Je tiens mes connaissances sur la période de la part d'un certain Kroener, professeur à l'université de Potsdam et spécialisé dans l'histoire militaire, en particulier la culture de la violence (
quelques oeuvres de sa part, il y en a en français aussi). Il semble donc y avoir débat sur le sujet, si Henry Bogdan n'en parle pas du tout.
La tradition des historiens de Potsdam faisant qu'ils s'intéressent beaucoup à la vie quotidienne des couches sociales moins aisées (très dur à analyser pour les historiens, l'analphabétisme et le désintérêt de la société plus cultivée pour eux fait que les sources sont extrêmement rares), j'aurais plutôt tendance à pencher vers leur avis. Bien sur mon avis est loin d'être objectif, après tout c'est dans cette université que j'ai fait une bonne partie de mes classes

Ce genre de choses est souvent considéré comme un détail insignifiant par la plupart des historiens, d'où mon doute sur les connaissances de Bogdan sur le sujet ou sa volonté à l'évoquer dans une oeuvre plutôt générale.
Cependant, je me souviens distinctement de gravures montrant les paysans tendre des embuscades aux soldats un peu trop négligents et dépeçant les cadavres. Une troupe de soldats en territoire inconnu, peut-être épuisée, ne faisant pas grand cas des paysans, est très vulnérable. La population des villages a eu le temps d'apprendre à s'organiser, vu les dégâts on comprend aussi qu'ils ne soient pas restés inactifs. Les exactions subies expliquent aussi une soif de vengeance brutale. Dans le détail, je pense qu'il est difficile d'estimer l'ampleur du phénomène. Quand une vingtaine de soldats manquent à l'appel, le capitaine ne peut établir avec certitude qu'ils ont été assassinés par des habitants de la région que s'il retrouve les cadavres ou d'autres preuves. Ce pourraient être des désertions aussi, par exemple. Souvent, il n'aura pas le temps d'examiner la question, ou alors il ne s'embêtera pas à jouer les détectives mais décrètera quelques punitions collectives après avoir lancé un ultimatum visant au retour des soldats.
Le phénomène du paysan défendant activement son bout de terre et ses possessions n'est cependant pas sans parallèle dans l'histoire, et il trouve un certain écho dans des oeuvres "populaires" contemporaines (chansons, petites histoires, etc.). Bref, aucune certitude quand au nombre de ces embuscades, mais je pense que c'était loin d'être une exception
