Operation Barbarossa – Struggle for Russia
Un successeur de la série des Panzer General, après toutes ces années d'attente? La nouvelle simulation stratégique de Matrix semble s'être fixée ce but, aussi louable que délicat. Souvenons-nous: en 2000, SSI nous présentait le dernier opus sur PC d'une série qui avait marqué les années 90 comme peu d'autres. Le concept du jeu proposait au joueur avide de se plonger dans les batailles de la Seconde Guerre Mondiale de commander une armée. Les objectifs définis par le haut commandement étaient à remplir avec les quelques divisions à disposition, qui évoluaient au fil du temps grâce aux livraisons de nouveau matériel et à l'expérience des unités. Le jeu était facile d'accès, tout en évitant de sombrer dans la simplicité excessive. Matrix a repris cette idée, tout en offrant quelques changements.

La première impression que donne le jeu est celle d'une grande austérité. L'interface uniformément grise n'a pas de quoi égailler les esprits, elle rend difficile la perception des informations qui seront importantes pour les combats à mener. Les unités, dont la modélisation en 3d est fêtée comme une avancée majeure, sont difficilement différentiables sur le terrain, précisément à cause de cette modélisation aventureuse, qui ne se démarque pas vraiment par l'amour du détail. Il faut zoomer en permanence pour reconnaître les différents modèles, le texte les décrivant n'est accessible que quand le curseur est directement sur l'unité. La possibilité d'afficher les unités comme compteurs OTAN est cependant donnée. Quand une unité est sélectionnée et qu'on déplace le curseur autrepart, on ne dispose plus d'indication sur cette unité; un problème qui se pose en permanence et qu'il aurait été simple d'éviter.


La spécialisation des unités facilite la gestion de situations délicates, comme l'assaut d'une ville
C'est en choisissant la composition de son armée qu'un nouvel élément de gameplay fait son apparition: les ressources. Avec elles, on peut acheter du nouveau matériel. Cependant, ces ressources sont aussi utilisées pour ravitailler les troupes sur le champ de bataille et combler les rangs vidés après une offensive sanglante. Dans Panzer General, on recevait du nouveau matériel quand le haut commandement le voulait bien, et il était plus généreux quand les victoires étaient plus prestigieuses. Les munitions coulaient à flot, les renforts humains se tarissaient peu à peu quand on en demandait trop. Le commandant d'armée d'Operation Barbarossa gère tout celà lui-même par le biais des ressources, mais celles-ci sont si abstraites qu'elles peuvent paraitre ridicules: pourquoi la capture d'un dépôt de munitions ennemi (qui donne un bonus en ressources) aiderait-elle à combler les pertes humaines d'un régiment situé quelques kilomètres plus loin? Dans sa volonté de rester simple tout en complexifiant un peu le jeu, Matrix perd de vue le concept d'ensemble. L'immersion, déjà mise à mal par les graphismes, en pâtit.

L'aspect tactique et opérationnel du jeu, la bataille, ressemble beaucoup à ce que Panzer General offrait. On retrouve les mêmes facteurs: points d'actions permettant mouvement et combat, une unité à la fois sur un hexagone, la nécessité de pratiquer la coopération interarmes, la prise en compte du terrain, de l'équipement et de l'état des unités. Il n'y a par contre plus d'actions spéciales pour les différentes armes, comme la possibilité de se cacher dans les nuages pour les chasseurs ou le tir antichar pour les canons antiaériens. Faute est de constater que l'équilibrage laisse à désirer: dans Operation Barbarossa, il est tout à fait possible d'attaquer une unité d'infanterie en pleine santé, retranchée dans une ville, avec des troupes de reconnaissance – sans subir soi-même de pertes. Les objectifs sont très monotones et répétitifs: prises de villes, destruction d'unités particulières, le tout avec une limite de temps. L'IA est apathique, elle manque souvent jusqu'aux opportunités les plus criantes. Ainsi, des chars moyens adjacents à de l'artillerie ennemie non-déployée (et donc hautement vulnérable) ne se donneront pas la peine d'attaquer cette cible idéale. Ils restent sur place et ne font ... rien. Souvent aussi, les troupes ennemies évacuent sous vos yeux des objectifs primaires!
En contrepartie, on observe une grande attention des développeurs vis-à-vis du suivi. Les patchs sont assez nombreux et remplis de contenu. Nouveaux scénarios, compteurs OTAN, résolution de bugs, autant d'améliorations qui auraient sûrement été distillées dans des mini-patchs payants autrepart. Les plaintes de joueurs sont traitées, à côté des compteurs OTAN donnant une meilleure visibilité du matériel, une mauvaise configuration des clics de souris (on a souvent des clics "manqués" assez énervants) va être corrigée. Il reste donc l'espoir que les problèmes qui handicapent la version actuelle disparaissent au fil du temps.

Au final, Operation Barbarossa – Struggle for Russia ne se démarque pas de manière positive de Panzer General, vieux de dix ans. Si le jeu peut avoir un certain attrait pour un débutant du genre, il peinera beaucoup à convaincre un joueur plus expérimenté. Matrix a remplacé une partie des concepts les plus intéressants de Panzer General par les siens, sans forcément y gagner au change. Les problèmes de l'interface n'encouragent pas à s'investir dans un jeu qui devient très vite répétitif. Son grand avantage reste cependant d'être optimisé pour les normes techniques actuelles, permettant d'y jouer sur une machine moderne et en multijoueur sans accrocs.
Note: 5/10
Fiche technique
Catégorie: wargame opérationnel
Sortie: 9 septembre 2009
Studio – Editeur: Binary Evolution Studios / Matrix Games
Site officiel
Prix éditeur: 24,99€
Les points forts
- Facile d'accès pour un débutant
Manuel complet
Bon suivi par l'équipe de développement
Permet de jouer en multijoueur (hotseat ou jeu par e-mail)
- Interface mal conçue
Répétitif
Peu innovant
Graphismes rustiques