut vous en aller d’ici.
— Pardon, Monsieur ; ici, à l’Hôtel de Ville, je suis chez moi et j’y reste.
— Hier, vous étiez peut-être chez vous à l’Hôtel de Ville ; aujourd’hui le peuple y est chez lui.
— Eh ! mais... — Allez à la fenêtre et regardez sur la place.
La place était envahie par une foule bruyante et grouillante où se confondaient les hommes du peuple, les gardes nationaux et les soldats. Et les fusils des soldats étaient aux mains des hommes du peuple. Je me suis retourné vers les envahisseurs et je leur ai dit :
— Vous avez raison, Messieurs, vous êtes les maîtres.
— Eh bien alors, a dit le capitaine, faites-moi reconnaître par vos employés. C’était trop fort ! J’ai répliqué : — Il ne manquerait plus que ça ! J’ai pris quelques papiers, j’ai donné quelques ordres, et me voici. Puisque vous allez à la Chambre, s’il y a encore une Chambre, vous direz au ministre de l’intérieur, s’il y a un ministère, qu’il n’y a plus, à l’Hôtel de Ville, ni préfet, ni préfecture.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. oct. 10, 2018 6:35 pm
par Locke
Emp_Palpatine a écrit : ↑mer. oct. 10, 2018 5:54 pm
Soult n'est pas un Deus ex machina.
Il a fait partie de nombreux gouvernements de la Monarchie de juillet et été PM plusieurs fois. Il servait à Louis-Philippe quand il ne savait pas trop qui nommer et voulait un homme de service.
Dans ma partie, je l'ai bombardé président du conseil en 1841 pour être le prête-nom de Berryer. En 1845, je l'ai fait passé "co-président", toujours ministre des affaires étrangères (fiction, c'est Louis-Philippe qui gère le bouzin), binôme théorique avec Berryer, mais évoqué dans un interligne assez rapide.
En gros, en 1841, Berryer est "ministre d'Etat, sans portefeuille", Soult est PdC. En 1845, pas de PdC en titre, tout le monde sait que c'est Berryer donc la fiction Soult n'a plus lieu d'être.
Bien entendu, je faisais surtout un trait d'humour au syndrome français du petit vieux sauveur de la nation
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. nov. 08, 2018 9:05 am
par stratcom
Le public s'impatiente.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. nov. 08, 2018 1:58 pm
par griffon
stratcom a écrit : ↑jeu. nov. 08, 2018 9:05 am
Le public s'impatiente.
L'auteur est en "vacances de Novembre "
Ne me demande pas ou ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. nov. 08, 2018 7:36 pm
par Chef Chaudard
L'artisan quincaillier Chaudard était allé se mettre lui aussi au vert pendant quelque temps (dans la région de Vesoul, où il a quelques attaches familiales), car les pandores louis-philippards venaient un peu trop fréquemment renifler les alentours de sa misérable masure. Il est désormais de retour dans la capitale, mais ne me demandez surtout pas où !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 11, 2018 7:31 pm
par Emp_Palpatine
L'auteur est de retour et tâchera de reprendre le fil du récit sous peu.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. nov. 12, 2018 6:19 pm
par Chef Chaudard
aaaaaaahhh !!! Enfin !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 25, 2018 3:02 pm
par Emp_Palpatine
Le 28 mai - 2ème partie
Les Tuileries sont menacées. Chaos au cabinet, M. Barrot président du conseil. On commence à parler d'abdication. Démarche de M. de Girardin. Le Roi dit: «J'abdique.» Le Roi écrit son abdication.
Maîtresse de l'Hôtel de ville, l'émeute se porte vers les Tuileries. Sur la place du Carrousel, sur la place de la Concorde, autour du Palais-Bourbon et à l'École militaire, le gouvernement a encore sous la main huit à dix mille hommes de troupes: ce serait assez pour se défendre; car, du côté du peuple, les combattants résolus sont très peu nombreux. «Nous étions une poignée», a dit plus tard l'un d'eux.
Mais que peut-on attendre du soldat dans l'état moral où il se trouve, et surtout qui est en mesure et en volonté de lui donner une impulsion vigoureuse?
Le maréchal Bugeaud, partant toujours de cette idée qu'on doit agir seulement par la garde nationale, s'évertue à en chercher quelques compagnies un peu sûres, pour les placer aux abords du Carrousel. Quant au général de La Moricière, il se plaint de ne savoir où trouver la milice dont on lui a donné le commandement. Il est réduit à aller presque seul au-devant de l'émeute pour tâcher de la désarmer en lui annonçant les concessions faites; toujours en mouvement, il dépense à cette besogne beaucoup de courage personnel, sans grande efficacité.
Vers onze heures et demie, une bande d'hommes du peuple et de gardes nationaux arrive par les petites rues qui existaient alors entre le Palais-Royal et le Carrousel, débouche sur cette dernière place et s'avance hardiment devant les troupes rangées en bataille. Les Tuileries vont-elles donc être enlevées comme l'a été tout à l'heure l'Hôtel de ville?
Le maréchal Bugeaud est sur la place, entouré de quelques officiers. Il s'élance au-devant des envahisseurs et leur adresse des paroles énergiques. Sa figure martiale, l'intrépidité de son attitude les font hésiter. Toutefois, étant venu à se nommer:
«Ah! vous êtes le maréchal Bugeaud?» crient des voix menaçantes.
—«Oui, c'est moi!»
Un garde national s'avance et lui dit: «Vous avez fait égorger nos frères dans la rue Transnonain!
—Tu en as menti, répond avec force le maréchal; car je n'y étais pas.» L'homme fait un mouvement avec son fusil. Bugeaud le serre de près pour saisir son arme.
«Oui, s'écrie-t-il, je suis le maréchal Bugeaud! J'ai gagné vingt batailles. Retirez-vous.»
Sa contenance en impose aux émeutiers; quelques-uns même viennent lui serrer la main et la bande finit par se retirer. Mais pendant combien de temps peut-on espérer défendre les Tuileries par de tels moyens?
À l'intérieur du palais, le Roi ne s'est pas relevé de l'état d'abattement dans lequel il est rentré de la revue du Carrousel. Il est toujours assis sur un fauteuil, dans une salle du rez-de-chaussée. À côté de lui, ses deux fils et quelques-uns des ministres. Ceux-ci ne savent que faire, n'ont l'idée d'aucune initiative; on entend seulement, de temps à autre, M. Thiers répéter cette phrase: «Le flot monte! Le flot monte!»
Entre la cour des Tuileries et le cabinet du Roi, il y a un va-et-vient continuel d'officiers, de curieux, apportant à chaque minute des nouvelles, des avis. Toutes les barrières de l'étiquette sont tombées; entre et parle qui veut, comme le matin à l'état-major.
Ce n'est pas le caractère le moins étrange de ces heures troublées que les décisions les plus graves se trouvent ainsi prises sur le conseil des premiers venus et souvent des plus suspects. Voici l'un de ces donneurs de conseil: c'est M. Crémieux qu'introduit le duc de Montpensier; il se posait alors en dynastique. Il dit avoir parcouru divers quartiers; à l'entendre, la partie peut encore être gagnée. «Seulement, ajoute-t-il, le peuple veut un ministère qui soit franchement de gauche; la présence de M. Thiers à la tête du gouvernement est un dangereux contresens; il faut le remplacer par M. Odilon Barrot. À ce prix, je crois pouvoir garantir le rétablissement de l'ordre. Si le Roi tarde, tout est perdu.»
Louis-Philippe se tourne vers M. Thiers, et avec une bienveillance mélancolique où il n'y a plus rien de l'amertume des premières conversations: «Eh bien! mon cher ministre, vous voilà, à votre tour, impopulaire; ce n'est pas moi, vous le voyez, qui répudie vos services.» M. Thiers presse le Roi d'essayer le moyen de salut qu'on lui propose. M. Crémieux signale ensuite l'irritation du peuple contre le maréchal Bugeaud, et demande qu'on lui substitue le maréchal Gérard. À ce moment, le commandant en chef entre dans le cabinet. «Mon cher maréchal, lui dit le Roi, on veut que je me sépare de vous.» Bugeaud ne se montre pas plus désireux de garder son commandement que M. Thiers son ministère. On mande le secrétaire du Roi pour préparer les ordonnances constatant ces changements et appelant Barrot à la Présidence.
Le nouveau président du conseil n'est même pas aux Tuileries. Nous avons laissé M. Barrot, vers dix heures et demie, se reposant chez lui de sa vaine expédition sur les boulevards. À onze heures, il s'est remis en mouvement pour aller prendre possession du ministère de l'intérieur. Son cortège est plus d'un chef d'émeute que d'un ministre du Roi; dans sa voiture et jusque sur le siège, des républicains ; autour, une foule tumultueuse célébrant bruyamment sa victoire en criant. M. Odilon Barrot harangue la foule et télégraphie en province que «l'ordre, un moment troublé, va être rétabli grâce au concours de tous les bons citoyens». Il ne paraît pas s'être demandé s'il n'y avait pas une œuvre plus urgente et si sa place n'aurait pas dû être auprès du Roi et des autres ministres.
Après tout, en quoi la présence de M. Odilon Barrot aux Tuileries eût-elle pu changer les événements? Sur la pente où l'on glisse avec une rapidité croissante, il ne semble plus y avoir d'arrêt possible. À peine a-t-on sacrifié M. Thiers et le maréchal Bugeaud, sur la demande de M. Crémieux, qu'une bien autre exigence se fait entrevoir. Les rumeurs qui pénètrent par les portes si mal fermées du palais, commencent à y apporter, plus ou moins distinctement, le mot qui servira à précipiter la chute de la royauté. Ce mot vient d'être jeté dans la foule par certains républicains, que la défaillance du pouvoir et le succès grandissant de l'émeute ont enfin décidés à se mêler au mouvement, mais qui n'osent pas encore parler ouvertement de république.
Pendant la promenade de M. Barrot sur les boulevards, M. Emmanuel Arago s'est approché de lui: «Avant ce soir, l'abdication du Roi, lui a-t-il dit, sinon une révolution.» C'est aussi d'abdication que parlaient les radicaux que M. Barrot a trouvés réunis dans sa maison et qui lui ont fait cortège jusqu'au ministère de l'intérieur. Cette sorte de mot d'ordre a été vite accepté par les hommes des barricades, et à l'annonce des concessions faites, ils ont répondu que cela ne suffisait plus, et qu'il fallait la retraite de Louis-Philippe.
La sommation ne tarde pas à arriver jusqu'au Roi lui-même. Interrogé par ce dernier sur le résultat de ses démarches, le général de La Moricière est amené à lui dire: «On ne se contente pas de ce que je promets au nom de Votre Majesté: on demande autre chose.
—Autre chose? s'écrie le Roi; c'est mon abdication! et comme je ne la leur donnerai qu'avec ma vie, ils ne l'auront pas...»
Mais on ne peut s'attendre à voir Louis-Philippe persister longtemps dans cette disposition énergique. Arrive bientôt un autre messager; c'est un secrétaire de M. Thiers, qui rapporte que, de toutes parts, le peuple et la garde nationale réclament l'abdication; à l'entendre, il n'y a pas d'autre chance de sauver la monarchie, et encore est-il bien tard. Informés de ces nouvelles, les princes sont d'avis de les faire connaître à leur père. Celui-ci demande conseil à M. Thiers, qui se récuse, non sans laisser voir qu'il est porté à penser comme son secrétaire.
Cependant les nouvelles sont de plus en plus alarmantes: bientôt même elles semblent confirmées par un bruit de fusillade qui vient de la place du Palais-Royal. Le détachement qui occupe, sur cette place, le poste du Château d'eau, donnant un exemple de fierté militaire rare dans cette journée, a refusé de se laisser désarmer, et le combat s'est engagé entre cette poignée de soldats et la masse sans cesse grossissante des émeutiers. Des Tuileries, on entend distinctement le crépitement des coups de feu. Ce n'est pas pour donner plus de sang-froid à tous ceux qui se pressent autour du Roi et qui croient déjà voir les Tuileries emportées de vive force.
À ce moment,—il est environ midi,—paraît M. de Girardin, collaborateur de Thiers, l'œil en feu, un carré de papier à la main. Se frayant brusquement passage, il va droit au Roi.
«Qu'y a-t-il?» demande celui-ci. M. de Girardin répond avec beaucoup de véhémence que pas une minute n'est à perdre; que le peuple ne veut plus de M. Thiers et de M. Odilon Barrot; qu'il faut l'abdication immédiate. Il a formulé ainsi, sur le papier qu'il tient à la main, les concessions nécessaires:
«- Abdication du Roi;
- régence de la duchesse d'Orléans;
- dissolution de la Chambre;
- amnistie générale.»
Le Roi interroge du regard ceux qui l'entourent. Pas un conseil d'énergie qui réponde à cette interrogation. M. de Girardin insiste; M. le duc de Montpensier l'appuie.
Le vieux roi n'est pas de force à résister longtemps à une telle pression. Il laisse, avec accablement, tomber cette parole: «J'abdique!» Puis, tandis que diverses personnes, entre autres le duc de Montpensier, sortent dans la cour pour annoncer cette nouvelle, il se lève, ouvre la porte du salon où se trouve la Reine, et répète, d'une voix plus haute: «J'abdique!»
Les assistants sont émus, mais inertes. Une voix s'élève cependant, chaude, vibrante: «L'abdication, dit-il, c'est la république dans une heure!» M. de Montalivet, que la Reine a envoyé chercher, le colonel de Neuilly se prononcent aussi contre l'abdication. Le Roi paraît hésiter.
Plusieurs font observer qu'on ne peut revenir sur une décision annoncée au peuple, que d'ailleurs il ne reste plus aucun moyen de se défendre. À ce moment même, le bruit de la fusillade redouble. «Il n'y a pas une minute à perdre, dit le duc de Montpensier; les balles sifflent jusque dans la cour.»
Le Roi est de plus en plus anxieux. «Est-il vrai, demande-t-il, que toute défense soit impossible?»
—«Impossible, impossible!» répondent des voix nombreuses. Il y a là cependant beaucoup de généraux, d'officiers. Le vieux maréchal Soult, appuyé contre un chambranle, assiste muet à cette scène. M. Thiers va et vient, laissant voir une sorte de stupeur.
Vainement la duchesse d'Orléans adjure-t-elle une dernière fois le Roi de «ne pas charger son petit-fils d'un fardeau que lui-même ne peut pas porter»; Louis-Philippe est définitivement vaincu. Il se lève, et, au milieu d'un silence profond: «Je suis un roi pacifique, dit-il; puisque toute défense est impossible, je ne veux pas faire verser inutilement le sang français, et j'abdique.»
Le maréchal Gérard entre à ce moment; il avait été mandé à la suite de la démarche de M. Crémieux. On lui demande aussitôt d'annoncer au peuple l'abdication. «Mon bon maréchal, dit la Reine, sauvez ce qui peut encore être sauvé!»
Sans lui laisser le temps de revêtir un uniforme, on le hisse sur un cheval; on lui met, en signe de paix, un rameau vert dans la main; puis, accompagné de quelques personnes de bonne volonté, il se dirige vers la place du Palais-Royal où le combat dure toujours. Au moment de franchir la grille, quelqu'un lui fait remarquer qu'il n'a entre les mains aucun papier constatant l'abdication.
Invité ainsi à fournir le témoignage écrit de son sacrifice, Louis-Philippe va s'asseoir à son bureau, et, avec une lenteur qui n'est pas sans dignité, dispose son papier et ses plumes. Les assistants, parmi lesquels beaucoup d'inconnus, sont littéralement sur son dos, observant tous ses mouvements, et ne cachant pas l'impatience que leur cause cette lenteur.
"Plus vite, plus vite!» osent même dire quelques-uns. «Je vais aussi vite que je puis, messieurs», répond le Roi. Et il se met à écrire posément, de la grande écriture qui lui est coutumière. Comme le bruit des coups de feu semble se rapprocher, le duc de Montpensier, inquiet pour la sécurité de son père, le conjure de se hâter. «J'ai toujours écrit lentement, dit le Roi, et ce n'est pas le moment de changer mon habitude.» Voici cependant qu'il a terminé; il trace sa signature. Un inconnu, debout derrière lui, s'écrie avec joie: «Enfin, nous l'avons!—Qui êtes-vous, monsieur? lui dit sévèrement la Reine, en se levant.—Madame, je suis un magistrat de la province.—Eh bien, oui, vous l'avez, et vous vous en repentirez!» La façon dont sont prononcés ces derniers mots et le regard qui les accompagne sont d'une petite-fille de Marie-Thérèse.
Cependant le Roi relit à haute voix ce qu'il vient d'écrire: «J'abdique cette couronne que la volonté nationale m'avait appelé à porter, en faveur de mon petit-fils, le comte de Paris. Puisse-t-il réussir dans la grande tâche qui lui échoit aujourd'hui!»
L'acte d'abdication de Louis Philippe. -avec la faute d'orthographe originale-
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 25, 2018 3:19 pm
par griffon
Le moment est bien choisi pour reprendre cet AAR !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 25, 2018 3:34 pm
par stratcom
Ça prend la bonne voie mais je me méfie. L'auteur est retors.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. nov. 26, 2018 6:24 pm
par Chef Chaudard
La poire a abdiqué ! La proclamation de la république par le peuple souverain ne sera l'affaire que de quelques heures ...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 03, 2018 8:22 pm
par Emp_Palpatine
Le 28 mai - Choses Vues
En 1830, il y avait le duc d’Orléans derrière Charles X. En 1848, derrière Louis-Philippe il y a un trou. C’est triste de tomber de Louis-Philippe en Ledru-Rollin.
Victor Hugo.
Alors que Louis-Philippe vient d'abdiquer, Victor Hugo continue ses pérégrinations dans Paris et tente d'annoncer et de défendre l'abdication et la régence de la Duchesse d'Orléans au émeutiers des Faubourgs.
Nous avons dû traverser à grand’peine l’océan humain qui couvrait, avec un bruit de tempête, la place de l’Hôtel-de-Ville. Au quai de la Mégisserie se dressait une formidable barricade ; grâce à l’écharpe du maire, on nous a laissés la franchir. Au delà, les quais étaient à peu prés déserts. Nous avons gagné la Chambre des députés par la rive gauche.
Le Palais-Bourbon était encombré d’une cohue bourdonnante de députés, de pairs et de hauts fonctionnaires. D’un groupe assez nombreux est sortie la voix aigrelette de M. Thiers :
— Ah ! voilà Victor Hugo !
— Et M. Thiers est venu à nous, demandant des nouvelles du faubourg Saint-Antoine. Nous y avons ajouté celles de l’Hôtel de Ville ; il a secoué lugubrement la tête.
— Et par ici ? dis-je. D’abord êtes-vous toujours ministre ?
— Moi ! ah ! je suis bien dépassé, moi ! bien dépassé ! On en est à Odilon Barrot, président du conseil et ministre de l’intérieur.
— Et le maréchal Bugeaud ?
— Remplacé aussi par le maréchal Gérard. Mais ce n’est rien. La Chambre est dissoute ; le roi a abdiqué ; il est sur le chemin de Saint-Cloud, Mme la duchesse d’Orléans est régente. Ah ! le flot monte, monte, monte !
M. Thiers nous engagea, M. Ernest Moreau et moi, à aller nous entendre avec M. Odilon Barrot. Notre action dans notre quartier, si important, pouvait être grandement utile. Nous nous sommes donc mis en route pour le ministère de l’intérieur.
Le peuple avait envahi le ministère et refluait jusque dans le cabinet du ministre, où allait et venait une foule peu respectueuse. À une grande table, au milieu de la vaste pièce, des secrétaires écrivaient. M. Odilon Barrot, la face rouge, les lèvres serrées, les mains derrière le dos, s’accotait à la cheminée. Il dit en nous voyant :
— Vous êtes au courant, n’est-ce pas ? Le roi abdique, la duchesse d’Orléans est régente...
— Si le peuple consent, dit un homme en blouse qui passait.
Le ministre nous emmena dans l’embrasure d’une fenêtre, en jetant autour de lui des regards inquiets.
— Qu’allez-vous faire ? que faites-vous ? lui dis-je.
— J’expédie des dépêches aux départements.
— Est-ce très urgent ?
— Il faut bien instruire la France des événements.
— Mais, pendant ce temps-là, Paris les fait, les événements. Hélas, a-t-il fini de les faire ? La Régence, c’est bien, mais il faudrait qu’elle fût sanctionnée.
— Oui, par la Chambre. La duchesse d’Orléans devrait mener le comte de Paris à la Chambre.
— Non, puisque la Chambre est dissoute. Si la duchesse doit aller quelque part, c’est à l’Hôtel de Ville.
— Y pensez-vous ? Et le danger ?
— Aucun danger. Une mère, un enfant ! Je réponds de ce peuple. Il respectera la femme dans la princesse.
— Eh bien, allez aux Tuileries, voyez la duchesse d’Orléans, conseillez-la, éclairez-la.
— Pourquoi n’y allez-vous pas vous-même ?
— J’en arrive. On ne savait où était la duchesse ; je n’ai pu l’aborder. Mais dites-lui, si vous la voyez, que je suis à sa disposition, que j’attends ses ordres. Ah ! Monsieur Victor Hugo, je donnerais ma vie pour cette femme et pour cet enfant !
Odilon Barrot est l’homme le plus honnête et le plus dévoué du monde, mais il est le contraire d’un homme d’action ; on sentait le trouble et l’indécision dans sa parole, dans son regard, dans toute sa personne.
— Écoutez, me dit-il encore, ce qui importe, ce qui presse, c’est que le peuple connaisse ces graves changements, l’abdication, la Régence. Promettez-moi d’aller les proclamer à votre mairie, au faubourg, partout où vous pourrez.
— Je vous le promets.
Je me dirige, avec M. Moreau, vers les Tuileries.
Rue Bellechasse, chevaux au galop. Un escadron de dragons passe comme un éclair et a l’air de s’enfuir devant un homme aux bras nus qui court derrière lui en brandissant un coupe-chou.
Les Tuileries sont encore gardées par les troupes. Le maire montre son écharpe, et nous passons. Au guichet, le concierge, auquel je me nomme, nous dit que Mme la duchesse d’Orléans, accompagnée de M. le duc de Nemours, vient de quitter le château, avec le comte de Pans, pour se rendre sans doute à la Chambre des députés. Nous n’avons donc plus qu’à continuer notre route.
À l’entrée du pont du Carrousel, des balles sifflent à nos oreilles. Ce sont les insurgés qui, place du Carrousel, tirent sur les voitures de la cour sortant des petites écuries. Un des cochers a été tué sur son siège.
— Ce serait trop bête de nous faire tuer en curieux ! me dit M. Ernest Moreau. Passons de l’autre côté de l’eau.
Nous longeons l’Institut et le quai de la Monnaie. Au Pont-Neuf, nous nous croisons avec une troupe armée de piques, de haches et de fusils, conduite, tambour en tête, par un homme agitant un sabre et vêtu d’un grand habit à la livrée du roi. C’est l’habit du cocher qui vient d’être tué rue Saint-Thomas-du-Louvre.
Quand nous arrivons, M. Moreau et moi, à la place Royale, nous la trouvons toute remplie d’une foule anxieuse. Nous sommes aussitôt entourés, questionnés, et nous n’arrivons pas sans peine à la mairie. La masse du peuple est trop compacte pour qu’on puisse parler sur la place. Je monte, avec le maire, quelques officiers de la garde nationale et deux élèves de l’École polytechnique, au balcon de la mairie. Je lève la main, le silence se fait comme par enchantement. Je dis :
— Mes amis, vous attendez des nouvelles. Voilà ce que nous savons : M. Thiers n’est plus ministre, le maréchal Bugeaud n’a plus le commandement (Applaudissements). Ils sont remplacés par le maréchal Gérard et par M. Odilon Barrot (Applaudissements, mais plus clairsemés). La Chambre est dissoute. Le roi a abdiqué (Acclamation universelle). La duchesse d’Orléans est régente (Quelques bravos isolés, mêlés à de sourds murmures).
Je reprends :
- Le nom d’Odilon Barrot vous est garant que le plus large appel sera fait à la nation et que vous aurez le gouvernement représentatif dans toute sa sincérité.
Sur plusieurs points des applaudissements me répondent, mais il paraît évident que la masse est incertaine et non satisfaite.
Nous rentrons dans la salle de la mairie.
— Il faut à présent, dis-je à M. Ernest Moreau, que j’aille faire la proclamation sur la place de la Bastille. Mais le maire est découragé.
— Vous voyez bien que c’est inutile, me dit-il, tristement ; la Régence n’est pas acceptée. Et vous avez parlé ici dans un milieu où vous êtes connu, où vous êtes aimé ! À la Bastille, vous trouveriez le peuple révolutionnaire du faubourg, qui vous ferait un mauvais parti peut-être.
— J’irai, dis-je, je l’ai promis à Odilon Barrot.
— J’ai changé de chapeau, reprit en souriant le maire, mais rappelez-vous mon chapeau de ce matin.
— Ce matin, l’armée et le peuple étaient en présence, il y avait danger de conflit ; à l’heure qu’il est, le peuple est seul, le peuple est maître. — Maître... et hostile, prenez-y garde ! — N’importe ! j’ai promis, je tiendrai ma promesse.
Je dis au maire que sa place à lui était à la mairie et qu’il y devait rester, mais plusieurs officiers de la garde nationale se présentèrent spontanément pour m’accompagner, et, parmi eux, l’excellent M. Launaye, mon ancien capitaine. J’acceptai leur offre amicale, et cela fit un petit cortège, qui se dirigea, par la rue du Pas-de-la-Mule et le boulevard Beaumarchais, vers la place de la Bastille.
Là s’agitait une foule ardente, où les ouvriers dominaient. Beaucoup armés de fusils pris aux casernes ou livrés par les soldats. Cris et chant des Girondins, Mourir pour la patrie ! Groupes nombreux qui discutent et disputent avec passion. On se retourne, on nous regarde, on nous interroge :
— Qu’est-ce qu’il y a de nouveau ? qu’est-ce qui se passe ? Et l’on nous suit. J’entends murmurer mon nom avec des sentiments divers : Victor Hugo ! c’est Victor Hugo ! Quelques-uns me saluent. Quand nous arrivons à la colonne de Juillet, une affluence considérable nous entoure. Je monte, pour me faire entendre, sur le soubassement de la colonne.
Je ne rapporterai de mes paroles que celles qu’il me fut possible de faire arriver à mon orageux auditoire. Ce fut bien moins un discours qu’un dialogue, mais le dialogue d’une seule voix avec dix, vingt, cent voix plus ou moins hostiles.
Je commençai par annoncer tout de suite l’abdication de Louis-Philippe, et, comme à la place Royale, des applaudissements à peu près unanimes accueillirent la nouvelle. On cria cependant aussi :
— Non ! pas d’abdication ! la déchéance ! la déchéance. — J’allais décidément avoir affaire à forte partie.
Quand j’annonçai la Régence de la duchesse d’Orléans, ce furent de violentes dénégations :
— Non ! non ! pas de Régence ! à bas les Bourbons ! Ni roi, ni reine ! Pas de maîtres !
Je répétai : — Pas de maîtres ! je n’en veux pas plus que vous, j’ai défendu toute ma vie la liberté !
— Alors pourquoi proclamez-vous la Régence ?
— Parce qu’une régente n’est pas un maître. D’ailleurs, je n’ai aucun droit de proclamer la Régence, je l’annonce.
— Non ! non ! pas de Régence !
Un homme en blouse cria : — Silence au pair de France ! à bas le pair de France ! Et il m’ajusta de son fusil. Je le regardai fixement, et j’élevai la voix si haut qu’on fit silence.
— Oui, je suis pair de France et je parle comme pair de France. J’ai juré fidélité, non à une personne royale, mais à la monarchie constitutionnelle. Tant qu’un autre gouvernement ne sera pas établi, c’est mon devoir d’être fidèle à celui-là. Et j’ai toujours pensé que le peuple n’aimait pas que l’on manquât, quel qu’il fût, à son devoir.
Il y eut autour de moi un murmure d’approbation et même quelques bravos çà et là. Mais quand j’essayai de continuer :
— Si la Régence... les protestations redoublèrent. On ne me laissa en relever qu’une seule. Un ouvrier m’avait crié :
— Nous ne voulons pas être gouvernés par une femme.
— Je ripostai vivement : Hé ! moi non plus je ne veux pas être gouverné par une femme, ni même par un homme. C’est parce que Louis-Philippe a voulu gouverner que son abdication est aujourd’hui nécessaire et qu’elle est juste. Mais une femme qui règne au nom d’un enfant ! n’y a-t-il pas là une garantie contre toute pensée de gouvernement personnel ? Voyez la reine Victoria en Angleterre...
— Nous sommes français, nous ! cria-t-on. Pas de Régence !
— Pas de Régence ? Mais alors quoi ? Rien n’est prêt, rien ! C’est le bouleversement total, la ruine, la misère, la guerre civile peut-être ; en tout cas, c’est l’inconnu.
— Une voix, une seule voix, cria : Vive la République ! Pas une autre voix ne lui fit écho. Pauvre grand peuple, inconscient et aveugle ! il sait ce qu’il ne veut pas, mais il ne sait pas ce qu’il veut !
À partir de ce moment, le bruit, les cris, les menaces devinrent tels que je renonçai à me faire entendre. Mon brave Launaye me dit : — Vous avez fait ce que vous vouliez, ce que vous aviez promis ; nous n’avons plus qu’à nous retirer.
La foule s’ouvrit devant nous, curieuse et inoffensive. Mais à vingt pas de la colonne, l’homme qui m’avait menacé de son fusil me rejoignit et de nouveau me coucha en joue, en criant :
— À mort le pair de France !
— Non, respect au grand homme ! fit un jeune ouvrier, qui vivement avait abaissé l’arme. Je remerciai de la main cet ami inconnu et je passai.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 03, 2018 8:45 pm
par griffon
C'est presque effrayant comme témoignage
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 03, 2018 9:11 pm
par Emp_Palpatine
Hugo s'y donne le beau rôle, mais Choses Vues est fascinant à lire sur ces journées là.
Et comme il sied à son égo, il défend le régime qui l'a couvert d'honneur avant de critiquer celui qui lui refusa un ministère.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 03, 2018 9:36 pm
par Emp_Palpatine
Le 28 mai - 3ème partie
Hésitations de la Duchesse d'Orléans et du Duc de Nemours. Elle décide de se rendre à la Chambre avec ses enfants. Etat d'esprit à la Chambre. La nouvelle de l'abdication provoque l'anarchie. Légitimistes de conviction et radicaux à la curée, frayeur des modérés. L'offensive contre la régence. L'arrivée de la Duchesse d'Orléans, protestation de l'ex-majorité légitimiste. Débats et la Lieutenance Générale au Comte de Chambord mise aux voix.
Alors que Louis-Philippe avait abdiqué et qu'il quittait les Tuileries, nous y reviendrons, la Duchesse d'Orléans, que les dynastiques considéraient comme la régente de fait et la régente imposé par les circonstances, se voit délaissée de tous. Quelle preuve du délitement du pouvoir que le jeune chef de l'Etat en titre et sa régente abandonnée de tous dans un palais où, déjà, les balles sifflent. La Duchesse voulut, à l'origine, rester aux Tuileries et ouvrir les portes à l'émeute, espérant sans doute attendrir la foule comme, en son temps, Anne d'Autriche. Le Duc de Nemours, avisé de la volonté de la Duchesse d'Orléans, fait le siège de sa belle-soeur et finit par la convaincre de renoncer à un projet aussi dangereux.
Ses projets son plus rationnels : faire quitter au jeune roi et à la régente la capitale, au besoin juchés sur des caissons d'artillerie, et se réfugier au Mont Valérien ou à Saint Cloud; laisser Paris à l'émeute et laisser le temps à la France de venir à la rescousse des institutions.
Alors que Nemours s'attèle à la préparation du convoi royal vers une des places fortes, une délégation de M. Odilon-Barrot, président du conseil en titre, arrive. Ayant appris l'abdication, le président du conseil en titre se décide à agir et envoie ses émissaires exhorter la Duchesse d'Orléans. Chez lui, le souvenir de 1830 et la confiance envers le peuple de Paris sont vibrants et il appelle alors la Duchesse à se rendre à l'Hôtel de Ville avec le jeune roi.
Romantique, libérale, pleine d'imagination et de courage, Hélène d'Orléans fait sienne immédiatement l'idée et demande même que l'on prépare un cheval de dragon, annonçant qu'elle montera sans selle de femme, prête à frapper les imaginations. Effrayé, son entourage la met en garde et la supplie de reconsidérer son projet : l'Hôtel de ville, au main de l'émeute, est trop dangereux.
"Alors, la Chambre" propose alors la Duchesse. L'idée plait. On annonce déjà aux grilles des Tuileries "Vive le Comte de Paris, Roi des Français! Vive la Duchesse d'Orléans, régente". La foule alors présente ne fit pas mauvais accueil à cette nouvelle. Tout semblait encore possible.
Au bras d'un officier de la Garde Nationale, la Duchesse d'Orléans et ses deux enfants se mirent en route vers la Chambre.
Quand Nemours revint d'avoir préparé le convoi, il trouva la Duchesse partie et, pour ce prince, ce fut un coup terrible : tout était perdu.
Il se hâte alors pour la rattraper, tout en donnant des ordres pour accroître la protection de la Chambre. Quand il arrive aux grilles du Palais-Bourbon, il est trop tard : elle est déjà entrée.
Qu'attendre de cette Chambre? Dissoute la veille, elle n'aurait même pas dû être en session, en attendant les futures élections. Mais les députés, furieux d'une dissolution comprise comme une pénitence pour un péché qui n'était pas le leur, excités par l'émeute et le croulement du pouvoir, s'étaient d'eux-mêmes agrégés à la Chambre dès midi.
Y règne un souffle d'effarement et d'extrême agitation. Le vent de déroute qui régnait aux Tuileries ne les avait pas épargnés. Dans l'épreuve, on n'y voyait presque aucune trace de ces convictions et de ces fidélités qui se raidissent contre la mauvaise fortune, prêtes à tous les dévouements et à tous les sacrifices. Chaque minute abattait davantage les courages et excitait un peu plus les appétits en annonçant un nouvel outrage.
Sentant frémir les fondations du régime de Juillet, les Légitimistes de conviction commençaient déjà à roder autour des institutions moribondes. La première idée n'était que d'utiliser l'émeute pour se venger de l'éloignement de Berryer. Les nouvelles venues des Tuileries allaient provoquer la tempête. Alors que la séance, houleuse, empêtrée dans les invectives et les débats, était suspendue arriva la nouvelle de l'abdication de Louis-Philippe. Ce fut, décrivit un témoin, une goutte de sang tombant dans un bassin de squales. La séance reprit dans l'anarchie la plus complète.
A gauche, les radicaux, rejoints par un faible nombre de libéraux ex-dynastiques, en appelaient à un gouvernement provisoire. C'était surtout dans l'ex-majorité que le chaos fut manifeste : le parti Légitimiste se scindaient entre légitimistes de conviction, triomphants à l'idée de venger 1830, et légitimistes de rencontre, ceux qui s'étaient fait élire sous la bannière de la fermeté et de l'ordre pour qui la question dynastique n'avait guère d'importance. Ceux-là, comme l'écrasante majorité des Orléanistes et des Libéraux dynastiques, se trouvaient paralysés devant l'abîme menaçant l'ordre établi.
Avec la complicité manifeste de Coelion, président de la Chambre et Légitimiste de conviction, l'offensive ne tarda pas. Il était évident que la régence serait confiée à la Duchesse d'Orléans ou, peut-être, au Duc de Nemours. La Loi, à la mort du Duc d'Orléans, était restée évasive sur la question, de la volonté même de Louis-Philippe. Le vieux Roi n'avait pas imaginé alors que la régence serait discutée en de telles circonstances. C'était un cadeau inespéré pour les Légitimistes et les radicaux. D'une seule voix, leurs orateurs attaquèrent l'idée de la régence, critiquant l'unilatéralisme des Tuileries - on ignorait alors que Louis-Philippe, même dans le naufrage, n'avait pas donné de consignes pour la régence-, exigeant que le choix revienne à la représentation nationale.
Berryer restait impassible et silencieux, ne prenant pas part aux débats. Au centre, on balbutiait et la défense des institutions se fit hésitante et peu convaincue.
Il est une heure et demie, quand la duchesse d'Orléans entre dans la Chambre, tenant par la main ses deux fils, suivie de plusieurs officiers et gardes nationaux. Elle est vêtue de deuil, et son voile à demi relevé laisse voir sa figure pâle et ses yeux rougis par les larmes. Une partie de l'assemblée, attendrie par ce spectacle, se lève et pousse des acclamations répétées: «Vive la duchesse d'Orléans! vive le comte de Paris! vive le Roi! vive la Régente!» La princesse et ses enfants prennent place sur des sièges que le président fait disposer en hâte dans l'hémicycle, au pied de la tribune. Presque aussitôt après, arrive le duc de Nemours qui s'est frayé, non sans peine, un chemin à travers la foule obstruant déjà toutes les issues. Il presse vainement la duchesse d'Orléans de s'en aller. La voyant résolue à rester, il demeure auprès d'elle pour la protéger et pour partager ses périls. En même temps que la princesse et son escorte, beaucoup de personnes étrangères à la Chambre ont pénétré dans la salle, entre autres les délégués du National. C'est le commencement d'une invasion qui ne pourra que grossir. Si donc l'on veut faire quelque chose, il faut aller très vite, profiter de l'attendrissement du premier moment, ne pas laisser aux envahisseurs le temps de recevoir des renforts et d'agir.
La Duchesse d'Orléans à la Chambre.
Hélas, la stupeur et le respect de la veuve, de la princesse et du jeune prince ne durèrent pas. Si la droite modérée et la gauche dynastique avaient tu leurs critiques, les blancs de conviction, forte minorité à la Chambre, redoublèrent d'effort. L'heure n'était pas, pour eux, à rééditer 1830 et refaire un roi de l'émeute. "Eh quoi, disait l'un des orateurs, cette dynastie va-t-elle nous rejouer l'émeute à chaque changement de règne?"
La Président de Coelion, au perchoir de la chambre, redoublait de finasseries, de subtilités du règlement, de rappels à l'ordre pour amener le vote. Pendant ce temps, alors qu'elle espérait la proclamation rapide de la régence et de son fils, la Duchesse d'Orléans, de plus en plus abattue, se voyait l'objet de dérisions, de contestations, d'agressions. L'émeute grondait au dehors, la monarchie tremblait sur ses bases et, alors que l'urgence voulait que l'on se contentât de ce que l'on avait sous la main, les députés soldaient les comptes des 18 dernières années. Habilement manœuvrée par Coelion, la Chambre se résolut finalement à voter. Le président mit d'abord aux voix la proposition suivante :
"La représentation nationale constate la vacance du Trône ". Elle fut votée à la quasi unanimité.
Ensuite, décidé à frapper, il mit aux voix un amendement venu de la droite de la Chambre : "Considérant la vacance du Trône, S.A.R Henri de Bourbon, duc de Chambord, est appelé à la Lieutenance Générale du Royaume."
Les mots trahissaient la volonté de se venger, enfin, de la substitution de 1830 jusqu'en en imitant les formes.
Si on trouve un nouveau Fouquier Tinville, pourquoi pas ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. déc. 05, 2018 7:44 pm
par griffon
Il y en a un !
Juste au post du dessus !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. déc. 06, 2018 6:40 pm
par Chef Chaudard
On l'a !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 20, 2019 5:09 pm
par Emp_Palpatine
Le 28 mai – l'agonie
La Lieutenance du Comte de Chambord rejetée. Débat entre gouvernement provisoire et régence. La régente refuse de quitter la Chambre. La voix de la Duchesse d'Orléans est étouffée. Le flot de l'invasion de la Chambre ne se tarit pas. Discours de M. Lamartine. Fuite de la plupart des députés et de la famille royale. Nomination à la criée du gouvernement provisoire et départ pour l'hôtel de ville.
Les Légitimistes, pendant sept ans, avaient cru contrôler le parlement de la Monarchie de Juillet. C'était un souhait, un vœu pieu, plus qu'une réalité. Alors que sombrait le régime de 1830, face à l'opportunité historique qu'il attendait, le parti Légitimiste voyait ses rangs fondre et disparaître les votes de ceux qui l'avaient rejoint quand le vent électoral amenait vers des demandes d'ordre. L'amendement appelant le Comte de Chambord à exercer la Lieutenance fut battu, la majorité des conservateurs craignant le saut dans l'inconnu au milieu du naufrage, les Légitimistes de rencontre révélant au pied du mur la réalité de leur conviction. Dans le tumulte de la Chambre envahie, l'abattement frappa les rangs de la droite et déjà certains quittaient discrètement les travées.
Pour les dynastiques, le centre et la gauche modérée, l'échec de la motion des Légitimistes était une divine surprise. Le président du conseil en titre, Odilon Barrot, étant toujours absent, c'est un de ses proches qui monta à la Tribune. Il répéta la nouvelle de l'abdication, la régence et demanda à la Chambre d'enregistrer dans son procès verbal les acclamations qui ont accompagné la nouvelle et l'annonce de l'accession au Trône du Comte de Paris. La grande majorité des députés approuve tandis que des Légitimistes de conviction, de l'extrême gauche mais surtout de la foule grossissante qui remplit les tribunes et les couloirs s'élèvent des protestations. Plus que jamais, d'autant plus après la perte de temps du vote précédent, il importe de se hâter. Les ennemis du régime comprennent de quel intérêt il est pour eux de gagner du temps. Déjà à la tribune montent les partisans de la révolution, demandant un gouvernement provisoire, suppliant de se plier à la foule. Le chaos est à son comble et le calme nécessaire pour procéder à un vote semble illusoire à atteindre.
De sa place, M. Lamartine propose que la séance soit suspendue « à raison de la présence de l'Auguste Princesse ». Voyons le panneau que tend le député libéral, M. De Coelion, du perchoir, le saisit et déclare que «la Chambre va suspendre sa séance, jusqu'à ce que madame la duchesse d'Orléans et le nouveau roi se soient retirés». De nombreuses réclamations éclatent sur les bancs des députés. La princesse se refuse à sortir; se tournant vers le président, elle lui dit avec dignité: «Monsieur, ceci est une séance royale!» Aux amis effrayés pour sa vie qui l'engagent à partir, elle répond avec un sourire triste: «Si je sors d'ici, mon fils n'y rentrera pas.» Elle demeure donc, immobile, calme, au milieu de la foule qui l'enveloppe de plus en plus.
Le président s'obstine et invite de nouveau «toutes les personnes étrangères à la Chambre à se retirer de l'enceinte». Le tumulte redouble. La situation devient intenable dans l'hémicycle, pour la duchesse d'Orléans et ses enfants, littéralement étouffés et écrasés par la foule. Précédée du duc de Nemours et suivie des jeunes princes, la duchesse gravit les degrés de la salle par le couloir du centre. Est-ce donc qu'elle se décide à s'en aller? Non; arrivée aux bancs supérieurs du centre gauche, elle s'y assoit, aux acclamations de la Chambre presque entière.
Un temps précieux a été perdu, pendant lequel le nombre des intrus a augmenté dans les couloirs et l'hémicycle. Ce n'est pas encore une invasion de vive force et en masse; c'est une sorte d'infiltration continue. Comprendra-t-on enfin la nécessité de conclure? Le président annonce que la Chambre va «délibérer». Les débats reprenent. On objecte aux partisans de la duchesse d'Orléans la loi qui attribue la régence au duc de Nemours, on conclut, sans nommer la république, en demandant l'organisation immédiate d'un gouvernement provisoire. Le président et la majorité, qui, après l'échec de leur tentative ne désirent plus sauver les institutions, ne protestent pas contre une discussion qui suppose le gouvernement vacant.
Cependant M. Odilon Barrot, informé de la présence de la duchesse d'Orléans au Palais-Bourbon, s'est enfin décidé à y venir. Des voix nombreuses l'appellent à la tribune. Après quelques généralités sur le mal de la guerre civile: «Notre devoir, dit-il, est tout tracé. Il a heureusement cette simplicité qui saisit une nation. Il s'adresse à ce qu'il y a de plus généreux et de plus intime: à son courage et à son honneur. La couronne de Juillet repose sur la tête d'un enfant et d'une femme.» À ces paroles bien inspirées et bien dites, la grande majorité des députés répond par des acclamations. La duchesse d'Orléans et, sur son indication, le comte de Paris se lèvent et saluent. Puis, presque aussitôt, la princesse fait signe qu'elle veut parler. «Messieurs, dit-elle avec fermeté, je suis venue avec ce que j'ai de plus cher au monde...» Sa voix ne parvient pas à dominer le tumulte. Vainement quelques députés crient-ils: «Laissez parler madame la duchesse!» D'autres, qui ne se rendent pas compte de ce qui se passe ou qui redoutent cette intervention, crient: «Continuez, monsieur Barrot!» Et M. Barrot continue, ajoutant ainsi le son de sa parole à tous les bruits qui étouffent la voix de la princesse. Ne s'est-il donc pas aperçu qu'elle voulait parler, ou a-t-il cru qu'il dirait mieux ce qui convenait? La duchesse d'Orléans, restée un instant debout dans l'attitude résolue de quelqu'un qui veut haranguer une foule, retombe accablée sur son banc. Que serait-il arrivé si elle avait pu se faire entendre? Elle eût certainement trouvé dans son cœur de princesse et de mère des accents inconnus aux avocats parlementaires. Eussent-ils suffi à rétablir une fortune déjà si compromise? En tout cas, l'occasion, une fois perdue, ne pourra plus se retrouver. La princesse le sent: aussi est-ce pour elle l'instant le plus douloureux.
La fin du discours de M. Odilon Barrot ne vaut pas le début. Et puis, au bout, pas un acte, pas une initiative. Pour toute conclusion, la menace de donner sa démission si l'on n'adopte pas son avis. Il faut certes la naïveté de M. Barrot pour s'imaginer qu'on arrête une révolution en posant la question de cabinet. Le ministre n'ayant fait aucune proposition par laquelle on puisse clore le débat, celui-ci se prolonge. À ce moment, comme pour répondre à cet appel, la porte de gauche, frappée violemment à coups de crosse, cède et livre passage à une foule d'hommes armés, gardes nationaux, ouvriers, étudiants, portant des drapeaux et criant: «À bas la régence! La déchéance!» Le flot tumultueux remplit l'hémicycle et déborde sur les premiers gradins. Les députés refoulés se serrent sur les bancs supérieurs. Le président se couvre et déclare «qu'il n'y a point de séance en ce moment», mais il reste à son fauteuil. La duchesse d'Orléans est toujours à sa place, le duc de Nemours à côté d'elle. M. Odilon Barrot est immobile, les bras croisés, au pied de la tribune d'où les envahisseurs proclament que le peuple a repris sa souveraineté. L'un d'eux annonce que «le trône vient d'être brisé aux Tuileries et jeté par les fenêtres». M. de la Rochejacquelein, s'adressant à l'un des chefs, lui dit: «Nous allons droit à la république.—Quel mal y a-t-il à cela?—Aucun, reprend M. de la Rochejacquelein; tant pis pour eux, ils ne l'auront pas volé.» Enfin, M. Ledru-Rollin parvient à prendre la parole. Au nom du peuple dont il salue les représentants dans les envahisseurs, il dénie à la Chambre le droit de constituer une régence et se décide à finir en réclamant un gouvernement provisoire nommé par le peuple, non par la Chambre.
Voici M. de Lamartine à la tribune. Il est salué par des applaudissements. Cette ovation rend quelque espoir aux partisans de la duchesse d'Orléans qui ignorent l'engagement pris par l'orateur envers les républicains. Ils veulent voir en lui l'homme capable de charmer, de toucher, de dompter cette foule. La cause à défendre ne semble-t-elle pas faite pour le séduire? Du haut de la tribune, il peut voir les deux clients qui s'offrent à son éloquence: à ses pieds, l'émeute grouillante, hurlante, menaçante, qui cherche à étouffer par la force la libre délibération des élus du pays; en face de lui, immobile et digne, une princesse en larmes, une mère en deuil, qui, son enfant à la main, est venue se confier à la représentation nationale; d'un côté, la violence dans ce qu'elle a de plus cynique et de plus hideux; de l'autre, le droit sous sa forme la plus touchante. Comment supposer qu'un poète, d'âme tendre et délicate, d'inspiration chevaleresque, puisse un moment hésiter? Son imagination rêvait un beau rôle: où en trouver un plus beau et qui convienne mieux à son talent? En effet, les premières paroles de l'orateur semblent un appel à la pitié en faveur «d'une princesse se défendant avec son fils innocent, et venant se jeter du milieu d'un palais désert au milieu de la représentation du peuple». L'émeute, surprise, murmure et ébauche des gestes de menace. Quelques amis de la princesse se retournent vers elle, avec une lueur d'espoir dans le regard; mais elle leur répond par un sourire triste, indiquant qu'elle n'a pas leur illusion. M. de Lamartine ne laisse pas longtemps l'auditoire dans l'incertitude; il ajoute que, «s'il partage l'émotion qu'inspire ce spectacle attendrissant des plus grandes catastrophes humaines, il n'a pas partagé moins vivement le respect pour le peuple glorieux qui combat depuis trois jours afin de redresser un gouvernement perfide». Un frémissement douloureux parcourt les rangs des amis de la monarchie, tandis que l'émeute, rassurée, applaudit. L'orateur continue en contestant la portée des «acclamations» sur lesquelles on a prétendu fonder la régence, et, «du droit de la paix publique, du droit du sang qui coule», il demande que «l'on constitue à l'instant un gouvernement provisoire».
Ce «peuple», que l'orateur flatte si misérablement, ne va pas lui laisser finir son discours. Les portes, de nouveau forcées, vomissent une seconde invasion plus hideuse encore que la première. Les émeutiers se précipitent à la fois par les tribunes et par les entrées du bas, ivres de violence, brandissant leurs armes, hurlant: «À bas la Chambre! Pas de députés! À la porte les corrompus! Vive la république!» L'un d'eux, d'une main mal assurée, ajuste son fusil dans la direction du bureau. «Ne tirez pas, ne tirez pas, lui crie-t-on; c'est Lamartine qui parle!» Ses voisins parviennent enfin à relever son arme. «Président des corrompus, va-t'en!» dit un insurgé en arrachant le chapeau de M. de Coelion, qui disparaît, non sans déclarer la séance levée. Les députés épouvantés s'échappent par toutes les issues. Le groupe royal n'a plus autour de lui qu'un petit nombre d'amis. Des insurgés, qui ont fini par le découvrir, braquent leurs fusils de ce côté. La duchesse d'Orléans ne se trouble pas; le duc de Nemours est toujours auprès d'elle. Leurs amis les entraînent par un corridor étroit et obscur que la foule obstrue.
Séparée violemment de ses deux fils, la princesse pousse des cris déchirants: «Mes enfants! mes enfants!» Au bout de quelques instants, le comte de Paris, porté ou plutôt lancé de bras en bras, parvient à l'extrémité du corridor; on le fait sortir par une fenêtre. Peu après, on apprend que le duc de Chartres, un moment renversé sous les pieds de la foule, a été relevé et se trouve en sûreté dans l'appartement d'un huissier. On décide de se réfugier à l'hôtel des Invalides, qui est à peu de distance. Une voiture se trouve dans la cour; la princesse y monte avec le comte de Paris et quelques fidèles. Pendant ce temps, le duc de Nemours a été entraîné par des amis qui le savent plus menacé que tout autre; ils lui font revêtir un costume de garde national. Insoucieux de son propre péril, il ne songe qu'à celui de sa belle-sœur, et se hâte de la rejoindre aux Invalides.
Désormais, dans la salle du Palais-Bourbon, il n'y a plus de Chambre: ce n'est qu'un club, et quel club! À peine une douzaine de députés républicains sont-ils restés au milieu des envahisseurs en armes qui remplissent l'enceinte. M. de Lamartine est toujours à la tribune, et M. Dupont de l'Eure a été porté au fauteuil. Au milieu du tapage, M. de Lamartine parvient, non sans peine, à faire comprendre qu'on va soumettre au «peuple» la liste des membres du gouvernement provisoire. Plusieurs noms sont jetés à la foule. Au milieu des acclamations, des huées, des apostrophes diverses qui se croisent, il est difficile de savoir d'une façon précise qui a été admis, et même souvent qui a été proposé. Les noms qui semblent surnager sont ceux de Lamartine, Arago, Dupont de l'Eure, Ledru-Rollin, Marie.
Pour mettre un terme à cette scène de confusion tumultueuse, un émeutier, un barbu connu des milieux radicaux, s'écrie:
«À l'Hôtel de ville!
Lamartine en tête! »
L'appel est entendu: une partie de la foule sort avec Lamartine et Dupont de l'Eure. Le peuple se décide alors à évacuer la salle, non sans avoir percé de balles le portrait de Louis-Philippe dans le tableau qui est au-dessus du bureau et qui représente la prestation du serment en 1830. Il est alors environ quatre heures du soir.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 20, 2019 5:31 pm
par Locke
Quel feuilleton, quelle plume !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 20, 2019 5:37 pm
par griffon
J'avais perdu le fil , je suis obligé d'en recommencer la lecture depuis le tout début
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 20, 2019 6:14 pm
par Chef Chaudard
Locke a écrit : ↑sam. avr. 20, 2019 5:31 pm
Quel feuilleton, quelle plume !
Je plussoie mille fois !!!
Réjouissez-vous, mânes de Jacques roux, Varlet, Baboeuf !!! Le peuple est de nouveau souverain !
Rétablissement de la constitution de l'an II !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 20, 2019 6:44 pm
par griffon
Chaudard nous avons mieux à faire , A l’hôtel de ville !
Avec les drapeaux rouges !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 20, 2019 10:35 pm
par mad
J'etais completement passé a coté de ce recit
Ça va occuper mes a/r de train tiens
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 21, 2019 7:47 am
par Chef Chaudard
griffon a écrit : ↑sam. avr. 20, 2019 6:44 pm
Chaudard nous avons mieux à faire , A l’hôtel de ville !
Avec les drapeaux rouges !
La société secrète de la Griffonerie ne restera pas secrète bien longtemps désormais
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mai 08, 2019 4:13 pm
par Emp_Palpatine
Le 28 mai 1848 - Dénouement
Il n'y a guère lieu de développer le trajet vers l'Hôtel de Ville des députés s'étant soudainement vus affublés, mi-consentants, mi-terrifiés, le titre de "gouvernement provisoire".
La foule hurlante entourait le cortège, veillant à ce que ses nouveaux représentants ne profitassent pas d'un relâchement de la vigilance pour s'enfuir. Les radicaux triomphait, 1830 se reproduisait et cette fois-ci il n'y avait pas de Duc d'Orléans pour stopper leurs desseins, lesquels étaient clairs: on n'attendait du gouvernement provisoire la république et s'il ne la fournissait pas, eh bien l'on trouverait d'autres gouvernants.
La plume de M. Hugo résumera bien assez la naissance carnavalesque de la république.
Les quelques hommes qui, dans ces jours suprêmes et extrêmes, tenaient dans leur main le sort de la France, étaient eux-mêmes, à la fois outils et hochets, dans la main de la foule, qui n’est pas le peuple, et du hasard, qui n’est pas la providence. Sous la pression de la multitude, dans l’éblouissement et la terreur de leur triomphe qui les débordait, ils décrétèrent la République, sans savoir qu’ils faisaient une si grande chose.
On prit une demi-feuille de papier en tête de laquelle étaient imprimés les mots : Préfecture de la Seine. Cabinet du Préfet. M. de Rambuteau avait peut-être, le matin même, employé l’autre moitié de cette feuille à écrire quelque billet doux galant ou rassurant à ce qu’il appelait ses petites bourgeoises.
M. de Lamartine traça cette phrase sous la dictée des cris terribles qui rugissaient au dehors :
« Le gouvernement provisoire déclare que le gouvernement provisoire de la France est le gouvernement républicain, et que la nation sera immédiatement appelée à ratifier la résolution du gouvernement provisoire et du peuple de Paris. »
J’ai tenu dans mes mains cette pièce, cette feuille sordide, maculée, tachée d’encre, qu’un insurgé emporta et alla livrer à la foule furieuse et ravie. La fièvre du moment est encore empreinte sur ce papier, et y palpite. Les mots, jetés avec emportement, sont à peine formés. Appelée est écrit appellée.
Quand ces six lignes furent écrites, Lamartine signa et passa la plume à Ledru-Rollin.
M. Ledru-Rollin lut à haute voix la phrase : « Le gouvernement provisoire déclare que le gouvernement provisoire de la France est le gouvernement républicain... »
— Voilà deux fois le mot provisoire, dit-il.
— C’est vrai, dirent les autres.
— Il faut l’effacer au moins une fois, ajouta M. Ledru-Rollin.
M. de Lamartine comprit la portée de cette observation grammaticale qui était tout simplement une révolution par escamotage.
— Il faut pourtant attendre la sanction de la France, dit-il.
— Je me passe de la sanction de la France, s’écria Ledru-Rollin, quand j’ai la sanction du peuple.
— Mais qui peut savoir en ce moment ce que veut le peuple ? observa Lamartine.
— Moi, dit Ledru-Rollin.
Il y eut un moment de silence. On entendait la foule comme une mer. Ledru-Rollin reprit :
Ce que le peuple veut, c’est la République tout de suite, la République sans attendre !
— La République sans sursis, dit Lamartine, cachant une objection dans cette traduction des paroles de Ledru-Rollin.
— Nous sommes provisoires, nous, repartit Ledru-Rollin, mais la République ne l’est pas.
M. Crémieux prit la plume des mains de Lamartine, raya le mot provisoire au bas de la troisième ligne et écrivit à côté : actuel.
— Le gouvernement actuel ? dit Ledru-Rollin, à la bonne heure. J’aimerais mieux définitif. Pourtant je signe.
À côté de la signature de Lamartine, signature à peine formée, où l’on retrouve toutes les incertitudes qui bouleversaient le cœur du poëte, Ledru-Rollin mit sa signature tranquille ornée de ce banal paraphe de clerc d’avoué qu’il partage avec Proudhon. Après Ledru-Rollin et au-dessous, Garnier-Pagès signa avec la même assurance et le même paraphe. Puis Crémieux, puis Marie, enfin Dupont de l’Eure, dont la main tremblait de vieillesse et d’épouvante.
Ces six hommes signèrent seuls. Le gouvernement provisoire en ce moment-là ne se composait encore que de ces six députés.
Le cachet de la Ville de Paris était sur la table. Depuis 1830, le navire voguant sous un ciel semé de fleurs de lys, avec la devise : Prælucent certius astris, avait disparu du sceau de la Ville. Ce sceau n’était plus qu’un simple cercle figurant un grand zéro et portant à son centre ces seuls mots : Ville de Paris. Ledru-Rollin prit le cachet et l’apposa au bas du papier, si précipitamment qu’il l’imprima renversé. Personne ne songea à mettre une date.
Quelques minutes après ce chiffon de papier était une loi, ce chiffon de papier était l’avenir d’un peuple, ce chiffon de papier était l’avenir du monde.
La République était proclamée. Alea jacta, comme l’a dit plus tard Lamartine.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mai 08, 2019 4:29 pm
par griffon
Ledru Rollin ! Le premier "radsoc" !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. mai 10, 2019 10:01 pm
par GA_Thrawn
— Je me passe de la sanction de la France, s’écria Ledru-Rollin, quand j’ai la sanction du peuple.
J'ai l'impression de lire du Mélenchon dans le texte
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mai 15, 2019 5:48 pm
par Emp_Palpatine
On vit, au 29 Mai, surgir sur les murs de Paris ces affiches, reproduites dans le Moniteur.
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Citoyens!
Le gouvernement provisoire déclare que le gouvernement actuel de la France est le gouvernement républicain, et que la nation sera appelée à ratifier par son vote la résolution du gouvernement provisoire et du peuple de Paris.
Lamartine; AD Crémieux; Ledru-Rollin; Garnier-Pagès; Dupont (de l'Eure); Marie.
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Le gouvernement provisoire arrête :
La Chambre des Députés est dissoute.
Il est interdit à la Chambre des Pairs de se réunir.
Une Assemblée Nationale sera convoquée aussitôt que le Gouvernement Provisoire aura réglé les mesures d'ordre public et de police nécessaires pour le vote de tous les citoyens.
Lamartine; Ledru-Rollin; Louis Blanc.
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Le Gouvernement Provisoire de la République déclare adopter les trois couleurs comme elles étaient disposées pendant la République.
Le drapeau bleu-rouge-blanc doit être arboré sans délai sur les monuments et établissements publics.
Le drapeau portera ces mots : République française - Liberté Egalité Fraternité.
Dupont (de l'Eure); Lamartine; Garnier Pagès; Arago; Marie; Ledru-Rollin; Crémieux; Louis Blanc; Marrast; Flocon; Albert.
Le Gouvernement Provisoire décrète:
Les fonctionnaires de l'ordre civil, militaire, judiciaire et administratif sont déliés de leur serment.
Les membres du gouvernement provisoire de la République française.
Le Gouvernement Provisoire adopte les principes suivants :
- L'Assemblée nationale décrètera la Constitution;
- L'élection aura pour base la population;
- Le suffrage sera direct, universel et sans condition de cens;
- Tous les Français âgés de vingt et un ans seront électeurs et que tous les Français âgés de 25 ans seront éligibles.
Les membres du gouvernement provisoire de la République française.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mai 25, 2019 12:45 pm
par Emp_Palpatine
La saison 2 approche, elle sera pleine de rebondissements.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. mai 25, 2019 1:05 pm
par griffon
Les barons De Coelio et Thrawniac y ont ils un avenir ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. juin 03, 2019 10:24 pm
par Emp_Palpatine
Les premiers jours du Gouvernement Provisoire
I. Considérations sur la monarchie de juillet. Stupeur du pays. Suivisme des administrations et de l'armée. Le régime déchu n'est pas défendu. Caractères particuliers de la révolution de 1848 par rapport à 1830.
II. Les premières décisions du Gouvernement Provisoire. Le chaos parisien menace le Gouvernement Provisoire. L'affaire du drapeau.
III. Réception de la révolution par les cours européennes. Lamartine courtise les ambassadeurs. Attentisme et prudence des puissances. La contagion est attendue. Coût diplomatique de la révolution.
I
Incarnée dans les institutions et les pratiques du régime de Juillet, la monarchie libérale et parlementaire avait été le gouvernement de la France pour une génération. Les 18 ans de règne de Louis-Philippe, s'appuyant il est vrai sur les fondations posées par la Restauration, avaient été une époque de prospérité pour l'industrie et le commerce. L'aisance de toutes les classes s'était accrue sans conteste et le bien commun avait bénéficié de la paix intérieure et extérieure entretenue par la politique prudente du régime déchu. Oubliée, à tout le moins marginalisée dans la mémoire nationale du fait des événements ultérieurs, elle resta rétrospectivement dans les mémoires individuelles sous une lumière teintée d'une certaine nostalgie.
A l'annonce, véloce car télégraphique, des événements parisiens et de la chute de la monarchie fut accueilli par la stupeur. De nombreuses questions agitaient l'opinion et les cafés, au premier rang desquelles la réforme électorale et la question dynastique, mais hormis dans les habituels foyers de contestation radicale, personne ne croyait la révolution proche. Dans un pays encore à 70% rural, de nombreux villages n'avaient pas vu l'ombre d'un pamphlet ou d'un harangueur radical et la réforme électorale n'inspirait que désintérêt ou indifférence polie. On comprend donc la surprise qui frappa le pays dans ces profondeurs où, comme en 1830, un caprice parisien faisait chuter un régime qui, à défaut d'être l'objet d'affections profondes, faisait partie du paysage et, surtout, était une garantie de stabilité et de paix.
Le Gouvernement Provisoire allait devoir composer avec cette réalité et craignait, pour les mêmes raisons, et comme ceux de 1830, un "contre-coup" venu de loyalistes de province.
Pour qui se penche sur les archives, cette crainte du nouveau gouvernement transparaît dans la frénésie de décrets de nominations qui occupa le gouvernement de l'Hôtel de Ville pendant les premières heures et les premiers jours de son existence. Le gouvernement provisoire s'occupa d'abord de la Garde Nationale, puis du commandement de l'armée et enfin des administrations. Pourtant,à sa grande habitude, l'administration courba l'échine et se révéla d'une servilité irréprochable, comme en 1814, 1815 - par deux fois- et 1830. Les préfets, maires ou magistrats les plus âgés avaient, il est vrai, déjà servi cinq régimes et n'avaient pas la bêtise et la grandeur de faire passer leur loyalisme dynastique et/ou constitutionnel avant la continuité de leur carrière. Sans coup férir, peut-être plus facilement encore qu'en 1830, le gouvernement provisoire s'assura le contrôle de la France par le biais de son administration.
Ainsi, la monarchie de Juillet et la dynastie ne furent pas défendus. Elles avaient échoué à le faire elles-mêmes, comme nous l'avons écrit, dans les rues de Paris, par naïveté et par pusillanimité. Mis devant le fait accompli, le pays n'allait pas prendre leur parti alors que la voiture de Louis-Philippe filait vers les ports. Que restait-il des projets, des suppliques de M. Thiers demandant un repli en Province? Les Princes eux-même, à l'image du Prince de Joinville, à Alger, suppliait leurs anciennes troupes et leurs chefs de rester loyales au gouvernement de la France. Enfin, des profondeurs du pays, l'abattement et la surprise ne suffirent pas à provoquer la colère et à allumer les feux de la chouannerie. La dynastie manquait d'attaches sentimentales dans les campagnes où le souvenir de branche aînée mais aussi la concurrence du souvenir Napoléonien venaient refroidir les ardeurs. C'est ainsi que sans être défendue, la monarchie de Juillet s'effaça, périssant d'avoir cru que les services rendus suffiraient à garantir l'affection et à effacer les ambiguïtés qui la poursuivaient depuis 1830.
Certains ont pu écrire depuis que l'Histoire se répétait, comme une tragédie puis comme une farce. 1848 semblait ainsi répéter la geste de 1830. Un régime solide disparaissait soudainement, emporté par une émotion parisienne. La comparaison s'arrêtait cependant là. Ainsi, 1830 avait déchaîné un radicalisme anticlérical qui empoisonna Paris et le pays jusqu'en 1832 et la reprise en main du pays par le ministère Perrier. Presque 18 ans s'étaient écoulés et la France avait connu pendant ces deux décennies un renouveau de la foi impressionnant qui inaugurait ce grand siècle religieux que fut le XIXème. Les émeutiers de 1830 saccagèrent l'archevêché, s'en prirent aux clercs et aux églises. Leurs fils démontrèrent le changement qui avait touché les coeurs. Pendant les journées de mai, nombreuses furent les scènes où des ecclésiastiques s'interposèrent entre la troupe et la barricade, empêchèrent par leur attitude le sang de couler. L'archevêque de Paris lui-même, crucifix à la main, fut acteur de telles scènes.
Le sac des Tuileries par la foule fut ainsi le théâtre d'une scène fort typique de l'esprit des émeutiers et de ce temps : alors que l'émeute pénètre dans l'Oratoire de la reine Marie-Amélie, l'émeute se découvre. Un individu s'empare du crucifix et fait mine de le jeter dans l'amas d'objet promis au brasier qui s’amoncèle dans la cour. Un polytechnicien, assisté du reste de la foule, l'arrête, saisit le crucifix et le présente à la foule "Voici notre maître à tous!". Les émeutiers se mirent ensuite en procession, sur le chemin de laquelle on se découvre et on s'agenouille, et portèrent ensuite l'objet saint à l’église St Roch où il fut confié au curé du lieu.
Ce genre d'affaires n'étaient pas pour plaire aux plus radicaux, jusqu'au sein du gouvernement provisoire. Les difficultés consécutives à la révolution apparaissaient déjà alors que le rideau n'était pas encore tombé.
II
Contrôler l'émeute et survivre, voilà quelles étaient les priorités du Gouvernement Provisoire le soir du 28 mai et dans les heures consécutives. Porté au pouvoir par une minorité radicale qui avait chauffé à blanc la foule, il savait sa vie -et celle de ses membres- en danger réel.
Les premières mesures devaient donc calmer l'émeute et donner un peu de répit à l’Hôtel de ville. Nous avons vu quels marchandages avaient conduits à la proclamation de la république. Elle s'accompagna des décrets déliant les soldats et fonctionnaires de leurs serments envers le régime et la dynastie déchus puis de celui interdisant la réunion de la dernière institution encore debout de la Monarchie de Juillet : la Chambre des Pairs. Enfin, ceux appelant l'élection d'une constituante élue au suffrage universelle, première victoire des modérés contre les radicaux, furent pris.
La convocation de l'Assemblée Nationale Constituante au 28 septembre, une fois les travaux des champs qui seraient la priorité de la France rurale seraient achevés.
Au 29 mai, l'émeute grondait toujours et à l'Hôtel de Ville, on ne voyait guère le flot descendre. Partout,des bandes braillardes passaient, arborant drapeaux et armes. Dans la journée, l’Hôtel de ville fit les frais de l'émeute qui l'avait porté au pouvoir et, à la satisfaction de Ledru-Rollin et d'autres radicaux du gouvernement, envahit le bâtiment, drapeau rouge en tête.
En cause étaient les couleurs nationales, adoptées par Louis-Philippe. Déjà, le Gouvernement Provisoire avait décrété un changement du pavillon national en adoptant un ordre de couleurs qu'il estimait plus proche de celui de la Ière république.
Le drapeau adopté par le Gouvernement provisoire.
Parmi ses premiers décrets, ordre était donné aux bâtiments publics de pavoiser à ces couleurs plutôt qu'à celles associées à la monarchie de Juillet.
Gravue d'époque où les protagonistes arborent le drapeau de mai 1848.
Cela ne suffisait pas à la foule radicale. Il était hors de question que subsistassent les couleurs de l'Empire et de Louis-Philippe : l'émeute menée par Blanqui exigeait à présent le drapeau rouge. Ledru-Rollin, de l'intérieur du gouvernement, soutenait le mouvement et prépara même un décret dans ce sens.
Lamartine, qui déjà avait fait la chute de la monarchie, allait pour la deuxième fois en une journée décider de l'avenir du pays. Par une harangue célèbre, le poète saisit la foule et la convainquit. Les couleurs nationales étaient sauvées.
« Voilà ce qu’a vu le soleil d’hier, citoyens ! Et que verrait le soleil d’aujourd’hui ? Il verrait un autre peuple, d’autant plus furieux qu’il a moins d’ennemis à combattre, se défier des mêmes hommes qu’il a élevés hier au-dessus de lui, les contraindre dans leur liberté, les avilir dans leur dignité, les méconnaître dans leur autorité, qui n’est que la vôtre ; substituer une révolution de vengeances et de supplices à une révolution d’unanimité et de fraternité, et commander à son gouvernement d’arborer, en signe de concorde, l’étendard de combat à mort entre les citoyens d’une même patrie !
Ce drapeau rouge, qu’on a pu élever quelquefois quand le sang coulait comme un épouvantail contre des ennemis, qu’on doit abattre aussitôt après le combat en signification de réconciliation et de paix. J’aimerais mieux le drapeau noir qu’on fait flotter quelquefois dans une ville assiégée, comme un linceul, pour désigner à la bombe les édifices neutres consacrés à l’humanité et dont le boulet et la bombe mêmes des ennemis doivent s’écarter. Voulez-vous donc que le drapeau de votre République soit plus menaçant et plus sinistre que celui d’une ville bombardée ?
[Ici, Lamartine fut interrompu par des discussions entre les émeutiers qui avaient envahi l'Hôtel de Ville et auxquels il s'adressait. Il reprit :]
Citoyens, vous pouvez faire violence au gouvernement, vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et le nom de la France. Si vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés dans votre erreur pour lui imposer une République de parti et un pavillon de terreur, le gouvernement, je le sais, est aussi décidé que moi-même à mourir plutôt que de se déshonorer en vous obéissant. Quant à moi, jamais ma main ne signera ce décret. Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. »
Lamartine rejetant le drapeau rouge, 29 mai 1848.
A qui avait suffisamment de clairvoyance apparaissaient limpidement les contradictions et les divisions dans lesquelles était pris le tout jeune gouvernement provisoire et qui ne pourraient être réglées par les urnes ou par le sang.
III
Les cours européennes accueillirent avec autant de stupeurs que la France la nouvelle de la chute de Louis-Philippe. On s'attendait à des troubles, à des querelles dynastiques ou constitutionnelles, au décès du souverain. Mais contrairement aux deux premières années suivant 1830, son règne paraissait bien assuré et les institutions enracinées. Ministères et ambassadeurs se mordirent les lèvres de n'avoir pas retenu les leçons de 1830. S'il y avait eu alors une crainte du retour aux années 1790, l'effet fut pire en 1848 : cette fois, point de Duc d'Orléans, c'était la république et ce mot, associé à la France, provoquait une sainte répulsion aux puissances européennes.
Lamartine, ministre des Affaires étrangères et de facto chef du Gouvernement provisoire, n'économisa pas ses efforts, sa plume, son verbe et son charme en ces jours cruciaux pour rassurer les ambassadeurs. Installé dans l'Hôtel du Président de la Chambre des Pairs, il recevait les diplomates, les charmait, courtisait et séduisait par les paroles les plus douces et rassurantes : le Gouvernement provisoire n'entendait pas mener sa diplomatie autrement que Louis-Philippe, d'autant plus qu'il attendait l'onction du suffrage. D'ingérence ou d'expansionnisme au delà des frontières, il n'y en avait pas à craindre. La république avait fort à faire avec ses propres problèmes et ne voulait que la paix de l'Europe et du monde.
Les puissances européennes écoutèrent avec patience mais, comme en 1830, restèrent attentistes. L'histoire récente leur avait appris qu'en proie à la révolution, la France était fort imprévisible et sujette aux sautes d'humeur et qu'il fallait se méfier de la bonne foi de gouvernements toujours menacés par plus radicaux qu'eux. Attendre était d'autant plus prudent que les puissances continentales constataient la contagion radicale partout à mesure qu'arrivait la nouvelle des évènements de Paris. Qu'importait que les troubles eussent commencé à Vienne avant même Paris, cette première victoire radicale de l'année promettait de galvaniser les révolutionnaires et, de ce seul fait, ne pouvait guère inciter les puissances à la sympathie avec la nouvelle république.
Quelle qu'eût été l'habileté et le charme exercé par Lamartine sur les ambassadeurs, la diplomatie française était un champ de ruine. Des diplomates en poste à Paris, aucun ne pu décemment accueillir chaleureusement le nouveau régime et s'engager sur le respect des traités et alliances conclus sous le précédent règne. Le lent développement de l'influence française en Espagne et en Italie, les relations cordiales avec le Royaume-Uni, tout ça était à refaire. L'Europe monarchique ne pouvait bien sûr pas se réjouir du renversement de Louis-Philippe et de l'avènement d'une république dans la plus grande puissance continentale. Pour Lamartine, la priorité était évidente : rassurer l'Europe, tenter de sauver ce qui pouvait l'être du système de la monarchie de Juillet et empêcher le retour de la Coalition. Les évènements allait servir, pour une fois, les intérêts du gouvernement provisoire.
Alors que la poussière retombait,seules les cours de Turin et La Haye, modérées et, pour ainsi dire, particulièrement liées à la France et prise dans le verbe de Lamartine, n'avaient pas dénoncé leurs traités avec nous. Tant, du moins, que la nouvelle république ne retombait pas dans les errements de l'ancienne.
L'Europe veillait mais elle aurait bien vite ses propres problèmes à résoudre.
Du système de la monarchie de Juillet ne subsistent que le Piémont et les Pays-Bas.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juin 04, 2019 8:53 am
par griffon
Pour qui connait la composition fortement Macron Compatible de l'assemblée constituante de 1848
la suite s'annonce agitée !
Les "républicains du lendemain" vont faire tache .....
Spoiler : :
Une assemblée de 900 avec 450 juristes dedans , quand même
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. juin 04, 2019 9:40 am
par GA_Thrawn
S'il fallait faire une analogie, je verrais pourtant bien plus Macron comme Louis-Philippe, représentant de la bourgeoisie et du parti de l'ordre mou
C'est toujours merveilleusement bien écrit sinon!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. juin 05, 2019 1:34 pm
par Emp_Palpatine
Victor Hugo, Choses vues
Sortant de l'Hôtel de Ville, une voix m'interpelle soudain dans le tumulte et le chaos qui y règne depuis quelques jours.
C'est M. de Thrawnac, suant à grosse gouttes en ces premières heures de juin et de la république.
« Ah ! Le Grand Homme ! M. Hugo, cher ami ! Quelles heures vivons-nous, quelle exaltation ! »
Je n’avais côtoyé que peu de fois celui dont la bonne forme révélait que la carrière de député sous Louis-Philippe n’avait pas été qu’un sacerdoce.
Je le saluai, poliment.
M. de Thrawnac reprit « Ah, quelle belle chose ! Les républicains de cœur, tels que nous, vivent des heures extraordinaire ! Qui aurait cru notre rêve si atteignable ? »
L’ex-député du centre droit dynastique, me prit le bras et la main.
« Vous sortez de chez M. de Lamartine ? Portez-lui je vous prie mes compliments républicains les plus sincères ! Je suis au service de la République modérée, je l’ai toujours été, cher ami. Si le gouvernement provisoire a besoin de mes services, je suis prêt à me sacrifier »
J’acquiesçais, courbé sous le poids de tant de bonne foi républicaine. M. de Thrawnac termina en me priant de convier Lamartine à l’Auberge des Trois faisans où il se ferait un plaisir et un devoir de l’inviter.
Mon solliciteur daigna enfin s’éloigner. En quittant la place de l’Hôtel de Ville, me retournant, j’aperçus M. l’ex-député héler Ledru-Rollin en protestant de son radicalisme.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. juin 06, 2019 10:26 am
par GA_Thrawn
Je devrais bien m'entendre avec cette girouette de Hugo
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. nov. 15, 2019 6:32 pm
par Emp_Palpatine
Les Ateliers Nationaux et les 45 centimes : le gouvernement provisoire à l'épreuve.
I. Les tâtonnements des premières décrets. Républicains de la veille et républicains du lendemain. L'effervescence de 1848 et l'illusion lyrique. II. Le gouvernement concède la Commission du Luxembourg aux éléments les plus avancés. La création des Ateliers Nationaux. Situation budgétaire du pays. L'impôt des 45 centimes. Mécontentement de la majorité du pays. Le retour inopiné de Louis-Napoléon Bonaparte est une nouvelle source d'inquiétude pour le gouvernement. III. Froideur des relations extérieures. Grave revers diplomatique en Espagne. La nouvelle de l'insurrection hongroise arrive à Paris.
I
Alors que la confusion régnait dans le pays, les premières semaines du gouvernement provisoire apparaissent à l'observateur comme un curieux mélange d'indécision, de fermeté, de conviction, d'illusion et d'hébétude. Peut-être convient-il de rappeler au lecteur que les hommes qui le composaient, au commencement du printemps, ne s'imaginaient pas qu'ils présideraient au destinées de la France alors que juin commençait. A leur décharge, figurons-nous aussi le tumulte et l'agitation dans lesquels ils prirent leurs décisions. Leur avenir n'était pas certain, y compris leur propre survie à court terme. Au rang des décisions fondamentales vient sans hésiter la convocation de l'Assemblée constituante et le décret confirmant le suffrage universel. De chaudes heures de débats avait présidé à ces décisions : les radicaux et les "républicains de la veille" souhaitaient une élection tardive voire, Paris ayant parlé et sa voix étant assimilée à celle du peuple tout entier, pas d'élection du tout; les éléments les plus modérés et les conservateurs voulaient quant à eux une élection rapide afin de contourner les clubs et de profiter de l'effroi du pays. Pour rassurer l'opinion, des décrets étaient publiés quotidiennement. Après une semaine de confusion, les couleurs nationales reprirent leur ordre habituel. Le gouvernement provisoire abolit également la peine capitale en matières politique et les châtiments corporels en matière pénal : il convenait d'éloigner le spectre de la Terreur et de la Première république. D'autres textes ouvrirent les rangs de la Garde Nationale à tous les citoyens, à la fureur des gardes nationaux voyant être injecté dans leurs unités de nombreux nouveaux venus, fréquemment conservateurs, toujours modestes.
L'absence de mesure de grande ampleur une fois le suffrage universel décrété et l'élection convoquée venait de l'état de la France et de celui de sa classe dirigeante. Le gouvernement provisoire avait trouvé, en définitive, un régime relativement libéral concernant les libertés publiques et manquait de mesures fortes à prendre. Plus encore, son personnel n'y était pas toujours très porté. On connaît les oppositions entre républicains "de la veille", républicains "du lendemain" et radicaux qui rendaient les sessions du gouvernement parfois orageuses. Cet état de fait se répétait jusqu'à la moindre sous-préfecture. Contrairement à 1830, on ne tente pas de poursuivre le personnel de la Monarchie de Juillet. Le souvenir du fiasco du procès des ministres de Charles X était alors encore cuisant. Plus significatif encore, dans les corps constitués ne sont chassés que les fonctionnaires les plus compromis avec le régime déchu : les républicains ne sont tout simplement pas en nombre suffisant pour remplacer chaque juge, chaque procureur, chaque préfet, chaque maire. Ceux qui sont présents localement sont parfois surpris, souvent agacé, du ralliement fort opportuniste de leurs anciens adversaires dynastiques voire même légitimistes à la république. La République manquait déjà cruellement de républicains.
Les trois jours de Mai avaient cependant eut des conséquences importantes. Dans les villes et particulièrement à Paris, les clubs se multipliaient, à l'image des premières années de la Grande Révolution. Quelques semaines après les événements, 250 sont dénombrés rien que dans les murs de la capitale. Avec ces clubs se répandaient les feuilles de presse. Chacun avait la sienne et chaque grand nom se devait d'ouvrir son journal. Partout dans la presse et dans le discours public régnait un unanimisme républicain de façade. Pour les modérés, la république venait clore l'histoire politique française. La révolution était faite et l'ordre pouvait être rétabli dans un cadre modéré, fraternel et soumis à l'élection. Les radicaux ne l'entendaient bien sûr pas ainsi et poussaient à la réforme sociale. Ces pressions radicales, particulièrement sensibles à Paris, renforçait le besoin chez les modérés de l'illusion lyrique de 1848. Comme 60 ans auparavant, on planta des arbres de la Liberté, on se félicita de la nouvelle ère de fraternité et de bien commun qui commençait, on se convainquait d'être enfin arrivé à bon port.
Plantage et bénédiction d'un arbre de la Liberté en 1848.
Mais tous n'étaient pas dupes, en particulier les radicaux. Malgré l'illusion lyrique et les grands discours, chaque camp attendait les élections et menait campagne de manière agressive pour s'assurer la victoire la plus large et remodeler le pays à son image. Le sort de la jeune république se jouerait le 28 septembre.
Caricature de Lamartine jouant de la lyre alors que derrière approchent les radicaux.
II
Après tant de gestes de modération, l'agacement des radicaux était patent, aussi bien dans la rue qu'au sein même du gouvernement. Le temps des concessions était venu si le gouvernement provisoire voulait éviter la fracture avec ses membres les plus radicaux et une épreuve de force incertaine dans les rues. Quelques jours après l'abdication de Louis-Philippe fut donc instituée la Commission du Luxembourg. C'est tout naturellement à Louis Blanc que fut confiée la Commission du gouvernement pour les Travailleurs qui l'installa au Palais du Luxembourg. Son programme était clair : « étudier toutes les questions relatives au travail et en préparer la solution dans un projet qui sera soumis à l’Assemblée nationale, et provisoirement d’entendre les demandes les plus urgentes des travailleurs et de faire droit à celles qui seront reconnues justes ».
Pour tout une partie des Quarante-Huitards, la question sociale devait également être résolue par le nouveau pouvoir qui devait prendre à bras le corps le problème du chômage, du paupérisme, de la solidarité. La commission proposa une série de mesures qui devait être votée par la future Assemblée Nationale, notamment une réduction des heures travaillées. Parmi toutes les mesures proposées par la Commission du Luxembourg, une fut retenue rapidement par le Gouvernement provisoire : les Ateliers Nationaux. Dans ce cadre, les chômeurs parisiens (dans un premier temps, selon les plus avancés le dispositif pouvait s'appliquer à tout le pays) seraient embrigadés dans ces ateliers d'état pour des travaux d'utilité générale.
Un salaire minimum y était garanti, même en cas de désœuvrement, tout comme une limitation des heures de travail. La Commission ne pouvait pas proposer moins sans se renier. Le Gouvernement ne pouvait pas espérer concéder aux radicaux une réforme du travail si elle n'était pas aussi emblématique. Le décret du 13 juin instaura donc les Ateliers Nationaux et, du moins en théorie, un salaire minimum et le subventionnement des chômeurs sans autre condition que l'embrigadement théorique dans les ateliers.
Les radicaux venaient d'obtenir la législation la plus avancée du monde sur la question du travail et une arme fantastique d'embrigadement des éléments les plus malheureux des classes laborieuses; le gouvernement provisoire venait de s'assurer la survie à moyen terme.
Les réformes du gouvernement provisoire.
Un programme si ambitieux demandait des financements monumentaux. Les fonds du trésor national fondaient comme neige au soleil depuis le début de l'année, du fait de la crise économique qui frappait le pays. La révolution de Mai avait bien sûr aggravé la situation et les dépenses liées aux Ateliers Nationaux menaçaient d'être la goutte dos qui mènerait le pays à la banqueroute. A peine le danger radical apparaissait-il momentanément sous contrôle qu'un autre ennemi, un autre rappel de la Grande Révolution, se dressait contre les efforts du Gouvernement provisoire.
La situation budgétaire demandait une réaction énergique et, dans ces situations, il n'y a rarement de bonnes solutions. Alors que les risques de guerre étrangère n'étaient pas encore éloignés et que le recours aux armes pour rétablir l'ordre restait une option, le gouvernement provisoire ne pouvait se permettre de diminuer les dépenses militaires. Les dépenses de fonctionnement de l'Etat, alors que toute l'administration était en plein bouleversement, ne pouvait pas plus être diminuées.
Il ne restait que la possibilité de revenir sur la générosité fiscale de la Monarchie de Juillet. Dans un mouvement d'une ironie historique certaine considérant la propagande républicaine sur la fiscalité des monarchies successives, le gouvernement provisoire de la république se décida à lever des contributions supplémentaires. La plus emblématique fut l'impôt des 45 centimes. Les quatre contributions directes ainsi que les accises sur les alcools et tabacs furent augmentées de 45% : pour un franc versé en 1847 le contribuable devait cette fois verser 1,4 francs.
L'effet sur l'opinion non radicale et non urbaine fut dramatique et catastrophique. Les craintes sur les partageux et le contrôle du gouvernement provisoire par les éléments les plus radicaux semblaient se confirmer chez une population déjà choquée par la chute du régime précédent et le chaos politique ambiant. Le pays, furieux, découvrait ses impôts augmentés, dans une proportion suffocante pour la plupart des Français. Aucun lyrisme ne pouvait survivre à un tel sentiment d'injustice.
Pendant ce temps, un personnage ayant déjà fait plusieurs apparitions dans notre recensions arrivait en France. Louis-Napoléon Bonaparte avait prévu de repartir aux Amériques en cette année 1848 quand il fut surpris à Londres, en plein préparatifs de départ, par la nouvelle de la révolution et de la chute de la Monarchie de Juillet. Le Prince prétendant au trône impérial continua ses préparatifs et partit dans l'urgence mais cette fois-ci pour Paris.
(C'est l'événement de Para pour son retour, pas pour l'élection, mais ils ont mis le même texte pour les deux )
Théoriquement toujours banni par les lois votées à la Restauration et confirmées sous la Monarchie de Juillet, le prince se fit remarquer à Paris un mois après les événements de Mai. Il reçu un accueil curieux et poli de la société parisienne; un accueil beaucoup plus chaleureux des classes laborieuses et paysannes qui le décida de présenter sa candidature à l'Assemblée Nationale Constituante. Pris entre sa gauche radicale et les aspirations profondes du pays, les membres les plus clairvoyants du gouvernement provisoire se trouvèrent ainsi un nouvel objet d’inquiétude supplémentaire.
III
A l'extérieur, malgré les prévenances et le verbe de Lamartine auprès des ambassadeurs, les relations demeuraient froides voire hostiles. Le système construit avec patience sous Louis-Philippe s'était presque entièrement effondré avec la chute de la Monarchie. L'accroissement des troubles révolutionnaires, inspirés par les événements de France, n'incitaient pas plus les cours Européennes à l'amitié envers nous.
Le plus gros des revers dans ce domaine fut bien sûr l'affaire d'Espagne : depuis Louis XIV, une constante de la politique étrangère française était d'assurer la sécurité de sa frontière méridionale en garantissant l'amitié ou du moins la neutralité de l'Espagne. Alors que Lamartine poursuivait l'ambassadeur ibérique de ses charmes, ce dernier se faisait de plus en plus froid et évasif. La cour de Madrid n'avait pas encore pris ses dispositions par rapport aux événements de France et au nouveau gouvernement. Tributaire du soutien de Louis-Philippe pendant les guerres carlistes, marié à un prince français, la Reine Isabelle était aussi courtisée avec ardeur par la diplomatie Britannique qui voyait dans le vide diplomatique une occasion inespérée d'affaiblir la position française sur le continent.
Après quelques semaines de cette comédie, l'ambassadeur espagnol fut reçu par Lamartine et confirma froidement que l'alliance avait été conclue avec le gouvernement précédent et qu'elle avait donc cessé d'exister, que le gouvernement espagnol se refusait à s'engager sur un rétablissement de ce traité.
Le lendemain arriva la nouvelle de la signature entre le Royaume-Uni et l'Espagne d'un traité d'alliance. L'événement fit scandale dans le pays : l'isolement du gouvernement provisoire apparaissait aux yeux du monde tout comme le désastre diplomatique qu'était la révolution. La signature d'une contre-alliance avec le Portugal, jaloux de se prévenir des puissances Espagnole et Britannique et la confirmation de l'alliance avec le Hanovre (méfiant envers la Prusse) n'étaient que de maigres consolations.
Mi-Juillet, alors que la France se débattait dans la campagne électorale, une autre nouvelle vint bouleverser le fragile équilibre politique du pays et des relations européennes : la Hongrie s'était soulevée contre les Habsbourg.
La révolution de Mai venait d'essaimer en dehors des frontières nationales.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. nov. 15, 2019 6:41 pm
par griffon
Chaudard , réunion ce soir au club proto socialiste !
Thème de la réunion ? Liberté des peuples !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. nov. 16, 2019 12:12 pm
par Chef Chaudard
C'est parti comme en l'an II !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. nov. 16, 2019 12:31 pm
par stratcom
On a failli attendre.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. nov. 16, 2019 1:03 pm
par jmlo
Les images du site ibb ne s'affiche pas chez moi
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 17, 2019 3:28 pm
par Emp_Palpatine
Hmmm...
Quelqu'un d'autre à ce problème?
Et si tu rafraîchis? Et les autres pages plus anciennes?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 17, 2019 3:35 pm
par Dolfo
Pas de problème avec les images.
En revanche, l'admirable prose du rédacteur gagnerait à être présentée avec une taille de police plus importante
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 17, 2019 3:36 pm
par Emp_Palpatine
Ce sont les réglages de base du forum. Je ferai des essais dans les futurs posts.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. nov. 17, 2019 3:46 pm
par jmlo
Emp_Palpatine a écrit : ↑dim. nov. 17, 2019 3:28 pm
Et si tu rafraîchis? Et les autres pages plus anciennes?
Aujourd'hui ça fonctionne même si j'ai l'impression d'avoir un modem 22,5K
Sinon je plussoie pour la qualité de la prose
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. nov. 20, 2019 2:56 pm
par Boudi
jmlo a écrit : ↑dim. nov. 17, 2019 3:46 pm
Aujourd'hui ça fonctionne même si j'ai l'impression d'avoir un modem 22,5K
Pareil.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. nov. 20, 2019 5:57 pm
par Emp_Palpatine
J'ai testé ce week-end en chargant avec mon téléphone et j'ai vu que c'était irrégulier, effectivement.
Mais irrégulier ça veut dire que dès fois, ça marche.
En toute franchise, j'ai un peu la flemme de refaire un nième compte d'image chez un nième fournisseur.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. nov. 20, 2019 7:38 pm
par griffon
Sur l'ordinateur ici pas de soucis , je n'ai pas essayé sur téléphone .....
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. déc. 29, 2019 7:52 pm
par Emp_Palpatine
La tourmente de 1848 et son impact en France.
I. Situation en Allemagne. Le mouvement national paralyse les cours. L'assemblée de Francfort. La contestation Rhénane excite l'opinion radicale. II. Affaiblissement de l'Empire d'Autriche. Revendications hongroises. Le soulèvement de juillet 1848. La nouvelle se répand dans le royaume Lombard-Vénitien. Soulèvement de Venise et action de Daniel Manin. Proclamation de la République. Les 5 jours de Milan. Les Autrichiens chassés de Milan. Intervention Sarde au nom de l'idée italienne. Anarchie en Toscane. III. Complications diplomatiques pour le gouvernement provisoire. Le risque de guerre en Allemagne. Le risque de guerre en Italie. La position française dans les Alpes menacées. Pression radicale sur le gouvernement provisoire. Appels à l'intervention. Crise du gouvernement provisoire. Habileté de Lamartine à l'approche de l'élection. I.
La révolution, maladie du corps social, est contagieuse comme tant d'autres afflictions. La France n'avait pas été la première touchée, nous y reviendrons. Une fois la fièvre montée à Paris, c'est la Confédération Germanique qui vit la tempête arriver. La nouvelle de la révolution parisienne fut l'étincelle qui excita les feux qui couvaient derrière la crise économique et la frustration politique. Dans les capitales des cours allemandes, le scénario parisien se reproduisit avec plus ou moins de bonheur : les libéraux et leur ombre sinistre, les radicaux, manifestèrent plus ou moins bruyamment, plus ou moins violemment leurs volontés : une constitution dans leur État, une constitution pour l'Allemagne.
En l'espace d'un mois, la « révolution de Juin » avait fait son office : tous les États qui n'en disposaient pas encore avaient octroyé une constitution.
Réunion et harangue politique, ici à Berlin mais une scène commune dans la Confédération Germanique de 1848.
Les esprits avancés ne s’arrêtèrent pas là : l'idée nationale, malgré les préventions princières et locales, progressait dans l'opinion grâce à une propagande habile, à l'illusion lyrique propre aux grands idéaux et, tout simplement, grâce à l'esprit du temps. Dans toute l'Allemagne, les partisans des idées nouvelles annoncèrent donc la convocation d'une assemblée allemande qui serait élue au suffrage universel. Les futurs députés allemands devraient se réunir à Francfort et donner à l'empire une constitution libérale.
C'était cependant sans compter aussi bien les divisions qui paralysaient l'Allemagne que les réticences des cours Allemandes qui firent de leur mieux, et avec talent, pour émasculer le parlement avant même sa convocation. Outre-Rhin bouillonnaient cependant des concepts dangereux pour la France mais, chez nous, l'opinion libérale n'avait d'yeux que pour les généreuses idées irriguant l'Allemagne et la nouvelle de soulèvements anti-prussiens en Rhénanie.
Si à Berlin les Hohenzollern avaient dû céder aux habituelles revendications libérales en accordant une constitution, la contestation dans leurs provinces les plus récentes était autrement plus radicale : en Rhénanie, c'étaient des slogans anti-prussiens qui étaient scandés par les émeutes. On y réclamait au mieux pour la Prusse un Reich Allemand libéral et l'autonomie Rhénane, au pire pour les plus audacieux, la séparation pure et simple des provinces acquises en 1814 du domaine prussien. A Paris, ce genre de nouvelles, dûment amplifiées par les rêves français de révision des Traités, excitaient l'opinion et particulièrement les radicaux.
C'était là le premier casus-belli qu'ils agitaient sous le nez Gouvernement Provisoire : la Confédération Germanique est impuissante, l'Autriche occupée, la Rhénanie supplie sous le joug Prussien, l'honneur et le devoir de la République naissante étaient dans les pas des glorieux ancêtres de 1793.
II.
Lamartine, doté du portefeuille des Affaires étrangères, fut ainsi de plus en plus occupé à calmer les ardeurs belliqueuses de la capitale d'un côté, rassurer les ministres étrangers de l'autre. Dans la fournaise martiale des opinions radicales, les événements s'acharner à jeter encore plus de charbon : l'Empire d'Autriche, principal gardien des Traités, était lui-même perclus de troubles et ne donnait guère l'impression de pouvoir. Vienne, avant même la révolution parisienne, avait connu plusieurs jours de troubles s'étant achevés par l'écrasement de l'émeute. Ce signal de faiblesse ne fut pas manqué par les adversaires de l'Empire. Budapest bouillonnait depuis les émeutes et le début de la vague révolutionnaire sur le continent. L'assemblée et le gouvernement locaux, aux mains des libéraux et des radicaux, assaillaient Vienne de leurs revendications sur le contrôle des troupes, les lois, les symboles. Leurs demandes, fussent-elles acceptées, eussent signifié la fin de l'union de la Hongrie à l'Empire sous la forme qu'elle avait alors. C'était bien sûr inacceptable à Vienne.
C'est, comme il est de coutume dans ce genre d'affaire, une maladroite concession impériale qui mit le feu aux poudres. La Hongrie s'était donné de généreuses lois, acceptées à contre-coeur par l'Empereur Ferdinand (en sa qualité de Ferdinand V, roi de Hongrie), qui l'orientait vers une quasi-indépendance sous le régime de l'union personnelle. Le même Ferdinand accorda une Constitution début Juillet. La « Constitution de Juillet », si elle accordait aux libéraux des concessions notables, ne reconnaissait pas les changements intervenus en Hongrie et affirmait l'unité Impériale. Ce fut trop pour le gouvernement Hongrois qui, sous l'impulsion du radical Kossuth, mit fin à l'union avec Vienne puis, quelques jours plus tard, proclama la déchéance des Habsbourg. Le Royaume de Hongrie, prétendument indépendant, allait devoir lutter pour arracher sa liberté.
La nouvelle des troubles en Hongrie se répandit à la vitesse de l'éclair dans le reste de l'Empire et infusa dangereusement là où la contestation menaçait déjà d'atteindre un point de non-retour. Les troubles du gouvernement central, l'indiscipline ou le retrait de troupes envoyées vers la Hongrie n'échappèrent pas aux militants du Royaume Lombard-Vénitien. Les esprits s'échauffèrent vite, d'autant plus qu'aucune mauvaise nouvelle n'arrivait d'Autriche. La faiblesse apparente de l'Empire enhardissait les Italiens. Le 4 août, à Venise, l'émeute se déversa sur la ville. Les autorités autrichiennes disparurent dans le chaos tandis que la foule, maîtresse de la ville, s'empara de l'Arsenal et libéra les patriotes emprisonnés préventivement par les autorités impériales, au premier rang desquels Daniel Manin.
Manin, libéré par la foule et porté en triomphe.
Après avoir été portés en triomphe, les chefs libérés proclamèrent l'indépendance de la « République de Saint Marc » tout en se drapant dans les couleurs italiennes. Sur la Terre Ferme, l'autorité autrichienne disparut dans la panique. La république Vénitienne avait le contrôle théorique d'une Vénétie vide de troupes autrichiennes.
Proclamation de la République de Saint Marc.
Le tricolore adapté par les Vénitiens.
Presque concurremment se soulevait Milan, capitale du Royaume Lombardo-Vénitien. Depuis plusieurs semaines, déjà, la population boycottait le tabac, privant les autorités d'une de leurs principales sources de taxation. A travers le comportement d'une violence grandissante de la soldatesque autrichienne (principalement des unités slaves), l'exaspération du gouverneur était perceptible. Le 1er Août, l'agitation dégénéra en bataille rangée. Contrairement à Venise où l'autorité autrichienne disparut dans la tourmente, elle combattit en Lombardie.
De terribles combats urbains eurent lieu pendant cinq jours jusqu'à ce que le vieux maréchal Radetsky ordonne la retraite tout en jurant qu'il serait bien assez tôt de retour. Maître de la ville, les patriotes italiens proclamèrent, 24 heures après leurs homologues vénitiens, leur liberté.
Les patriotes maîtres de Milan.
Le tricolore brandi à Milan.
A Turin, les nouvelles en provenance de Vénétie et de Lombardie excitaient aussi bien les esprits radicaux que les appétits des calmes élites piémontaises. Le Statut accordé par Charles Albert satisfaisait les libéraux et les élites du Piémont : les concessions y étaient réelles mais suffisamment légères pour maintenir le poids de la dynastie et des décideurs Piémontais. Les soulèvements dans le Royaume Lombard-Vénitien offraient aux libéraux les plus avancés tout comme aux radicaux un nouvel argument, celui de la liberté italienne. C'était également pour la cour de Turin une tentation : ces révoltés ne pourraient tenir seuls. Et s'ils arrivaient par miracle, comprenons ici une intervention des puissances, à arracher leur indépendance, ils seraient à la merci d'une vengeance Autrichienne ultérieure. A Milan, on faisait le même calcul : Radetsky reviendrait et écraserait la Lombardie. A la fureur des patriotes radicaux de Mazzini, les nouvelles autorités milanaises se rallièrent à la solution de l'appel au Piemont-Sardaigne. Un rapide plébiscite fut organisé dans les zones tenues par l'insurrection, le résultat fut sans appel : partout la solution de l'union au Piemont-Sardaigne l'emporta. Début septembre, trois semaines après la victoire de l'insurrection, une délégation milanaise franchit le Tessin et alla porter au gouvernement de Charles Albert la pétition demandant l'annexion.
Le document demandant l'intervention du Piémont et la réunion de la Lombardie.
A Turin, l'enthousiasme et l'exaltation patriotique étaient à leur paroxysme. Si Charles-Albert n'avait pas pris la décision que l'on connaît, sans doute eût-il été emporté par un coup d’État de ses officiers ou par un soulèvement de sa capitale. Il n'est pas plus à douter qu'il n'ait pas vu dans les événements un moyen d'agrandir les États de Savoie. Le Roi de Piémont-Sardaigne reçut donc la délégation milanaise et annonça que son Royaume ne saurait rester sourd à cet appel à l'aide. Des ordonnances royales donnèrent simultanément au royaume comme nouveau pavillon le tricolore italien tandis que l'armée se mettait en route vers Milan. Charles-Albert avait choisi la nation italienne et la guerre contre l'Autriche.
Les nouvelles armoiries Sardes. Charles-Albert endosse la nation italienne.
Pour ajouter au malheur de cette dernière, l'anarchie s'était répandue en Toscane où l'autorité du Grand Duc Léopold II, un Habsbourg lui aussi, était menacée par l'insurrection. L'Autriche devait donc se battre sur trois fronts et cela n'était pas pour arranger les affaires du gouvernement provisoire français.
Caricature italienne d'époque.
(partie III. à suivre )
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. déc. 29, 2019 8:05 pm
par griffon
Une des plus belles périodes de l'histoire en Europe !
L'émancipation est en marche !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. déc. 29, 2019 8:17 pm
par Chef Chaudard
Et les républiques fleurissent
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 30, 2019 11:51 am
par Emp_Palpatine
Techniquement, il n'y a que Venise et la France.
(Dans cette alternative, Rome ne s'est pas soulevée. Le hasard des événements...)
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 30, 2019 12:58 pm
par Emp_Palpatine
III.
Tous ces bouleversement compliquaient considérablement la tâche du Gouvernement Provisoire. Depuis 1815 et l'humiliation des traités, les affaires extérieures étaient des affaires intérieures, surtout quand les idéaux généreux ou démocratiques sous-tendaient les événements. L'opinion était à l'affut de la moindre humiliation, réelle ou perçue, du moindre irrespect fait à notre position internationale. Alors que fleurissaient les insurrections en Allemagne et surtout en Italie, où l'influence française s'était développée sous Louis-Philippe, le Gouvernement Provisoire fut pris entre deux feux : les cris patriotiques et radicaux en faveur de l'intervention d'un côté ; les nécessités liées tant au maintien de l'ordre dans le pays qu'au maintien de notre position en Europe de l'autre.
Eviter la guerre générale et la reconstitution de la Coalition contre la France était la priorité de Lamartine depuis les journées de Mai. Il fut aidé en cela par la Providence qui répandit sur tous les continent les braises de l'insurrection mais les risques de guerre étaient nombreux. En Allemagne, le Roi du Danemark, s'était lancé dans une campagne de soumission de ses possessions du Schleswig-Holstein, à la grande fureur des patriotes allemands et de l'embryon d'assemblée de Francfort. Refusant la future séparation des Duchés allemands et du Royaume pour des questions de succession, Frederic VII promulga une nouvelle constitution qui prévoyait l'application de la loi successorale danoise aux deux Duchés membre de la Confédération germanique. Ces deux derniers se soulevèrent évidement, entraînant l'opération militaire danoise.
Ferdinand VII, le caractériel roi du Danemark.
Depuis le renversement de Louis-Philippe, le gouvernement de Copenhague n'avait pas encore dénié confirmer les liens d'alliance qui existaient entre les deux pays. Pour Lamartine, c'était un soulagement ! La France républicaine ne serait ainsi pas entraînée dans une guerre aux motifs on ne pouvait plus dynastiques, guerre où son intervention eût enflammée la nation allemande. En l'état, c'était surtout l'impuissance de l'Assemblée de Francfort à venir au secours des Allemands des Duchés qui frappa l'opinion germanique : le Schleswig et le Holstein étaient seuls. L'inanité du gouvernement de Francfort éclatait au grand jour : le soi-disant parlement allemand était incapable de lever des forces ou même de faire intervenir les puissances germaniques qui auraient pu le faire. La Prusse, puisque c'est d'elle qu'il s'agissait, ne désirait effectivement pas plus que nous déclencher une guerre européenne : il était évident que la France interviendrait si l'affaire des Duchés s'internationalisait et qu'une guerre générale éclaterait avec la Confédération Germanique.
Les frontières sud de notre pays n'étaient pas plus apaisées : la guerre qui commençait en Italie du Nord menaçait de nous entraîner dans un conflit avec l'Autriche, celui-là plus conforme à l'idéologie du Gouvernement Provisoire. Le Royaume de Piémont-Sardaigne était un allié fidèle et solide de la France. Sous Louis-Philippe, de nombreux traités et échanges avaient liés les deux cours, confirmés après les Journées de Mai. L'annonce de la guerre entre le Piémont et l'Autriche avait jeté la consternation parmi les modérés du Gouvernement Provisoire : la France allait-elle y être entraînée par la force de ses signatures ? Les câbles de notre ministre de Turin permit à la France de s'extirper de ce bourbier : le diplomate français confirmait à Paris ne pas avoir été consulté et que le gouvernement de Charles-Albert avait d'ailleurs émis le souhait discret de régler cette question nationale par les seules forces italiennes.
Il restait cependant évident que la France ne pourrait rester silencieuse et neutre si le Piémont, et donc la position française sur les Alpes, venait à être menacé dans son existence. La guerre venait à peine de commencer mais son déroulement et son dénouement conditionneraient la paix ou la guerre dans les mois à venir.
Rien de tout cela n'échappait aux radicaux Parisiens qui trouvaient dans ces « insurrections des peuples » de nouvelles causes à défendre, de nouvelles exigences à poser. La révolution politique étant en attente des élections à la constituante, l'opinion radicale espérait entretenir la machine révolutionnaire en menant le pays à la guerre révolutionnaire. Chaque jour, feuilles radicales, manifestations, pétitions et autres sièges du Gouvernement Provisoire réclamaient la guerre, qui pour la Hongrie, qui pour l'Italie, qui pour le Rhin, qui pour les Polonais (qui n'en demandaient pas tant). A cette époque d'orgueil national vexé, cette propagande ne laissait pas insensible les esprits plus sages : n'y avait-il pas là, après-tout, l'occasion de déchirer les Traités et de rendre au pays sa place en Europe ? Ne fallait-il pas profiter de l'affaiblissement des grandes puissances continentales ?
Ce débat traversait jusqu'au Gouvernement Provisoire. Le coup de grâce fut la visite, fort inopportune pour les modérés, d'une délégation vénitienne à Paris. Accueillie avec enthousiasme par les radicaux, c'est avec embarras que le Gouvernement louvoya pour éviter la rencontre directe. Les envoyés de Manin venaient demander la guerre à la France, l'intervention au nom des Peuples contre l'Autriche. Comment un tel langage eût-il pu laisser indifférents les radicaux ? Au sein même du Cabinet, l'intervention gagnait en partisans et une partie notable des membres menaçait de démissionner si la République Française n'assumait pas ses responsabilités politiques, diplomatiques et historiques.
Lamartine, nous l'avons écrit, avait fait du maintien de la paix la priorité de son ministère. La crainte tant de la fuite en avant révolutionnaire que de la renaissance de la Grande Coalition menait son action. En cette fin d'été 1848, les forces belligènes étaient cependant au plus haut. C'est toute l'habileté dont Lamartine pouvait faire preuve qui maintint ces forces dans les limites de la paix : Lamartine multipliait les cajoleries aux ambassadeurs et aux radicaux. La France commença ainsi à financer les ennemis de l'Autriche par des moyens détournés, discrètement mais assez peu pour que le bruit s'en répande dans les feuilles radicales à l'opinion et donne l'illusion de la solidarité républicaine. Après tout, l'intérêt national était aussi que l'Autriche fût occupée pendant que la France réglait ses affaires intérieures.
La Hongrie bénéficie aussi de la générosité française.
Enfin, à l'opinion Lamartine répétait un nouveau mantra : il n'appartenait pas au Gouvernement Provisoire de lancer le pays à l'aventure. C'était un gouvernement issu de la volonté populaire, de toute la nation, qui pouvait prendre de telles décisions et mobiliser les forces de la Nation. Lamartine gagnait du temps. Lamartine était aussi lucide.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 30, 2019 2:09 pm
par griffon
Chaudard !
Levons nos verres à la République universelle et sociale !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. déc. 30, 2019 2:35 pm
par Chef Chaudard
Une bonne bouteille de sang du peuple pour fêter cela !
Les ignominieux traités de 1815 seront bientôt caducs !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. janv. 05, 2020 7:33 pm
par Emp_Palpatine
Les élections constituantes du 28 septembre 1848
Enfin, septembre 1848 avançait et l'heure de l'élection approchait. Les dernières discussions qui agitèrent l'opinion illustraient l'inquiétude du pays. Le respect de la religion, l'ordre et les armes de la France étaient en ce mois fatidique au cœur des discussions dans les réunions publiques, les cabarets, les cafés.
L'église reste au centre du village. Dans la France de la constituante, ça coule de source. Le lecteur se souviendra des événements de Paris et du respect de la religion qui y prévalut
A travers les journaux, les colporteurs et, tout simplement, la rumeur publique, le pays assistait au chaos parisien et s'inquiétait d'une répétition du chaos de la Grande Révolution.
Nulle surprise que le droit de réunion lui-même eût été un sujet d'alarme quand il rendait ombrageux jusqu'à la majorité du gouvernement provisoire.
Enfin, alors qu'en Italie et ailleurs les soulèvements secouaient l'Europe et que l'horizon international de la France se couvraient de nuages porteurs de guerre, l'opinion s'alarmait de l'état des armes du pays, que la guerre soit désirée, comme c'était le cas chez les radicaux, ou crainte, comme chez les conservateurs. Il n'y a que chez les modérés que l'on appelait à poursuivre une politique militaire et étrangère prudente, telle que pratiquée sous la Monarchie de Juillet.
Souvent, dans un pays où régnait la discussion politique, de vieux vétérans, parfois des guerres impériales elles-mêmes, intervenaient dans le débat.
Quelques jours avant le jour de l'élection, on célébra à Paris la « Fête de la Fraternité ». L'armée, éloignée des murs de la capitale depuis les journées de Mai, faisait son retour en ville et, malgré la pluie, était fêtée par la population et les légions de la Garde Nationale. Le Gouvernement Provisoire, au grand complet, se rendit à l'Arc de Triomphe où avait été dressé une estrade. A droite étaient assis les blessés et décorés de Mai 1848, les décorés de 1830 ; à gauche l'état-major général, les députations des différents corps de l'Etat, des dames en grand nombre portant des bouquets.
Le vénérable Dupont de l'Eure remis des drapeaux, aux Légions, à l'armée, à la garde civique qui remplaçait la garde municipale. Après cette distribution, le défilé commença. Des masses innombrables assistaient au splendide spectacle. Après quelques heures, ça n'était plus une revue de l'armée et de la Garde Nationale, mais une revue de la population toute entière alors que le soleil, perçant les nuages, venait illuminer la scène. Le soir, au milieu de la même affluence, les troupes et la foule parcouraient toujours les boulevards splendidement illuminés.
La « Fête de la Fraternité »
Ce fut donc une fête superbe, où l'on prononça beaucoup le mot de fraternité, mais qui ne réconcilia personne. Une fête de la concorde qui n'eut guère de lendemain, tout comme celles de 1790 et 1791.
Gravure d'époque.
L'enthousiasme retombé et, pire, le verdict des urnes tombé, les divisions et rivalités reparurent ; les ambitions se remirent à travailler tandis que les utopies menaçantes se redressèrent.
La majorité du Gouvernement Provisoire avait hâte de convoquer, enfin, l'Assemblée Constituante. Ceux qui n'avaient ni désiré ni prévu la révolution de Mai attendaient de l'Assemblée un retour à la légalité. Les clubs et les radicaux, au contraire, avaient fait tous leurs efforts pour en retarder la convocation dans l'espoir, à l'image de leurs aïeux, de réaliser avant sa venue leurs projets. Nous l'avons vu, le Gouvernement Provisoire tint bon et évita les embûches qui lui étaient tendues.
On avait adopté le grand principe du suffrage universel. Le vote devait être direct, au scrutin de liste , avec somme toute assez peu de changement par rapport aux lois électorales de la fin de la Monarchie de Juillet. La seule condition à l'exercice du droit électoral était une résidence de six mois.
Lithographie, sarcastique, sur l'élection de la Constituante.
Les membres modérés du Gouvernement Provisoire n'entendaient exercer aucune pression sur les citoyens et voulaient que la France formulât enfin, réellement, son opinion. D'autres, dont Ledru-Rollin, envoyaient à leurs agents des instructions visant à ce que les élections n'envoyassent que des « hommes du lendemain ». Il insista sur ce point dans une circulaire : « vous demandez quels sont vos pouvoirs ? Ils sont illimités ! Agents d'une autorité révolutionnaire, vous êtes révolutionnaires aussi. ! » Ca n'était pas là une imprudence qui avait échappé au ministre, c'était bien sa pensée. Un ancien député de la gauche, sous Louis-Philippe, eut avec Ledru-Rollin une curieuse conversation. Alors que l'ex-député blâmait la fameuse circulaire et l'apparentait au règne de la Terreur « moins la guillotine », Ledru-Rollin lui répondit : « Précisément, c'est ce que je me propose d'établir. Je veux une république avec le peuple pur. Pour les élections, je ne les considérerait jamais avant que le pays fût préparé pour le coup. Croyez-vous que j'ignore que le pays n'est pas républicain ? Il faut le rendre tel. »
Nous verrons comment le pays répondit à de telles tentatives.
Le 28, enfin, commença l'élection. C'était la première manifestation véritable du suffrage universel, dans la mesure où la Convention Nationale de 1792 ne fut élue que par 10% du corps électoral, que la Constitution de l'an I ne fut pas appliquée, que celle de l'an III rétablit le suffrage censitaire et que celle de l'an VIII n'octroyait le suffrage direct que les consultations plébiscitaires. La participation fut donc massive. Le clergé, pour faciliter l'exercice du devoir citoyen, avait avancé ou le plus souvent retardé l'heure des offices. Tocqueville a laissé des lignes célèbres et mémorables sur ce jour particulier :
"Nous devions aller voter ensemble au bourg de Saint-Pierre, éloigné d'une lieue de notre village. Le matin de l'élection, tous les électeurs, c'est-à-dire toute la population mâle au-dessus de vingt ans, se réunirent devant l'église. Tous ces hommes se mirent à la file deux par deux, suivant l'ordre alphabétique. Je voulus marcher au rang que m'assignait mon nom, car je savais que dans les pays et dans les temps démocratiques, il faut se faire mettre à la tête du peuple et ne pas s'y mettre soi-même. Au bout de la longue file venaient sur des chevaux de bât ou dans des charrettes, des infirmes ou des malades qui avaient voulu nous suivre ; nous ne laissions derrière nous que les enfants et les femmes ; nous étions en tout cent soixante-dix. Arrivés au haut de la colline qui domine Tocqueville, on s'arrêta un moment ; je sus qu'on désirait que je parlasse. Je grimpai donc sur le revers d'un fossé, on fit cercle autour de moi et je dis quelques mots que la circonstance m'inspira. Je rappelai à ces braves gens la gravité et l'importance de l'acte qu'ils allaient faire ; je leur recommandai de ne point se laisser accoster ni détourner par les gens, qui, à notre arrivée au bourg, pourraient chercher à les tromper ; mais de marcher sans se désunir et de rester ensemble, chacun à son rang, jusqu'à ce qu'on eût voté. «Que personne, dis-je, n'entre dans une maison pour prendre de la nourriture ou pour se sécher (il pleuvait ce jour-là) avant d'avoir accompli son devoir.» Ils crièrent qu'ainsi ils feraient et ainsi ils firent. Tous les votes furent donnés en même temps, et j'ai lieu de penser qu'ils le furent tous au même candidat."
TOCQUEVILLE Alexis Clérel de, "Souvenirs de 1848"
Scène de vote en 1848.
Quelques jours seraient nécessaires pour que les résultats soient connus.
L'urne à laquelle le sort du pays était suspendu :
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. janv. 06, 2020 12:07 pm
par griffon
La malédiction de notre république est de n'avoir que des torchons comme constitution
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. janv. 06, 2020 12:31 pm
par Emp_Palpatine
Il y a en eu des bonnes. D'autres beaucoup moins.
Le problème est surtout l'esprit latin qui pousse à ne jamais en respecter le fond.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. janv. 06, 2020 1:24 pm
par GA_Thrawn
Quel démago ce Tocqueville
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. janv. 06, 2020 1:43 pm
par Emp_Palpatine
D'après les rapports préfectoraux, M. de Thrawnac est candidat dans plusieurs département du Sud-Ouest, sans étiquette. Vivement le 3 octobre, que l'Assemblée siège.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. janv. 06, 2020 2:11 pm
par griffon
Chaudard !
La réaction est de retour
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. janv. 21, 2020 8:29 pm
par Emp_Palpatine
La fin du Gouvernement Provisoire et la mise en place de la Commission Exécutive.
Esprit public à la réunion de la Constituante. Les membres du gouvernement provisoire se rendent à l'Assemblée. Le Gouvernement Provisoire remet ses pouvoirs aux représentants de la Nation. L'Assemblée acclamée s'abstient de proclamer la république à nouveau. Physionomie de l'Assemblée nationale constituante. L'élection du président Dupin révèle les équilibres politiques. Républicains de la veille et républicains du lendemain. Victoire électorale du Parti de l'Ordre. Les membres du Gouvernement Provisoire rapportent leur activité. Le Gouvernement Provisoire a bien mérité de la Patrie. Mise en place de la Commission Exécutive.
Alors que les troubles continuaient en Europe, la France restait inerte et inactive. Pour qu'elle pût agir à l'extérieur, il eût fallu qu'elle fût solidement assise elle-même. Hélas, l'ébranlement qu'elle avait reçu dans ses institutions était trop profond. On espérait alors que la réunion de la Constituante permettrait enfin de rétablir un gouvernement solide.
En 1848, comme dans toutes les révolutions, confiance, optimisme et crainte se succédaient et se remplaçaient tour à tour. Il y avait les jours de péril et les jours de fête. Le 3 octobre fut un de ces jours de soleil qui percent les nuages mais qui disparaissent, menacés par l'orage. L'enthousiasme était sincère, on croyait la période révolutionnaire terminée, l'ordre légal raffermi. On comptait que l'Assemblée, issue du suffrage universel, se hâterait de résoudre une constitution qui assurerait les libertés et garantirait l'ordre ; qu'elle satisferait aux demandes légitimes tout en repoussant l'utopie.
Le 3 octobre à 10h, les membres du gouvernement provisoire réunis au Ministère de la Justice en sortirent pour se rendre à l'Assemblée. Ils remontèrent la rue de la Paix, descendirent les boulevards jusqu'à la Madeleine, traversèrent la place de la Concorde et arrivèrent au Palais-Bourbon dans la cour duquel on avait à la hâte construit une salle assez grande pour contenir les huit cents représentants de la nation.
Le bâtiment construit pour accueillir les députés.
Sur leur passage, la Garde Nationale formait la haie et une foule considérable se pressait pour voir les hommes qui, après avoir si pacifiquement exercé le pouvoir dans les circonstances les plus critiques, allaient abdiquer leur mandat.
Au Palais-Bourbon, le bureau provisoire, composé des plus jeunes membres de l'Assemblée, les reçut sur le péristyle. Le canon annonça leur entrée dans la vaste salle où se pressaient les députés qui avaient déjà pu rejoindre la capitale. Dix mois plus tôt, c'était le Roi Louis-Philippe qui venait ouvrir la session parlementaire, en une cérémonie dont on s'inspirât sans vergogne.
Procession du Gouvernement Provisoire vers le Palais-Bourbon.
Seul un curieux décret avait réglé le costume des représentants, d'une manière fort peu heureuse, en renouvelant les étranges accoutrements de la Convention de 1792. Seul Caussidière, un radical excentrique qui s'était d'ailleurs vu attribuer la Préfecture de Police de Paris par les événements de Mai, avait respecté le décret. L'Assemblée accueillit par les démonstrations les plus sympathiques le gouvernement qui venait lui remettre son pouvoir et s'incliner devant elle. Le vénérable Dupont de l'Eure monta à la tribune et, au nom de ses collègues, déclara que le Gouvernement regardait sa mission comme terminée.
« Le moment est arrivé, dit-il, pour le Gouvernement provisoire, de déposer entre vos mains le pouvoir illimité dont la révolution l'avait investi. ». Les plus vives acclamations répondirent au discours du vieillard. Les représentants se retirèrent ensuite dans les bureaux pour procéder à la vérification des pouvoir. Quand la séance reprit, on proposa que chacun des membres jurât fidélité à la République. Il y eut des murmures et des protestations. Devant le risque d'une dispute en ces premiers jours, le bureau provisoire convint que ces questions de forme pourraient attendre. Vers quatre heures, on entendit un grand bruit au dehors : c'était le peuple qui voulait que l'Assemblée se rendit sur le péristyle. Certains voulurent qu'elle proclamât à nouveau la république. Le doyen d'âge, qui présidait la séance, accepta que les député se rendissent à l'extérieur et avança en tête, entrouré de la Garde Nationale et de l'Armée. Il se contenta de saluer la foule, de vives acclamations couvrirent sa voix et tous s'unir dans des transports d'enthousiasme qui devaient peu durer. Le mot fatidique n'avait pas été prononcé.
L'Assemblée acclamée ou "la non-proclamation".
Le lendemain, le marquis de Normanby consignait dans ses notes « l' aspect de la Chambre, dans son ensemble, est des plus convenable. On remarquait bien, parmi les représentants, quelques figures étranges ou quelques physionomies sauvages. Cependant, cette assemblée ne paraissait pas, pour la composition, différer d'une manière frappante des dernières Chambres de la monarchie. Les membres qui la formaient semblaient, pour la plupart, des hommes de la classe moyenne, recommandés par quelque célébrité provinciale. Il était facile de voir que le plus grand nombre était incapable de comprendre les détails les plus simples des usages parlementaires. Ce qui faisait le plus craindre pour l'indépendance de la Chambre c'était cependant la part active et bruyante que les tribunes publiques prétendaient prendre aux délibération. » En effet, si les deux-tiers des constituants de 1848 étaient des hommes neufs, sans grand passé politique, l'écrasante majorité était issue des notabilités de province et, en cela, différait peu des rescapés de la Monarchie de Juillet, plus nombreux qu'on ne put le penser.
Lorsque l'Assemblée eut terminé la vérification des pouvoirs, elle procéda à l'élection de son président. Ce fut la première mesure grandeur nature des équilibres politiques qui traversaient la Chambre. L'élu fut André Dupin, membre du Tiers Parti sous la Monarchie de Juillet, habitué du perchoir ayant déjà assumé la charge dans les années 1830, siégeant parmi les élus conservateurs. La composition de la Chambre se révélait ainsi au grand jour.
André Dupin, Orléaniste, élu président de la Constituante.
Les « républicains de la veille » étaient une petite minorité, peut-être un quart des représentants. Les « républicains du lendemain », ralliés après la révolution étaient l'écrasante majorité, à droite comme à gauche. Mais si dans ce camps là, qu'on dénomma le Tiers Parti ou les Modérés, on s'accommodait de la république d'autant plus qu'on s'étonnait d'être tombé en minorité, chez les « républicains du lendemain » du Parti de l'Ordre l'allégeance était moins certaine maintenant que l'on se trouvait rassuré par le nombre.
Les radicaux s'étaient effondrés et n'étaient qu'une quarantaine. Le vœux du pays n'aurait pu être plus clair. Le Tiers-Parti, rassemblant le centre gauche et les républicains libéraux et modérés, ne représentait qu'à peine plus d'un tiers des élus. Enfin, occupant presque la moitié des sièges à lui seul, régnait le Parti de l'Ordre, coalition hétéroclite du centre-droit, de quelques républicains conservateurs, de nombreux « républicains du lendemain » véritablement monarchistes. Un curieux assemblage où se retrouvait pêle-mêle Odilon Barrot, Adolphe Thiers mais aussi d'ancien ministériels sous la Monarchie de Juillet. Enfin, les Légitimistes arrachaient tout de même une centaine de siège et privaient ainsi le Parti de l'Ordre de la majorité absolue. Aucune des factions ne pourrait gouverner seule. Aucune ne pourrait gouverner sans le Parti de l'Ordre. La volonté du pays semblait claire.
L'opinion dans le pays à la veille de l'élection.
Composition de l'Assemblée Nationale Constituante.
Quelques jours après l'élection du président de l'Assemblée, les membres du Gouvernement provisoire vinrent rendre compte des actes de leur administration. Lamartine lut, au nom du président nominal du conseil, Dupont de l'Eure, un résumé composé par lui-même de la politique du gouvernement provisoire. C'était, comme toujours avec Lamartine, un discours magnifique et lyrique où abondaient les sentiments élevés. Il eut un autre succès, peut-être plus sincère, lorsqu'il rendit compte de sa conduite comme Ministre des Affaires étrangères. Une proposition fut alors faite, invitant l'Assemblée à déclarer que le Gouvernement provisoire avait bien mérité de la Patrie. C'était le baiser de Judas.
La résolution demandait en outre la nomination d'une Commission exécutive de cinq membres qui exercerait le pouvoir sous le contrôle de l'Assemblée jusqu'à l'achèvement de la constitution. La proposition fut adoptée au milieu des applaudissements, l'Assemblée était trop heureuse de se débarrasser aussi élégamment du Gouvernement Provisoire.
Comme conséquence de cette déclaration, il fallait choisir les membres de la nouvelle Commission exécutive. C'était l'espoir des membres les plus en vue du Gouvernement provisoire que l'Assemblée choisirait parmi eux les futurs dirigeants du pays. Lamartine, notamment, espérait le premier poste qui serait pour lui et ses amis le marchepied vers une future présidence de la république. Ce fut pour l'orateur une humiliation de n'être que le quatrième de la liste votée par l'Assemblée.
Les Constituants envoyaient un message clair : leur confiance allait à un gouvernement de l'Ordre et ne donnait que de faible gage, sous la forme de Lamartine qui plus est, républicain du lendemain, à la révolution de Mai.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. janv. 22, 2020 9:36 am
par Emp_Palpatine
Petites remarques:
- Pour les noms de partis, Victoria 2 est bien moins flexible que Victoria 1. Dans ce dernier, on pouvait conditionner l'apparition/disparition de partis à un régime. Maintenant, c'est uniquement par date.
Le jeu étant uchronique par nature, j'ai essayé de trouver des noms aussi neutres que possible considérant les régimes possibles tout en gardant l'esprit des partis/factions supposément représentées.
- Bien sûr, le résultat des élections est ici uchronique, Dupin n'a pas été président de la Constituante mais de la Chambre en 1849 après la victoire conservatrice aux législatives. Il était donc parfait pour le rôle.
- Quelqu'un peut me dire comment je peux mettre les images en full size et pas seulement en vignette?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. janv. 22, 2020 10:40 am
par griffon
J'ai le même souci hélas !
Le forum n'est plus assez large , il va falloir faire avec , Lafrite attend une prochaine version dans pas longtemps !
PS: Ce n'est pas des élections , c'est une farce
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. janv. 22, 2020 5:16 pm
par Emp_Palpatine
Au nom du Peuple français,
Article unique :
L'Assemblée Nationale confie le pouvoir à une Commission exécutive qui choisira des ministres hors de son sein.
Délibéré en séance publique à Paris, le 4 octobre 1848.
Le président, M. Dupin
Au nom du Peuple français,
L'Assemblée nationale,
vu la délibération du 4 octobre 1848,
vu le dépouillement du scrutin du 4 octobre 1848,
décrète :
Article unique:
Sont proclamés membres de la Commission exécutive du gouvernement de la république MM. Molé, Tocqueville, Rémusat, Lamartine, Falloux.
Voté en séance publique à Paris, le 4 octobre 1848.
Le président, M. Dupin.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. janv. 22, 2020 6:50 pm
par Chef Chaudard
Le Tiers Parti, c'est le Marais, les radicaux, ce sont les braves Montagnards !!!
Vive la montagne !!!
Hébert, reviens !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. janv. 22, 2020 7:03 pm
par stratcom
Emp_Palpatine a écrit : ↑mer. janv. 22, 2020 9:36 am
Quelqu'un peut me dire comment je peux mettre les images en full size et pas seulement en vignette?
Change d'hébergeur.
Sinon, c'est toujours aussi bien. Tu arrives à me faire découvrir des choses que j'ignorais sur une période que j'ai pourtant abondamment étudiée (il y a fort longtemps il est vrai).
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. janv. 23, 2020 9:41 am
par Emp_Palpatine
Merci.
Des recommandations d'hébergeur?
Pour le récit, je me plonge dans les historiens d'époque, c'est la mode des histoires en 8 volumes qui regorgent d'anecdotes et de détails oubliés aujourd'hui comme la "fête de la fraternité" ou la procession des membres du gouvernement à l'ouverture de la constituante.
Mais c'est long à lire et ça me rallonge encore plus le boulot.
Beaucoup sont en ligne sur gallica ou google books.
Il faut aussi prendre des libertés compte-tenu de mon contexte : historiquement, la Constituante a re-proclamé la république lors de sa première séance, au moment où elle s'est portée à la rencontre de la foule qui l'appelait au dehors. J'ai estimé qu'avec une telle majorité de "lendemain" qui étaient des orléanistes/monarchistes déguisés pour la plupart, ils se seraient abstenus après avoir pris conscience de leur vraie force pour ne pas... insulter l'avenir.
Ce qui commence à devenir délicat est également la définition du personnel politique dans une situation uchronique.
Si les libéraux avaient gagné, j'aurais pu me contenter de reprendre la commission exécutive historique, celle d'Arago. Mais pour mes résultats, elle est beaucoup trop "républicaine de la veille" et Ledru-Rollin a fait 4% .
Il faut trouver des personnages qui ne soient pas improbables (genre Hugo, qui devait en mourir d'envie), téléphonés (genre Thiers, qui n'aurait pas mis les pieds dans cette galère de toute façon et attendait son heure), tout en faisant un compromis réaliste pour la majorité parlementaire en mettant des cautions "centristes" ou ralliées plus ou moins sincèrement à la république comme Tocqueville tout en restant conservateurs. J'ai fouillé deux jours.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. janv. 23, 2020 9:57 am
par stratcom
Emp_Palpatine a écrit : ↑jeu. janv. 23, 2020 9:41 am
Des recommandations d'hébergeur?
Tu peux garder le même mais dans le menu déroulant, choisis Lien complet BBcode.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. janv. 23, 2020 11:33 am
par Locke
Emp_Palpatine a écrit : ↑jeu. janv. 23, 2020 9:41 amCe qui commence à devenir délicat est également la définition du personnel politique dans une situation uchronique.
Si les libéraux avaient gagné, j'aurais pu me contenter de reprendre la commission exécutive historique, celle d'Arago. Mais pour mes résultats, elle est beaucoup trop "républicaine de la veille" et Ledru-Rollin a fait 4% .
Il faut trouver des personnages qui ne soient pas improbables (genre Hugo, qui devait en mourir d'envie), téléphonés (genre Thiers, qui n'aurait pas mis les pieds dans cette galère de toute façon et attendait son heure), tout en faisant un compromis réaliste pour la majorité parlementaire en mettant des cautions "centristes" ou ralliées plus ou moins sincèrement à la république comme Tocqueville tout en restant conservateurs. J'ai fouillé deux jours.
Heureusement que le petit Nappy va remettre de l'ordre dans tout ce micmac par event
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. janv. 23, 2020 3:24 pm
par Emp_Palpatine
Toujours en mouvement est l'avenir.
J'ai ajouté plusieurs possibilités alternatives par rapport au mode de base. Et je n'ai pas la main sur plusieurs d'entre elles, ce sera du hasard...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. janv. 23, 2020 5:52 pm
par jmlo
Toujours un régal à lire
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. janv. 23, 2020 5:59 pm
par Boudi
Il faut que je me le reprenne à tête reposée cet AAR, avec un rhum Clément dans les mains.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 24, 2020 12:18 pm
par mad
Ah oui pareil, je me ferais une session intense de relecture la semaine prochaine pour me remettre dans le bain !
En tout cas du beau travail !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 24, 2020 10:49 pm
par Locke
Emp_Palpatine a écrit : ↑jeu. janv. 23, 2020 3:24 pmJ'ai ajouté plusieurs possibilités alternatives par rapport au mode de base. Et je n'ai pas la main sur plusieurs d'entre elles, ce sera du hasard...
Par curiosité, tu as fait ces events sur quelle base ? Un seuil de militancy ? D'idéologie/préoccupation des Pops ? Dans mon souvenir, les variables d'events étaient dramatiquement sous-utilisés dans Vicky 2, y compris par les moddeurs.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 9:24 am
par Emp_Palpatine
La suite va arriver ce weekend.
Pour patienter, deux extraits de "Choses Vues".
Lamartine fit à l’Assemblée le rapport du Gouvernement provisoire. Il fut très applaudi. Le soir, rumeur et colère au club Blanqui. Après un discours d’Alphonse Esquiros sur les sourds-muets contre l’instituteur Delanno, un homme aux bras nus, le menton englouti dans une énorme cravate rouge, s’écria : — Je viens d’entendre le citoyen de Lamartine à l’Assemblée (appuyant sur le de). Jusque-là j’étais sa dupe. Je ne le suis plus. Je croyais à son éloquence, à sa politique, à son humanité. Aujourd’hui je le vois tel qu’il est. Le citoyen de Lamartine n’est pas un orateur, n’est pas un ministre, n’est pas un homme. Il trompe la France et trahit le peuple. J’ai été longtemps séduit moi-même par cette parole emmiellée, mais aujourd’hui je vois que sa langue n’a pas de racine dans son cœur.
Une caricature circulait dans le club. Cette caricature représentait Lamartine ayant dans sa manche Henri V dont on voyait passer la tête. Lamartine le renfonçait doucement dans sa manche en disant : Monseigneur, attendez encore un peu. Tout à l’heure ! Tout à l’heure !
30 Octobre - La salle des pas-perdus du Palais-Bourbon est comble et bruisse d'agitation. De la masse, une voix me hèle "M. Hugo! Ah! M. Hugo!"
C'est M. de Thrawnac, élu sur une profession de foi indéfinissable dans son fief du Midi où il s'est vanté, tel M. de Tocqueville, d'avoir mené la civique procession des électeurs jusqu'au bureau de vote.
Le fier constituant m'abreuve de sa sollicitude : "J'ai raté, malencontreusement comme vous vous en doutez, la définition de la majorité et les votes au début du mois. Quel malheur, j'aurais aimé y prendre part! Je suis ravi de voir que nous siégeons tout deux dans la majorité, nous sommes des hommes d'Ordre, nos idées ont toujours convergé et nous avons toujours été inébranlables. Enfin nous pourrons mettre derrière nous ces tristes événements de Mai!"
Je n'eus pas le temps de répondre, M de Thrawnac, apercevant dans la foule l'objet de l'agitation se précipita vers lui. Il s'empressa de prendre le bras du Prince Louis-Napoléon Bonaparte, nouvel élu envoyé par la Nation à la Constituante.
Emp_Palpatine a écrit : ↑jeu. janv. 23, 2020 3:24 pmJ'ai ajouté plusieurs possibilités alternatives par rapport au mode de base. Et je n'ai pas la main sur plusieurs d'entre elles, ce sera du hasard...
Par curiosité, tu as fait ces events sur quelle base ? Un seuil de militancy ? D'idéologie/préoccupation des Pops ? Dans mon souvenir, les variables d'events étaient dramatiquement sous-utilisés dans Vicky 2, y compris par les moddeurs.
Pas mal de variables fonctionnent assez mal.
J'ai pas mal utilisé les "country/global flags" qui sont assez pratiques pour déclencher quelque chose dans contexte vague.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 10:19 am
par GA_Thrawn
Quel homme sage que ce Monsieur de Thrawnac
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 10:39 am
par Bébert
Bon, et sinon, elle en est où la rente? Parce que c'est ça qui compte au final!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 11:22 am
par Emp_Palpatine
Bébert a écrit : ↑ven. janv. 31, 2020 10:39 am
Bon, et sinon, elle en est où la rente? Parce que c'est ça qui compte au final!
Avec l'élection du bureau de la Chambre et la nomination d'une Commission exécutive du Parti de l'Ordre, la rente a fait un bond notable.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 5:25 pm
par Coelio
Voila une bonne et saine nouvelle
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 5:39 pm
par griffon
Chaudard , rendez vous au club Blanqui ce soir
il semblerait que la réaction montre sa vilaine tète !
Elle est prête à tout !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. janv. 31, 2020 7:43 pm
par Chef Chaudard
De Thrawnac ne perd rien pour attendre .... Il finira à la lanterne !
A bas les chapeaux, vivent les casquettes !
Bébert a écrit : ↑ven. janv. 31, 2020 10:39 am
Bon, et sinon, elle en est où la rente? Parce que c'est ça qui compte au final!
Avec l'élection du bureau de la Chambre et la nomination d'une Commission exécutive du Parti de l'Ordre, la rente a fait un bond notable.
Il est donc temps d'acheter quelques terrains autour de la maison de monsieur de Balzac, près des limites de la seigneurie de Passy...cette colline en bord de Seine est promise à un grand avenir!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. févr. 03, 2020 6:54 pm
par Chef Chaudard
Bébert suit au pied de la lettre les préceptes de Guizot !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. févr. 03, 2020 9:40 pm
par Coelio
Bébert a écrit : ↑dim. févr. 02, 2020 11:30 pm
Il est donc temps d'acheter quelques terrains autour de la maison de monsieur de Balzac, près des limites de la seigneurie de Passy...cette colline en bord de Seine est promise à un grand avenir!
Mon cher Maître,
Je me chargerais bien volontiers de vous assister dans cette petite opération.
Votre bien dévoué.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 23, 2020 11:03 am
par Emp_Palpatine
La lutte entre les radicaux et l'Assemblée nationale.
I. Stupeur et fureur des radicaux face aux résultats. Emotion envers les événements de Hongrie et d'Italie. Manifestation radicale. L'envahissement de l'Assemblée Nationale. L'Assemblée tient bon. II. Les meneurs sont arrêtés. Scrutins partiels et élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Démission du Prince. Riposte de l'Assemblée contre les radicaux.
I.
Ce serait un euphémise que d'affirmer que le résultat des élections constituantes, la composition de l'Assemblée Nationale Constituante et de la Commission Exécutive ne satisfaisaient pas le parti radical. Les chefs républicains radicaux et socialistes avaient cruellement échoue aux élections. Pour expliquer leur déconvenue et, sûrement, pour préserver leurs illusions, ils multipliaient les excuses inventives : le suffrage universel avait menti, avait été trompé ou on l'avait faussé; il fallait dissoudre cette Assemblée réactionnaire et faire d'abord l'éducation du peuple avant de procéder à de nouvelles élections dont on espérait un résultat plus conforme aux attentes radicales. S'ils n'essayèrent pas de se défaire de l'Assemblée au moment de sa réunion, ce fut pour mieux préparer leurs attentats futurs.
Alors que l'Assemblée commençait ses travaux, les nouvelles d'Europe et particulièrement de Hongrie et d'Italie retentissaient chaque jour. Les malheurs des peuples excitent toujours en France une émotion certaine. Les meneurs radicaux y virent une occasion d'exciter les passions populaires, à tout le moins de remobiliser leurs clubs et d'exploiter l'agitation à leur profit. Ils annoncèrent une pétition en faveur de la Hongrie et de l'Italie que la masse du peuple devait porter à l'Assemblée. Le parti radical espérait ainsi atteindre son objectif en le maquillant : le peuple devrait appuyer des projets qu'il ne connaissait pas, le gouvernement et l'Assemblée se laisseraient renverser sans s'y attendre.
La manifestation avait été annoncée pour le 11 octobre. Ce jour là, vers dix heures, les clubs et les corporations s'organisèrent place de la Bastille. Une grande quantité de bannières et des drapeaux de toutes nations flottaient, donnant un air de fête à l'ensemble. La manifestation se mit en marche et descendit les boulevard, criant "Vive l'Italie!" "Vive la Hongrie!" "Vive la Pologne!". Bientôt se mêlèrent les cris de "Vive la République démocratique! Vive Barbès! Vive Louis Blanc!" La multitude arriva vers une heure sur la place de la Concorde. Un demi-bataillon de Garde Nationale et quelques deux cents gardes mobiles gardaient le pont. Devant l'avalanche radicale, le général commandant donna l'ordre de laisser passer une foule qu'il croyait pacifique. L'Assemblée fut bientôt entourée: on escalada les grilles et commença alors une scène indescriptible.
La première irruption se fit par les tribunes publiques, dont les envahisseurs connaissaient le mieux le chemin. De là, comme un essaim de sauterelles, ils se déversèrent au milieu de la salle, criant, vociférant. Ils se sont alors précipités de toutes parts, sans but apparent jusqu'à ce qu'ils parvinssent à ouvrir toutes grandes les portes principales pour recevoir leurs camarades.
Dans les travées de l'Assemblée, on avait fait circuler l'avis que tous les députés restassent immobiles à leurs places; cette attitude fut presque unanimement adoptée. La tribune était occupée par une douzaine de personnes à la fois, dont Louis Blanc, Barbès, Raspail. Ce dernier, présidant au milieu de la tribune, n'accordait la parole qu'à ceux qu'il lui convenait de laisser parler. Les représentants, toujours à leurs places, ne prenaient aucune part à cette comédie. Au milieu de ce tumulte, on avait lu la pétition de Raspail relative à la Hongrie et à l'Italie. De toutes parts éclatèrent les cris de "Blanqui à la tribune!". Il y parut. Ses premiers mots furent pour les nations soulevées, il demanda la guerre générale et bientôt parla république démocratique et de socialisme.
Mais voici alors que le tambour se fit entendre. C'était la garde nationale et la garde mobile qui accourraient pour défendre l'Assemblée. Le temps se faisant compté, Barbès exigea que l'Assemblée se mêlât au peuple, qu'elle votât le départ de l'armée en Italie et en Hongrie, un impôt d'un milliard, le ministère du Travail. Louis Blanc fut quant à lui entouré et porté en triomphe. Alors que le tambour se rapprochait, un radical barbuy, figure familière de ces événements, monta à la tribune et fit entendre ces paroles :
"Au nom du Peuple français
trompé par ses représentants,
nous déclarons l'Assemblée nationale dissoute! "
Des exclamations bryantes éclatèrent, Barbès est porté en triomphe tandis que les insurgés écrivent sur les bancs des représentants des bulletins de vote pour nomme un gouvernement provisoire. Un ouvrier, à la tribune, énonça la liste suivante : Barbès, Louis-Blanc, Ledru-Rollin, Blanqui, Huber, Raspail, Caussidière, Etienne, Arago, Albert, Lagrange. D'autres voix ajoutèrent Raspail et Proudhon. On plaça sur le bureau du président un drapeau et une épée surmontés du bonnet rouge. Un pompier s'en empare, monte sur la table et agite le drapeau dans tous les sens.
A ce moment, un cri retentit de divers côtés : "La garde mobile! la garde mobile!" Le tambour bat en effet la charge à l'intérieur même du palais, dans les couloirs, dans la salle. Baïonnettes brillantes, les mobiles se précipitent par les portes béantes. D'autres envahissent les tribunes et braquent leurs fusils sur la salle.
Les envahisseurs reculent.
Une légion de la Garde Nationale paraît, la salle se remplit de représentants, l'hémicycle de Gardes Nationaux. Le président Dupin remonte à la tribune, à côté de lui, le colonel de la Garde Nationale dit d'une voix ferme "Au nom de la Garde Nationale tout entière, je proteste contre la violation qui vient d'avoir lieu". Lamartine monte à la tribune, plusieurs membres de la Commission exécutive derrière lui. Les tambours battent le ban. On remercie la Garde nationale en quelques mots et bientôt on appelle à marcher sur l'Hôtel de ville pour se saisir des factieux.
Barbès et Albert s'y trouvaient déjà. Se croyant victorieux, ils avaient quitté l'Assemblée avant l'arrivée de la Garde Nationale et attendaient le retour des autres vainqueurs en rédigeant une proclamation confirmant la dissolution de la Chambre, dissolvant la Garde Nationale et ordonnant le soutien immédiat à la Hongrie et à l'Italie.
Tout à coup, ils sont interrompus. Un officier de la Garde Nationale paraît.
"Que voulez-vous?" lui dit Barbès
- Que faites vous là? dit à son tour l'officier.
- Je suis membre du nouveau gouvernement provisoire, je vous ordonne de vous retirer.
- Eh bien moi, au nom de l'ancien, je vous arrête.
Les gardes entrés à sa suite s'emparèrent de Barbès et d'Albert qu'on garda à vue.
On entendait rouler le canon sur la place de l'Hôtel de ville, cerné de toutes part. On procéda aux arrestations, dont cette de Raspail et de Blanqui. L'Assemblée ayant voté des remerciements à la Garde Nationale et à la Garde Mobile se sépara. La journée du 15 mai était terminée mais tous les partis allaient bientôt chercher à prendre leur revanche, fusse au prix d'une bataille.
Arrestation de Blanqui
II.
L'Assemblée, irritée de l'outrage que lui avaient infligé les factieux, entendait poursuivre activement la répression de l'attentat et de tout ceux qui lui semblaient en avoir été complice. Face à sa pire crainte, être ballotée comme la Constituante de 1791 le fut, être soumise aux clubs comme la Convention, elle entendait bien réagir. Le lendemain de sa violation, elle autorisa les arrestations et les poursuites contre les meneurs du 11 octobre. Les chefs radicaux, arrêtés, furent déchus de leurs mandats tandis que ceux qui avaient échappé à la répression pendant l'émeute furent saisis chez eux ou tentant de fuir.
Il fallu alors compléter le nombre des représentants, purgés des éléments qui avaient tenté de renverser l'Assemblée. Leur résultat à Paris offrit de singulières contradictions : triomphèrent à la fois des champions de l'ordre, plébiscités par la bourgeoisie et des champions du communisme, tel que Proudhon qui était resté prudemment à l'écart de l'envahissement.
Mêlé à tous ces noms, un autre intrigua : le Prince Louis-Napoléon Bonaparte fut élu dans trois départements. Cette élection troubla la Commission comme la majorité. Les plus intelligents comprirent vite le poids que le nom de Napoléon pouvait peser. Profitant de l'outrage de l'Assemblée, Lamartine essaya d'emporter par un vote un décret de bannissement contre le Prince Louis-Napopléon. D'une élection partielle survenait un événement majeur et bientôt on n'entendait plus qu'un seul nom, celui du Prince. Le jour où le Prince devait prendre son siège, la Commission fit entourer le Palais Bourbon d'un grand appareil militaire et celà ne fit qu'exciter encore plus la curiosité déjà vive de la foule. On parla d'incidents, de début d'émeute, de cris de "Vive l'Empereur!". Marquant l'échec des tentatives pour réactiver la loi d'exil des Bonaparte, le prince fut admis à siéger.
Cependant, informé des incidents et de l'hostilité de la Commission exécutive, le Prince Louis-Napoléon écrivit au président de l'Assemblée une lettre dans laquelle il renonçait à son siège, ne voulant pas être le prétexte de troubles supplémentaires. Le Prince annonçait repartir à Londres mais également se ternir prêt à servir si la France persistait à lui imposer des devoirs et s'engageant à rentrer quand les troubles seraient apaisés.
Ça n'était là qu'une des affaires importantes qui préoccupaient l'Assemblée et la Commission exécutive. Concentrée sur leur riposte au radicalisme, les autorités étaient décidées à en extirper les racines et à éliminer les sources, perçues ou réelles, de l'empoisonnement d'une partie de l'opinion alors que l'incendie semblait couver. On décida qu'il fallait se délivrer des milliers d'hommes des Ateliers Nationaux, embarras quotidien pour les finances et péril perpétuel pour la sécurité publique, ainsi que des clubs qui encourageaient au soulèvement et faisaient planer l'ombre de la grande Terreur. L'Assemblée demanda ainsi la dissolution des Ateliers Nationaux et la levée des lois exceptionnelles prises par le Gouvernement provisoire au lendemain de la révolution de mai. Un décret fut pris, enjoignant les membres des Ateliers à cesser d'en faire partie ou de s'enrôler dans l'armée. Les Ateliers Nationaux avaient vécu.
Simultanément, l'Assemblée vota une limitation des activités des clubs s'apparentant à une interdiction de fait de ces derniers. la mèche était allumée.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. mars 23, 2020 12:57 pm
par Chef Chaudard
Honte aux fossoyeurs de la liberté du peuple !!!
Vive Blanqui !
La Griffonerie appelle à l’insurrection, droit le plus sacré du peuple quand il est opprimé !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 25, 2020 5:12 pm
par Emp_Palpatine
La guerre civile de Novembre 1848
Inéluctabilité de l'affrontement. La fermeture des Ateliers nationaux fait fermenter les milieux radicaux. Premiers rassemblement. Premières barricades. Stratégie du Général Cavaignac. Premiers combats, détermination de l'émeute. L'Assemblée vote la dictature du général Cavaignac. Progrès contre l'émeute. Dévouement et mort de plusieurs notables. Prise du Faubourg Saint-Antoine. Paris après les combats. Le radicalisme écrasé.
A tout esprit lucide, la chose était apparue comme évidente : comme ses prédécesseurs de la Grande Révolution, l'Assemblée Nationale ne ferait pas l'économie d'une épreuve de force avec les clubs et autres mouvances radicales qui maillaient la capitale, qui avaient été excités et revigorés par les événements de mai. La violation de l'Assemblée, le 11 octobre, fut perçu à juste titre comme une déclaration de guerre.
L'Assemblée riposta en préparant la fermeture des Ateliers Nationaux et en adoptant une législation venant limiter les activités des Clubs politiques. Ces mesures excitèrent la plus vive fermentation au sein des milieux concernés. Déjà, les radicaux avaient été échauffés par l'arrestation de leurs chefs. l'annonce de la fermeture des ateliers porta la colère à son comble.
Bientôt, le 12 novembre, on vit se former les premiers rassemblements. Un millier d'hommes se réunit place Saint Victor et parla de se rendre au Luxembourg, menés par un exalté du nom de Pujol. Arrivée au Luxembourg, la discussion entre la multitude et les autorités tourna court devant inconciliabilité des positions. Pujol quitta les lieux avec sa foule vociférante qui se dirigea vers le Faubourg St Antoine. Le soir, elle s'était réunie place du Panthéon, considérablement grossie. Pujol fit une harangue au cours de laquelle il promit au peuple la vengeance pour le lendemain.
Le lendemain, les agitateurs furent fidèles au rendez-vous, une foule tumultueuse et menaçante s'était rassemblée sur la Place du Panthéon. Elle se disposa à marcher sur le Luxembourg lorsque la 11ème Légion de la Garde Nationale l'arrêta. La foule changea de direction et s'empara alors de la place de la Bastille. De là, les émeutiers se répandirent dans les quartiers environnants et les premières barricades s'élevèrent. Sur un grand nombre étaient des brigadiers des ateliers nationaux et des des gardes nationaux des quelques légions les plus suspectes. La Commission Exécutive et l'Assemblée comprirent que la bataille était inévitable. Elles l'acceptèrent.
Pour se prémunir d'une cacophonie similaire à celle du mois de mai, le commandement fut centralisé : la Ligne, la Garde Nationale, la Garde Républicaine, la Garde Mobile furent mises entre les mains du Général Cavaignac. Ce général était l'homme du moment. Républicain modéré, il garantissait le soutien de quasiment toute l'Assemblée et permettrait de se défendre de l'accusation à venir de répression réactionnaire. La Commission exécutive lui avait offert le portefeuille de la guerre au lendemain de l'invasion de l'Assemblée. Homme d'ordre auréolé de sa carrière africaine, Cavaignac avait serment de ne pas laisser l'armée être humiliée comme en mai. Sa stratégie s'appuyait sur les leçons des deux dernières révolutions: il s'appliqua à maintenir les communications, à protéger l’Hôtel de Ville et l'Assemblée. Il décida, également, de laisser l'insurrection se développer, sûr de l'écraser plus efficacement et peu soucieux du coût humain. Le plan fut appliqué scrupuleusement, le quartier général était à l'Assemblée et à aucun moment les communications ne furent coupées. Les ordres comme les vivres et les munitions arrivèrent toujours rapidement. En 1830 on avait manqué de tout.
Louis-Eugène Cavaignac
L'insurrection occupait déjà la moitié de la capitale, depuis le clos Saint Lazare jusqu'au Panthéon. Son centre était la place de la Bastille. Son but évident était de descendre des hauteurs pour prendre l’Hôtel de Ville et y proclamer son gouvernement puis, de là, balayer l'Assemblée. La Garde Nationale et la Mobile rassurèrent bientôt Cavaignac sur leurs intentions: presque seules elle soutirent les combats du premier jour de l'émeute. Les combats commencèrent à la porte Saint Denis. Difficilement, les gardes Nationaux commandés par Lamoricière emportèrent les barricades du lieu. Le manque d'homme empêche, cependant, de continuer le combat et le haut des faubourgs appartient toujours aux insurgés. La journée du 12 n'avait eu comme résultat que de révéler le degré de résistance qui serait rencontré. Les légions de la Garde Nationale avaient cruellement souffert et plusieurs officiers et généraux tués ou blessés. Les insurgés avaient montré une résolution laissant prévoir une bataille acharnée. Aucune autorité n'avait été respectée et des représentants venus parlementer avaient été tués.
Le lendemain, dès l'aurore, le canon grondait et la fusillade retentissait partout. A la faveur de la nuit, les insurgés s'étaient fortifiés et pourvus en munitions. Ce matin là, l'Assemblée vota une proclamation expliquant sa résolution et sa volonté de ne pas reculer. Cette proclamation annonçait une grave mesure, commandée par les circonstances : la dictature était confiée à Cavaignac qui pouvait concentrer, au détriment de la Commission Exécutive, tous les pouvoirs qu'il estimait nécessaire au rétablissement de l'ordre. Ce fut à partir de ce moment qu'il agit avec vigueur.
Paris fut mise en état de siège. Les rues étaient occupées militairement, les maisons closes, les passages gardés. Personne ne pouvait circuler. Il fallait cette rigueur pour empêcher les communications des insurgés qui redoublaient de ruse pour s'approvisionner.
L'action se concentra autour du Panthéon, de l’Hôtel de Ville et des Faubourgs Poissonnière et du Temple. L'événement décisif de la journée fut la prise du Panthéon, point central de l'insurrection. En en s'emparant, on la coupait. Les combats furent acharnés et meurtriers, ils coûtèrent la vie au général Damesme. Le soir du 13 novembre, Cavaignac avait donc obtenu des résultats : le Panthéon, la rue Saint Antoine, les faubourgs Poissonnière et du Temple avaient été reconquis. Partout, les offensives des émeutiers avaient été repoussées.
Prise des barricades du Panthéon.
Le lendemain, le meurtre atroce du général Bréa, parlementaire, alors qu'il venait négocier excita encore plus la répression et un combat acharné ensanglanta le centre de Paris. Au début de l'après-midi, la troupe avait progressé et avançait vers la place de la Bastille. Certains généraux avaient enlevé jusqu'à 78 barricades depuis la veille. La place de la Bastille était immense et paraissait déserte : elle était fermée par d'immenses barricades et sur la colonne de Juillet flottait le drapeau rouge. Les combats étaient lents et acharnés, on se tirait dessus depuis les fenêtres, le canon, ne pouvant détruire les barricades, ciblait les maisons contre lesquelles étaient appuyées ces fortifications.
C'est en chargeant cet espace balayé par le plomb que tomba le général Négrier. On est frappé, si l'on compare ces événements avec la révolution de Mai et celle de 1830, par la violence des combats et par le nombre d'officiers et d'officiers généraux qui tombèrent dans ces terribles combats de rue. A la liste des généraux s'ajoutaient des représentants du peuple, souvent assassiné et celui d'un pontife illustre. Mgr Affre, archevêque de Paris avait pris la résolution, comme pendant les journées de Mai, d'aller exhorter les combattants à la paix, au besoin en s'interposant. Prévenu par Cavaignac du danger de sa mission, le prélat répondit "Ma vie est si peu de chose!" en se mettant en route. Quittant l'Assemblée, l'Archevêque se dirigea vers la Bastille, consolant les blessés et absolvant les mourants. Arrivé devant la barricade Saint Antoine, le prélat profita d'une accalmie pour s'avancer. Mais, ayant à peine fait une quinzaine de pas, le feu recommença et l'Archevêque tomba. Ramassé par les insurgés, on lui prodigua les premiers secours puis, fut transporté au plais de l'Archevêché par un cortège qui traversa toute la ville au milieu des démonstrations de la plus sincère consternation. Il expira deux jours plus tard.
La mort de l'Archevêque Denys Affre.
La nuit du 14 au 15 novembre fut calme, comme sonnée par la blessure fatale de Mgr Affre. Cependant, des provinces affluaient les Gardes Nationaux, bien résolus à ne pas laisser une fois de plus s'imposer une révolution par la capitale. l'insurrection, qui désespérait du succès, essaya à son tour de parlementer. Cavaignac exigea une capitulation sans conditions. Les combats devaient donc aller jusqu'à leur terme. Le Faubourg Saint Antoine était le dernier bastion de l'insurrection, à 10 heures du matin, une attaque concentrique débuta. A onze heures et demie, le général Cavaignac annonça la prise du faubourg, les émeutiers, vaincus, avaient capitulé. La troupe occupa dans le même mouvement les communes de La Chapelle et de Belleville, puis celle de la Villette après la prise d'une dernière barricade.
L'aspect de Paris était lugubre. La moitié de la ville avait servi de champ de bataille pendant quatre jours. Partout, des traces de boulets, des obus; les colonnades, les frontons, les façades, les églises sont mutilés. De nombreuses maisons sont détruites. Dans toutes les rues campent les Gardes Nationaux. L'armée avait perdu plus de généraux que dans une bataille de l'Empire; on estima le nombre de victime à 2529, sans compter les innombrables blessés.
La dévastation règne en ville.
Alors que les combats cessent, on procède à des perquisitions sévères, on enlève les armes, on arrête. De longs convois de prisonniers s'acheminent vers les forts, leur nombre est estimé à neuf mille. Le général Cavaignac ordonna également la suspension de douze journaux Le radicalisme était écrasé.
La Garde Nationale écrasant le radicalisme, imagerie populaire.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. mars 25, 2020 5:14 pm
par Emp_Palpatine
J'ai repris le nom donné par les contemporains à ces événements, dont Marx et pas mal de mes sources pour l'AAR : guerre civile. C'est justifié considérant l'ampleur des opérations et le nombre de victimes.
Le terme de "journées de juin" (ici Novembre) est sans doute venu plus tard, quand ce fut relativisé, remis dans une certaine continuité et éclipsé par la Commune.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 26, 2020 12:00 pm
par stratcom
Plus anecdotique mais si j'en crois cet article, c'est lors des "journées de Juin" que furent prises les deux premières photographies illustrant un article de presse.
J'ai pu négocier 3 places à fond de cale sur un navire qui quitte le Havre pour Philadelphie
dans 3 jours ...
C'est notre seule chance !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. mars 26, 2020 4:38 pm
par Chef Chaudard
On pourrait pas filer en Belgique, comme Badinguet ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 29, 2020 3:59 pm
par Emp_Palpatine
Les suites de la guerre civile et le commencement des travaux de l'Assemblée.
Reconnaissance de l'Assemblée envers le général Cavaignac. Il prend la tête du gouvernement. Service funèbre des victimes de l'insurrection. Principe et action du gouvernement Cavaignac à l'intérieur. Position du gouvernement Cavaignac à l'extérieur. Début des discussions sur la Constitution. Confirmation des décrets du gouvernement provisoire. Préparation d'un premier projet. Nature familière du projet de Constitution.
Voyant l'ordre rétabli dans la capitale, le général Cavaignac vint déposer à l'Assemblée ses pouvoirs illimités. L'Assemblée, par acclamation, déclara qu'il avait bien mérité de la Patrie. Comme il était l'homme nécessaire et comme on craignait les dangers d'un gouvernement trop collectif dans le cas d'une nouvelle urgence, la Constituante décida de se séparer de la Commission Exécutive et de revêtir le général de l'autorité exécutive en attendant l'achèvement de la Constitution. Le général Cavaignac fut donc nommé Président du conseil, en lui laissant le soin de choisir ses ministres. La Commission Exécutive avait vécu, elle n'avait duré qu'un mois.
Le même jour eut lieu la revue des Gardes Nationales accourues de tous les points de la France pour assurer le triomphe de la cause de l'ordre et de la Constituante. Plus de cent mille Gardes Nationaux passèrent devant les représentants et le général Cavaignac, rassemblés devant la grille du Palais Bourbon. Enthousiastes, les gardes nationaux tendaient les mains aux représentants qui les pressaient avec la plus grande effusion. Le défilé dura trois heures puis les gardes nationaux gagnèrent leurs cantonnements respectifs dans la capitale.
Cantonnement de troupes à Paris. La ville n'est plus qu'une garnison gigantesque.
Quelques jours plus tard fut célébré un service funèbre en l'honneur des victimes de l'insurrection. Un autel avait été élevé sur la place de la Concorde, surmonté d'une croix, supporté par quatre colonnes et couronné par un magnifique dais. Le tout n'avait pas moins de vingt mètres de hauteur. La façade de l'Assemblée Nationale et celle de la Madeleine étaient tendues de noir. La foule était immense mais maintenue par la troupe.
L'Autel installé Place de la Concorde.
Après le service religieux, un cortège se mit en route vers la Madeleine et les morts furent descendus dans les caveaux de l'église, en attendant que les caveaux de la colonne de Juillet fussent mis en état de les recevoir. Pendant plusieurs jours, les convois funèbres se succédèrent. D'abord, celui de Mgr Affre, suivi avec affliction et admiration par la population, puis celles des généraux tués pendant les combats. Paris conserva longtemps un aspect morne, renforcé par la prolongation de l'état de siège demandée par le général Cavaignac à l’Assemblée.
Le char funèbre à La Madeleine.
Cette décision illustre bien les quelques mois du gouvernement du général Cavaignac : un vide d'événements, une prostration seulement soucieuse d'assurer la sécurité au dedans. Il n'y eut ni plans arrêtés, ni vues élevées, ni grands desseins. Le désir et l'action du général Cavaignac convergeaient vers un seul but : conduire le pays, sans secousse, jusqu'à l'achèvement de la Constitution et aux prochaines élections. Certain d'avoir un rôle national à jouer dans le futur, le général Cavaignac crut inutile de se faire un programme, de fixer une tâche ou de proposer un but hormis son républicanisme modéré et l'enracinement du gouvernement républicain dans le pays. Il ne se rendait pas compte des obstacles à cet affermissement : aveuglé, comme beaucoup de républicains, par les événements de Mai, il sous-estimait la force qu'avaient conservée les opinions monarchiques et le poids de ces dernières, affirmées ou dissimulées, au sein même de la Constituante. C'était un bon militaire, ce n'était point un homme politique.
En plus de la divergence idéologique avec la majorité de la Constituante, ce qui mit le plus à l'épreuve cet attentisme du général Cavaignac fut la tournure que prenaient les affaires extérieures. La révolution se propageait et continuait en Europe et en certains points, touchait directement aux intérêts de la France. C'était surtout en Italie où les regards et les passions françaises se portaient. Charles-Albert y rencontrait ses premiers succès : les armées piémontaises, renforcées de volontaires patriotes italiens, avançaient vers Brescia tandis que dans le milanais les armées royales avaient franchi la ligne frontière du Mincio et battaient les Autrichiens aux portes de Milan. Des cohortes vénitiennes remontaient l'Adige et s'aventuraient jusque dans le Trentin. Le général Cavaignac chaussa les bottes de Lamartine ; il eût pu jouer et faire jouer à la France un beau rôle en Italie, il se contenta d'observer et parfois de vaguement négocier.
Offensive des Piémontais dans le Royaume Lombard-Vénétien. Les Vénitiens avancent dans la vallée de l'Adige
Pendant que les événements continuaient en Italie, en Hongrie, au Danemark et en Allemagne, la France était paralysée : ses gouvernements se sentaient provisoires et ne faisaient rien. Ils ne désiraient point agir tant que des institutions restaurées n'auraient pas conféré la légitimité suffisante pour se lancer dans des aventures extérieures.
Il fallait pour cela une constitution et, près de deux mois après son élection, la Constituante se mit enfin au travail. D'ardentes palabres occupèrent les représentants pendant de longues journées. Ils commencèrent par confirmer les décrets du Gouvernement provisoire, principalement le suffrage universel, gain essentiel et difficilement contestable de la révolution de 1848. Les équilibres partisans sur les autres questions étaient clairs : le parti de l'Ordre dominait, grâce à son alliance de fait avec les Légitimistes. Du fait de la composition et des vues de cette majorité, les travaux de la Constituante prirent une orientation qui, si elle suscita l'ire de l'opposition, ne surprit guère.
Que comportèrent ces premiers projets d'articles votés par la Constituante ? Les représentants avaient émis le souhait d'un régime bicaméral, dont la chambre basse serait élue et la chambre haute nommée. La responsabilité ministérielle devant les Chambres et devant le chef de l’État fut l'objet d'un autre vote. D'autres vinrent arranger l'initiative législative ou les pouvoirs gouvernementaux.
Ce projet, qui n'avait pas de nom, tout le monde le reconnaissait. C'était la Charte. Projet silencieux sur la forme du régime et sur la nature du chef de l’État, esquisse arguant de la tradition du libéralisme institutionnel français pour justifier des institutions nouvelles qui ressemblaient à celles qui venaient de chuter. C'était bien la Charte. Cela n'allait pas sans les protestations et les contre-attaques de la minorité républicaine de la Constituante qui, à coup d'amendements ou de propositions d'articles, essayait de pousser le Parti de l'Ordre si ce n'est à la faute, du moins à la sincérité. Et pourtant, malgré les démonstrations et la colère des républicains de la veille, l'embarras de certains républicains du lendemain, la Charte ressuscitait de ses cendres, petit à petit, patiemment réanimée, article après article, par la majorité des représentants de la Constituante.
On l'a dit, ce projet, bien avancé courant décembre, restait habilement, si ce n'est hypocritement, silencieux sur la nature du régime et celle du chef de l’État. Les hérauts du Parti de l'Ordre le présentaient comme un projet parmi d'autres, citant les "contre-propositions" du centre et de la gauche républicaine.
Arriva un temps où les esprits poussant ce projet devaient cependant franchir le Rubicon politique et abattre leurs carte. Ce fut l'occasion d'un des événements les plus marquant de cette année 1848 et de notre histoire politique.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. mars 29, 2020 4:40 pm
par Chef Chaudard
Cavaignac avec des pouvoirs illimités ? Mais c'est Brumaire qui recommence !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 05, 2020 4:14 pm
par Emp_Palpatine
La délégation s'était constituée à Paris autour de figures monarchistes du Parti de l'Ordre, bien décidées à dépasser les luttes intestines et la division. Le projet constitutionnel des représentants de la majorité était arrivé à un point de non retour : le pas devait être franchi, dans un sens ou dans l'autre. Il était temps de franchir le Rubicon institutionnel et d'aider la Constituante à le faire en lui mettant la décision sous les yeux.
Le "Comte de Chambord", petit fils de Charles X, s'était opportunément rapproché de la France en prenant fort diplomatiquement les eaux à Wiesbaden. Ça n'était qu'à quelques jours de train de Paris. Etait-ce une main tendue?
Les monarchistes, réunis dans le "Comité de la Rue de Poitiers" s'accordaient sur le principe. L'aval sur la personne l'avait été donné par Louis-Philippe lui-même à mots couverts, visité par quelques fidèles. Il était vrai que la stérilité de l'épouse du Prince, Marie-Thérèse de Modène, était connue dans les cours. Si Henri V régnait, le Comte de Paris lui succèderait.
La délégation se mit en route.
Le voyage fut court et fructueux. Le chef des Bourbons avait reçu avec courtoisie et grande attention les parlementaires. Il avait écouté avec gravité leur rapport sur l'état de la France et l'exposé du projet institutionnel. Il l'avait accepté sans réserve, copnscient de la responsabilité historique qui lui incombait et de l'appel venu des profondeurs du pays.
Les télégrammes avaient fusé vers Paris tandis que la délégation s'était mise en route vers la France, ramenant un bien auguste bagage.
A l'arrivée du train princier en gare de Strasbourg, on avait joué "Le retour des Princes français" tandis que le régiment local présentait les armes à l'aînée de la famille royale, visiblement ému de retrouver le territoire national.
Le voyage vers Paris fut un triomphe populaire. A chaque étape, le train était accueilli par la troupe ou la garde nationale, la foule pavoisait de drapeaux tricolores frappés des armes royales ou du drapeau blanc de la dynastie.
La délégation fit son entrée à Paris à pied, le prince devant retourner dans sa capitale à cheval.
Portrait d'Henri de Bourbon, "Comte de Chambord", à cheval, retournant en son royaume.
C'est à ce moment que la Constituante vota les articles déclarant la France monarchie constitutionnelle et appelant au trône Henri, Charles, Ferdinand, Marie, Dieudonné de Bourbon, duc de Bordeaux. Le parcours du Roi à Paris devait s'achever au Palais Bourbon, après avoir traversé une ville pavoisée et en liesse, pour s'adresser à la Constituante dans l'émotion et prêter serment à la nouvelle Loi Constitutionnelle. Henri V était le nouveau Roi constitutionnel d'une France renouant volontairement, par le vœux du suffrage, avec ses institutions traditionnelle.
C'était du moins ainsi que cela devait se passer, dans l'esprit des plus optimistes des émissaires.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 05, 2020 5:12 pm
par Chef Chaudard
Quelle ignominie !
Le dernier rejeton de l'arbre sec des Bourbons, qui n'ont rien appris, ni rien oublié, de retour en France, non pas dans les fourgons de l'envahisseur étranger, mais dans un train bien français !
Griffon se lamente dans une cabine à destination de Philadelphie. Et le quincailler Chaudard, qui s'est révélé incapable de diffuser ne serait-ce que quelques exemplaires de sa feuille "le Père Duchesne du XIX° siècle", se terre dans un infect galetas de Sedan, attendant une occasion propice pour passer en Belgique.
Mais les français ne sont pas des veaux ! Et le peuple saura se montrer digne de ses pères de 1793 et 1830, foutre !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 05, 2020 6:42 pm
par Emp_Palpatine
Chaudard et Griffon ont été arrêtés suite aux événements d'octobre et novembre.
Ils peuvent bien rêver à une cabine, ils seront d'abord jugés.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 05, 2020 6:53 pm
par griffon
Il a fallu attendre la page 33 pour arriver a ce qui était prévisible depuis le début
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 05, 2020 7:19 pm
par Chef Chaudard
Emp_Palpatine a écrit : ↑dim. avr. 05, 2020 6:42 pm
Chaudard et Griffon ont été arrêtés suite aux événements d'octobre et novembre.
Ils peuvent bien rêver à une cabine, ils seront d'abord jugés.
Il faudra donc attendre l'indispensable insurrection populaire, qui mettra à bas les Bourbons, Foutriquet et tout le tremblement !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 05, 2020 7:33 pm
par griffon
mais non , une charrette chargée de poudre noire qui passe au bon moment au bon endroit devrait résoudre le problème !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. avr. 06, 2020 8:06 am
par Chef Chaudard
Une bonne vieille machine infernale !!!! Il n'y a que ça de vrai !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. avr. 06, 2020 4:46 pm
par Emp_Palpatine
La conversation de Wiesbaden
La question dynastique, prélude de toute action. Le contexte politique est favorable à une restauration. L'idée de fusion : le travail du Comité de la Rue de Poitiers. Rencontre avec le Duc de Chambord, avec Louis-Philippe et les Princes. L'avancée des travaux constitutionnels. Le Comte de Chambord à Wiesbaden. Le comité envoie une délégation. Accueil du Prince et premières discussions. Dispositions du Comte de Chambord et de la délégation. L'affaire de la "circulaire Barthélémy". Ultimes discussions avec le Prince et retour à Paris de la délégation.
Pour mieux expliquer ce chapitre un peu romanesque, si ce n'est rocambolesque, de notre histoire politique que l'on a pudiquement nommé "la conversation de Wiesbaden", il nous apparaît nécessaire de clarifier le contexte d'où sortit cette aventure romantique. La révolution de Mai 1848 n'avait évidemment pas apaisé la querelle dynastique qui fracturait le royalisme français depuis 1830. Les tentatives maladroites et désespérées de la Chambre le jour même de la chute de la royauté de Juillet d'appeler au Trône Henri d'Artois, au nez et à la barde (si l'on peut se permettre) de la Duchesse d'Orléans et du Comte de Paris n'avaient guère contribuer à apaiser les esprits. La chute de la monarchie orléaniste, fantasmée pendant 18 ans, n'avait pas non plus calmé les rancœurs légitimistes. Résoudre la querelle était le prélude nécessaire à toute avancée royaliste.
La question se fit rapidement urgente. Déjà, les observateurs les plus lucides avaient deviné le caractère conservateur du suffrage universel, avant même le résultat des élections constituantes. Pour l'électeur de 1848, l'ordre était la priorité. Pour l'électeur de 1848, l'ordre c'était -encore- le vieux Trône. Le triomphe du Parti de l'Ordre et le présence des Légitimistes en nombre à l'Assemblée avait amené une partie non négligeable des "républicains du lendemain" à abandonner leur républicanisme de façade. La guerre civile et l'écrasement du radicalisme firent le reste, au sein de l'Assemblée et de l'électorat conservateur : la France avait besoin d'institutions et d'un dirigeant.
Le Parti de l'Ordre siégait rue de Poitiers. Là, des royalistes de toutes tendances travaillaient fébrilement à un projet utopique. Le "Comité de Poitiers" avait une grande idée, la seule pouvant résoudre l'impasse dynastique : la fusion. Il fallait faire reconnaître la branche aînée à la branche cadette; il fallait que la branche cadette acceptât de pardonner. Des émissaires discrets firent la navette. Le Comte de Chambord n'avait manifesté aucune joie à la chute de son cousin et s'était abstenu de toute parole désagréable. La stérilité de son union avec Marie-Thérèse de Modène était maintenant évidente tout comme elle était indépassable. Le Prince consentait à ce qui lui succédât, en temps voulu, le Comte de Paris. En Angleterre, des orléanistes notoires rencontrèrent les Orléans exilés. Louis-Philippe, bien que sceptique sur les chances de restauration et l'avenir des perspectives de règne de son petit-fils, rappela (avec un peu de culot) son loyalisme sous Charles X et son accord à ce que le Comte de Chambord lui succède. Les Princes, par leur propre bouche et par celle de leur père, confirmèrent qu'ils serviraient avec bonheur leur cousin. La fusion était actée. Si elle n'était pas franchement réconciliée, les deux branches de la dynastie avaient convenu d'un accord qui permettait la sortie de l'impasse.
Il était grand temps que la situation fût clarifiée : les travaux de l'Assemblée constituante étaient avancés et le projet constitutionnels, cette révision de la Charte qui n'osait le dire, approchait son terme. Trancher sur la nature des institutions et sur le régime donner à la France allait être de la toute première urgence.
C'est dans ces jours cruciaux de décembre que, fort opportunément, le Comte de Chambord alla prendre les eaux à Wiesbaden, dans le Duché de Nassau, à proximité relative de la France. Ce mouvement du Prince, sans doute fait à dessein, ravissait le Comité de Poitiers : il était possible de mettre son plan à exécution, dans une relative discrétion et avec célérité.
Le Comité désigna donc une délégation qui devait se rendre à Wiesdbaden, présenter au Prince la situation et le projet institutionnel et, une fois les menus détails arrangés, télégraphier à Paris pour que l'on fasse voter par la Constituante les articles décisifs et l'appel au Trône. Du voyage furent des légitimistes de conviction, tels que Berryer, Coelion; des orléanistes, tels que Molé et Guizot, des cyniques comme Thiers. L'absence de telles personnalités serait vite remarquée, il fallait procéder rapidement.
A Wiesbaden, l'accueil du Comte de Chambord fut chaleureux. La délégation étant arrivée tardivement, le Prince insista pour que les membres de la délégation dînassent avec lui et se reposassent avant de commencer les travaux le lendemain. Les émissaires et Henri d'Artois s'entretinrent surtout, lors de ce premier dîner, de la situation politique, le Prince paraissant affecté par les récits de l'insurrection de Novembre qu'on lui faisait. Il s'enquit également de l'état de santé du vieux roi et de ses cousins les fils de Louis-Philippe, espérant pouvoir bientôt les revoir. Sur ces paroles bienveillantes, que certains interprétèrent comme de bon augure, on se sépara avec optimisme pour la nuit.
Le lendemain, après avoir entendu la Sainte Messe, le Comte de Chambord reçut les membres de la délégation. Les choses sérieuses commençaient.
Au fur et à mesure de l'exposé de la délégation et de la présentation du projet institutionnel, le Comte de Chambord se faisait plus froid, plus renfrogné, plus distant. Pendant deux jours, les discussions furent intenses. Le prince cédait sur certains points, s'arc-boutait sur d'autres.
Il se refusait d'accepter la responsabilité ministérielle devant les chambres, le partage de l'initiative législative, son appel au Trône par un plébiscite et, au delà de ça, le drapeau tricolore. En un mot, le Comte de Chambord était en désaccord avec les aspects matériels fondamentaux de la monarchie que l'on venait lui proposer. Le Comte de Chambord désirait que le Trône réglât la politique générale et que le droit divin en fût la source, les institutions constitutionnelles ne venant que garantir les libertés et remplir le rôle des anciennes institutions d'Ancien Régime qui tempéraient la monarchie. Il ne pouvait accepter d'être l'élu d'une majorité et ne pouvait que consentir, comme Louis XVIII avant lui, à octroyer un texte. Il ne ramassait pas la couronne, il n'avait jamais cessé de la porter.
C'était inacceptable pour la délégation, même les plus légitimistes. On supplia le Prince. On le cajola, on le flatta, on frémit en lui évoquant la situation politique, on lui rappela ses propres projets de compromis
Le "drapeau du compromis" qui aurait été dessiné par le Comte de Chambord vers 1844.
A ce moment crucial, le Comte de Chambord jugea bon de préciser télégraphiquement sa position à ses partisans en France par une déclaration confidentielle. Il la fit rédiger par un de ses soutiens, le Marquis de Barthélémy. Le texte n'était pas destiné à la publication mais plutôt à la propagande des Légitimistes. Mais, par une indiscrétion typique de ce genre de procédés théâtraux, un journal eut un exemplaire qu'il publia. Cette "circulaire Barthélémy" ne faisait, en soi, que répéter des choses que l'on savait déjà, avant même le départ de la délégation à Wiesbaden : condamnation de l'appel au peuple, direction de la politique générale, rappel du droit divin. Il était difficile de tenir langage plus inopportun en des semaines où tout semblait subordonné à la volonté populaire et quand cette même volonté populaire était disposée à faire sa demande. L'effet à Paris fut explosif.
Les plénipotentiaires apprirent l'existence de la "circulaire Barthélémy" et sa publication le surlendemain. La délégation était atterrée. C'était le coup de grâce porté à leurs efforts.
Le Comte de Chambord ne se justifia pas. Il rappela qu'il n'avait fait qu'énoncer ses principes, que ces idées découlaient du principe qu'il incarnait et représentait et qu'il ne pouvait y renoncer. Le Prince ne put que déplorer la publication maladroite de son texte quand il eut préféré produire un manifeste plus construit, une proclamation qu'il savait pouvoir, pensait-il, convaincre les Français. La délégation prit prétexte de la situation politique à Paris pour préparer son départ: sa mission était caduque, l'obstination bourbonienne d'Henri d'Artois avait eu raison de la bonne volonté des plus ardents. Paris valait bien une Messe pour l’aïeul de l'aîné des Bourbons, pour lui elle ne valait pas une constitution.
On se sépara avec politesse. Le Comte de Chambord, pris peut-être de remords ou de doutes tardifs, complimenta la délégation, s'annonçait prêt à les recevoir à nouveau, toujours à l'écoute de ce qui se passait en France.
Dans le train, certains, qui n'avaient jamais cru à la mission ou qui en souhaitaient l'échec, avaient un sourire en coin. D'autres étaient bien pâles, conscients du camouflet reçu du fait du Prince, qui n'avait pas fait grand état de leur délégation et de celle à venir à Paris Sur le visage d'autres des larmes de rage coulaient lentement.
"La république est faite" cracha Molé.
"La république?" lui répondit d'un ton mystérieux l'un des délégués.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. avr. 06, 2020 4:51 pm
par Emp_Palpatine
griffon a écrit : ↑dim. avr. 05, 2020 6:53 pm
Il a fallu attendre la page 33 pour arriver a ce qui était prévisible depuis le début
Eh ben même pas!
Pour info :
événement qui ne se déclenche que si la constituante est à majorité conservatrice (historiquement, elle fut républicaine modérée).
Si elle est légitimiste, la restauration est automatique. Si elle est historique, cette branche ne se déclenche pas.
C'est l'IA qui décide s'il accepte ou non la constitution, avec un gros déséquilibre en faveur du refus.
Je me suis inspiré des tentatives de restauration de 1848-1850, notamment en 49/50 quand les royalistes ont raflé le gros lot aux élections et que Chambord a (déjà) bien contribué à tout faire rater.
Autre point : la stérilité de l'épouse de Chambord semble était connue dès 1848-1850 et tout le monde a dans les cartons une succession de Chambord par le Comte de Paris qui est arrangée dans la "fusion" de ces années là.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. avr. 06, 2020 5:09 pm
par Chef Chaudard
La renonciation du comte de Chambord !
Il fallait pouvoir la cser celle-là
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. avr. 06, 2020 5:10 pm
par Chef Chaudard
Chef Chaudard a écrit : ↑lun. avr. 06, 2020 5:09 pm
Dans les venelles du quartier latin, circulent quelques feuilles clandestines du "Père Duchesne du XIX° siècle", discrètement colportées par quelques étudiants faméliques, à la mine exaltée :
"Quels foutus bougres, ces Bourbons ! Après le cornard Capet, l'outre Provence et l'inepte Artois, le fruit sec Chambord n'a rien appris ni rien oublié ! C'est le retour à la féodalité qu'il nous promet ! Aux armes les patriotes !"
Inutile de dire que l'audience de ces libellés est plus que confidentielle. Néanmoins, quelques exemplaires ont été fournis au prévenu Griffon, qui se morfond, confiné sur sa paillasse de la prison Saint Lazare, en attente de sa déportation à Cayenne.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mar. avr. 07, 2020 7:59 am
par stratcom
Ce Coelion est décidément de tous les mauvais coups.
Toujours aussi prenant.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. avr. 24, 2020 5:08 pm
par Emp_Palpatine
La rédaction de la constitution
Lendemains de l’entrevue de Wiesbaden. Fracture de la majorité conservatrice. Consensus pour la république. Desseins profonds des différents partis. Nouvelle commission constitutionnelle et début de la rédaction. Le débat sur l’assemblée unique. Comment il est tranché. Le mode d’élection du chef de l’Etat. Nouveaux élus à l’Assemblée Nationale et raisons de l’inquiétude. Débat sur l’amendement Grévy et l'amendement Leblond. Adoption de l’élection au suffrage universel. La proposition Thouret et les autres freins. Achèvement de la constitution. Physionomie générale des institutions. Vote des décrets convoquant les électeurs.
En cette période d’effervescence politique, la publication fort inopportune des propos du Comte de Chambord n’avait, en définitive, qu'un peu renforcé la cacophonie qui régnait des les journaux, les cafés, les salons. La très grande majorité des électeurs et même des représentants ne lurent jamais la circulaire Barthélémy. Son contenu n'eût guère surpris un lecteur, seule son inopportunité et sa maladresse frappaient. Mais il est en ainsi en Histoire : les messages les moins entendus sont souvent ceux qui, le recul arrivant, s’avèrent avoir la plus grande importance pour la postérité. Si le voyage de Wiesdbaden fut une déception pour les émissaires du Comité de la Rue de Poitiers, la circulaire Barthélémy acheva les espoirs royalistes. Ils furent accablés par la consternation : dotés d'une Chambre prête à les suivre, le contexte était incroyablement favorable à leur cause. Il ne leur manquait qu'un Prince qui comprît que Paris valait bien une Messe. De leur côté, les républicains (même du lendemain), soupiraient de soulagement : la restauration qui semblait imminente n’était plus envisageable à court terme.
La rédaction de la Constitution était le mandat de l’Assemblée Nationale et depuis octobre, elle n’avait guère avancé, si l’on excepte les semaines perdues entre les journées de Novembre et la conversation de Wiesdbaden. Il était grand temps de donner au pays, qui se lassait, des institutions légitimes. Il était craint, sans institutions, que le radicalisme ne resurgît de l’ombre et ne menaçât à nouveau les fondements de la société. Parmi les représentants, le consensus appelait à la république : l’urgence était d’enfin donner à la France un gouvernement. Comme le lecteur le supposera avec raison, les raisons de ce ralliement républicain variaient selon les partis.
La conversation de Wiesbaden et la circulaire Barthélémy avaient fracturé la majorité du Parti de l’Ordre. Ce dernier s’appuyait sur les Légitimistes pour s’assurer la majorité absolue parmi les représentants. Dès qu’il fut évident que le Comte de Chambord ne serait pas restauré dans l’immédiat, les Légitimistes refusèrent d’apporter plus avant leur concours. Ne disposant que d’une majorité relative, divisé entre orléanistes, républicains conservateurs et anciens de l’opposition dynastique, le Parti de l’Ordre ne pouvait plus décider seul de l’avenir du pays. Une coalition entre le Tiers Parti et l’Ordre était devenue nécessaire. Le Tiers-Parti, fort de son effectif en Républicains de la veille « modérés » et en républicains du lendemain ne donnerait son concours aux institutions qu’à une condition, évidente : la république. Ainsi se forma un consensus qui devait donner au pays ses futurs institutions.
Rappel des équilibres à l'Assemblée Constituante.
Pour le Tiers-Parti, le divorce du Parti de l’Ordre et l’imbroglio Bourbonien étaient une divine surprise, le cadeau de la Providence qui rendait possible la république modérée. La Montagne (les radicaux) ne pouvait que se féliciter de la déconfiture des projets de restauration. Restait le Parti de l’Ordre. Pour l’élément républicain, la conversion ne fut pas difficile. Au sein de l’élément monarchique, on comprit que le petit fils de Charles X ne pourrait pas régner et l’on était conscient que le petit fils de Louis-Philippe n’était pas en âge de le faire et qu’il était inconséquent d’ouvrir une restauration par une régence. Le république permettait donc de gagner du temps tout en s'étant débarrassé de la branche aînée dont on envisageait la restauration par dépit et nécessité plus que par fidélité. Avec la république conservatrice, l’ordre et la société seraient préservés, ce qui était le souci principal des représentants. Quant aux institutions le temps ne manquerait pas pour les réviser et les amener dans une direction plus conforme à leurs souhaits.
Enfin, les Légitimistes furent, pour certains, des soutiens inattendus à l’instauration officielle de la République : puisque Henri V ne régnerait pas, la République serait le meilleur obstacle à la poursuite de l’usurpation par la branche cadette.
En cette toute fin d’année 1848, c’est moins parce qu’elle enthousiasmait que parce qu’elle convenait aux desseins des représentants que la république fut officiellement instaurée.
L’Assemblée Nationale reprit ses travaux constitutionnels, enfin, et nomma une commission de constitution. Formée après plusieurs scrutins, cette commission avait été recrutée dans tous les groupes parlementaires. Seule la fraction Légitimiste s'en était écartée. Une large part avait été faite aux députés des anciennes Chambres : MM. De Tocqueville et Barrot allaient y siéger. On emprunta aux textes de la Première République, à la Constitution des États-Unis, aux Chartes de 1814 et 1830. Les libertés fondamentales du citoyen furent proclamées, on organisa le pouvoir législatif, on détermina les attributions de l'exécutif, on réglementa le droit de révision. Le projet fut ensuite présenté par M. Marrast, un républicain de la veille, sur le bureau de l'Assemblée.
La discussion s'ouvrit début janvier 1849 alors que la capitale était toujours sous l'empire de l'état de siège. Deux points furent l'objet de longues discussions : le premier portait sur l'unité ou la division du pouvoir législatif, le second sur le mode d'élection du président de la République.
Au sein de la commission, le système de l'Assemblée unique avait triomphé, seuls MM. De Tocqueville, Barrot et Vivien s'étaient prononcés pour le bicaméralisme. Les républicains s’écriaient, avec une étrange logique : « la souveraineté du peuple étant une, la délégation de cette souveraineté doit être une aussi ». Odilon Barrot tenta, à la tribune de l'Assemblée, d'incliner les opinions en faveur des deux Chambres. Ce fut un monument d'éloquence et de précision prenant en exemple le bicaméralisme américaine, celui pratiqué au Royaume-Uni pour illustrer la sagesse d'institutions dotées de freins et de contrepoids ; au contraire les deux exemples mémorables d'Assemblée unique, la Convention en France et le Long Parlement anglais n'avaient abouti qu'au despotisme.
En dépit de si hautes vues, la cause était perdue. Le dessein de la plupart des représentants, encore effrayés des événements de Novembre (voire Février) 1848, était de concentrer l'autorité, non de la morceler. Les partisans de la Chambre unique demandaient, non sans embarrasser leurs contradicteurs, quels seraient les membres de cette chambre haute. Pour faire une haute Chambre, il fallait en avoir les éléments : l'hérédité avait été abolie, le suffrage restreint ou à deux degrés eût été accueilli avec ombrage ; toute tentative pour créer des catégories d'éligibles ou pour organiser la représentation d'intérêts eût été taxée de retour à l’aristocratie. La seule deuxième Chambre qui aurait été alors tolérée n'eût été que la reproduction de la première, elle n'eût plus été un contre-poids mais une rivale. Si elle ne devait pas être autre chose, peut-être effectivement valait-il autant ne pas la créer. L'amendement de M. Barrot fut repoussé par 530 voix contre 289.
Le mode d'élection du président devait soulever des débats plus vifs encore. A une question de principe se mêlait l'intérêt de questions personnelles. Au début, le vœu général s'était manifesté : faire nommer le président par le suffrage de tous répondait à l'étroitesse du gouvernement de Juillet et répondait à l'idée démocratique. La plupart des conservateurs n'y répugnaient pas, sans doute car ayant conscience de leur force et ayant des plans pour l'avenir. Au sein de la Commission de Constitution, seule un contradicteur, M. de Parieu, s'opposa à cette idée.
Le suffrage universel est cependant une divinité ombrageuse et changeante, que nous invoquons ou que nous renions suivant qu'elle sert ou contrarie nos intérêts et nos opinions. Il arriva qu'au mois de décembre eurent lieu dans plusieurs départements des élections complémentaires provoquées par des démissions, décès ou arrestations de représentants suite aux événements de Novembre. On vit entrer à l'Assemblée des noms illustres : MM. Thiers et Molé, entre autres, ainsi que M. Hugo. Un résultat, cependant, dominait et effaçait tous les autres : Louis Napoléon Bonaparte était élu non plus cette fois par quatre mais par cinq départements. 300 000 suffrages le désignaient. Après le scrutin d'octobre, on avait pu croire à un effet du hasard, à un caprice passager. Après celles de décembre, le doute n'était plus permis : il y avait là l'indice d'une désignation populaire et les amis du Prince ne le dissimulait plus. Contrairement au mois d'octobre, Louis Bonaparte fit cette fois son entrée dans l'Assemblée. Son langage était réservé et convenable, il se borna à remercier ses concitoyens et à protester de son dévouement. Cette modestie ne rassura pas.
Le Prince Louis-Napoléon Bonaparte, nouvel élu au sein de la Constituante.
La nouvelle de cette élection avait jeté un grand trouble au Palais Bourbon. Le suffrage universel trouva soudain des amis sur lesquels il ne comptait guère et des adversaires sur qui il comptait encore moins. Deux partis divisèrent l'Assemblée. Dans l'un se rangèrent ceux qui persistaient à vouloir l'élection par le peuple. Ils trouvèrent dans le Parti de l'Ordre des alliés fidèles. Dans l'autre se groupèrent des républicains qui se piquaient d'habileté et craignaient les écarts infantiles du suffrage universel. Ils imaginèrent deux amendements pour faire triompher leurs vues.
La proposition la plus radicale fut défendue par M. Grévy qui présenta un projet où le pouvoir exécutif était confié non à un chef ayant une autorité propre mais à un président du conseil, simple délégué de l'Assemblée, désigné par elle et toujours révocable. Cette doctrine, qui transformait le chef de l’État et les ministres en agents de l'Assemblée, qui rappelait trop la Convention, trouva peu de faveur. M. Grévy produisit néanmoins une réelle sensation lorsque il décrivit l'immense puissance d'un chef élu par le peuple en ces termes :
« Etes-vous sûrs que dans cette série de personnages qui se succéderont tous les quatre ans au trône de la présidence, il n'y aura que de purs républicains empressés d'en descendre ? Etes-vous sûrs qu'il ne se trouvera jamais un ambitieux tenté de s'y perpétuer ? Et si cet ambitieux est un homme qui a su se rendre populaire ? Et si c'est un rejeton d'une des familles qui ont régné sur la France ? Et s'il n'a jamais renoncé expressément à ce qu'il appelle ses droits ? […] »
L'attaque personnelle, sous-entendue, était claire.
Un autre amendement fut conçu dans le but d'enlever au suffrage universel, devenu suspect, l'élection du chef de l’État. Il avait été rédigé par M. Leblond et trouvait au sein du Tiers-Parti, chez les républicains modérés, de nombreuses adhésions. Il s'agissait de faire nommer le président de la République par l'Assemblée. M de Parieu, issu du parti conservateur, le défendit à la tribune. Il argua que ni la Suisse, ni la Hollande quand elle était républicaine, ni les États-Unis n'ont conféré au suffrage universel la nomination du chef de l’État. Il poursuivit en ces termes :
« Avez-vous réfléchi à la nature du pouvoir que vous organisez ? Vous donnez une source indépendante à un pouvoir que vous voulez dépendant. Le président tiendra son mandat du peuple tout entier et vous voulez néanmoins qu'ils vous soit subordonné. Vous lui conférez le mandat qu'avait Napoléon et vous songeriez ensuite à l'enserrer dans des chaînes fragiles et à lui dire : Tu ne te débattras pas ! Votre combinaison est une source fatale de conflit entre le pouvoir exécutif et vous.
Et ce qu'il y a de plus grave, c'est que le conflit n'a pas d'issue légale. Le président n'a pas le droit de vous dissoudre, vous n'avez pas le droit de le révoquer. »
C'est ainsi que par deux amendements, les plus radicaux et les plus prévoyants s'efforçaient d'écarter la candidature princière qu'ils redoutaient. Les partisans du suffrage universel rencontrèrent en Lamartine un champion aussi éloquent qu'inattendu. Il avait après les élections d'octobre, l'un des premiers, entrevu le mouvement en faveur de Bonaparte. Voulut-il faire un calcul peu digne et faire échec à la candidature de son rival Cavaignac ? Voulut-il relever par un grand triomphe oratoire sa popularité déclinante et redonner de la vigueur à ses propres ambitions ? Il se fit, quoi qu'il en fût, l'avocat de l'élection populaire. Lamartine en appela à la confiance envers le suffrage ; il refusa d'envisager l'idée d'un coup de force ou de ruse du chef de l’État ; il considèra la future popularité du chef de l’État comme une bénédiction ; il expliqua que pour les princes tentés d'utiliser la magistrature suprême comme d'un marche-pied, ce serait moins un triomphe qu'une abdication de leurs principes.
L'Assemblée fut éblouie par le verbe de Lamartine. L'amendement Grévy fut repoussé par 643 voix contre 158 ; l'amendement Leblond par 602 voix contre 211. Quelques motions secondaires ayant pour but d'organiser des séries de candidature ou le suffrage à deux degrés furent également écartées ou retirées. 627 voix contre 130 remirent au suffrage universel le choix du président ;
Les Assemblées, lorsqu'elles ont voté les mesures les plus graves, même à une large majorité, ont parfois des mouvements qui ressemblent à des remords. Des rangs du Tiers-Parti, le représentant Antony Thouret proposa que l'Assemblée votât l'extension aux Bonaparte des lois d'exil, dans une intervention qui attaque avec virulence Louis Bonaparte. Dans un curieux revers de fortune, le Prince monta à la Tribune et s'y défendit fort gauchement, ce qui amena le représentant Thouret à retirer, avec une ironie méprisante, sa proposition.
L'Assemblée ne vota pas l'inéligibilité des princes des familles régnantes. Le Parti de l'Ordre ayant des desseins à moyens termes, s'y serait refusé quoi qu'il en fût.
D'autres amendements, qui proposèrent par exemple de conférer au pouvoir législatif le droit de suspendre le président, ne furent guère plus heureux. L'Assemblée prit d'autres dispositions : elle ne se contenta pas de dire que le président ne serait pas rééligible mais ajouta que ses parents ou alliés jusqu'au sixième degré ne pourraient pas être non plus élus après lui. Elle exclut également de la Vice-présidence les dits parents et alliés du président. On décidé également que, seul de tous les fonctionnaires, le chef de l’État serait astreint au serment. Enfin, l'article 68 de la constitution réaffirmait en termes comminatoires l'interdiction de la dissolution de la Chambre.
Une fois ces votes mémorables pris, il sembla que tout l'intérêt de la discussion fut épuisé. Les questions d'organisation judiciaire furent à peine effleurées ; les questions militaires renvoyées à une loi. Le problème si important de la révision souleva à peine quelques débats. L'ensemble du projet fut, après un nouvel et très court examen, voté par l'Assemblée à la majorité de 739 voix contre 30. Parmi les opposants, plusieurs s'expliquèrent. Berryer, réélu, se refusait à conférer par son suffrage une légitimité à l’État républicain ; d'autres comme Montalembert ne voulait pas associer leur nom à une politique qui en instituant l'Assemblée unique laissait la porte ouvert aux troubles ; d'autres enfin repoussaient une constitution qui ne reconnaissait pas le droit au travail et ne réalisait aucune des réformes sociales qu'ils espéraient.
Quelle était la physionomie des nouvelles institutions ? Trois pouvoirs étaient établis : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire.
Le pouvoir législatif était confié à une assemblée unique, composée de 750 membres, élus par le suffrage universel pour 3 ans.* Cette assemblée était permanente. Le pouvoir exécutif était délégué à un président de la République, élu lui aussi par le suffrage universel. Dans le cas où aucun des candidats n'aurait obtenu la majorité absolue des suffrages, l'Assemblée avait alors la faculté de choisir entre les cinq candidats ayant obtenu le plus de votes. La durée du mandat du président était de quatre années. A l'inverse des représentants, il n'était pas rééligible immédiatement. Ses pouvoirs étaient, en un sens, moins étendus que ceux du roi constitutionnel : il disposait de la force publique mais ne la commandait pas, il ne disposait pas du droit de dissolution, ne pouvait ni retarder ni suspendre la promulgation de la loi et n'était pas inviolable. D'un autre côté, il puisait dans l’investiture populaire une autorité immense et s'il était responsable, l'action en responsabilité était tellement difficile à exercer qu'il y avait lieu de craindre qu'elle ne fût illusoire.
Schéma simplifié des nouvelles institutions.
La révision était un des derniers titres du texte. Le principe en était admis mais soumis à des conditions rigoureuses. Aucun vœu ne pouvait être formulé en ce sens, sauf dans les dernières années de la législature. Une proposition ne pouvait être transformée en résolution définitive qu'après plusieurs délibérations à un mois d'intervalle et aux trois-quarts des suffrages exprimés.
Tel était, dans ces traits généraux, le projet de constitution républicaine adopté par l'Assemblée Constituante et promulgué en les termes suivants:
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS, L'ASSEMBLÉE NATIONALE a adopté, et, conformément à l'article 6 du décret du 28 octobre 1848, le Président de l'Assemblée nationale promulgue la CONSTITUTION dont la teneur suit :
Préambule
En présence de Dieu et au nom du Peuple français, l'Assemblée nationale proclame :
I. - La France s'est constituée en République......
La suite ici
Tout étant accompli, l'Assemblée vota la convocation des électeurs à l'élection présidentielle pour le dimanche 4 février 1849.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. avr. 24, 2020 5:31 pm
par griffon
Je propose une variante , l'assemblée exerce l'ensemble du pouvoir législatif
et désigne les ministres dont un "premier" chargé de l’exécutif et uniquement de cela
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. avr. 24, 2020 6:11 pm
par Emp_Palpatine
C'est l'amendement Grévy.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : ven. avr. 24, 2020 11:39 pm
par Locke
Ce corse à l'accent autrichien, flanqué de ses Morny et Persigny, il sent le soufre ! Les gens du parti de la raison se font désormais rares dans ce pays. Gageons que les cohortes de l'Ordre fasse bloc en attendant le retour d'Orléans le jeune.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : sam. avr. 25, 2020 8:24 am
par Chef Chaudard
Pendant que Griffon se morfond à fond de cale, que le quincailler Chaudard vend des clous sur les trottoirs de Bruxelles, la Grande Nation est livrée aux nostalgiques de Capet et aux aventuriers brumairistes...
Triste époque !
Le peuple abasourdi courbe la tête, mais le réveil sera terrible.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 26, 2020 2:37 pm
par Emp_Palpatine
Retournons sur une scène s'étant déroulé pendant le vote de la Constitution:
Pendant toute la séance fatidique, Antony Thouret et son compère, De Ludre, avaient violemment attaqué à la Tribune le Prince Louis-Napoléon Bonaparte. Hormis son héritage familial, ils lui reprochèrent de n'avoir jamais dénoncé ni expliqué ses proclamations de Strasbourg et de Boulogne, de n'avoir jamais expliqué ou condamné les cris de "Vive l'Empereur" qui l'avaient accompagné alors, qui l'accompagnait encore parfois. Ils lui reprochèrent de n'avoir jamais renoncé au principe qu'il représentait. Ils lui reprochèrent, dans sa candidature évidente aux prochaines élections, ses ambitions futures. Ils mettaient en garde contre un danger mortel pour la République.
Antony Thouret, républicain de la veille.
Thouret et de Ludre proposèrent un amendement à la Constitution, déclarant que tous les membres d'une famille ayant régné sur la France seraient inéligibles à la Présidence de la République ainsi qu'à la Vice-Présidence.
Alors que le président Dupin s’apprêtait à faire voter l'amendement, Louis-Napoléon Bonaparte, dans un geste rarissime, demanda la parole et l'obtint.
Le Prince monta à la Tribune et s'adressa à la Chambre. Ses propos étaient insignifiants, confus; son accent traînant suisse-alémanique renforçait chez les représentants la stupéfaction, l'impression de confusion, d'inexpérience et surtout de simplicité d'esprit et d'innocuité du Prince.
Louis Bonaparte retourna à sa place, au milieu d'une Chambre partagée entre l'hilarité et l'incrédulité.
Visiblement amusé, le représentant Thouret remonta à la tribune et entre deux ricanements, rassuré par le spectacle du César qu'il craignait quelques minutes plus tôt, déclara à l'Assemblée :
"Citoyens représentants, en présence des paroles que vous venez d'entendre, je comprends l'inutilité de mon amendement et je le retire!"
Caricature d'Antony Thouret, connu à l'époque pour son obésité.
Tandis qu'Antony Thouret retournait à sa place, l'objet de cette hilarité était retourné à son siège. Sur les bancs de la droite, alors que l'agitation moqueuse continuait, ont vit M. Thiers penché vers ses séides, un sourire aux lèvres, regardant le Prince Bonaparte du coin de l’œil. L'ancien président du Conseil de Louis-Philippe aurait été entendu dire à ses fidèles "voyez, c'est un crétin que l'on mènera".
Louis-Napoléon était impassible, les yeux comme souvent mi-clos mais le regard fixé avec intensité dans le lointain, comme absent et indifférent au tumulte.
Alors que rires, calembours et quolibets fusaient, certains observateur ont juré entrapercevoir, à la commissure d'une des lèvres princières, la marque d'un imperceptible sourire.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 26, 2020 2:38 pm
par Emp_Palpatine
Victor Hugo, Choses Vues,
Pendant qu’on agitait la question de la présidence, Louis Bonaparte s’est absenté de l’Assemblée. Cependant, lorsqu’on a discuté l’amendement d’Antony Thouret et de Ludre qui excluait les membres des familles royales ou impériales, il a reparu. Il s’est assis à l’extrémité de son banc, à côté de son ancien précepteur, M. Vieillard, et il a écouté en silence, tantôt s’accoudant, le menton dans la main, tantôt tordant sa moustache.
Tout à coup, il s’est levé et s’est dirigé lentement vers la tribune, au milieu d’une agitation extraordinaire, une moitié de l’Assemblée criant : Aux voix ! L’autre criant : Parlez !
M. Sarrans était à la tribune. Le président a dit : — M. Sarrans cède la parole à M. Louis Napoléon Bonaparte.
Il n’a dit que quelques mots insignifiants et est redescendu de la tribune au milieu d’un éclat de rire de stupéfaction.
La version Hugolienne de l'épisode historique.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 26, 2020 3:30 pm
par Chef Chaudard
Les sots !!!
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 26, 2020 3:59 pm
par Emp_Palpatine
Avec le recul, j'ai la conviction que LNB a feint la gaucherie.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : dim. avr. 26, 2020 5:00 pm
par Chef Chaudard
Emp_Palpatine a écrit : ↑dim. avr. 26, 2020 3:59 pm
Avec le recul, j'ai la conviction que LNB a feint la gaucherie.
Badinguet est-il seulement capable d'une telle perfidie ? J'en doute ...
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. avr. 27, 2020 2:42 pm
par GA_Thrawn
Emp_Palpatine a écrit : ↑dim. avr. 26, 2020 3:59 pm
Avec le recul, j'ai la conviction que LNB a feint la gaucherie.
J'en suis persuadé aussi! bien fait pour les républicains
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. juin 03, 2020 4:23 pm
par Emp_Palpatine
L'élection à la présidence.
I. Personnages divers pouvant briguer la présidence : M. Molé, M. Thiers, M. de Lamartine, le Maréchal Bugeaud, le général Changarnier. Abandon ou désaveu des candidatures. Deux candidats principaux sont réellement en lice.
II. Le général Cavaignac. Ledru-Rollin. Louis Bonaparte : réserve apparente et activité de son parti. Avantage du prince sur son concurrent. Soutiens inattendus. Attitude de la majorité parlementaire. Force immense puisée par le Prince dans son nom.
III. Élections du 10 décembre : résultat du scrutin. Cavaignac usé en quelques mois, comme Lamartine avant lui. Cavaignac dépose ses pouvoirs. Discours de Louis Bonaparte; il s'installe à l’Élysée.
I
Il ne manquait pas, en ce début de 1849, d'hommes aspirant à la première magistrature. Trente-trois ans de régime parlementaire et presque vingt ans de campagnes en Afrique avaient mis en relief, aussi bien dans l'ordre civil que dans l'ordre militaire, d'illustres personnages pouvant espérer la fortune la plus haute. Nous pouvons rappeler au lecteurs quels étaient ces grands noms que l'on s'échangeait alors , dans le grand jeu des conjectures qui agitaient salons et cafés.
Un grand nom, porté avec aisance, des relations étroites dans l'aristocratie européenne, un charme et une politesse de manières appréciables aussi bien dans les républiques que dans les monarchies, un art raffiné à conquérir; toutes ces qualités assuraient à M. Molé une place éminente sous tous les régimes et si beaucoup le surpassaient par l'éloquence ou l'activité, nul ne jouissait de plus d'autorité.
Molé, à l'époque de la Monarchie de Juillet.
Si l'on souhaitait un chef plus entreprenant, si l'on ne redoutait pas les écarts d'un esprit plus capricieux, mobile et ambitieux, le nom de M. Thiers s'imposait. Ses discours et ses livres l'avaient révélé depuis longtemps au public. Son ralliement au parti de l'ordre l'avaient grandi au yeux de l'opinion conservatrice et il était l'un des chefs de la majorité.
Thiers (oui, il était encore relativement jeune)
Poète, orateur, historien, homme d’État, monarchiste par tradition, républicain par entraînement, inconséquence ou goût de l'inconnu; perspicace et sage à ses heures, généreux toujours : Lamartine, malgré le déclin de la faveur publique, demeurait une des personnalités les plus séduisantes qui furent jamais envisagées. Il ne faisait guère de doute que le poète avait pendant de longs mois estimé que la magistrature suprême lui reviendrait de droit.
Lamartine, à l'heure de sa gloire.
Si enfin on estimait qu'il convint de placer le gouvernement nouveau sous la protection d'une épée, le maréchal Bugeaud apparaissait avec le prestige de l'Algérie conquise et le renom d'une probité un peu rude (faisant son impopularité à Paris) mais inattaquable avec la force que lui communiquait l'affection et la fidélité des troupes.
Le maréchal Bugeaud.
A ses côtés se distinguait son plus fidèle lieutenant, le général Changarnier, mis en lumière par les récentes répressions et par le commandement de la garde nationale : on vantait ses talents, sa fermeté, sa bravoure. On le savait plein de confiance en lui-même, confiance légitime qui avait cependant le défaut de ne pas se dissimuler assez. Homme d'ordre, Changarnier ne faisait pas mystère de ses convictions monarchistes.
Le général Changarnier.
On le voit, la monarchie de Juillet (et c'était là son dernier service) avait légué des hommes capables de gouverner et de servir. Pourtant, il fut bientôt manifeste qu'aucun de ces noms ne pourrait supporter l'épreuve du suffrage universel. Fortement trempé dans la société nouvelle, M. Molé était presque un homme d'ancien régime : sa longue carrière politique débutant sous la restauration vieillissait son image et l'on peut se le figurer comme plus propre à la décoration d'un État paisible que d'un État populaire et mouvant.
M. Thiers était plus rompu à la tactique parlementaire qu'à la séduction et au maniement des masses. Ses ambitions et ses convictions changeantes irritaient également certains de ses alliés. Lamartine était coupable de modération aux yeux des démocrates, de faiblesse aux yeux des conservateurs et avait fini par s'aliéner tout le monde tout en voyant sa popularité fondre dans l'oubli. Le maréchal Bugeaud, rude et robuste nature, accoutumé au gouvernement sans contrôle des provinces africaines ou des camps militaires était moins que tout autre apte au rôle de candidat. De plus, les hasards de sa carrière l'avaient mis aux prises avec les extrêmes qui ne lui avaient pas pardonné : les légitimistes se souvenaient de Blaye, les républicains de la rue Transnonain. Enfin, contre le général Changarnier, on pouvait objecter sa renommée récente, sa présomption vaniteuse et l'on ajoutait que, militaire pour militaire, le chef du pouvoir exécutif en place était préférable à tout autre.
En dehors de ces causes, il y avait pour tous ces illustres personnages une cause générale d'insuccès : ils représentaient des fractions parlementaires plutôt qu'un symbole. Aucun d'eux n'était assez connu ou aimé pour attirer le courant populaire. Cette situation fut si claire que toutes ces candidatures ne surgirent que pour être presque aussitôt abandonnées. M. Molé ne fut candidat que dans la pensée et les écrits de quelques-uns de ses amis. M. Thiers caressa un instant l'espoir du rang suprême mais l'illusion fut de courte durée. Le maréchal Bugeaud, après avoir laissé courir le bruit de sa candidature, désavoua solennellement toute pensée pareille dans une lettre rendue publique et supplia les électeurs de "concentrer leurs vote sur un homme à qui l'assentiment général donnerait assez de force pour dominer le présent et consolider l'avenir", soutenant à demi-mots Louis Bonaparte. Changarnier, lui aussi, se défendit de toute prétention à la magistrature suprême. Lamartine, enfin, moins explicite, écrivait au Journal des Débats "briguer la présidence serait une témérité et la décliner une lâcheté", se réfugiant dans une ambiguïté peu susceptible de provoquer l'enthousiasme.
C'est ainsi qu'à mesure où s'approchait le jour solennel, le terrain électoral se déblayait. Si l'on excepte le nom de Ledru-Rollin qui devait rallier les suffrages de la démagogie et celui de Raspail, sur qui les socialistes avaient résolu de se rassembler, les candidatures se réduisirent à deux : celle du général Cavaignac et celle de Louis Bonaparte. Sur eux se concentra tout l'intérêt de la lutte. Telle était la situation au moment où la Constitution fut promulguée.
II
Le général Cavaignac avait pour la lui la possession du pouvoir, le prestige des services rendus, la faveur de la bourgeoisie libérale et une estime générale. Par malheur pour lui,son absence de réel sens politique et l'indécision de son caractère ne faisaient que se marquer davantage. Vigoureux dans la répression de la guerre civile, le général Cavaignac était dans sa gestion du gouvernement absent, indécis, fade et faible. Patiente, l'Assemblée ne tarda néanmoins pas à manifester sa confiance décroissante, d'autant plus que le républicanisme affiché du général était perçu avec de une mauvaise humeur grandissante par le Parti de l'Ordre. Cavaignac était pris au piège de ses convictions et des équilibres politiques du moment : il ne pouvait pas faire un pas vers la droite sans être obligé de faire un pas en sens inverse immédiatement, paralysant son action et sa parole. La première condition d'un pouvoir est d'assigner un but et d'y marcher. En ces heures cruciales, cédant tour à tour à des influences contraires, le général Cavaignac ameutait contre lui la plupart des partis et amoindrissait rapidement son autorité. Le discrédit fut le châtiment de son irrésolution : lorsque approcha l'heure de l'élection, il avait perdu la confiance unanime qui l'auréolait au lendemain de la victoire de novembre.
Ce n'est pas que pour faire triompher sa candidature de sérieux efforts n'aient été tentés. On rappelait la probité sans tâche, le patriotisme du candidat, on lui opposait les vaines et trompeuses promesses d'autres candidats; on sous-entendait le danger qui pesait sur la survie des institutions. D'illustres personnalités le présentaient comme le "véritable républicain [...] soumis la représentation nationale". Le général avait effectivement promulgué une circulaire aux allures de programme où était proclamée la nécessaire soumission de l'exécutif aux volontés de l'Assemblée entre autres grands principes. Ce texte était cependant du ton du chef qui commande que celui du candidat qui sollicite. Le général Cavaignac faisait également violence à ses habitudes en se montrant plus et en jouant le jeu des mondanités : banquets, passage en revue, réception de délégués, visites d’hôpitaux ou de prisons. Pendant ce temps, ses amis répandaient les brochures, les lithographies, les portraits.
On ne tarda pas à s'apercevoir que toute cette activité se dépensait en pure perte. le général avait le juste sentiment de sa faiblesse : il remplissait son rôle de candidat avec conscience mais sans entrain. On eût dit, dans certaines de ses déclarations, qu'il cherchait à se consoler d'avance de son échec.
Que faisaient Louis-Napoléon Bonaparte pendant ce temps? Le prince maintenait, depuis ses apparitions raillées à l'Assemblée, une apparente réserve qui dissimulait l'activité de son parti. Louis Bonaparte, au contraire du général Cavaignac, avait pour agent des hommes jeunes et ardents, libres d'allure et de parole. La propagande était organisée, active, continue et acharnée. Des émissaires parcouraient les campagnes, distribuant médailles, portraits, journaux. Les inévitables promesses de campagne furent légions, tout comme les attaques. Le Prince évitait de se compromettre dans la polémique quotidienne, laissait faire ses amis, prêt à profiter de leurs manœuvres ou à les désavouer si elles dépassaient la mesure permise.
Campagne électorale de 1849, vue par un journal allemand.
L'échéance approchant et Bonaparte distançant son rival, les personnages les plus importants de l'Assemblée se demandèrent au service de qui ils mettraient leur influence et leur vote. Louis Bonaparte excellait à contenter les solliciteurs par des approbations vagues. Il avait aussi bien séduit chez les socialistes que réussi à se concilier le parti conservateur, monarchique et religieux. Il mit autant de soin à rallier les chefs parlementaire que Cavaignac en mettait de persistance à les ignorer ou à les décourager. Certains d'entre eux, Molé et Thiers au premier chef, pensaient de plus avoir trouvé le nom qui manquait au Parti de l'Ordre et s'étaient figuré être face à un personnage médiocrement intelligent, inexpérimenté et aisé à manœuvrer. Ils le patronnèrent, rejoignant le maréchal Bugeaud. Les journaux suivirent leurs chefs. Ce qu'on voulait dans une portion du parti conservateur et monarchique c'était non un chef capable contenir la révolution mais un président provisoire pour une république provisoire. A leurs yeux, la fortune voulait à tout prix le triomphe de Bonaparte puisqu'elle faisait de sa médiocrité perçue un élément de succès.
Le Prince avait bien sûr publié un manifeste, programme de son gouvernement futur, programme où chaque parti trouvait la réalisation de ses vœux et espérance : protection de la propriété, de la famille, de la religion, liberté d'enseignement; baisse des impôts, développement de l'agriculture, prévoyance envers les vieux travailleurs, lois industrielles, décentralisation, paix extérieure. Le manifeste s'achevait par un chaleureux appel à la conciliation et à l'unité nationale.
Rien de tout cela n'eût cependant suffi à assurer le succès du Prince s'il n'avait eu à son service une force qui dominait tout le reste et sans laquelle il n'était rien : cette force, c'était celle de son nom. Tandis que la République semblait insuffisante à maintenir l'ordre, tandis que la monarchie paraissait soit dangereuse pour l’égalité, soit trop éloignée, les Bonaparte dans la pensée populaire symbolisaient la paix publique, la révolution d'où ils avaient surgi et éveillaient le souvenir palpitant de la force , de la gloire et de la conquête.
Les germes semés par les libéraux depuis la Restauration parvenaient à maturité et entraient en floraison : c'était Béranger qui avait chanté la gloire impériale; c'était le gouvernement de Juillet qui avait ramené les Cendres et honoré les serviteurs de l'Empire; c'étaient ces vieux soldats, par milliers dans les campagnes, qui avaient raconté aux jeunes générations.
III
On touchait à la date solennelle du 2 février. La veille, une proclamation officielle du chef du gouvernement invita les populations au calme et au respect de la loi. Cet appel fut heureusement inutile. C'est au milieu de l'ordre le plus parfait que s'accomplirent les opérations électorales.
Dès le 5 février, les nouvelles ne laissèrent point de doute sur le succès de la candidature napoléonienne. On attendait cependant le résultat officiel avec une vive curiosité.
Dépouillement, par la commission parlementaire, des procès-verbaux départementaux de l'élection présidentielle du 2 février 1849.
Enfin, après plusieurs jours, le rapporteur apporta le compte-rendu complet de la vérification : Louis-Napoléon remportait 75% des voix ( plus de sept millions d'électeurs).
Cavaignac était vaincu, rassemblant à peine plus d'un million et demi d'électeurs. Tout comme Lamartine, Cavaignac se voyait abandonné par la faveur publique après avoir été l'arbitre du pays en Novembre. Les hommes s'usent vite en temps de révolution : moins d'une année avait suffi à briser les deux idoles.
Le reste des voix s'égailla sur la candidature des montagnards et des socialistes ainsi que sur des candidats déjà retirés (Changarnier), non déclaré ou illégaux (les fils de Louis-Philippe).
Ayant exercé le pouvoir avec désintéressement, Cavaignac le quitta avec simplicité. Après la proclamation du vote, il monta à la tribune pour de brèves paroles puis retourna à son banc, sous de longs applaudissements.
Pendant que la commission lisait son rapport, Louis-Napoléon Bonaparte, en habit noir et portant sur la poitrine la plaque de la Légion d'Honneur, était entré et avait pris place au dessus du banc ministériel. Quand le général Cavaignac descendit de la tribune, il y monta à son tour et prêta le serment constitutionnel et un discours rassembleur et rassurant.
Prestation de serment et discours de Louis-Napoléon Bonaparte, président de la république.
Son langage plein de mesure rassura et fut écouté avec ferveur. La cérémonie d'installation terminée, Louis Bonaparte, accompagné des membres du bureau de l'Assemblée et de quelques proches, quitta la salle des séances et se dirigea vers le palais de Élysée qui lui avait été assigné comme demeure officielle. Presque dix mois après les événements de mai 1848, la France retrouvait un gouvernement régulier.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : mer. juin 03, 2020 5:52 pm
par Chef Chaudard
Un gouvernement régulier, certes mais mâtiné d'une bonne dose de césarisme !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. juin 04, 2020 11:19 am
par Locke
C'est un gage d'une très longue régularité !
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. juin 04, 2020 2:50 pm
par griffon
Je ne voudrais pas sortir de l'AAR mais c'est exactement De Gaulle un siècle plus tard
et dans un cas comme dans l'autre c'est une félonie !
Rafraîchissez moi la mémoire il existe bien encore une assemblée
et un premier ministre ?
C'est quoi les pouvoirs d'un président de la seconde République ?
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. juin 04, 2020 3:56 pm
par Emp_Palpatine
L'élection de 1848 (ici 1849) est régulière et dans les formes décidées par la Constituante. Pas comme 1958/1962.
Quant à la Seconde République, il y a un bien une assemblée unique devant laquelle l'exécutif n'est pas responsable et qui a l'initiative législative.
En ce qui concerne l'exécutif, en dehors de la présidence la constitution est vague et ne prévoit pas de président du conseil. La pratique qui en sera faite fut fluctuante : il y en eut.
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : jeu. juin 04, 2020 5:05 pm
par Chef Chaudard
Badinguet conduira la France à la ruine !!!
Déjà, à Plassans, sous-préfecture provençale, partisans et adversaires du neveu commencent à se chamailler....
Re: A toutes les gloires de la France.
Posté : lun. août 10, 2020 10:58 am
par griffon
ci dessous un tres intéressant fil qui date du tout début du forum
un fil sur Napo le premier qui dévie tres vite sur Napo 3
et qui est tres instructif sur le déroulé de cette partie (passé , présent et futur )